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    Histoire - La dernière en date des religions de dévotion

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    LA DERNIÈRE EN DATE DES RELIGIONS DE DÉVOTION

    LA RELIGION MUSULMANE[1] (633-750)

    Concentration et dévotion pendant la Salat (prière islamique, second des cinq piliers de l'islam)

     

    L’expérience religieuse de Mahomet

    Selon la description qu’en a faite Arnold TOYNBEE[2], elle avait pris la forme d’apparitions de l’Archange Gabriel. Il entendait Gabriel lui dicter des mots et lui ordonnait de les transmettre à ses concitoyens de La Mecque. Tout d’abord, il avait douté de l’autorité qui s’attachait à ces apparitions, et il hésitait à passer aux actes, mais comme elles persistaient et que les ordres devenaient impératifs, il finit par y croire et à y obéir. Le cœur du message transmis par Mahomet était qu’il n’y avait qu’un vrai Dieu, le dieu (Allah, équivalent du mot qu’employaient les chrétiens de langue syriaque pour désigner Dieu, Alaba). Le monothéisme était dans l’air en Arabie à cette époque, comme il l’avait été dans l’Empire romain durant le siècle qui avait précédé la conversion au christianisme de Constantin Ier en 312. Selon le message de Mahomet, la première et la principale exigence de Dieu à l’égard de l’homme, était sa soumission (islam). L’un de ses commandements particuliers était que les riches et les pussants devaient pratiquer la charité à l’égard des pauvres et des faibles –,par exemple, les veuves et les orphelins. Lorsque Mahomet avait été convaincu de l’authenticité de sa mission, il en avait parlé, comme l’avait fait Jésus, comme quelqu’un qui est investi d’autorité.

    Au premier stade de sa mission, le prophète Mohammed, allait, en secret, visiter différentes tribus des environs de la Mecque[3] afin de les inviter à l’islam.  Une fois, il entendit un groupe d’hommes discuter à Aqaba, un lieu situé à l’extérieur de la Mecque; il demanda la permission de s’asseoir avec eux, ce qu’ils acceptèrent volontiers.  Lorsque ces hommes de la tribu de Yathrib, entendirent ses paroles, ils reconnurent en lui le prophète que les juifs leur avaient décrit et les six embrassèrent l’islam. Ils retournèrent à Yathrib avec la ferme intention d’y prêcher la religion de Mohammed. Ainsi, il n’y eut bientôt plus une seule maison, à Yathrib, qui n’eût entendu parler de l’islam.  L’année suivante, c’est-à-dire en 621, quand vint le temps du pèlerinage, une délégation vint de Yathrib pour rencontrer le Prophète.

    Le premier pacte d’Aqaba

    Cette délégation était composée de douze hommes dont cinq faisaient partie du groupe de l’année précédente. La rencontre eut lieu à nouveau à Aqaba où prêtèrent serment d’allégeance au Prophète, d’abord en leur nom et celui de leur épouse, promettant de ne rien associer à Dieu dans leur adoration, de ne pas voler ni de commettre l’adultère ni de tuer leurs enfants, même dans la pauvreté la plus extrême.  Et ils promirent également de lui obéir dans tout ce qu’il leur ordonnerait de juste et de bon.  Ce serment est connu comme le premier serment d’Aqaba. Lorsqu’ils retournèrent à Yathrib, le Prophète envoya avec eux son premier ambassadeur, Mous’ab ibn ‘Omayr, pour enseigner aux nouveaux convertis les rudiments de la religion et prêcher à ceux qui n’avaient pas encore embrassé l’islam.

    Mous’ab prêcha le message de l’islam jusqu’à ce que presque toutes les familles de Yathrib comptent au moins un musulman parmi leurs membres.  Et, avant le Hajj de l’année suivante, c’est-à-dire de l’année 622, Mous’ab retourna voir le Prophète et lui annonça le succès de sa mission et lui parla de la bonté et de la force de caractère des gens de Yathrib.

