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Parcours lévinassien - Attestation de soi





VISAGE (II)


CETTE ATTESTATION DE SOI
NE SE PEUT QUE COMME VISAGE



Cette affirmation qui vaut pour la socialité a donné lieu à de nombreux développements à caractère éthique. Emmanuel Lévinas, en particulier, dans « Totalité et Infini » a bien montré les implication du « visage ». Il développe le sujet en trois chapitres, des pages 211 à 224 :

Visage et infini
Visage et éthique
Visage et raison.

Notre propos n’est pas de reproduire l’ensemble, mais de donner à voir l’essentiel.



Visage et infini


(211) L’abord des êtres, dans la mesure où il se réfère à la vision, domine ces êtres, exerce sur eux un pouvoir. La chose est donnée, s’offre à moi. Je me tiens dans le Même en y accédant.

Le visage est présent dans son refus d’être contenu. Dans ce sens, il ne saurait être compris, c’est-à-dire englobé – car dans la sensation visuelle ou tactile, l’identité du moi enveloppe l’altérité de l’objet qui précisément devient contenu. Autrui n’est pas autre d’une altérité relative comme dans une comparaison, les espèces qui s’excluent réciproquement, mais qui se placent encore dans la communauté d’un genre, s’excluant de par leur définition.

L’altérité d’Autrui ne dépend pas d’une qualité quelconque qui le distinguerait de moi, car une distinction de cette nature impliquerait précisément entre nous cette communauté de genre qui annule déjà l’altérité.

Et cependant Autrui ne nie pas purement et simplement le Moi, la négation totale dont le meurtre est la tentation et la tentative, renvoie à une relation préalable. Cette relation entre Autrui et moi qui luit dans son expression n’aboutit ni au nombre ni au concept. Autrui demeure infiniment transcendant, infiniment étranger, – mais son visage où se produit son épiphanie et qui en appelle à moi, rompt avec le monde qui peut nous être commun et dont les virtualités s’inscrivent dans notre nature et que nous développons aussi par notre existence.

(212) Mais la parole procède de la différence absolue…

La différence absolue inconcevable en termes de logique formelle, ne s’instaure que par le langage. Le langage accomplit une relation entre des termes qui rompent l’unité d’un genre. Les termes, les interlocuteurs, s’absolvent de la relation ou demeurent absolus dans la relation. Le langage se définit peut-être comme le pouvoir même de rompre la continuité de l’être ou de l’histoire.

La connaissance qui absorbe autrui se place aussitôt dans le discours que je lui adresse. Parler, au lieu de « laisser être » sollicite Autrui. La parole tranche sur la vision.

(213) Dans le discours, l’écart qui s’accuse inévitablement entre Autrui comme mon thème et Autrui comme mon interlocuteur conteste aussitôt le sens que je prête à mon interlocuteur. Par là, la structure formelle du langage annonce l’inviolabilité éthique d’Autrui…

Le fait que le visage entretient par le discours une relation avec moi, ne le range pas dans le Même. Il reste absolu dans la relation…La relation éthique qui sous-tend le discours n’est pas une variété de la conscience dont le rayon part du Moi. Elle met en question le moi. Cette mise en question part de l’autre….

Le désir métaphysique de l’absolument autre qui anime l’intellectualisme, déploie son én-ergie dans la vision du visage ou dans l’idée de l’infini. L’idée de l’infini dépasse mes pouvoirs ; elle ne vient pas de notre fond a priori et, par là, elle est l’expérience par excellence.

(214) Le rapport d’un particulier avec l’infini équivaudrait à l’entrée de ce particulier dans la souveraineté d’un Etat. Il devient infini en niant sa propre finitude. Mais cet aboutissement n’arrive pas à étouffer la protestation de l’individu privé, l’apologie de l’être séparé de l’individu qui éprouve comme tyrannie l’Etat voulu de sa raison, mais dans la destinée impersonnelle duquel il ne reconnaît plus sa raison.

Mais l’Autre, absolument Autre – Autrui – ne limite pas la liberté du Même. En (215) l’appelant à la responsabilité, il l’instaure et la justifie. La relation avec l’autre en tant que visage guérit de l’allergie. Elle est désir, enseignement reçu en opposition pacifique du discours.

