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    L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2)

     

    VIII / 2018, UNE ANNÉE CLÉ POUR L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ( Elsa Bembaron
    Publié le 02/01/2018

    La ou les intelligence(s) artificielle(s) vont être un des grands thèmes de l'année, avec un premier rendez-vous clé au plus grand salon mondial de l'électronique, le CES de Las Vegas.

    Cette année, il sera encore plus difficile d'échapper aux intelligences artificielles que l'année dernière. Non pas parce qu'elles s'apprêtent à conquérir le monde comme dans un film de science-fiction, mais parce qu'elles sont un des thèmes principaux qui animeront l'actualité, avec une portée qui dépasse de loin de monde des nouvelles technologies.
    Le premier rendez-vous de l'année pour l'électronique grand public  (Le Consumer Electronic Show, CES à Las Vegas) se tient la semaine du 8 janvier à Las Vegas. À n'en pas douter, l'intelligence artificielle (IA) sera un des principaux thèmes de débat. «L'utilisation d'IA dans des objets connectés marque l'avènement de solutions

                                      « Cette fois, nous entrons réellement dans l'ère de l'objet connecté
                                       immédiatement utilisable, sans avoir besoin d'apprentissage ».

                                       Jean-Laurent Poitou, responsable monde, en charge des technologies
                                       chez Accenture

    Intuitives. Non seulement le consommateur n'a plus besoin d'une base d'apprentissage pour comprendre comment utiliser l'objet, mais au contraire, c'est même l'objet qui se fait apprenant pour s'adapter aux usages de ceux ou celles qui l'utilisent. Cet aspect, pour pratique qu'il soit, n'en pose pas moins des questions en termes de sécurisation des données, respect de la vie privée...
    Les Français ont d'ailleurs une carte à jouer dans ce domaine. Le savoir-faire local est mondialement reconnu. À condition de conserver et de faire grandir les entreprises de toute taille qui se dédient à ce thème, la France peut encore s'imposer sur l'échiquier mondial. À défaut, elle prend le risque de se retrouver, avec bon nombre de pays d'Europe entre deux       « plaques »: la Chine d'un côté et les États-Unis de l'autre. «Le risque est réel de voir les technologies d'avenir être entièrement aux mains de pays qui ont des valeurs très différentes des nôtres», s'inquiète André Loesekrug-Pietri, coordinateur d'un collectif d'entrepreneurs et de patrons européens pour l'innovation de rupture (JEDI, Joint European Disruptive Initiative).  

     

    IX /  ROBOTS ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE S'IMPOSENT DANS NOTRE QUOTIDIEN

    Par Lucie Ronfaut, journaliste pour la rubrique high-tech & web.
    Benjamin Ferran, responsable du FigaroTech sur Twitter:
    et Elsa Bembaron, journaliste télécoms et high tech.

    Publié le 12/01/2018

    Au grand salon de l'électronique grand public à Las Vegas, se sont dessinées les tendances technologiques qui vont marquer 2018.
    De nos envoyés spéciaux à Las Vegas

    Au moins 4000 entreprises, presque autant de médias et plus de 184.000 visiteurs… le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, le plus grand salon mondial consacré aux nouvelles technologies, a donné l'occasion aux géants du secteur et aux start-up de montrer comment se dessinent le futur du numérique et notre quotidien toujours plus connecté.
    Petite ironie de l'histoire, cette édition du CES a été émaillée d'incidents qui rendent humble sur la toute-puissance technologique: des pluies diluviennes ont provoqué des fermetures de stands et même une panne d'électricité pendant plusieurs heures.
    Traditionnellement, une poignée d'entreprises se dégagent comme championnes du CES.

    •  Google n'a pas lésiné sur ses efforts pour remporter ce titre cette année, avec une large promotion de son assistant vocal, Google Assistant. Il équipe enceintes, électroménager, voitures et autres objets connectés de toutes les marques.
    • Le futur entrevu au CES fait souvent penser à des films de science-fiction, avec ses maisons intelligentes et ses robots capables de comprendre les hommes. Mais il s'agit bien de notre réalité de demain.

    Des robots pour tout le monde

    Fini de rêver: les robots sont une réalité. De nombreux constructeurs vendent désormais des machines à destination des particuliers.

    •  Chez LG, les robots servent de centre de commande au sein d'une maison connectée. On lui demandera d'allumer la télévision, de lancer une machine de vêtements ou de proposer une recette de cuisine selon les ingrédients présents dans son frigo.
    •  Sony, lui, mise sur le divertissement, avec Aibo, un chien robot adorable.
    • On a aussi vu une valise qui suit son propriétaire, des robots laveurs de vitres ou qui nourrissent des animaux domestiques. Des utilités variables, donc, mais un point commun: des prix très élevés.

    Des PC portables avec plus d'autonomie

    Plus besoin de garder un chargeur sans cesse sous la main. Les ordinateurs portables de dernière génération atteignent une journée d'autonomie, et un mois en veille. Leur secret? Le Miix 630 présenté par Lenovo est animé par une puce de Qualcomm, que l'on avait plutôt pour habitude de retrouver dans les smartphones. Connecté à Internet, transformable en tablette, il appartient à la nouvelle catégorie des always connected PC définie par Microsoft. Asus et HP ont aussi ajouté des modèles de ce genre à leur catalogue.

    La maison connectée

    La maison tout entière devient un vaste espace connecté, de la cuisine à la chambre en passant par le parking. On ne compte plus les caméras, détecteurs de mouvements, thermostats, portiers, tous connectés…

    •  La présence française dans ces domaines devient quasiment incontournable, avec des entreprises comme Somfy, Netatmo ou encore Legrand.
    • Sans oublier les start-up.

    Oledcomm, par exemple, a présenté une lampe capable de connecter des appareils à Internet.
         –    Mais la véritable bataille est celle du contrôle de la maison connectée. LG et Samsung
               rêvent de faire du téléviseur le centre de pilotage.

    Le règne des assistants personnels

    • Déjà en 2017, Alexa, l'assistant personnel d'Amazon, avait marqué les esprits au CES.
    •  Cette année, c'est Google qui s'est imposé. Son logiciel Google Assistant est désormais embarqué sur plus de 400 millions d'appareils. C'est le cas de nombreux smartphones, mais aussi d'enceintes connectées (de sa propre marque et produites par d'autres), d'appareils électroménagers, de télévisions… Le but est de pouvoir contrôler toutes ces machines à la voix et de pouvoir les faire communiquer entre elles.

    La santé connectée

    De nouveaux acteurs entrent en force dans ce domaine et transforment le smartphone en assistant médical.

    • Par exemple, chez Samsung, une photo de son assiette suffit pour obtenir une estimation du nombre de calories qu'elle contient. Cette information, couplée avec celles sur l'exercice physique de la journée et celles recueillies par un réfrigérateur connecté, permet l'élaboration de menus diététiques.
    • L'application eSanté de La Poste agrège les données collectées par des dispositifs médicaux connectés (tensiomètres, glucomètres…) pour permettre un suivi des patients à distance.

    Des télévisions toujours plus grandes

    La télévision est un produit incontournable du CES.

    • Cette année, Samsung a placé la barre très haut en présentant un écran de 3,75 mètres de diagonale.
    • Mais au salon de Las Vegas, les télévisions sont aussi connectées, intelligentes, dotées de commandes vocales, extrafines… Tellement fines que la barre de son devient incontournable, puisque les enceintes qu'ils embarquent sont réduites à leur plus simple expression. Panasonic propose par exemple une combinaison téléviseur Oled/barre de son Technics.
    • Sony a opté pour une technologie originale pour sa gamme «Acoustic surface»: la dalle du téléviseur est une enceinte.

     

    X / VALÉRIE PÉCRESSE VEUT FAIRE DE L'ÎLE-DE-FRANCE LA SILICON VALLEY DE L'EUROPE (Elsa Bembaron)

    Elsa Bembaron, journaliste, télécoms et high tech 
    Publié le 10/01/2018

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    Carte des sites de l’Ile de France proposés aux investisseurs étrangers

    Consumer Electronics Show (CES) 2018 - La région annonce plusieurs mesures destinées à attirer les entreprises innovantes et à créer de l'emploi.

