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Sciences politiques - Ecologie et Politique





IL Y A LOIN DE LA COUPE AUX LÈVRES


ÉCOLOGIE ET POLITIQUE


AUCUN PARTI NE PEUT PARLER « EN VRAI » DE L’ÉCOLOGIE


Il faut plus de trois lignes pour justifier cette assertion. En effet, si l’on adhère à la thèse de Michel Serres développée dans son dernier ouvrage (a),

– il faut commencer par admettre que la crise financière et économique que nous traversons a des causes plus profondes que les « subprimes ». Il faut, en effet, comprendre que notre hominisation, qu’il appelle plus volontiers « hominescence », est conduite à prendre une direction, pas tout à fait inattendue, mais totalement nouvelle. Nouvelle, effectivement, cette voie, parce que six basculements marquent la fin des anciennes : celui de la population qui, de rurale devient de plus en plus urbaine, celui des portages qui fait croître exponentiellement la mobilité des individus, celui de la santé qui fait passer la médecine de la pathologie au traitement de la souffrance, celui de la démographie qui marque une accélération dans l’accroissement de la population (pic de 1968-1969), celui du mode relationnel, qui fait passer l’humanité du collectif au connectif (accès à la connaissance), celui enfin qui, en termes de thanatocratie, rend l’homme, par la bombe A, plus dangereux que le monde.

– il faut ensuite constater que les partis politiques, quels que soient leurs objectifs, s’inscrivent dans un jeu à deux (parti de gouvernement et parti d’opposition), et que la nouvelle hominescence entre dans un jeu à trois : « D’une façon générale, les signes que nous faisions et le monde que nous ne faisions pas, nos produits et le donné concret, notre raison et le réel, notre volonté libre et la nécessité, mêlés d’une manière étrangement nouvelle, dorénavant se présentent à nous et exigent de nous une autre vision du monde et des hommes, des pratiques et des théories, sans aucun modèle passé. Oui, une fois acquises, ou à peu près, la maîtrise et la possession de la nature finissent par ceci que la nature nous possède à peu près (37) ».

Quel est alors ce tiers ? « Le monde soi-même. Ici, le sable mouvant en bord de mer (la lise) ; demain le climat. L’eau, l’air, le feu, la terre, flore et faune, l’ensemble des êtres vivants, ce pays archaïque et nouveau, [l’inerte et le vivant] que Michel Serres, pour dire la Vie et la Terre, appellera la Biogée (39)».

L’eau et l’air ignorent toute muraille…, des lois les régissent, ainsi appelées du même nom que celles qui organisent les diverses régions des hommes et qu’édictèrent des législateurs aussi fameux que Solon ou Rousseau. Ceux de la Biogée se nomment Newton, Poincaré, Darwin ou Pasteur (41) ».

La nouvelle mondialisation, qui ne date plus de l’émergence de Sapiens, exige de penser, d’agir et de vivre face au Monde. L’hominescent décrit dans la première partie, se globalise en même temps qu’il forge le globe et construit sa puissance face à celle du Monde. Vivant l’ère anthropocène, symbiote et habitant de la Biogée, il négocie avec elle et inventera, ce faisant, des lois encore non écrites ni dites, dont la portée feront la synthèse entre Solon et Newton, Einstein et Montesquieu, entre les lois de la nature et celles de la cité, entre les codes qui régissent la vie et ceux qui gouvernent nos conduites (43) »

Voici que, récemment toutes ensemble (b), d’une commune voix, plus concrètes, mieux liées, plus proches du détail et des relations, elles se mettent à dire le Monde, non plus comme des choses locales, mais comme un partenaire global. Elles disent aussi que le Monde dit. Tout se passe comme si les savants commençaient à déchiffrer le dit de la Biogée.

Par intégration continuée des sciences, la science découvre et invente le Monde, dont la rumeur de fond renvoie à la société un message en urgence (47) ». Le nouveau triangle se nomme Sciences-Société-Biogène. Nouveau et vrai jeu à trois.

– il faut enfin savoir, puisque les partis politiques ne le peuvent, qui va pouvoir parler au nom de la Biogée ? Michel Serres le déclare sans ambages : ceux qui la connaissent et qui lui ont consacré leur vie, entendez les savants. Mais quels savants ? Ceux qui n’ont pas encore de nom, mais qui sauront parler les sciences de la Biogée, celles de la Vie et de la Terre (les SVT), « qui occupent et montrent si bien que ce tout nouveau centre de gravité du savoir se réfèrera plus, désormais, à la connaissance dans son ensemble qu’à tel ou tel savoir particulier ; moins à l’épistémologie singulière des sciences qu’à la cognition comme telle, aux actes de connaissance en général. Elles nous montrent que le monde nous plonge dans les conditions de notre approche du monde (63) ».

Pour le comprendre, il nous faut faire quelques pas en arrière, et rappeler que toutes choses, devenues connaissables, parfois connues, toujours réduites et toujours à distance, devinrent notre propriété. A partir de la Renaissance, certaines avancées – dites progrès – de la culture occidentale, mère de ce couplage, donc des techniques correspondantes et des idéologies politiques associées, prit de des allures verticales. Nous cessâmes de nous considérer comme des choses du monde parmi d’autres, mais notre vie pensante et pratique, exceptionnelle puisque dispensatrice des lois de la nature, se différencia de l’existence du reste des existants, soumis, quant à eux à ces lois, autant dire à nos lois. Sujet – Roi-Soleil des objets.

« Cet avantage redoutable, cette distance et ce décalage, par l’asymétrie de ce couplage, pour avoir virés au désastre viennent à leur terme. Nous encourons la vengeance des choses du monde, air, mer, climat et espèces, moins passives que nous le croyions, moins objectives que nous le voulions, moins serves que nous le rêvions. Instable, la situation menace de se renverser.

Nous devons donc accomplir, dès aujourd’hui, un nouveau découplage, celui qu’enseignent les SVT (64) ».


Un élément décisif nous permet de conclure en faveur de la possibilité d’une telle révolution culturelle. « C’est que par une seconde évidence apprise de nos sciences : elles nous disent que les choses de la Terre et de la Vie, comme nous codées, savent et peuvent recevoir de l’information, en émettre, la stocker, la traiter. Ces quatre opérations – rien ne paraît aujourd’hui plus important que de méditer sur leur caractère doux spécifient toutes les choses du monde, sans exception, nous compris. Ce quadruple exploit ne nous illustre pas comme sujets et ne les désigne pas pour objets. De même que nous communiquons, entendons et parlons, écrivons et lisons, les choses inertes comme les vivants émettent et reçoivent de l’information, la conservent et la traitent. Nous voici à égalité. Asymétrique et parasite, l’ancien partage sujet-objet n’a plus lieu ; tout sujet devient objet ; tout objet devient sujet.

Toute la connaissance change et la pratique et le travail et la conduite (65) »


(a) Michel Serres, « temps des crises », éd. Le Pommier, février 2010.

(b) Allusion au GIEC, groupe international, qui rassemble plus de 300 savants, et qui publie des informations sur l’évolution du climat. Ses fondateurs ont été récompensés par le Prix Nobel de la paix en 2007.




Date de création : 30/04/2010 @ 16:54
Dernière modification : 01/05/2010 @ 09:27
Catégorie : Sciences politiques
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