L’idée de l’infini, le débordement de la pensée finie par son contenu – effectue la relation de la pensée, avec ce qui passe sa capacité, avec ce qu’à tout moment elle apprend sans être heurtée. Voilà la situation que nous appelons accueil du visage.

L’idée de l’infini se produit dans l’opposition du discours, dans la socialité. Le rapport avec le visage, avec l’autre absolument autre que je ne saurais contenir, avec l’autre, dans ce sens, infini, est cependant mon Idée, un commerce. Mais la relation se maintient sans violence – dans la paix avec cette altérité absolue. La « résistance » de l’Autre ne me fait pas violence, n’agit pas négativement, elle a une structure positive : éthique…Je ne lutte pas avec un dieu sans visage, mais réponds à son expression, à sa révélation.



Visage et éthique


(215) Le visage se refuse à la possession, à mes pouvoirs. Dans son épiphanie, dans l’expression, le sensible, encore saisissable se mue en résistance totale à la prise. Cette mutation ne se peut que par l’ouverture d’une dimension nouvelle. En effet, la résistance à la prise ne se traduit pas comme une résistance insurmontable comme dureté du rocher contre lequel l’effort de la main se brise, comme éloignement d’une étoile dans l’immensité de l’espace. L’expression que le visage introduit dans le monde ne défie pas la faiblesse de mes pouvoirs, mais mon pouvoir de pouvoir. Le visage, encore chose parmi les choses, perce la forme qui (216) cependant le délimite. Ce qui veut dire concrètement : le visage me parle et par là m’invite à une relation sans commune mesure à un pouvoir qui s’exerce, fût-il jouissance ou connaissance.

Et cependant cette nouvelle dimension s’ouvre dans l’apparence sensible du visage…Le visage à la limite de la sainteté et de la caricature s’offre donc encore dans un sens à des pouvoirs. Dans un sens seulement : la profondeur qui s’ouvre dans cette sensibilité modifie la nature même du pouvoir qui ne peut dès lors plus prendre, mais peut tuer. Le meurtre vise encore une donnée sensible et cependant il se trouve devant une donnée dont l’être ne saurait pas se suspendre par une appropriation. Il se trouve devant une donnée absolument neutralisable.

Tuer n’est pas dominer mais anéantir, renoncer absolument à la compréhension. Le meurtre exerce un pouvoir sur ce qui échappe au pouvoir. Encore pouvoir, car le visage s’exprime dans le sensible, mais déjà impuissance car le visage déchire le sensible. L’altérité qui s’exprime dans le visage fournit l’unique « matière » possible à la négation totale. Je ne peux vouloir tuer qu’un étant absolument indépendant, celui qui dépasse infiniment mes pouvoirs et qui par là ne s’y oppose pas, mais paralyse le pouvoir même de pouvoir. Autrui est le seul être que je peux vouloir tuer…

(217) Autrui qui peut souverainement me dire non, s’offre à la pointe de l’épée ou à la balle du revolver et toute la dureté inébranlable de son « pour soi » avec ce non intransigeant qu’il oppose, s’efface du fait que l’épée ou la balle a touché les oreillettes ou les ventricules de son cœur. Dans la contexture du monde, il n’est quasi rien. Mais il peut m’opposer une lutte, c’est-à-dire opposer à la force qui le frappe non pas une force de résistance, mais l’imprévisibilitévisage, est son visage, est l’expression originelle, est le premier mot : « tu ne commettras pas de meurtre ». L’infini paralyse le pouvoir par sa résistance infinie au meurtre, qui, durable et insurmontable, luit dans le visage d’autrui, dans la nudité totale de ses yeux, sans défense, dans la nudité de l’ouverture absolue du Transcendant. Il y a là une relation non pas avec une résistance très grande, mais avec quelque chose d’absolument Autre : la résistance qui n’a pas de résistance – la résistance éthique… même de sa réaction. Il m’oppose ainsi non pas une force plus grande – une énergie évaluable et se présentant par conséquent comme si elle faisait partie d’un tout – mais la transcendance même de son être par rapport à ce tout, non pas un superlatif quelconque de puissance, mais précisément l’infini de sa transcendance. Cet infini, plus fort que le meurtre, nous résiste déjà dans son