    Le site Paris région start-up a été lancé aujourd'hui. Il s'inspire de ce qu'a fait Tel Aviv pour ses start-up. Valérie Pécresse veut donner une visibilité à la région, au-delà de la marque Paris, et profiter de l'effet d'aubaine que devrait déclencher le Brexit. « Il y a des lieux d'innovations forts, comme Saclay, la Défense, Cergy… Finalement c'est tout l'écosystème de l'Île-de-France qu'il faut mettre en avant. Nous sommes la nouvelle Silicon Valley de l'Europe. Si l'Île-de-France rayonne, toutes les régions en bénéficieront. Paris est moteur de tout le pays ».

    La présidente de la Région Île-de-France annonce un train de trois nouvelles mesures.

    • La première, le « Paris régions start-up pack », s'adresse aux entreprises de 5 à 250 salariés, avec un chiffre d'affaires maximum de 50 millions de dollars (environ 42 millions d'euros). Moyennant un pacte sur l'embauche et la création d'emplois dans la région, la Région les aidera à hauteur de 250.000 euros par projet sur trois ans. Il s'agit de financer des investissements matériels et immatériels. Cela s'inscrit dans le budget des aides de la région, qui s'élève à 30 millions d'euros.
    • La deuxième Innov'up Proto (mise en place l'année dernière) sera ouverte aux start-up étrangères et plus seulement franciliennes.. Il s'agit d'une aide de 100.000 euros qui aide 10 entreprises par an à faire leur prototype en France.

    Le thème de 2018 est l'intelligence artificielle (IA), dans tous les domaines d'application. La présidente de la Région cite comme exemple SenseGO, qui développe une IA pour proposer les voyages les plus pertinents en fonction des goûts de chacun. Or, le tourisme est un sujet-clé pour la Région. L'immobilier et les transports intelligents sont aussi des priorités car ils sont jugés propices au développement de solutions dans l'intelligence artificielle.

    • La troisième annonce est le lancement d'un concours sur le thème de l'IA, la Région voulant être la première région européenne pour l'intelligence artificielle. Le challenge « Intelligence artificielle Paris Région 2018 » sera doté d'un prix d'un million d'euros en capital pour le lauréat. Le jury sera composé de chercheurs et de grandes entreprises, pour une remise en septembre. Les concurrents, de toutes nationalités, devraient pouvoir déposer leurs dossiers dès le printemps. La seule réserve étant que les entreprises concurrentes s'engagent à venir développer leur projet en Île-de-France. L'investissement se fera via le fonds « Paris Région Venture Funds ».

    Le principal rival de l'Île-de-France est Londres

    Mais Dublin a aussi un potentiel très important. À Saclay, un lieu va être créé avec Inria, CEA, l'IRT, l'Université de Paris-Saclay et les entreprises présentes sur la zone…. Cet endroit, DIGITALHALL, représente un investissement de 100 millions d'euros, pour 60.000 mètres carrés. Il y aura de nombreux équipements de très haute technologie. L'inauguration est attendue courant 2020 à 2021. « Le fait d'avoir un lieu physique dans lequel on a une concentration de chercheurs est très important, souligne Valérie Pécresse. En France, nous n'avons pas assez mis l'accent sur le design pour vendre les produits, il y a un vrai sujet ». Or, la moitié des artistes français sont en Île-de-France. Un conseil du design a été conçu à la Région. La Présidente souhaite aussi développer les logements et améliorer les systèmes de transports, pour permettre aux personnes de réellement vivre « la campagne à Paris » et de s'établir à proximité de leur lieu de travail. Saclay est d'ailleurs candidate à l'organisation de l'Exposition Universelle, un projet que Valérie Pécresse regarde avec intérêt.
    « On a un risque aujourd'hui entre le décalage des qualifications de nos jeunes et les besoins des entreprises, notamment en raison de la maîtrise des langues. Or la région a un vivier de talents linguistiques énormes. La région doit s'assumer comme étant multilingue » note la présidente de Région.
    Dans les trois prochains mois, un plan Région bilingue s'adressera aux jeunes, mais surtout aux chômeurs. « Nous sommes dans une dynamique de relocalisation de l'emploi. Il y a une forte demande de maîtrise des langues », insiste Valérie Pécresse.
    « Il y a un autre sujet c'est la French Tech «over seas» (à l'étranger). Aujourd'hui, il faut faire revenir les français qui sont à l'étranger… et que François Hollande a fait partir. Aujourd'hui, vous avez un président de la République qui est pro-innovation. Revenez ! », ajoute Valérie Pécresse. Ainsi, 2.500 relocalisations d'emplois dans la finance ont déjà été annoncées, mais à côté des grandes banques, «il y a énormément d'entrepreneurs français à Londres qui veulent rentrer. Or, le dernier frein, ce sont les écoles. Ils cherchent des écoles bilingues et des cursus internationaux ».

     

    XI / LES CINQ MÉTIERS QUI AURONT LE VENT EN POUPE EN 2018 (Quentin Périnel)

    Publié le 14/01/2018

    Si les algorithmes et l'intelligence artificielle vont détruire des emplois, elle vont également en créer. Voici quelques professions qui sont en train de se dessiner et qui vont émerger sur le marché du travail cette année.

    Le monde du travail a de l'avenir. Si certains, à l'instar du multi milliardaire américain Elon Musk, estiment que l'IA va détruire définitivement le monde du travail, de nombreux signes – tendances, chiffres, études – démontrent le contraire. Le futur n'est pas un cimetière d'emplois. Au contraire: un rapport de Dell et de «l'Institut pour le Futur», think tank californien estime que 85% des emplois qui existeront en 2030 n'existent même pas encore aujourd'hui. Mieux encore, une autre étude reprise il y a quelques semaines dans Le Figaro prévoit que l'IA va créer... 21 millions d'emplois.
    Peu à peu, plusieurs nouveaux emplois commencent effectivement à se dessiner sous l'impulsion des nouvelles technologies. Le MIT a d'ores et déjà isolé cinq métiers émergents qui vont être de plus en plus représentés en 2018 et les années à venir.

    • Technicien en énergie renouvelable. La transition énergétique est l'un des enjeux de demain. Pour développer et faire monter en puissance les énergies renouvelables, de nouveaux techniciens spécialisés devraient faire massivement leur apparition sur le marché du travail: spécialistes des panneaux solaires photovoltaïques ou des éoliennes, le MIT estime que ces emplois vont connaître un boom au cours de la décennie à venir. Nous n'en sommes qu'aux prémices.

    • Coach de robots. C'est inévitable, les robots occuperont une grande partie des emplois dans les années à venir. Il va donc falloir collaborer avec eux et les manager. C'est pourquoi les entreprises vont embaucher des ingénieurs spécialisés dont l'activité sera de créer et de manager des intelligences artificielles. Ces dernières sont effectivement capables de résoudre des problèmes très complexes en un temps record, mais elles ne sont pas autonomes. Le Figaro rapportait il y a quelques semaines que Google avait embauché 10.000 personnes il y a quelques semaines afin de faire un grand ménage de données sur Youtube. Un algorithme a pu retirer 98% des vidéos signalées - soit le travail de 180.000 personnes pendant 40 semaines - mais pour les 2% restants, Google a dû faire appel à des humains.

    • Ingénieur en IA. Ce profil est le développeur de demain en termes de demande et de rareté. L'ingénieur spécialiste des intelligences artificielles vaut de l'or sur le marché du travail et les entreprises se les arrachent déjà. Naturellement, les salaires sont à la hauteur: ils oscillent en moyenne autour de 300.000 dollars annuels aux États-Unis - soit environ 250.000 euros - et les mieux payés peuvent atteindre une rémunération à sept chiffres... DeepMind, Google, Airbnb, JPMorgan ou Intel ont même lancé en décembre un appel pour séduire les talents.

    • Vidéaste jeux vidéos. C'est un marché émergent du streaming lié aux jeux vidéos en ligne: les joueurs veulent regarder des joueurs plus expérimentés qu'eux jouer en direct. Sur Twitch par exemple, plus de 15 millions d'internaute regardent jouer d'autres joueurs! Près de 25.000 joueurs ont fait de cette activité leur métier.

