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Sciences politiques - La dimension militaire aux USA

LA DIMENSION MILITAIRE, ÉPINE DORSALE
DES ÉTATS-UNIS
 
Extraits de « Où va l’Amérique d’Obama ?[1] »
 
La mondialisation : la structuration politico-économique du monde
 
(159) Chaque grand ensemble de la planète privilégie certaines dimensions d’ordre économique et politique qui structurent l’essentiel de la vision du monde : 
        Les États-Unis ont fait de la puissance militaire le centre nerveux de leur démarche et de l’armée le point névralgique de l’État, de la promotion sociale et de l’intégration des minorités. Par ce choix, ils diffèrent des autres pays d’envergure ;
        La Russie a ses matières premières et son régime oligarchique, étroitement combinés ;
        La Chine a sa main d’œuvre et le Parti qui la canalise vers l’expansion et lui assure le captage de toutes les technologies et matières premières en jouant sans faiblesse du poids du pays dans le monde ;
        L’Arabie Saoudite a son pétrole et la garantie américaine ;
        Le Venezuela son pétrole également et, à l’inverse, le rôle déclaré de bravache antiaméricain de son président qui lui rallie des alliances ;
        Le Japon a la solide colonne vertébrale de ses conglomérats, le deuxième budget militaire au monde et l’excellence de ses méthodes ;
         L’Europe, outre son marché intérieur de 500 millions d’habitants et son économie, a son exceptionnelle exposition internationale qui la force à l’évolution permanente, à quoi elle peine, d’autant plus que son ressort intérieur, qui n’est plus impérial, lui permet au mieux de progresser à petits pas, avec sur la durée néanmoins de remarquables résultats tangibles.
 
Un nouvel environnement
 
Un certain équilibre se fait entre les deux puissances que sont les États-Unis et la Chine
Les États-Unis ne pèsent qu’un quart de la Chine en termes de population. L’atout démographique n’est donc pas premier, même si tout le quart-monde qui perdure et a succédé au tiers-monde des années 1960 veut plus ou moins devenir américain, ce qui assure une réserve virtuelle d’ampleur mondiale. Dès lors, c’est à l’atout de la puissance militaire de compenser cette inégalité.
Forte du quart de l’humanité, la Chine compte sur sa démographie pour se juger hors d’atteinte de toute agressivité. Elle complète cette force par une politique de défense énergique, mais régie pour l’instant par un principe de simple suffisance, n’ayant pas besoin d’obérer significativement les ressources utiles à son développement par des dépenses de simple couverture. Elle a bien plus avantage à jouer exposée, sûre de ne pas être menacée, tant l’intérêt des autres concourt à sa protection.
Ces observations mettent en exergue qu’il existe un certain équilibre dans les rapports de force entre ces deux puissances. Cela facilite pour les Américains la mise en œuvre d’un redéploiement militaire adapté aux exigences des prochaines décennies.
 
La persistance du complexe militaro-industriel des années 1940
La mobilisation pour vaincre le Japon et l’Allemagne a suscité une intervention intense de l’État pour mobiliser toutes les ressources productives de la nation en vue d’obtenir la victoire. C’est ainsi que s’est développé au cœur de l’économie américaine un complexe militaro-industriel qui perdure encore. Il imprègne l’économie dans tous les domaines de la recherche fondamentale et appliquée à la modernisation des processus industriels et de management. Mais ce serait une erreur de conclure que l’Amérique est à la solde des marchands de canons. Il ne s’agit pas de la perpétuation d’une rente pour les industries d’armement, mais au contraire d’un foyer de la compétitivité globale de l’économie américaine. En effet, l’industrie de défense, couplée à l’organisation de la défense, d’une part, et à l’ensemble de la vie économique et sociale du pays, de l’autre, est le carrefour et le repère à la fois, de la dynamique globale de l’Amérique. Elle lui fournit l’axe de cohérence que l’Europe cherche dans les marchés, et que la Chine situe dans la modernisation.
 