    Le deuxième pacte d’Aqaba

    Jusqu’alors, pendant presque treize ans, le Prophète et ses fidèles avaient enduré insultes, menaces et persécutions sans jamais lever le petit doigt pour se défendre.  Ils avaient prouvé que cela était humainement possible.  Mais les circonstances avaient changé, maintenant, et demandaient une réponse différente si l’islam devait survivre, dans le monde, jusqu’à la fin des temps.  Il y a des moments pour la paix, mais il y a aussi des moments pour la guerre.  Et les musulmans n’oublient jamais que toute personne qui vient en ce monde y vient pour lutter d’une façon ou d’une autre, à des degrés différents, sinon physiquement, du moins spirituellement.  Ceux qui ignorent sciemment ce fait finissent toujours, tôt ou tard, par être asservis.

    En l’an 622, donc, des pèlerins en provenance de Yathrib, (soixante-treize musulmans et deux musulmanes), vinrent à la Mecque pour faire le Hajj[4].  Une nuit, alors que tout le monde dormait, les musulmans de Yathrib se rendirent avec le Prophète, près des rochers d’Aqaba, pour lui prêter serment d’allégeance et l’inviter à venir s’installer dans leur ville.  C’est à ce moment que la hijrah, c’est-à-dire l’émigration à Yathrib, fut décidée.

    Cet événement est connu comme le « Serment de guerre », car il impliquait la protection du Prophète, si nécessaire par les armes.  Et, peu de temps après l’émigration à Yathrib, les versets coraniques permettant d’entrer en guerre pour défendre la religion furent révélés.  Ces versets revêtent une importance particulière dans l’histoire de l’islam :

    « Dieu autorise les gens à se défendre s’ils sont agressés.  Et Il est bien capable de donner la victoire à ceux qui ont été injustement chassés de leur maison uniquement pour avoir dit : « Notre Seigneur est Dieu. »

    Cela constituait un tournant pour le prophète Mohammed, pour les musulmans et pour le monde entier.  Le destin du Prophète se réalisait, et un des aspects de sa mission prophétique consistait, pour lui, à présenter aux opprimés et aux victimes de persécution les différentes alternatives qui s’offraient à eux : d’un côté, la patience et l’indulgence; de l’autre, ce que les chrétiens appellent une « juste guerre ». 

    Le Coran dit :

    « Et si Dieu ne freinait pas certains peuples par d’autres, la terre serait certainement corrompue. » (Coran 2:251)

    Peu après le serment d'allégeance, Mahomet, avec un groupe (Muhadjir) de fidèles, quitta La Mecque, où il se trouvait marginalisé. Il s'installa à Yathrib (400 km au nord de La Mecque), qui ne s'appellait pas encore Médine (« La Ville »), où il s'imposa comme chef, avec l'ambition de développer un pouvoir politique (pactes) et religieux (conversions). Dans un premier temps, en pacificateur, il convertit les membres de plusieurs tribus (Ansar) et, par des pactes connus sous le nom mal approprié de « Constitution de Médine », il soumit à son autorité plusieurs tribus, dont trois tribus juives (il y avait  très peu de chrétiens à Yathrib). Espérant rallier à lui les tribus juives, Mahomet se rapprocha des mœurs propres au peuple d'Israël (interdits alimentaires et période de jeûne), mais cette ouverture tourna rapidement à l'échec. Un conflit s'installa avec les tribus juives, qui se termina par l'expulsion brutale de deux tribus, puis, après jugement, massacre de la totalité des hommes et mise en esclavage des femmes et des enfants de la troisième. L'émergence de ce type de violence organisée saisit de stupeur les Arabes en général. Par la suite, les musulmans sauront entretenir avec les communautés juives des relations beaucoup plus pacifiques.