    • Soignant. Si la chirurgie et d'autres activités du secteur de la médecine  vont être touchés par l'intelligence artificielle (télémédecine), les soins médicaux, nécessitent une proximité, une expertise que seuls les humains peuvent avoir. Selon le bureau des statistiques du travail américain, le vieillissement de la population va engendrer la création de centaines de milliers d'emplois: entre 426.000 et 754.000 durant les dix prochaines années.

     

    XII / POUR UN CAPITALISME NUMÉRIQUE DE MASSE (Michel Cicurel)

     Publié le 16/01/2018

    TRIBUNE - L'Europe doit penser les mutations provoquées par l'intelligence artificielle qui pourraient frapper de plein fouet les classes moyennes, argumente Michel Cicurel*.

    L'Union de la gauche et la résignation de la droite ont réussi à fracasser l'économie française sur deux idées fausses.
    La première, c'est le partage du travail. La retraite à 60 ans (désormais 62) payée 65, et les 35 heures payées 39 ont eu pour conséquence une faible croissance, un fort chômage, notamment des jeunes, de sévères déficits des comptes extérieurs et des finances publiques malgré de forts prélèvements obligatoires.
    Il semble bien que le couple exécutif ait la conscience du danger, le courage d'y porter remède, et le tact pour que l'opinion adhère. Si cette « transformation » est conduite à son terme sans trop de renoncements, elle aura traité une part des folies du passé qui ont gravement sacrifié les deux facteurs de production, le travail et le capital. Mais, « en même temps », il lui faudra prévenir les fractures de la nouvelle mondialisation.

    La nouvelle concurrence qui frappe ouvriers et employés n'est plus la main-d'œuvre asiatique, mais le robot occidental

    Celle des décennies écoulées a vu le monde émergent submerger les pays développés de produits à bas prix, fabriqués par une main-d'œuvre à bas coût. Dans les pays riches, les consommateurs y ont trouvé leur compte, mais les travailleurs non qualifiés ont souffert. La nouvelle concurrence qui frappe ouvriers et employés n'est plus la main-d'œuvre asiatique, mais le robot occidental.
    Or, à la différence des révolutions technologiques précédentes, l'intelligence artificielle menace l'emploi qualifié et allume ainsi un risque de guerre mondiale des classes liée à l'inégalité croissante entre une minorité de détenteurs du capital et la masse des classes moyennes en voie de prolétarisation.
    Il est pourtant impossible de se laisser distancer dans la course à la transformation numérique, car seuls les meilleurs survivront. Ce sont d'ailleurs les pays robotisés, comme l'Allemagne, qui ramassent la mise du commerce mondial et du plein-emploi. La France a tout ce qu'il faut pour réussir dans la mondialisation numérique, mais, faute de capital, elle n'a pu traduire le talent reconnu de ses mathématiciens et ingénieurs en investissements. Il est clair que notre pays ne pourra ni redresser la compétitivité de ses entreprises, ni optimiser le coût de fonctionnement de ses administrations, ni remettre au centre du jeu la « France périphérique » sans réduire toutes les formes de fracture numérique.

    À l'évidence, il n'est d'autre façon de mobiliser pacifiquement le capital nécessaire à notre conversion au nouveau monde que de partager largement le capital

    Il faut donc investir massivement dans ces nouvelles technologies, mais aussi prévenir les effets secondaires de ce traitement sur la classe moyenne. Le gouvernement a d'ailleurs bien compris qu'il faudra un effort de formation intensif, puisque les allégements de charge sur le travail non qualifié ne seront plus qu'un cataplasme sur une jambe de bois. Mais pour rendre supportable la période de transition, on devra associer le monde du travail aux bénéfices parfois spectaculaires du capital numérique.
    Le «grand capital» cesse d'être haïssable lorsqu'il devient celui de tous. Ce serait le crépuscule du marxisme encore si présent et l'aube du capitalisme unanime.

    La retraite par capitalisation, inexistante en France, reste un puissant levier pour associer la classe moyenne aux bénéfices de l'actionnariat, comme dans la plupart des grands pays développés

    Ce projet comporte trois étages.

    •  Le premier concerne la France: le gouvernement, très heureusement, semble redécouvrir les charmes de la participation gaullienne et de l'actionnariat des salariés. Il y faudra une impulsion politique et de l'argent public, car ni les syndicats ni le patronat n'adhèrent à cette approche, puisque leur petit jeu parisien de lutte des classes leur permet de persévérer dans leur être, tandis que l'actionnariat salarié favorise la conjuration des classes dans l'intérêt de l'entreprise.
    • Un deuxième étage pour la France serait de conjuguer la retraite à points avec une retraite complémentaire par capitalisation, pour parfaire la logique du choix individuel, chacun recevant à la retraite ce qu'il a investi en années de travail et en épargne. La retraite par capitalisation, inexistante en France, reste un puissant levier pour associer la classe moyenne aux bénéfices de l'actionnariat, comme dans la plupart des grands pays développés.
    • Le troisième étage ne pourrait qu'être européen. L'Europe souffre, en effet, de deux retards, le premier dans la domination numérique, le second dans l'actionnariat de masse. Sur ces deux sujets, comme sur d'autres, les leaders sont américains et chinois. Schématiquement, il faudrait que l'Europe crée un grand fonds favorisant la constitution de groupes numériques européens, des Airbus numériques, l'équivalent des fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) américains ou des Alibaba chinois.

    Cela coûtera cher, mais ce le serait encore bien plus que l'Europe soit balayée de la nouvelle mondialisation des grands blocs. Une première ressource pourrait venir d'une taxation normale des géants numériques non européens qui bénéficient d'un scandaleux paradis fiscal sur notre continent. Et puis, s'agissant du financement d'investissements à forte création de valeur, il serait légitime de lever un grand emprunt garanti par l'Union. Les classes moyennes européennes seraient actionnaires de ce fonds pour des montants et selon des modalités qui restent évidemment à définir.

    Une fenêtre européenne s'est clairement ouverte. Il faut y faire entrer le grand air du capitalisme numérique de masse.

    Michel Cicurel est un ancien élève de l'ENA et ancien directeur de cabinet du directeur du Trésor. Il est président du groupe La Maison et de la banque Leonardo.

     

    XIII / QUAND L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE S'IMMISCE 24 HEURES SUR 24 DANS NOS VIES

    Par Lucie Ronfaut, journaliste pour la rubrique high-tech & web.
    Mis à jour le 22/01/2018

    Réveil, mails, GPS, carte bleue... Chaque jour, que ce soit à domicile, au bureau ou en faisant les courses, les nouvelles technologies imprègnent notre quotidien. Le Figaro décrypte ce phénomène qui prend une ampleur considérable.

    ● 7:00

    Comme beaucoup de gens, Victor se réveille avec la sonnerie de son smartphone. Depuis peu, il dispose d'un nouvel outil pour accompagner sa routine matinale: l'enceinte connectée Google Home. Cette dernière fonctionne grâce à un assistant personnel, à l'image de ceux que l'on peut déjà trouver dans nos téléphones. Grâce à un programme de reconnaissance vocale, une forme d'intelligence artificielle, l'enceinte reconnaît la voix de Victor et peut répondre à ses questions ou à ses ordres. Elle est reliée à différents services en ligne et à des objets connectés. Par exemple, tous les matins, Victor demande à son Google Home d'allumer la lumière de sa chambre, puis de lui donner la météo du jour. Il peut aussi lui demander de lire les dernières informations du Figaro.

    ● 8:00

    Victor part au travail. Son entreprise se situe dans le quartier de la Défense, à Paris. L'année dernière, il a pu emprunter une navette autonome et électrique pour se rendre à son bureau. Construite par l'entreprise française Navya et exploitée par le syndicat des transports d'Île-de-France, elle a été utilisée pendant six mois dans le quartier d'affaires de la capitale. Il s'agit d'un exemple parmi beaucoup d'autres véhicules autonomes qui sont actuellement testés par des constructeurs automobiles, des services de taxi ou des entreprises spécialisées.