À la dynamique globale de l’Amérique s’ajoute l’effet d’une culture guerrière
Loin d’avoir un effet secondaire, cette culture est distillée et propagée à forte dose par le cinéma (Rambo, Full Metal Jacket, Platoon, Black Hawkdown, etc.) ou la littérature (qu’on songe au succès phénoménal de Tony Clancy…), on peut dire que la dimension militaire au sens le plus large du terme constitue de nos jours l’épine dorsale même des États-Unis. Depuis un demi-siècle, la guerre y revêt une forte légitimation morale dans un pays qui se vit comme une puissance hégémonique, certes, mais bienfaitrice. L’Amérique n’hésite pas à payer un prix élevé pour protéger sa conception de la liberté politique et économique. Ainsi, au Vietnam, au cours d’une guerre dont on estime qu’elle lui a coûté 500 milliards de dollars, a-t-elle perdu 58 000 soldats.
Il n’y a donc aucune chance qu’un Président veuille affaiblir cette prégnance de facteurs militaires ; ou, s’il l’envisageait, il en découvrirait aussitôt l’extrême difficulté. Il n’en reste pas moins que les dirigeants américains savent, et que le peuple pressent qu’il convient en permanence d’adapter l’outil de défense, dans la perspective de nouveaux affrontements, moins guerriers dans leur essence.
 
Les nouveaux affrontements
 
On ne peut plus occuper des territoires où les populations sont hostiles à l’occupant, mais l’enjeu est de créer et garantir un fonctionnement pacifique de la mondialisation
Les différences de langue, de culture, le poids de l’histoire ajouté à des écarts de niveau de vie considérable entre occupants et occupés constituent des obstacles dirimants pour qui veut s’imposer de l’extérieur.
Lorsqu’on regarde la carte du monde, on constate que l’enjeu de défense de l’Amérique n’est plus localisé ailleurs dans le monde. Il est dans la capacité à créer et garantir un fonctionnement pacifique de la mondialisation, par échenillage des éléments isolés qui la contrarient et par un soutien judicieux, notamment dans les pays en voie de développement, aux régimes soucieux d’une répartition des richesses plus équitable. L’histoire nous enseigne qu’il faut des générations pour que les pays émergents accèdent à la démocratie et que la première étape a consisté souvent à soutenir des régimes autoritaires favorables à l’Occident.
Malgré tout et dans l’ensemble, les États-Unis sont satisfaits de la position qui est la leur dans le monde d’aujourd’hui. Ils ne cherchent nullement à l’étendre. Ils sont, en revanche, attachés à ce que le monde continue comme il est, c’est-à-dire selon une équation qui les avantage tant leurs règles du jeu prévalent encore.
 
La priorité aujourd’hui est dans la neutralisation des terroristes les plus dangereux
Comme tout le monde ou presque, aujourd’hui, souscrit à la logique de ce monde globalisé dans les filets duquel sont prises toutes les nations, il n’y a plus lieu d’y pourchasser des ennemis, il suffit de neutraliser les terroristes les plus dangereux, surtout s’ils sont susceptibles d’avoir accès à l’arme atomique. Certes il est plus facile de le dire que de le faire, car ceux-ci se sont faits petits, pour survivre, comme les mammifères au temps des dinosaures. Ils sont de plus en plus difficiles à localiser, tracer et éliminer. Cette même ligne prévaut aujourd’hui lorsque les États-Unis doivent affronter le trafic de drogue et l’argent sale.
Les formes les plus modernes de la guerre, c’est-à-dire les nouveaux affrontements, évoluent donc vers l’action chirurgicale, à l’abri d’une dissuasion maintenue à niveau contre tout adversaire capable de mettre en joue la survie même de la nation. Il y a aussi de ce côté une évolution majeure : face à un nouveau 11 Septembre, les États-Unis n’excluent plus de faire usage de leur force nucléaire et laissent suffisamment filtrer cette idée pour que d’éventuels candidats au soutien à quelque nouvelle équipe d’aviateurs terroristes y réfléchissent à deux fois.
 
Or, sur ces deux fronts (neutralisation des candidats susceptibles d’avoir accès à l’arme atomique ainsi que prévention d’un nouveau 11 septembre), on assiste à une évolution parallèle qui déplace le centre de gravité de la force de frappe vers la capacité de prévention et de riposte
        En matière stratégique, la dissuasion évolue, depuis la maîtrise de la frappe certaine qui était son fondement, vers la certitude d’interdiction de toute frappe.
        En matière tactique, la supériorité se déplace depuis la recherche d’une fin victorieuse des combats vers la prévention de tout combat par une anticipation réussie.
On notera au passage un retour en force de la pensée de Sun Zu (général chinois du VIe siècle av. J.‑C.), pour qui le grand général est celui qui ne livre pas combat et reçoit la reddition de l’ennemi intact qu’il a paralysé. Tactique et stratégie convergent en quelque sorte vers un même modèle, dont le cœur est la supériorité qu’on pourrait appeler « logicielle » : détecter, comprendre, réagir plus vite que tout adversaire, et ce de manière si démonstrative qu’il devienne décourageant pour quelque adversaire que ce soit de s’y frotter.
 
