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UN REGARD INÉDIT SUR NOS ORIGINES JUDÉO-CHRETIENNES
ET SUR L’ISLAM
Vient de paraitre, traduite en français par Laetitia Strauch-Bonart l’œuvre de jeunesse de ROGER SCRUTON ‘The Meaning of conservatism’ qui, dans les années 1980, faisait l’éloge de la hiérarchie et de l’autorité, et exprimait sa méfiance à l’égard du thatchérisme triomphant.
Le titre donné à cet ouvrage est « De L’urgence d’être conservateur » dans lequel on peut identifier le fil conducteur du conservatisme de l’auteur :
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l’importance de la tradition comme forme de connaissance ;
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l’amour de la transmission :
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l’éloge d’une société civile autonome comme garantie de la responsabilité et de la vertu ;
ainsi qu’une affection profonde pour la nation.
Sont particulièrement mis en évidence :
1/ Le principe fondateur de la civilisation chrétienne
Pour ROGER SCRUTON, ce qui a rendu les frontières nationales possibles est cette civilisation qui s’enracine dans la chrétienté, et c’est en regardant notre monde en termes chrétiens qu’il a été capable d’accepter les vastes changements qui l’ont secouée. L’acceptation provient de l’esprit de sacrifice : c’est là le message de tant d’œuvres mémorables que de notre culture nous ont transmis. Or dans la tradition chrétienne, les formes originelles du sacrifice sont la confession et le pardon.
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Ceux qui se confessent sacrifient leur fierté, tandis que
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ceux qui pardonnent sacrifient leur ressentiment, renonçant par là-même à quelque chose qui était cher à leur cœur.
La confession et le pardon sont les coutumes qui ont rendu possible notre civilisation.
Le pardon peut être accordé uniquement à certaines conditions ; ce que fait une culture du pardon, c’est implanter ces conditions dans le cœur des hommes. On ne peut pardonner qu’à ceux qui reconnaissent leur faute. Cette reconnaissance ne s’obtient pas en disant « oui, c’est vrai ce que j’ai fait ». Elle requiert pénitence et expiation. Par ces actions d’humiliation volontaire, le fautif va à la rencontre de sa victime pour établir l’égalité morale qui rend possible le pardon. Dans la tradition judéo-chrétienne tout cela est bien connu, incorporé dans les sacrements de l’Église catholique tout comme les rituels et la liturgie de Yom Kippour (Grand Pardon). Nous avons hérité de ces sources religieuses la culture qui nous permet de confesser nos fautes, d’offrir à nos victimes une compensation et de nous tenir comptables les uns les autres dans toutes les matières où notre libre conduite peut nuire à ceux qui dépendent légalement de nous.
2/ Ce qui différencie l’héritage culturel islamiste de celui judéo-chrétien
Une des manifestations de l’héritage culturel judéo-chrétien tient au fait d’exiger des personnes responsables dans les charges publiques de rendre des comptes.
Nous ne devrions pas nous étonner que cette responsabilité soit absente des milieux islamistes – même si le pardon a une place importante dans la pratique de l’islam et dans la moralité du Coran (voir Coran, 13,22). Dans celui-ci, la place de la responsabilité est tenue par la soumission. Ce que nous découvrons à la suite du « Printemps arabe » est la réalité intérieure des Gouvernements où la responsabilité n’avait pas sa place – des Gouvernements où le pouvoir était la seule marchandise. Et cette expérience nous rappelle une vérité importante, celle qu’un Gouvernement responsable de ses actes ne naît pas des élections. Il naît du respect de la loi, de l’esprit public et d’une culture de la confession. Penser qu’il n’y a qu’une connexion accidentelle entre ces vertus et notre héritage judéo-chrétien, c’est nager en plein délire. C’est faire l’impasse sur une culture qui s’est concentrée au fil des siècles, sur la question de la repentance. Le comprendre pour sa propre vie a permis à Roger Scruton de lui faciliter la compréhension de celui du contexte politique. C’est précisément cette dimension de la condition humaine que niaient les systèmes totalitaires du XXe siècle. Et c’est le désir de nier cette dimension qui sous-tend le tournant anti-chrétien qu’a pris l’UE et la dictature sournoise de ses élites.