    ● 9:00

    Arrivé au bureau, Victor consulte ses mails. L'intelligence artificielle est déjà très présente dans ce genre de services. Elle permet de détecter automatiquement les spams, les messages indésirables. Certaines de ces applications disposent aussi d'une boîte de réception « prioritaire », où sont envoyés les messages analysés comme les plus importants, grâce à plusieurs signaux. Gmail (Google) propose même des réponses suggérées, en interprétant le sens des missives que l'on reçoit.

    ● 10:00

    L'entreprise de Victor utilise peut-être des programmes d'intelligence artificielle sans qu'il le sache. De nombreuses sociétés, gros acteurs des nouvelles technologies ou start-up, proposent des logiciels professionnels qui peuvent prendre des décisions seuls selon le contexte ou faire des suggestions adaptées à un environnement. Il peut s'agir d'un service de vidéoconférence qui suit le visage des interlocuteurs ou d'un système capable de prédire les résultats financiers d'une société pour aiguiller les décisions de ses dirigeants.

    ● 11:00

    Victor s'accorde une petite pause et se connecte à son compte Facebook. Le réseau social se repose sur de nombreux programmes d'intelligence artificielle. Ils lui permettent de reconnaître des personnes sur des photos ou d'ordonner les contenus qui apparaissent sur le fil d'actualité, en devinant ce qui pourrait plaire le plus à chaque internaute.

    ● 12:00

    En vue de ses prochaines vacances, Victor va sur amazon.fr pour acheter un livre. Indécis, il se laisse guider par les recommandations du site. Amazon utilise plusieurs facteurs pour conseiller Victor dans ses choix: ses précédents achats sur le site, mais aussi ses lectures sur Kindle, sa liseuse numérique.

    ● 13:00

    À la pause déjeuner, Victor fait du shopping. Il achète un manteau et deux pantalons. Sa banque connaît ses habitudes de consommation. Grâce à une intelligence artificielle, elle détecte rapidement les comportements suspects et les transactions douteuses ou frauduleuses de ses clients, afin de lutter plus facilement contre le blanchiment d'argent.

    ● 14:00

    Pour lutter contre la fatigue après le repas, Victor écoute de la musique sur Spotify. L'application suédoise propose désormais des playlists adaptées aux goûts de ses utilisateurs, en analysant leurs écoutes sur le service.

    ● 15:00

    Victor reçoit une photo via l'application Snapchat. Son amie s'y affiche avec un museau et des oreilles de chien. L'application propose des « filtres » amusants qui reposent sur une technologie de reconnaissance faciale. Cette dernière peut aussi être utilisée à des fins plus sérieuses, notamment dans la surveillance.

    ● 18:00

    Victor quitte le travail. Le métro est en panne. Un collègue lui propose de le raccompagner chez lui en voiture. Il utilise l'application Waze pour éviter les bouchons: cette dernière est capable de trouver le chemin le plus rapide en analysant le trafic actuel et celui des journées précédentes.

    ● 19:00

    Rentré chez lui, Victor lit les informations en ligne. Il aime aussi parcourir les journaux anglophones. Peut-être a-t-il même lu des articles écrits par des robots: plusieurs médias américains testent l'utilisation de machines pour publier des articles automatiquement, sur des sujets comme le sport ou la finance.

    ● 20:00

    Après dîner, Victor s'apprête à laver son linge. Mais sa machine est en panne. Sur l'application Darty, il indique son problème. Un technicien, habitué de ce type de dysfonctionnement, le rappelle cinq minutes plus tard. Il s'appuie sur un «moteur d'aide» basé sur des algorithmes établis à partir de plusieurs centaines de milliers de pannes répertoriées depuis une quinzaine d'années. Après avoir identifié le problème, il guide Victor pas à pas. Dix minutes plus tard, la machine redémarre.

    ● 21:00

    Victor se pose la question: pourquoi des sites Internet lui demandent parfois de reconnaître des animaux ou des lettres? Ces tests, utilisés pour prouver l'identité des internautes, servent aussi à entraîner les programmes d'intelligences artificielles des géants du Web.

    ● 23:00

    Avant de se coucher, Victor vérifie si son smartphone n'est pas déchargé. Son téléphone est doté d'un programme qui permet d'optimiser la durée de vie de sa batterie en anticipant le comportement de son propriétaire dans la journée. Pas besoin de le brancher cette nuit !

     

    XIV / GOOGLE CHOISIT PARIS POUR SON DEUXIÈME CENTRE EUROPÉEN D'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

    Par Lucie Ronfaut
    Publié le 22/01/2018

    Sundar Pichai, PDG du géant américain du Web, a rencontré lundi Emmanuel Macron. Il lui a annoncé une série de mesures autour de l'intelligence artificielle et de la formation en France.

    Après Facebook, place à Google. Le géant du Web américain a lui aussi profité de l'événement organisé lundi par Emmanuel Macron pour faire une série d'annonces sur son implantation en France. Sundar Pichai, PDG de Google, a notamment dévoilé l'ouverture d'un laboratoire consacré à l'intelligence artificielle à Paris. Il s'agit du deuxième centre de recherche en la matière géré par la société américaine en Europe, après Zurich, en Suisse. Google dispose aussi de laboratoires au Canada, en Chine et aux États-Unis. Plusieurs filiales de sa maison mère, Alphabet, se spécialisent par ailleurs dans l'intelligence artificielle, comme Deepmind en Grande-Bretagne.
    Le centre de Paris sera l'occasion pour Google d'explorer trois thèmes de recherche particuliers: sur la santé, l'environnement et l'Art. «Nos équipes travailleront sur des usages à venir, pour explorer à quoi ressembleront les utilisations de l'intelligence artificielle de demain», précise Sébatien Missoffe, directeur général de Google France.
    «La France est l'un des pays qui dispose du plus gros écosystème de recherche en intelligence artificielle», ajoute Olivier Bousquet, chercheur en intelligence artificielle chez Google, qui est chargé de mettre en place cette initiative. «Nous voulons attirer les talents de l'étranger pour qu'ils viennent à Paris, et s'insérer dans le système académique français.»

    Partenariats universitaires

    Google emploie déjà 120 ingénieurs en France, dont une dizaine de chercheurs qui travaillent sur l'intelligence artificielle appliquée à ses produits, comme sur le navigateur Web Google Chrome ou l'outil de recommandation de YouTube. Le but de ce nouveau centre est d'effectuer des travaux de recherche plus en amont. «L'intelligence artificielle, même si elle a connu des développements très rapides et spectaculaires ces dernières années, a toujours un énorme potentiel à développer», assure Olivier Bousquet. «Des nouvelles problématiques sont apparues: sur les biais algorithmiques, la vie privée et les données ... Ce sont des problèmatiques de recherche fondamentale que nous voulons explorer.»
    Le centre de recherche devrait collaborer avec plusieurs universités et instituts publics français, comme l'Inria, le CNRS ou l'ENS. «Nos chercheurs ne doivent pas être isolés. Ils doivent pouvoir travailler avec la communauté et irriguer le système éducatif», assure Olivier Bousquet. «Un de nos buts est de former la prochaine génération des chercheurs en intelligence artificielle en France.»
    Google n'a pas précisé combien de personnes elle comptait recruter pour ce laboratoire. FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) une initiative similaire pilotée par Facebook à Paris, depuis 2015, emploie actuellement une trentaine de chercheurs. Ces effectifs devraient bientôt doubler. Google, de son côté compte recruter au total 300 personnes supplémentaires pour son bureau parisien, pour atteindre plus 1000 employés. Parmi ces derniers, les chercheurs et ingénieurs qui travailleront au sein du nouveau centre de recherche.

    La formation au numérique à Rennes

    Outre l'ouverture de ce centre, Google a aussi annoncé lundi le lancement d'une initiative dédiée à la formation au numérique en France. Quatre espaces physiques vont être ouverts en région d'ici à la fin de l'année. Le premier sera inauguré à Rennes. Trois types de formations seront proposés, gratuitement, au grand public: initiation au numérique et au code pour les enfants, accompagnement des PME dans l'utilisation d'outils en ligne, ou des étudiants.          « Emmanuel Macron et son gouvernement ont une volonté très claire de faire du numérique un élément clé pour la transformation de la France », explique Sébastien Missoffe. « Il a un plan, et nous a expliqué comment nous pouvions y contribuer. Nous faisons partie d'un écosystème et nous y jouons notre rôle.» Google affirme avoir déjà formé 230.000 personnes (professionnels ou étudiants) aux compétences numériques en France. Avec ces quatre nouveaux établissements régionaux, le groupe espère former chaque année environ 100.000 personnes de plus.

