SUR LES PAS DE DESCARTES QUAND IL FONDE LES SCIENCES PHYSIQUES DESCARTES (II) INTRODUCTION Les développements qui suivent sont extraits du livre du professeur Alquié intitulé « Leçons sur Descartes », édité à la Table Ronde en mars 2005. Le Dieu trompeur pourrait nous tromper soit dans l’évidence mathématique même, c’est-à-dire quand nous nous fions à la pure structure de notre raison, soit dans notre affirmation ontologique. Et, par conséquent, le Dieu véridique doit garantir à la fois la structure de notre raison et sa portée ontologique. C’est pourquoi la véracité divine apparaît à plusieurs reprises dans les Méditations, et toujours comme le mouvement symétrique et inverse, et, si l’on veut, comme l’autre versant du mouvement qui nous a d’abord élevés à Dieu. Et, en effet, Descartes soucieux de science et d’action sur le monde, après chaque mouvement qui l’élève à Dieu, au lieu de s’en tenir à ce niveau divin, et à la pure contemplation, essaie de découvrir, comme il le dit, un chemin qui nous conduise « de cette contemplation du vrai Dieu…à la connaissance des autres choses de l’Univers ». Le chemin c’est la véracité divine. Ainsi, ici comme ailleurs, on le voit, c’est la théologie qui rend la science indépendante, qui fonde, si l’on peut dire, la libre pensée. Car, si Dieu est véridique, et l’entendement qu’il nous a donné pour connaître est absolument infaillible, nous pourrons user de cet entendement sans nous soucier de rien d’autre, et nous pourrons connaître parfaitement ce que nous connaissons clairement. A partir de ce Dieu, la véracité divine peut fonder la valeur de la science humaine Et, s’il en est ainsi, l’esprit humain est complètement libéré et le rationalisme est fondé. A la véracité divine, Descartes oppose opportunément le fait de l’erreur humaine Ce qui est fondé par cette théorie des Méditations trois, quatre et cinq, ce sont les idées mathématiques, c’est-à-dire les idées en tant qu’elles sont des idées. Qu’est-ce que cela veut dire en effet : l’entendement est parfait ? Cela veut dire que les idées sont des êtres, mais cela, pour l’instant, ne peut pas vouloir dire autre chose. C’est pourquoi dès le début de ce chapitre, il a été distingué une double fonction de la véracité divine, dont l’une fonde l’idée en ce qu’elle est quelque chose, et dont l’autre fonde l’idée en ce qu’elle est la représentation de quelque chose. La doctrine de la véracité divine, telle qu’elle vient d’être exposée, fonde de façon parfaite les mathématiques, et toute science des idées et des essences, elle fonde toutes ces sciences qui, comme le dit Descartes dans la Méditation première, ne se soucient pas de savoir s’il y a quelque chose dans la nature qui répond à leur objet, ces sciences dont toute la vérité se situe au niveau de l’idée elle-même. Mais peut-on en dire autant de la physique ? Pour fonder la physique, en effet, nous allons le voir, le problème est beaucoup plus complexe. Les difficultés et les obscurités qui persistent pour fonder les sciences physiques Tant qu’il n’y a que deux hypothèses possibles, l’imputation des idées et leur passage de l’être de mon moi à l’être de Dieu relève d’un schéma simple Cependant, on ne saurait parler ici de science. La preuve s’en trouve dans la Méditation sixième, dans l’exemple fameux de l’hydropique qui désire boire, et à qui boire fait mal. Descartes montre par là que l’affectif est loin d’être infaillible. L’affectif nous indique plus généralement l’utile que le nuisible, mais il peut se tromper, précisément parce qu’en lui l’âme est unie au corps ? Et ce qu’il faut établir, c’est tout simplement que Dieu n’est pas responsable de semblables erreurs. Ainsi, bien que nous nous trouvions à la fois, hors de la science et hors de la métaphysique, il demeure un domaine qui se vit et qui ne se pense pas, et dans lequel la certitude n’est plus possible. Et si, me méfiant de ce sensible, me méfiant de ce désir, me méfiant de cet état affectif, je reviens à la médecine, c’est-à-dire si je me replace à l’extérieur du corps, je reviens aux problèmes et aux difficultés déjà signalées, puisqu’une pareille médecine présente les mêmes difficultés théoriques que toute physique. Tout ce que l’on peut dire, c’est que l’idée sensible ne peut être véritablement analysée, approfondie, puisque je ne peux pas en elle, faire la part de ce qui est vrai et de ce qui est faux, Tout ce que je peux dire du désir qui m’inspire, c’est qu’en général il conduit vers l’utile.
Date de création : 11/12/2006 @ 08:38
Dernière modification : 11/12/2006 @ 08:41
Catégorie : Parcours cartésien
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