     

    L’EXPANSION DE L’ETAT ISLAMIQUE[5]

    Doute sur la survivance de l’islam après la mort de Mahomet

    À la mort de Mahomet (632), on pouvait se demander si l’islam ou l’État islamique allaient survivre. La conclusion tirée par les Arabes devant les succès de Mahomet avait été la même que celle de Mahomet en personne, et il en avait été ainsi de la conclusion tirée par Constantin Ier de sa victoire de 312. Le Dieu qui avait accordé un tel succès à l’un de ses adeptes avait démontré qu’aucun autre dieu ne pouvait l’égaler en puissance. Dans 1’oikoumenè de l’Ancien Monde à l’ouest de l’Inde, que ce soit au IVe ou au Ve siècle de notre ère, il n’existait certes pas d’athées, mais on comptait également peu de théistes dont la conception de Dieu, ou de la nature et du comportement des dieux, ne fût pas grossière. Les adeptes et les sujets de Mahomet étaient convaincus que le dieu de leur prophète, Allah, était tout-puissant, mais ils renâclaient devant les devoirs que leur imposait l’islam par exemple, la prière et les aumônes (c’est-à-dire la taxation).

    En Arabie, en dehors de Yathrib et de La Mecque, la nouvelle de la mort de Mahomet se traduisit par une révolte généralisée provoquée par des prophètes et des prophétesses locaux qui prétendaient avoir gagné pour leur peuple la faveur d’Allah

    La révolte fut matée par une coalition des troupes de Yathrib[6] et de La Mecque. Les Yathribites se battaient pour conserver à leur oasis le privilège de capitale d’un Empire, privilège que Yathrib avait obtenu en devenant «la ville» (du Prophète). Les habitants de La Mecque qui n’avaient pas émigré à Médine se battaient pour conserver à leur ville le pèlerinage et le sanctuaire, si intéressants du point de vue économique, que Mahomet avait incorporés aux institutions de l’islam.

    Les rebelles furent vaincus par l’habileté des Quraych[7]. En 633, ces derniers se montrèrent comme leurs prédécesseurs de Palmyre en 260, aussi doués pour des fonctions qui ne leur étaient pas familières – comme le gouvernement, le commandement de l’armée et la diplomatie – que pour les affaires commerciales de leurs ancêtres. Certains des Quraych qui sauvèrent ainsi l’islam et l’État islamique en 633 avaient été des convertis tardifs et hésitants : Khalid ibn al-Walid, le plus dynamique des chefs militaires du jeune État islamique, et Mu’awiyyah Ier ibn Abu Sufyan, le cinquième successeur de Mahomet à la tête de l’État, en sont des exemples. Même ainsi, la puissance combinée de Médine et de La Mecque aurait pu n’être pas assez forte pour reconquérir le reste de l’Arabie si le khalifa (calife, «successeur») du Prophète décédé, Abou Bakr[8], n’avait présenté aux insurgés une alternative attrayante à leur révolte.

    Que ce soit à sa propre initiative, ou à l’instigation du groupe d’hommes qui dirigeait officieusement l’État islamique, et qui l’avait élu, Abou Bakr invita les insurgés à tourner leurs armes contre les deux empires qui bornaient l’Arabie au Nord

    Ces deux empires étaient sortis épuisés de la terrible guerre romano-perse de 604-628. Ils constituaient une proie facile qui ne résisterait pas à l’assaut des forces unies de toute l’Arabie et, quoique les deux Empires fussent économiquement ruinés aux yeux de leurs propres sujets, ils n’en constituaient pas moins un riche butin aux yeux des Arabes. Abou Bakr, en cette occasion, prit exemple sur Mahomet lui-même. Il exigea la loyauté eh échange de l’espoir de ramener du butin. Les Arabes, toujours en proie à la pauvreté, avaient à cet égard un appétit insatiable. Cette combinaison de séduction et de contrainte réussit à détourner les Arabes de leur rébellion et les entraîna à la conquête étrangère.