     

    XV / AVEC L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, L'USURPATION D'IDENTITÉ EN LIGNE PREND UNE AUTRE DIMENSION

    Par Elsa Trujillo 
    Publié le 02/02/2018

    En permettant de recréer des voix ou des visages avec précision, le deep learning rend les usurpations d'identité en ligne toujours plus crédibles, et en renouvelle le genre.

    Regarder une vidéo de soi peut s'avérer un exercice périlleux. D'autant plus lorsque sa propre image devient hors de contrôle. Fin 2017, plusieurs actrices de renommée mondiale, dont Gal Gadot, Emma Watson ou encore Scarlett Johansson ont eu la mauvaise surprise de voir leur visage associé à des vidéos pornographiques créées de toutes pièces. Pour y parvenir, une reproduction numérique en trois dimensions de leur visage a été artificiellement associée au corps d'une actrice de films X, pour un résultat étonnamment réaliste, comme le rapportait Motherboard.
    Le responsable: une application gratuite, FakeApp, téléchargée plus de 100.000 fois selon son développeur. Le logiciel met à profit l'intelligence artificielle et des outils de machine learning accessibles à tous tels que Tensor Flow, de Google, pour recréer une représentation 3D d'un visage à partir de milliers de photos issues de Google images, de banques d'images ou de vidéos YouTube. Les créations étaient, par la suite, postées sur Reddit, dans l'onglet deepfakes. «Outre le matériel informatique nécessaire, tout ce dont on a besoin, c'est d'une bonne quantité de photos d'un visage», a noté Motherboard à propos de la technique utilisée.
    Les vidéos portant atteinte à l'image de ces célébrités ont progressivement été retirées de la plateforme d'hébergement Gfycat, depuis le début de la semaine, rapporte la BBC. Un bon nombre d'entre elles sont néanmoins encore accessibles. Le forum de discussion Reddit n'a pas encore pris de mesure significative à ce sujet.

    Brouiller les pistes

    L'intelligence artificielle progresse et, avec elle, la possibilité de recréer des caractéristiques humaines avec réalisme. Depuis novembre dernier, une intelligence artificielle conçue par Nvidia permet de créer des visages humains plus vrais que nature. En juillet, des scientifiques de l'université de Washington avaient présenté un outil de montage vidéo permettant de superposer n'importe quelle bande audio sur une vidéo, et donc de faire dire n'importe quoi... à n'importe qui, en reprenant le timbre de sa voix et son intonation. Preuve en avait été donnée avec une troublante vidéo de Barack Obama.
    Autant d'outils brouillent encore davantage les pistes entre le réel et le virtuel et donnent une saveur toute nouvelle au phénomène des « fake news », ces fausses nouvelles à la propagation virale. Ils s'alimentent du volume colossal de données personnelles disponibles sur le Web. En 2016, les internautes ont posté en ligne pas moins de 24 milliards de selfies sur Google Photos, selon les données de l'entreprise. Un terreau favorable à de nouvelles formes de harcèlement, plus pernicieuses et difficiles à éradiquer.
    Que faire pour éviter une telle déconvenue, sans pourtant tirer un trait définitif sur Internet? Le nombre de recours semble limité. Une fois commis, de tels actes tombent néanmoins sous le coup de la loi. «L'usurpation d'identité est un délit pénal passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende», rappelle Suzanne Vergnolle, Doctorante en droit sur la protection de la vie privée et des données personnelle à l'Université Paris Assas. «Plusieurs régimes juridiques peuvent également être invoqués en France dans ce genre de situations, dont l'atteinte au droit à l'image ou l'atteinte à l'honneur et à la dignité de la personne.»
    La question de l'efficacité de tels recours se pose néanmoins, à l'heure où les images et vidéos portant atteinte à la réputation d'une personne ne disparaissent jamais définitivement du Web. «L'existence de telles formes d'usurpation d'identité rappelle la nécessité d'une sensibilisation en amont, pour être en mesure de remettre en cause l'authenticité des contenus consultés sur Internet», estime Suzanne Vergnolle. En février 2016, seuls 31% des Français indiquaient accorder leur confiance aux contenus diffusés sur Internet, d'après un sondage TNS-Sofres. Il s'agit là du plus bas niveau de confiance depuis janvier 2008.

     

    XVI / L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE EMBARQUE SUR LES AVIONS DE COMBAT DU FUTUR

    Par Véronique Guillermard
    Publié le 16/03/2018

    Une agence de l'innovation de défense a été créée et un plan d'étude amont attribué à Dassault Aviation et Thales.

    Plusieurs drones de combat ont été programmés pour détruire des objectifs en zone ennemie. En approche des cibles, ils détectent un site hostile non répertorié. Aussitôt, les appareils se reconfigurent afin de l'intégrer dans leur mission. À des milliers de kilomètres de là, un pilote humain a évalué la situation et donné le «go»… Ce scénario ne relève pas de la science-fiction. À l'avenir, les aviateurs seront appelés à effectuer leur mission en liaison avec des «machines intelligentes». L'industrie et les militaires s'y préparent en misant sur des technologies à base d'intelligence artificielle (IA).
    Vendredi 16 mars, la ministre des Armées, Florence Parly, a lancé le plan d'étude amont «Man-Machine-Teaming» (PEA MMT) initié et financé par la Direction générale de l'armement (DGA), lors d'un déplacement au siège de Dassault Aviation (*) à Saint-Cloud. Le PEA MMT a été attribué au constructeur français et au groupe de défense Thales, par le biais de ses filiales Avionics et Systèmes aéroportés. D'une durée de trois ans et doté de 30 millions d'euros de budget, le plan vise à développer les technologies d'intelligence artificielle nécessaires à l'aviation de combat du futur.
    Florence Parly a également annoncé la création cette année d'une agence de l'innovation de défense dotée d'un budget de 100 millions d'euros par an et d'une équipe de 50  experts en IA, qui sera ouverte vers le monde de la créativité et de la recherche civile (start-up, PME innovantes…). « La démarche du projet MMT se veut disruptive, souligne Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Pour innover dans un domaine qui est lui-même innovant, il faut sortir des cadres habituels et élargir le champ des compétences.» Dassault Aviation et Thales, à la tête d'importants bureaux d'études et équipes d'ingénieurs, travailleront autrement. Ils animeront « un écosystème innovant dans le domaine de l'intelligence artificielle et des nouvelles relations homme-machine appliquée à l'aéronautique de combat ». Mais l'homme restera dans la boucle, assurent les industriels. « L'IA lui permettra de décupler ses capacités. Il n'y a pas opposition entre l'homme et la machine, mais complémentarité. Optimiser cette complémentarité est le but du projet MMT », explique Éric Trappier.
    Dans le cadre de ce projet, Dassault Aviation avait réuni à Saint-Cloud plus de 150 représentants de start-up, PME, laboratoires et centres de recherche, tous en pointe dans l'IA, la robotique, la relation homme-machine afin de leur présenter le PEA. Plusieurs d'entre eux seront ensuite sélectionnés afin de travailler aux côtés des ingénieurs de la DGA, de Dassault et de Thales.

    Expertise accumulée

    Définition des cockpits et des systèmes autonomes futurs, système aérien cognitif, capteurs intelligents… de nombreux domaines seront explorés ou améliorés. Dassault Aviation ne part pas de rien. Falcon, sa division aviation d'affaires, a déjà travaillé avec des start-up. Et le groupe a accumulé une expertise en matière de systèmes intelligents militaires avec les travaux sur le copilote électronique menés dans les années 1990. Mais aussi la fusion des données dans le Rafale dès les années 2000, qui apporte une aide précieuse à la décision, en combinant les informations de différents systèmes et capteurs afin d'établir une image tactique complète de la situation. Enfin, plus récemment, dans le cadre de nEUROn, le premier démonstrateur de drone de combat furtif, qui a effectué son premier vol fin 2012.