L’improductivité de frapper fort qui a été longtemps la caractéristique de l’attrition, ouvre la voie à d’autres formes d’intervention répondant elles-mêmes à d’autres objectifs
Dans ce contexte d’affrontements d’une nature différente du fait de la mondialisation et de l’épaississement des problèmes juridiques, moraux et d’image sur le plan international, il est devenu, dans la plupart des cas improductif de frapper fort. En revanche, les représailles, la sécurité préventive, l’élimination sélective des dirigeants hostiles donnent parfois d’excellents résultats. Plus important à terme est le soutien apporté à de nouvelles élites engagées à promouvoir un processus de création de richesses bénéfique pour l’ensemble de la population. En tout état de cause, il reste à préciser une question qui relève de la doctrine : les États-Unis entendent-ils limiter leurs interventions militaires à l’avenir au seul cas où leur intérêt national est en jeu, ou sont-ils enclins à mobiliser leur puissance pour défendre des populations civiles contre les exactions de certains dirigeants. Dans son discours du 21 mars 2011 à Lima, le Président Obama semble privilégier cette dernière orientation. Face à ces nouveaux contextes, il convient d’avoir de nouvelles armes.
 
Les nouvelles armes
 
La première arme est le renseignement, avec, à son amont, la réflexion stratégique débouchant sur une action diplomatique en profondeur et discrète
En effet, placer le renseignement au premier plan suppose une réflexion stratégique audacieuse, puisque cela renverse à 180° l’ordre des facteurs, le renseignement ayant depuis toujours été lié à des servantes – position ancillaire – que sont le décideur militaire comme diplomatique. Cette réflexion stratégique est faite aux États-Unis en considération de nouveaux enjeux et aussi du domaine de supériorité incontestée de l’Amérique. C’est en effet dans le domaine de traitement du signal, expression qui couvre le plus largement tous les domaines de la cybernétique, que les États-Unis jouissent de l’avance la plus radicale sur le reste du monde. Il est donc rationnel pou eux d’entraîner la rivalité militaire mondiale vers ce domaine, dès lors qu’il se trouve par nature aussi au cœur des réponses à chercher à la nouvelle donne stratégique.
 
La deuxième arme est donc l’informatique au sens large et toutes les applications de l’électronique
Le génie consacré des États-Unis dans la conception et l’optimisation des systèmes, conjugué avec la vitalité technologique dans ce domaine, et le coût très bas des ingrédients que permet la mondialisation asiatique, donnent aux États-Unis l’atout central – qui manque à tous les autres. Cet atout, c’est le droit à une ambition réaliste dans ce domaine, qui consisterait à tout savoir, tout distinguer avec sûreté, tout corréler, et sur ce fondement à animer des ripostes ciblées peu faillibles, le tout en temps presque réel.
 
La transformation des armes et des menaces ouvre tout le vaste espace de la belligérance et de l’emploi de la force
C’est là que s’opère plus lentement la révolution dans les affaires militaires. Celle-ci a été lancée il y a deux décennies, et elle est en train de déboucher. L’idée en est qu’un projectile suffit à neutraliser un adversaire, et donc qu’il est inutile d’en tirer des millions. Il est même inutile de tuer beaucoup d’adversaires, la neutralisation sélective des plus névralgiques d’entre eux suffisant à dévitaliser les autres. On peut même penser que la certitude progressivement instituée que les chefs ou leurs principaux relais seraient personnellement abattus aurait un effet tendanciellement dissuasif et pacifiant.
 