    LA CONQUETE ÉTRANGÈRE

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    L'expansion de l'Islam, 622-733

    La rapidité et l’étendue des conquêtes de l’État islamique sont stupéfiantes

    • Sur l’Empire romain d’Orient, les Arabes musulmans conquirent la Syrie.
    •  Sur l’Empire perse, ils avaient conquis l’Irak en 637, et la totalité de l’Iran jusqu’à Merv inclusivement. En 651, l’Empire perse sassanide fut anéanti. En 653, les Arméniens et les Géorgiens (anciens sujets arméniens et géorgiens des Empires romain et perse) capitulèrent à des conditions favorables.
    • Sur l’Empire d’Orient, entre 647 et 698, les Arabes firent la conquête de l’Afrique du Nord.
    • En 661-671, ils s’emparèrent du Tokharistan (l’Ouzbékistan afghan actuel), région que l’Empire perse s’était adjugée dans les dépouilles de l’Empire des Huns hephthalites. Cette conquête était importante du point de vue stratégique. Elle plaçait l’État islamique à cheval sur la route terrestre qui reliait l’Inde à la Chine par le bassin de l’Oxus-Iaxarte.
    • En 677, ils prirent temporairement pied au Liban. Finalement, les Arabes portèrent leur frontière au-delà de l’Amanus jusqu’au Taurus, mais ils ne réussirent jamais à s’établir de façon permanente dans cette zone.
    • En 706-715, les Arabes partirent à la conquête de la Transoxiane, région que l’Empire turc de la steppe s’était taillée dans les dépouilles de l’Empire hephthalite. Ici, les Arabes subirent un échec mais ils repartirent à l’attaque. Ils se montrèrent aussi opiniâtres à cet endroit qu’ils l’avaient été au nord-ouest de l’Afrique.
    • En 710-712, ils mirent fin à l’existence du royaume wisigoth. En dehors du Nord- Ouest de l’Espagne, ils s’emparèrent de tout le territoire occupé par les Wisigoths, y compris ce qui en subsistait au sud-ouest de la Gaule. Simultanément les Arabes conquirent le Sind et le Pendjab du Sud, jusqu’à Multan inclusivement.
    • En 739-741, ils occupaient définitivement toute la Transoxiane.

    Cependant, sur quatre autres fronts, ils subirent des échecs difficiles à surmonter

    Les Arabes ne purent consolider leur conquête de la Syrie par celle de l’Asie Mineure.

    • En 677, ils prirent temporairement pied au Liban. Finalement, les Arabes portèrent leur frontière au-delà de l’Amanus jusqu’au Taurus, mais ils ne réussirent jamais à s’établir de façon permanente dans cette zone. Le cinquième calife, Mu’awiyya Ier (661-680), comprit que pour conquérir l’Asie Mineure et anéantir l’Empire romain d’Orient, il fallait s’emparer de Constantinople et, pour ce faire, enlever aux Romains d’Orient la maîtrise navale de la Méditerranée.
    • En 674-678, il assiégea Constantinople à la fois par mer (flotte construite dès 669) et par terre. Mais le siège tourna au désastre pour les Arabes. La flotte romaine d’Orient avait été dotée de napalm («feu grégeois») et des appareils de lancement nécessaires par un technicien syrien réfugié.
    • En 717-718, un second siège arabe devant Constantinople, fut tout aussi désastreux.
    •  En 732, (100 ans après la mort de Mahomet) les Arabes ne réussirent pas à occuper la Gaule. Avant d’atteindre la Loire, ils furent battus à Poitiers.
    •  En 737-738, ils échouèrent également devant l’Empire des nomades Khazars, entre le Don et la Volga.
    • En 741, ils furent bloqués le long de la chaîne de l’Amanus. Du point de vue arabe, les mardaïtes de l’Amanüs étaient des rebelles, mais c’étaient des loyalistes pour l’Empire romain d’Orient

    Ainsi, les conquêtes des Arabes musulmans trouvaient leurs limites, mais elles avaient été rapides et étendues pour des raisons identiques à celles qui expliquaient l’étendue et la rapidité des conquêtes des Vandales ou de celles d’Alexandre le Grand. Chacun de ces envahisseurs s’était attaqué à un empire affaibli du point de vue militaire, mais qui avait conservé intact son réseau de communications pour le plus grand profit de l’attaquant. Les conquêtes des Arabes au VIIe siècle effacèrent les effets des conquêtes d’Alexandre dans la même région au cours du IVe siècle avant J.-C.