     

    XVII / INTELLIGENCE ARTIFICIELLE: LES PROPOSITIONS DE CÉDRIC VILLANI

    Par Lucie Ronfaut 
    Publié le 28/03/2018

    Le mathématicien a rendu mercredi soir au gouvernement son rapport sur le développement de l'intelligence artificielle. Il estime que la France est en retard.
    Après des mois de discussions, de conférences, d'interventions dans les médias, et un peu de retard, le voici enfin. Cédric Villani, mathématicien et député LaREM, a rendu mercredi

    soir son rapport pour une stratégie nationale et européenne sur l'intelligence artificielle. Cette mission lui a été confiée par le premier ministre. Ce document de 233 pages doit influer les investissements du gouvernement dans les prochaines années. D'emblée, le mathématicien fait son autocritique, et aussi celle de son pays. «Comme bien des mathématiciens commençant la carrière dans les années 1990, j'ai profondément sous-estimé l'impact de l'intelligence artificielle, qui ne donnait finalement, à cette époque, que peu de résultats », avoue-t-il. Pas de triomphalisme national non plus. La France n'est pas l'un des meilleurs pays en intelligence artificielle, dit Cédric Villani. Mais a des atouts à jouer. «Ce n'est pas forcément grâce à un “Google européen” que la France et l'Europe pourront se faire une place sur la scène mondiale de l'intelligence artificielle, estime-t-il. Elles doivent pour cela inventer un modèle spécifique.» Résumé des principales mesures.

    • Quatre secteurs stratégiques

    Objectif principal de Cédric Villani: éviter «les logiques de saupoudrage». Le mathématicien et son équipe identifient quatre secteurs prioritaires d'investissement pour la France: la santé, l'environnement, les transports et la défense. Le rapport recommande également la mise en place de plateformes sectorielles pour mutualiser les bases de données concernant ces différents secteurs. Chercheurs, entreprises et organismes publics y auraient accès.

    • L'État responsable de la collecte des données

    Le rapport souhaite la création de «communs de la donnée», c'est-à-dire une ressource commune et ouverte d'informations qui puissent être exploitées par des intelligences artificielles. «Cela devra passer par une incitation des acteurs économiques au partage et à la mutualisation de leurs données, l'État pouvant ici jouer un rôle de tiers de confiance», explique le rapport. Il insiste aussi sur l'importance du RGPD, le nouveau règlement européen sur la protection des données, pour garantir la sécurité, la souveraineté et la portabilité de ces informations parfois sensibles.

                                    « Ce n'est pas forcément grâce à un “Google européen” que la France
                                    et l'Europe pourront se faire une place sur la scène mondiale de l'IA.
                                    Elles doivent pour cela inventer un modèle spécifique.»

                                    Cédric Villani

    • Améliorer la recherche
    Cédric Villani veut fédérer chercheurs, ingénieurs et étudiants dans des instituts interdisciplinaires, à l'intérieur d'établissements publics d'enseignement et de recherche. Ils sont décrits commes des «zones franches de l'intelligence artificielle», avec peu de formalités administratives et des compléments de salaire. Le but: attirer les scientifiques étrangers et garder les Français. Le rapport recommande aussi de doubler les salaires en début de carrière pour les chercheurs dans le secteur public. Le gouvernement est enfin invité à investir dans un supercalculateur, mis à la disposition des instituts français de recherche pour mener leurs travaux.

    • Prévoir la transformation du travail
    Le rapport recommande la création d'un laboratoire dédié à l'analyse et les prévisions macroéconomiques de l'effet de l'intelligence artificielle sur l'économie et l'emploi. Au niveau de la formation, il suggère la création de doubles cursus, en mélangeant par exemple le droit et l'intelligence artificielle.

    • Une intelligence artificielle écologique
    Pour «verdir la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle», il faut d'abord se pencher sur l'industrie du semi-conducteur, essentielle à ce secteur. L'innovation dans la fabrication des puces pourrait permettre des économies d'énergie considérable. Cette optimisation de l'utilisation de l'électricité doit aussi transformer les activités des acteurs du cloud. Le rapport recommande enfin de passer par les logiciels libres (ouverts).

    • Auditer les «boîtes noires»
    Cédric Villani veut lutter contre le phénomène des « boîtes noires »
    , « des systèmes algorithmiques dont il est possible d'observer les données d'entrée, les données de sortie, mais dont on comprend mal le fonctionnement interne.» Il suggère la constitution d'un corps d'experts publics en mesure de réaliser des audits d'algorithmes et des bases de données, voire de les tester. Ils pourraient être saisis dans le cadre d'une enquête à la demande du Défenseur des droits*.

    • Éthique et diversité
    «Les chercheurs, ingénieurs et entrepreneurs qui contribuent à la conception, au développement et à la commercialisation de systèmes d'IA sont amenés à jouer un rôle décisif dans la société numérique de demain, écrit Cédric Villani. Il est essentiel qu'ils agissent de manière responsable, en prenant en considération les impacts socio-économiques de leurs activités.» Pour ce faire, le mathématicien milite pour la création de cours d'éthique dans les formations en informatique et en écoles d'ingénieurs. Le rapport regrette également le manque de diversité des filières scientifiques et techniques. «L'un des grands défis de l'intelligence artificielle consiste à parvenir à une meilleure représentativité de nos sociétés», lit-on. Le rapport envisage notamment un fonds dédié à soutenir la diversité dans les métiers de l'intelligence artificielle.

    * Voir l’article XIX  pour éviter le danger des «boites noires», l'intelligence artificielle doit devenir explicable par Enguérand Renault, rédacteur en chef médias et technologies. 

     

    XVIII / ANTOINE PETIT : LA FRANCE DOIT ÊTRE CAPABLE D'ATTIRER LES MEILLEURS CHERCHEURS

    Par Lucie Ronfaut 
    Publié le 28/03/2018

    Avant les prouesses technologiques, il y a le travail des chercheurs. La recherche est l'un des axes importants du rapport Villani. Antoine Petit, ex-directeur de l'Inria et depuis peu à la tête du CNRS, fait le point sur les forces et les faiblesses françaises. Et plaide pour une plus grande collaboration avec les entreprises privées.

    LE FIGARO. - Quel est votre bilan de la recherche en IA en France?

    Antoine PETIT. - Il est très positif. L'intelligence artificielle est un secteur de recherche qui fait appel à de nombreux domaines: les mathématiques, l'algorithmie, la programmation… La France brille traditionnellement dans ces matières. Il n'est donc pas étonnant que nous soyons bons en intelligence artificielle. Que Google, Facebook et d'autres entreprises installent leurs laboratoires en France est d'ailleurs un très bon signe. Elles ont repéré qu'il y avait des talents chez nous.

    Les grandes entreprises privées vont-elles débaucher tous nos chercheurs?

    Ces entreprises viennent en France pour deux choses: nos chercheurs et nos formations. Or ce sont les chercheurs qui forment nos étudiants. Les entreprises n'ont donc pas intérêt à tous les recruter. Ce n'est pas de la débauche massive, mais plutôt de la coopération.

                                     « Je crois beaucoup au modèle des doubles positions : des chercheurs
                                      qui travaillent à la fois en entreprise et dans des établissements
                                      publics de recherche »

                                      Antoine Petit

    La recherche publique a-t-elle besoin du secteur privé?

    Je crois beaucoup au modèle des doubles positions: des chercheurs qui travaillent à la fois en entreprise et dans des établissements publics de recherche. Ce système n'est pas très répandu en France. Il pose des questions délicates, comme celle de la propriété intellectuelle. Mais si les universités américaines arrivent à pratiquer ce modèle, pourquoi pas nous? Légalement, nous avons les moyens de le faire. Le blocage en France est culturel. Pour les chercheurs, travailler dans le privé à temps partiel offre des avantages: un accès à des jeux de données importants et un salaire plus élevé.

    La rémunération est-elle un sujet important?