(218) L’impossibilité de tuer n’a pas une signification simplement négative et formelle, la relation avec l’infini ou l’idée de l’infini en nous, la conditionne positivement. L’infini se présente comme visage dans la résistance éthique qui paralyse mes pouvoirs et se lève dure et absolue du fond des yeux sans défense dans sa nudité et sa misère. La compréhension de cette misère et de cette faim instaure la proximité même de l’Autre. Mais c’est ainsi que l’épiphanie de l’infini est expression et discours. Dans l’expression un être se présente lui-même. L’être qui se manifeste assiste à sa propre manifestation et par conséquent en appelle à moi. Se manifester comme visage, c’est s’imposer par delà la forme, manifestée et purement phénoménale, comme la droiture même du face à face, sans intermédiaire d’aucune image dans sa nudité c’est-à-dire dans sa misère et dans sa faim. Dans le Désir se confondent les mouvements qui vont vers la Hauteur et l’Humilité d’Autrui.



Visage et raison


(220) L’évènement propre de l’expression consiste à porter témoignage de soi en

garantissant ce témoignage. Cette attestation de soi ne se peut que comme visage, c’est-à-dire comme parole. Elle produit le commencement de l’intelligibilité, l’initialité même, la principauté, la souveraineté royale qui commande inconditionnellement…

(221) La présentation de l’être dans le visage n’a pas le statut d’une valeur. Ce que nous appelons visage est précisément cette exceptionnelle présentation de son « par soi » (ipséité), sans commune mesure avec la présentation de réalités simplement données, toujours suspectes de quelque supercherie, toujours possiblement rêvées. Pour rechercher la vérité, j’ai déjà entretenu un rapport avec un visage qui peut se garantir soi-même, dont l’épiphanie elle-même, est en quelque sorte une parole d’honneur. Tout langage comme échange de signes verbaux, se réfère déjà à cette parole originelle. Le signe verbal se place là où quelqu’un signifie quelque chose à quelqu’un d’autre. Il suppose donc déjà une authentification du signifiant.

La relation éthique, le face à face tranche sur toute relation qu’on pourrait appeler mystique et où d’autres évènements que celui de la présentation de l’être original, viennent bouleverser ou sublimer la sincérité pure de cette présentation…

(222) Le visage où se présente l’Autre – absolument autre – ne nie pas le Même, ne le violente pas comme l’opinion ou l’autorité ou le surnaturel thaumaturgique. Il reste à la mesure de celui qui accueille, il reste terrestre. Cette présentation est la non-violence par excellence, car au lieu de blesser ma liberté, elle l’appelle à la responsabilité et l’instaure. Non-violence, elle maintient cependant la pluralité du Même et de l’Autre. Elle est paix. Le rapport avec l’Autre – absolument autre – qui n’a pas de frontière avec le Même, ne l’expose pas à l’allergie qui afflige le Même dans une totalité et sur laquelle la dialectique hegelienne repose. L’Autre n’est pas pour la raison un scandale qui la met en mouvement dialectique, mais le premier enseignement raisonnable, la condition de tout enseignement. Le prétendu scandale de l’altérité, suppose l’identité tranquille du Même, une liberté sûre d’elle-même qui s’exerce sans scrupules et à qui l’étranger n’apporte que gêne et limitation. Cette identité sans défaut libérée de toute participation indépendante dans le moi, peut cependant perdre sa tranquillité si l’autre au lieu

(223) de la heurter en surgissant sur le même plan qu’elle, lui parle, c’est-à-dire se montre dans l’expression, dans le visage et vient de haut…

La relation avec Autrui comme relation avec sa transcendance – la relation avec autrui qui met en question la brutale spontanéité de sa destinée immanente, introduit en moi ce qui n’était pas en moi. Mais cette action sur ma liberté met précisément fin à la violence et à la contingence et, dans ce sens aussi instaure la Raison

L’idée de l’infini en moi impliquant un contenu débordant le contenant – rompt avec le préjugé de la maïeutique sans rompre avec le rationalisme, puisque l’idée de l’infini, loin de violer l’esprit, conditionne la non-violence même, c’est-à-dire instaure l’éthique. L’Autre n’est pas pour la raison un scandale qui la met en mouvement dialectique, mais le premier enseignement. Un être recevant l’idée de l’infini – recevant puisqu’il ne peut la tenir de soi – est un être enseigné d’une façon non maïeutique – un être dont l’exister même consiste dans cette incessante réception de l’enseignement…

Penser, c’est avoir une idée de l’infini ou être enseigné. La pensée raisonnable se réfère à un enseignement. Même si l’on s’en tient à la structure formelle de la pensée logique, qui part d’une définition, l’infini, par rapport auquel les concepts se délimitent, ne saurait à son tour se définir. Il renvoie par conséquent à une « connaissance » d’une structure nouvelle. Nous essayons de la fixer comme relation avec le visage et de montrer l’essence éthique de cette relation. Le visage

(224) est l’évidence qui rend possible l’évidence, comme la véracité divine qui soutient le rationalisme cartésien.