    Les Arabes, cependant, mirent fin, dans le Levant, à une influence grecque qui, en 633, s’y exerçait depuis 963 ans

    Ils furent aidés par l’attitude des sujets chrétiens monophysites de l’Empire romain d’Orient. Ceux-ci ne regrettaient pas d’avoir changé de maîtres, pas plus que les sujets nestoriens de l’Empire perse sassanide, qui n’éprouvaient aucun sentiment de loyauté à l’égard de leurs anciens maîtres iraniens.

    Les Iraniens zoroastriens eux-mêmes abandonnèrent bientôt le combat pour préserver leur indépendance politique, quoiqu’ils fussent le peuple impérial de l’Empire perse et que le zoroastrisme fût leur religion nationale.

    Au nord-ouest de l’Afrique, les Berbères fraternisèrent avec les conquérants arabes des possessions romaines d’Orient dans cette partie du monde. Les Berbères avaient été le principal soutien des donatistes, que la conversion de Constantin Ier au christianisme n’avait pas réconciliés avec le régime impérial romain.

    D’autre part, en Asie Mineure où la population restait fidèle à l’Empire romain d’Orient et au christianisme chalcédonien, les Arabes se heurtèrent à une résistance énergique et furent constamment tenus en échec

    Il en fut de même – temporairement il est vrai – dans la Transoxiane, dont les habitants, à l’époque, étaient des bouddhistes mahayand. Alexandre aussi avait rencontré là une résistance acharnée. Au Khorassan et au Tokharistan (l’ancienne Parthie et l’ancienne Bactriane), les habitants iraniens fraternisèrent avec les Arabes comme leurs ancêtres de Bactriane avaient fraternisé avec les Grecs après la conquête de l’Empire perse achéménide par Alexandre. En tout temps, les habitants des régions-frontière du monde sédentaire jouxtant la steppe eurasienne ont eu un intérêt commun à contenir hors de leurs terres les pasteurs nomades.

    Les conquêtes arabes furent aussi facilitées par l’injonction donnée par le Coran[9] de tolérer et de protéger les « Gens du Livre[10] »

    À condition, cependant,  qu’ils se soumettent au gouvernement islamique et acceptent de payer un impôt supplémentaire. Les bénéficiaires en furent non seulement les juifs et les chrétiens, mais aussi les zoroastriens et même les hindous. Les Arabes laissèrent aux percepteurs indigènes en place le soin de collecter les impôts payables par leurs sujets non musulmans. Dans l’ancien territoire sassanide, ce furent les dekhans (les seigneurs locaux), qui continuèrent à tenir leurs livres en grec ou en pahlavi jusqu’au règne du calife Abd el-Malik (685-705). Ce dernier les obligea à les tenir en arabe, et son successeur Walid Ier mit fin, en Egypte, à l’emploi officiel du copte, qui était utilisé jusque-là avec le grec. Mais les fonctionnaires indigènes du fisc, s’ils furent obligés d’exercer leurs fonctions en arabe, purent demeurer en fonction ; on ne les remplaça pas par des Arabes.