    C'est un sujet clé. La question qui se pose est celle de la concurrence internationale. Si nous voulons être capables d'attirer les meilleurs chercheurs du monde entier, nous devons leur fournir de bonnes conditions de travail. Nous parlons de personnes qui, titulaires d'un bac + 11, peuvent toucher un salaire brut inférieur à 3000 euros en début de carrière. À l'avenir, nous aurons aussi besoin des sciences humaines et sociales dans la recherche en intelligence artificielle: des sociologues, des anthropologues, des philosophes… Nous devons être en mesure d'attirer les meilleurs.

                                            « Il faut également travailler avec les grands groupes français
                                              sur le sujet de l'IA, pas que les étrangers »

                                              Antoine Petit

    Vous avez ouvert l'Inria aux partenariats avec le privé. Espérez-vous le faire au CNRS?

    Le CNRS travaille déjà avec le secteur privé, mais on le sait sans doute moins que pour l'Inria. La sensibilité sur le sujet a évolué en trente ans. Nous sommes en train de dépasser l'idée reçue comme quoi travailler avec des grands groupes signifie uniquement de la recherche appliquée. Les entreprises font aussi de la prospective. Leurs chercheurs viennent souvent du milieu universitaire. Nous parlons le même langage. Il faut également travailler avec les grands groupes français sur le sujet de l'IA, pas que les étrangers.

    Qu'attendez-vous du rapport Villani?

    La France doit se donner les moyens de se positionner sur la scène internationale. Il faudrait un budget entre 50 et 150 millions d'euros par an* pour aider la recherche publique en IA.

    *Un investissement massif d'un peu plus d'1,5 milliard d'euros sur l'intelligence artificielle Vient d’être alloué pour la durée du quinquennat à travers divers appels à projets." Pour "faire de la France un leader de l'intelligence artificielle", le président a insisté sur le renforcement des filières de formation : "écoles de mathématiques, d'ingénierie, d'intelligence artificielle, de data scientist, de façon à doubler le nombres d'étudiants dans le supérieur." Dans cette logique, il s'agit de développer les réseaux de recherche fondamentale ou appliquée, comme celle présentée le matin même à l’Institut Curie par le biais de la start-up d’intelligence artificielle appliquée à la sané Owkin.

     

    XIX / POUR ÉVITER LE DANGER DES « BOITES NOIRES », L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DOIT DEVENIR EXPLICABLE (Enguérand Renault)

    Enguérand Renault, rédacteur en chef médias et technologies.
    Mis à jour le 29/03/2018

    Le problème numéro un de l'intelligence artificielle est que la machine donne des réponses sans fournir d'explications rationnelles les justifiant.

    C'est le sujet qui divise à propos de l'intelligence artificielle. Et il est mis en exergue par le rapport Villani: il faut ouvrir les boîtes noires de l'IA. En effet, le problème numéro un de l'intelligence artificielle telle qu'on la connaît aujourd'hui, est que la machine donne des réponses - souvent pertinentes - mais sans fournir d'explications rationnelles justifiant cette réponse. «C'est le fameux problème de la boîte noire… Dans un contexte où l'IA est susceptible de reproduire des biais et des discriminations, et à mesure de son irruption dans nos vies sociales et économiques, être en mesure  “d'ouvrir les boîtes noires” tient de l'enjeu démocratique»,souligne le rapport Villani. Tout le problème vient du fait que la forme d'IA la plus utilisée actuellement (l'apprentissage profond ou « deep learning ») repose sur une intelligence artificielle dirigée par les données. C'est une approche purement statistique qui repose sur l'analyse d'un très grand nombre de données par un réseau neuronal doté d'une forte puissance de calcul et fonctionnant grâce à un algorithme de « deep learning ».
    Cette approche donne des résultats spectaculaires dans l'analyse de formes: reconnaissance d'images, de textes ou de paroles. Il est couramment utilisé par les Gafa qui sont à la pointe de la recherche dans ce domaine.
    Mais, le « deep learning » a montré ses limites. Il ne sait pas raisonner, ne possède pas le sens commun et est incapable d'avoir une interaction évoluée avec un humain. Surtout, le cheminement entre la question posée et la réponse donnée relève du mystère. Pire, des chercheurs ont montré qu'il était relativement aisé de biaiser les réponses en manipulant simplement certaines données.

    Les limites du « deep learning »

    Que cette forme d'intelligence artificielle soit largement utilisée par Google pour améliorer les traductions, par Facebook pour filtrer les photos pédopornographique ou encore par AccorHotel pour améliorer le taux de remplissage de ses établissements ne pose pas trop de problèmes. Du moins pour l'instant. Car, quand l'IA sera généralisée dans la société, les humains voudront obtenir des explications aux décisions prises par la machine. Mais, dès aujourd'hui, quand l'IA est utilisée dans des secteurs critiques comme la défense, la santé ou le transport aérien, il est inenvisageable de s'en remettre à une boîte noire.

    Des modèles de comportements

    De plus en plus de chercheurs et d'industriels travaillent sur une autre forme d'IA, dite explicable ou dirigée par des modèles de connaissance«Elle est basée sur une modélisation des principes de base du comportement intelligent. C'est la combinatoire de ces principes qui engendre une certaine forme d'intelligence. Cette forme d'IA est capable de raisonnements conceptuels et de faire, par exemple, des déductions explicites. Si des modèles à base de deep learning permettent de reconnaître la pluie sur n'importe quelle image, l'IA explicable en déduira également qu'il y a des nuages». «L'hybridation de ces deux approches qui crée aujourd'hui une trajectoire vertueuse, est porteuse d'un véritable challenge», explique David Sadek, vice-président en charge de la recherche, de la technologie et de l'innovation de Thales.
    «Dans toutes les chaînes de décision critiques dans lesquelles notre IA intervient, nous devons pouvoir créer de la confiance. C'est ce qu'on appelle la Trusted AI requise par les systèmes critiques développés par Thales tels que ceux qui gèrent 40 % du trafic aérien mondial. Nous devons avoir des systèmes d'IA explicable capables d'interagir avec les humains dans un langage naturel et en temps réel», explique David Sadek. Thales, leader mondial qui travaille dans les domaines de l'Aérospatial, du transport, de la défense et de la sécurité, a massivement investi dans l'IA. Il dispose de 150 experts sur le sujet en France et bientôt d'une cinquantaine au Canada. «Nos clients exigent que l'IA utilisée soit vérifiable, validable et qualifiable. Contrairement aux Gafa, les données que nous manipulons sont critiques, souvent confidentielles et ultraprotégées de toute cyberattaque», souligne David Sadek.

     

    XX / L'EUROPE NE VOIT PAS ARRIVER LA COURSE À L'INTELLIGENCE (Laurent Alexandre)

    Par Jacques-Olivier Martin 
    Publié le 30/03/2018

    INTERVIEW - Laurent Alexandre, chirurgien, entrepreneur et essayiste, salue les efforts de la France en matière d'intelligence artificielle et appelle à se mobiliser pour l'éducation.

    Chirurgien, entrepreneur et essayiste, Laurent Alexandre estime que l'école doit d'urgence se préparer à l'émergence de l'intelligence artificielle.

    LE FIGARO. - Les politiques  sont-ils suffisamment mobilisés vis-à-vis de l'intelligence artificielle et de l'éducation?

    Laurent ALEXANDRE. - Il y a une prise de conscience très forte en France des enjeux de l'IA en matière d'éducation. La mission Villani en est un bon exemple. Elle a été très productive. Peu de personnes en France ont comme le célèbre mathématicien une vision transversale de l'intelligence artificielle. Sur le seul sujet de l'éducation, Jean-Michel Blanquer, en introduisant les neurosciences et en réfléchissant à long terme, démontre qu'il est très précieux. Qu'il s'agisse d'intelligence artificielle ou d'intelligence biologique, il y a de vrais progrès en France. Dans le reste de l'Europe, c'est plus nuancé. Au niveau de l'Union européenne la réflexion sur le sujet est tout simplement nulle.

                                       « C'est la première fois que l'on va se retrouver dans une situation
                                        où une intelligence numérique va concurrencer l'intelligence
                                        biologique »

                                        Laurent Alexandre

    Pourquoi jugez-vous  que l'intelligence artificielle est  un enjeu crucial pour l'éducation?

    Elle va bouleverser l'éducation de deux manières.