ADDITIF


Il faut la relation du discours pour le « laisser être »


67(15 à 34)

Renoncer à la psychagogie [art de diriger la vie suivant une norme intellectuelle et morale], à la démagogie, à la pédagogie que la rhétorique comporte, c’est aborder autrui dans un véritable discours. A aucun degré alors l’être n’est objet, il est en dehors de toute emprise. Ce dégagement à l’égard de toute objectivité signifie positivement pour l’être, sa présentation dans le visage, son expression, son langage. L’Autre en tant qu’autre est Autrui. Il faut la relation du discours pour le « laisser être » ; le « dévoilement » pur, où il se propose comme un thème, ne le respecte pas assez pour cela. Nous appelons justice cet abord de face, dans le discours. Si la vérité surgit dans l’expérience absolue où l’être luit de sa propre lumière, la vérité ne se produit que dans le véritable discours ou dans la justice.

Cette expérience absolue dans le face à face où l’interlocuteur se présente comme l’être absolu (c’est-à-dire comme l’être soustrait aux catégories) ne serait pas concevable pour Platon sans l’entremise des Idées.


Le visage s’est tourné vers moi et c’est cela sa nudité même


72(20 à 25) + (34 à 38) et 73(1 à 18)

La nudité du visage n’est pas ce qui s’offre à moi parce que je le dévoile – et qui, de ce fait se trouverait offert à moi, à mes pouvoirs, à mes yeux, à mes perceptions dans une lumière extérieure à lui. Le visage s’est tourné vers moi – et c’est cela sa nudité même. Il est par lui-même et non par référence à un système…

Mais la différence entre la nudité du visage qui se tourne vers moi et le dévoilement de la chose éclairée par sa forme ne sépare pas simplement deux modes de « connaissance ». La relation avec le visage n’est pas connaissance d’objet. La transcendance du visage est, à la fois, son absence de ce monde où il entre, le dépaysement d’un être, sa condition d’étranger, de dépouillé ou de prolétaire. L’étrangeté qui est liberté est aussi l’étrangeté-misère. La liberté se présente comme l’Autre ; au Même qui, lui, est toujours l’autochtone de l’être, toujours privilégié en sa demeure. L’autre, le libre est aussi l’étranger. La nudité de son visage se prolonge dans la nudité du corps qui a froid et qui a honte de sa nudité…Il y a là entre moi et l’autre un rapport qui est au-delà de la rhétorique.

Ce regard qui supplie et exige – qui ne peut supplier que parce qu’il exige – privé de tout parce qu’ayant droit à tout et qu’on reconnaît en donnant (tout comme on « met les choses en question en donnant ») – ce regard est précisément l’épiphanie du visage comme visage. La nudité du visage est dénuement. Reconnaître autrui, c’est reconnaître une faim. Reconnaître Autrui – c’est donner.


Psychologie pratique


Difficile liberté 23 (1 à 14)

Le visage n’est pas l’assemblage d’un nez, d’un front, d’yeux, etc., il est tout cela certes, mais prend la signification d’un visage par la dimension nouvelle qu’il ouvre dans la perception d’un être. Par le visage, l’être n’est pas seulement enfermé dans sa forme et offert à la main – il est ouvert, s’installe en profondeur et, dans cette ouverture, se présente en quelque manière personnellement. Le visage est un mode irréductible selon lequel l’être peut se présenter dans son identité. Les choses, c’est ce qui ne se présente jamais personnellement et, en fin de compte, n’a pas d’identité. A la chose s’applique la violence. Elle en dispose, elle la saisit. Les choses donnent prise, elles n’offrent pas de visage. Ce sont des êtres sans visage.




Date de création : 08/02/2010 @ 16:09
Dernière modification : 08/02/2010 @ 16:29
Catégorie : Parcours lévinassien
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