    Les garnisons arabes qui défendaient les territoires soumis à l’Etat islamique étaient stationnées dans des cantonnements, dont certains se trouvaient sur les frontières, d’autres entre l’Arabie et la frange sud du Croissant fertile. La plupart furent établis dans des sites nouveaux, et non pas dans ou près des villes existantes. Certes, les cantonnements arabes attiraient des colons non arabes, mais les contacts sociaux entre les conquérants et les peuples conquis furent minimes durant la première période de l’histoire de l’empire islamique. L’expansion de l’islam fut très inférieure à l’étendue des possessions de l’Etat islamique. En Arabie, l’islam était obligatoire, mais dans les territoires soumis, la conversion, loin d’être imposée, était positivement découragée.

    Les garnisons arabes musulmanes dans les territoires soumis n’avaient pas l’esprit missionnaire

    Leur attitude à l’égard de leur religion ressemblait à celle des anciens dirigeants ariens des Etats germaniques qui avaient succédé à l’Empire romain d’Occident. Ils portaient leur religion comme un emblème national qui servait à les distinguer des populations soumises, chrétiennes ou zoroastriennes. Pour les sujets de l’Empire islamique, la conversion à l’islam était financièrement intéressante : elle leur permettait d’acquérir le statut fiscal relativement favorable de la société musulmane ; mais précisément parce que ce statut était moins onéreux, le Trésor islamique s’opposait aux conversions et cherchait, lorsque des conversions se produisaient, à rendre nul leur effet fiscal.

    La guerre civile de 747-750, au cours de laquelle la dynastie des califes omeyyades fut remplacée par la dynastie abbasside

    À l’exception de la pointe occidentale de l’Afrique du Nord et en Espagne – elle représenta une revendication énergique de la part des convertis de leur droit à la parité juridique avec les musulmans d’ascendance arabe. Cette révolution fut mise au point dans la garnison arabe de Kufa, en Irak, et c’est de là aussi qu’elle fut dirigée, mais l’insurrection fut déclenchée à partir du Khorassan, où les convertis étaient exceptionnellement nombreux et où leur fusion sociale avec les colons-soldats arabes s’était effectuée sur une échelle inhabituelle. Cependant, les premiers habitants du Khorassan à répondre à l’appel de la rébellion n’étaient pas des Iraniens de la région, c’étaient des colons arabes que la détérioration de leur statut sous le régime des Omeyyades avait rempli d’amertume.

    Le changement de dynastie, qui avait été le dénouement superficiel de la guerre civile de 747-750, était une péripétie dans le conflit né de la succession de Mahomet dans sa fonction politique de chef de l’État islamique

    Mahomet lui-même n’avait pas laissé de fils et n’avait pas désigné de successeur

    Son cousin et gendre Ali se prétendit le successeur légal parce que lui et sa femme, Fatima, la fille de Mahomet, étaient les plus proches parents du prophète. Si Ali avait réussi à faire reconnaître ses prétentions, le califat islamique serait devenu l’apanage de la famille de Mahomet, tout comme la direction de la communauté des juifs chrétiens était devenue une affaire de famille lorsque, après la mort de Jésus, elle fut assumée par son frère Jacques et non par Pierre, l’aîné des apôtres. Néanmoins, la direction de l’État arabe musulman fut assumée, après la mort de Mahomet, par un comité directeur officieux; dans l’élection du successeur politique de Mahomet, le comité déçut trois fois les espérances d’Ali en ne le choisissant pas ; lorsque, après la troisième vacance du trône, Ali obtint la charge, il se montra incompétent sur le plan politique. Après son assassinat en 661, Mu’awiyya Ier s’empara de l’héritage politique de Mahomet. C’était le fils d’un des plus implacables opposants quraychites de Mahomet.

    Hind, la mère de Mu’awiyya Ier, était une négociante de La Mecque, tout comme la première femme de Mahomet, Khadidja (précédemment son employeur). Ni elle ni son fils Mu’awiyya n’étaient parents de Mahomet, à moins que l’on ne considère que les Quraychites étaient tous apparentés les uns aux autres. Mu’awiyya Ier était le plus capable des Quraychites de sa génération. Politiquement, Ali était incapable de se mesurer à lui. Lui-même et son fils Hussein, le petit-fils de Mahomet, trouvèrent une mort violente.