    •  D'abord en concurrençant l'intelligence des enfants qui sont formés à l'école.
    • Ensuite, l'école va se servir progressivement de l'intelligence artificielle pour améliorer et personnaliser l'éducation en fonction des caractéristiques cognitives de chaque enfant.

    Les révolutions technologiques  se sont succédé sans avoir modifié l'enseignement. Pourquoi la façon d'enseigner changera-t-elle  avec l'IA?

    À la différence des révolutions précédentes, c'est la première fois que l'on va se retrouver dans une situation où une intelligence numérique va concurrencer l'intelligence biologique. Cela nécessite que l'on réorganise la formation pour que cette intelligence ne se substitue pas aux générations à venir mais qu'elle devienne complémentaire.

    Enseignerons-nous les langues  ou l'apprentissage par cœur?

    Même s'il y avait des machines à traduire, les langues ont des conséquences très positives sur le cerveau. Être bilingue ou multilingue protégerait même contre Alzheimer. Il ne faut pas abandonner leur apprentissage. De même, si nous ne mémorisons rien, nous aurons des atrophies de certaines zones cérébrales. Même si l'on peut accéder très vite aux informations, il est préférable de les avoir dans le cerveau que dans Google. On ne peut pas être multidisciplinaire si on ne sait rien. Il n'y a pas d'intelligence s'il y a zéro mémoire…

                                              « Les gens les moins doués, les moins bien formés, les moins
                                               plastiques sur le plan intellectuel, risquent d'être dans une
                                               extrême difficulté lorsque l'intelligence artificielle va se mettre
                                               à galoper »

                                               Laurent Alexandre

    Est-ce que le format classique du prof devant ses élèves va évoluer?

    L'éducation de demain utilisera probablement trois outils: des professeurs charismatiques pour motiver et faire aimer la connaissance, des technologies électroniques comme les Mooc et puis l'intelligence artificielle pour pouvoir personnaliser l'enseignement en fonction des caractéristiques intellectuelles et cognitives des enfants.

    L'école de demain saura-t-elle réduire toutes les inégalités sociales?

    Une récente étude du Pr Robert Plomin montre que la capacité de lecture était très largement génétique et non pas environnementale. Si les parents qui lisent bien ont des enfants qui lisent bien, ce n'est pas parce qu'ils leur ont transmis l'amour de la lecture, mais parce qu'ils leur ont transmis des caractéristiques génétiques qui favorisent la bonne lecture. Robert Plomin propose justement que l'on se serve de la génétique pour repérer et aider les enfants qui ont des variants génétiques qui ne vont pas leur faciliter la lecture. Une telle sélection pose bien sûr des problèmes éthiques, moraux, philosophiques énormes, surtout dans un pays comme la France où la plupart des gens pensent que l'intelligence et les capacités cognitives sont acquises et pas du tout d'origine génétique.

    Va-t-on vers une course  au meilleur QI avec  ce développement numérique?

    Les gens les moins doués, les moins bien formés, les moins plastiques sur le plan intellectuel, risquent d'être dans une extrême difficulté dans deux ou trois décennies lorsque l'intelligence artificielle va se mettre à galoper. Est-ce que cela va conduire à une course à l'intelligence entre les êtres humains? C'est probable. Certains pays d'Asie comme Singapour s'enorgueillissent déjà d'avoir le meilleur QI moyen au monde, 108, d'être numéro un mondial dans le classement Pisa et d'avoir un niveau de vie qui est presque le double du niveau de vie des Français. J'ai peur que l'Europe ne voie pas arriver cette course à l'intelligence.

                                     « Si les écarts entre une petite élite intellectuelle et le reste de la
                                     population s'accroissent, notre démocratie pourrait être en danger »

                                     Laurent Alexandre

    Dans votre approche,  la technologie est un tsunami auquel rien ne résiste. Ne sous-estimez-vous pas la capacité des intelligences biologiques à résister à l'émergence de ce futur?

    Je suis comme le patron de Google dans son interview récente au Guardian où il dit: «Est-ce que les êtres humains veulent que la technologie aille aussi vite qu'elle va aujourd'hui?» Je m'interroge clairement sur la capacité d'absorption de ce choc technologique par les êtres humains. Le fait d'être inadapté face à la société de la connaissance et du big data a des conséquences qui vont bien au-delà du marché du travail. Cela pose même des problèmes de santé. Aux États-Unis, les non-diplômés ont une baisse de leur espérance de vie, et ça commence en Angleterre. En réalité, si les écarts entre une petite élite intellectuelle et le reste de la population s'accroissent, notre démocratie pourrait être en danger. La description faite par Harari dans Homo Deus, des dieux et des inutiles, de ceux qui maîtrisent l'intelligence artificielle pendant que les autres sont remplacés par l'intelligence artificielle, est un cauchemar qu'il faut éviter à tout prix. Si nous n'y parvenons pas, cette révolution technologique mènera à une révolution politique semblable à 1793, pas à 1789…

    L'affaire Facebook est-elle  un tournant pour les plateformes?

    Dans les pays démocratiques, les Gafa sont politiquement fragiles. Ils peuvent être affectés par une défiance politique, par une défiance populaire et par des législations contraignantes. Les géants chinois, les désormais célèbres BATX, sont à l'abri de ces risques. Le Parti communiste les biberonne pour atteindre l'objectif énoncé par le président à vie: faire de la Chine le numéro un de l'IA en 2030 et la première puissance mondiale grâce à l'IA en 2040. Si les Gafa sont fragmentés par l'antitrust, si les utilisateurs s'en détournent, nous accélérerons la montée en puissance de la Chine et donc le déclin de l'Occident.

     

     

    TABLE DES MATIÈRES

     

    VIII / 2018, UNE ANNÉE CLÉ POUR L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Elsa Bembaron
    02/01/2018

    IX / ROBOTS ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE S'IMPOSENT DANS NOTRE QUOTIDIEN
    Par Lucie Ronfaut, journaliste pour la rubrique high-tech & web.
    Benjamin Ferran, responsable du FigaroTech sur Twitter:
    et Elsa Bembaron, journaliste télécoms et high tech.
    12/01/2018

    X / VALÉRIE PÉCRESSE VEUT FAIRE DE L'ÎLE-DE-FRANCE LA SILICON VALLEY DE L'EUROPE (Elsa Bembaron)
    10/01/2018

    XI / LES CINQ MÉTIERS QUI AURONT LE VENT EN POUPE EN 2018 (Quentin Périnel)
    14/01/2018

    XII / POUR UN CAPITALISME NUMÉRIQUE DE MASSE (Michel Cicurel)
    16/01/2018

    XIII / QUAND L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE S'IMMISCE 24 HEURES SUR 24 DANS NOS VIESLucie Ronfaut
    XIV / GOOGLE CHOISIT PARIS POUR SON DEUXIÈME CENTRE EUROPÉEN D'INTELLIGENCE ARTIFICIELLELucie Ronfaut
    22/01/2018

    XV / AVEC L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, L'USURPATION D'IDENTITÉ EN LIGNE PREND UNE AUTRE DIMENSION (Elsa Trujillo
    02/02/2018

    XVI / L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE EMBARQUE SUR LES AVIONS DE COMBAT DU FUTUR (Véronique Guillermard)

    16/03/2018

    XVII / INTELLIGENCE ARTIFICIELLE: LES PROPOSITIONS DE CÉDRIC VILLANI (Lucie Ronfaut
    28/03/2018

    XVIII / ANTOINE PETIT : LA FRANCE DOIT ÊTRE CAPABLE D'ATTIRER LES MEILLEURS CHERCHEURS (Lucie Ronfaut
    28/03/2018

    XIX / POUR ÉVITER LE DANGER DES « BOITES NOIRES », L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DOIT DEVENIR EXPLICABLE (Enguérand Renault
     29/03/2018

    XX / L'EUROPE NE VOIT PAS ARRIVER LA COURSE À L'INTELLIGENCE

    (Laurent Alexandre)

    Par Jacques-Olivier Martin 
    30/03/2018

     

     

     

     


    Date de création : 08/04/2018 @ 16:03
    Dernière modification : 08/04/2018 @ 16:29
    Catégorie : La numérisation du monde
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