    Mu’awiyya fonda une dynastie qui régna de 601 à 750 à Damas et de 756 à 1031 en Espagne

    Mais cette dynastie omeyyade ne parvint jamais à faire reconnaître sa légitimité de façon incontestée. Ainsi, dans la structure politique de l’État islamique, une brèche s’était ouverte aussitôt après la mort de Mahomet, et cette brèche ne se referma jamais. Les partisans les plus enthousiastes de la révolution anti-omeyyade de 747-750 étaient les adeptes d’Ali et de ses héritiers, mais en cette occasion, les Alides échouèrent, comme Ali avait échoué pendant sa courte et malheureuse occupation du califat (656-661). Abu al- Abbas « le Sanguinaire » qui avait réussi, à Kufa, en 749, à se faire reconnaître comme calife à la place du dernier calife omeyyade syrien Marwan. II était, à la différence des Omeyyades, membre de la famille d’Ali et de son cousin le prophète Mahomet. Mais il ne descendait pas d’Ali lui-même ni de sa femme Fatima. C’était un descendant d’Abbas, oncle de Mahomet et d’Ali. Celui-ci, comme les Omeyyades Abu Sufyan et son fils Mu’awiyya Ier, était de ces habitants de La Mecque qui s’étaient convertis à l’islam à la onzième heure.

     


    [1] Cf.  « L’EXPANSION DE L’ÉTAT ISLAMIQUE ». § 50 p.350 à 354.

    [2] Id.. § 49,  p. 346.

    [3] La Mecque, souligne TOYNBEE, était un Etat-oasis gouverné par des oligarques, les Banou Quraych, qui gagnaient leur vie par le commerce, à la façon des oligarques de Palmyre aux IIe et IIIe siècles. Ils pratiquaient avec efficacité et sans pitié une économie d’entreprise privée ; ils étaient conscients que le succès de leurs affaires dépendait du prestige de leur sanctuaire ; ils craignaient que si l’appel de Mahomet en faveur du monothéisme l’emportait, la Ka’ba , qui abritait un panthéon ne perdit de son prestige et que le commerce de La Mecque ne souffrit de voir son indispensable sanction religieuse discréditée. Il est possible aussi que les Quraych aient été offensés par le ton autoritaire de Mahomet ; car, quoiqu’il fut lui-même Quraychite, il ne faisait pas partie de la classe dirigeante.

    [4] Le pèlerinage aux lieux-dits « saints » de la ville de La Mecque. C’est entre les 8 et 13 du mois lunaire de Dhû al-hijja qu’a lieu le grand pèlerinage à La Mecque, le cinquième pilier de l’islam.

    [5] Arnold TOYNBEE, « La grande aventure de l’Humanité », Elsevier Paris-Bruxelles, 1977, § 50 p. 350 à 354.

    [6] Les tribus musulmanes et juives de Yathrib (future Médine) sont la structure sociale au travers de laquelle s'organisent les forces politiques et religieuses, dans l'oasis de Médine, lors du départ des compagnons de Mahomet  (Hégire) de La Mecque vers l'oasis de Yathrib.

    [7]  Tribu qui contrôlait la Mecque dont les sujets, selon la tradition, descendent d'Ismaël. Le prophète islamique, Muhammad est né de cette tribu.

    [8] Abû Bakr As Siddîq (v. 573 -  634), surnommé al-Siddîq (le Véridique), est un compagnon du prophète  Mahomet, devenu ensuite dirigeant religieux, politique et militaire. Il fut le premier calife de l'islam, de 632 à 634 après la mort du Prophète.

    [9] Livre saint révélé à Mahomet

    [10] Juifs et chrétiens notamment.

     


    Date de création : 19/09/2015 @ 18:01
    Dernière modification : 19/09/2015 @ 22:29
    Catégorie : Histoire
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