Les axes de développement de la puissance américaine
En résumé, ils résident dans le couplage entre un renseignement qui ne cesse de s’améliorer, des armes ciblées encore en phase expérimentale et un renforcement qualitatif et quantitatif du réseau diplomatique et du renseignement humain. Elle dispose en outre d’autres atouts tendant à devenir des adjuvants de cette forme de suprématie par la force et la persuasion.
Dans ce contexte, les États-Unis entendent faire de la sécurité d’Internet une de leurs priorités majeures. Elle s’avère essentielle pour combattre avec une efficacité accrue l’augmentation rapide des narcotrafics, des mouvements d’armes et des flux financiers « gris ». Cette face cachée du commerce mondial est sponsorisée par un nombre croissant d’acteurs, du Président vénézuélien Chavez aux cellules décentralisées d’Al-Queda, en passant par plusieurs dictateurs africains ou moyen-orientaux.
 Les armes pour cela doivent être légères et précises, furtives et imparables. La panoplie des drones, des forces spéciales, des bombardements ciblés répond à ce besoin. Elle est en plein développement. Elle définit, par régression, le type de plateformes et de déploiement qu’il faut, en amont, pour faire le lien entre la bulle cybernétique (dont les satellites forment le maillage arrière), et les armes disséminées pour atteindre des cibles quasi individuelles, qui forment le déploiement avant, aussi affranchi de toute présence humaine que possible.   
 
L’évolution majeure en cours est celle qui passe du lourd au léger (de l’attrition à la domination immatérielle)
Par leur ampleur même, ces moyens ont développé aux États-Unis plus qu’ailleurs l’art et les moyens de l’organisation : les progrès de l’Internet originel sont venus de là, ceux de la logistique, à son tour demanderesse de soutiens cybernétiques. De même, le gigantisme et la complexité de l’appareil de défense américain sous son aspect « hard » ont favorisé le recours à des progrès dans le registre du « soft ». Ces progrès se présentent aujourd’hui comme le principal atout d’un système dont ils sont devenus la colonne vertébrale.
Là se tient le grand débat, qui porte principalement sur les proportions. Car il est évident qu’il restera toujours un besoin de grosses plateformes de type porte-avions ou d’autres gros équipements. Ils constitueront l’appoint indispensable mais de plus en plus homéopathique d’une domination du terrain de plus en plus immatérielle. La révolution dans la mission de l’outil militaire, dans la perception des menaces et dans la conception des armes aura des conséquences industrielles importantes.
 
 
Une nouvelle industrie militaire
 
On se trouve presque aujourd’hui aux antipodes des outils lourds de frappe
terminale
Tous ces outils tels que cuirassés, chars ou chasseurs bombardiers, qui exigeaient un soutien avancé volumineux, tributaire d’une logistique arrière, et donc de délais et de coûts rapidement croissants. Or, ils forment toujours la masse de l’équipement des forces armées. 
Il y a là un facteur d’inertie considérable : si flexibles et pragmatiques que soient les Américains, qui n’ont pas hésité par exemple à réduire drastiquement le programme du F 22 Raptor, bombardier furtif, les industries et programmes de défense opèrent dans le temps long des programmations et des rentabilisations lentes des chaînes. Ils sont dépendants du maintien d’une continuité scientifique et technique dont l’importance cruciale interdit les interruptions brutales, et même les décrues trop fortes de la création continue de systèmes d’armes.
Aujourd’hui ce qui était, il y a peu, expérimentation avancée, tend à devenir la norme[2].
 
Parallèlement un nouveau segment d’activité devient central dans le dispositif militaire industriel américain
C’est ainsi que la recherche en science des messages secrets (cryptologie), en protection des systèmes, en dynamique des données, est-elle en train de devenir aux États-Unis un enjeu majeur de défense. C’est là en effet que se concentre la sécurité d’un système en train de se convertir d’une culture de la force à la culture de la protection. William J Lynn III, vice-ministre de la Défense a publiquement fait de ce domaine un axe majeur de la stratégie du Pentagone à compter de la mise en place, le 1er octobre 2010, d’un Cyber Command. Il est intéressant de noter que ce système de défense inclut l’ensemble des acteurs de la vie américaine, administrations, entreprises, réseaux et individus, s’agissant d’une nation profondément innervée par l’Internet. Rien que le système arrière, durci, de la Défense proprement dite, comporte plus de 15 000 réseaux, et emploie 90 000 personnes.
Certes, la surpuissance militaire américaine, gigantesque puisqu’elle équilibre à elle seule celle du reste du monde pris ensemble est vouée à se réduire quelque peu. Non sous l’effet de nouvelles charges que comporte la politique sociale, qui obligeraient à compenser leur coût par des coupes budgétaires dans la défense.
Sur le plan des grandes masses, on verra donc la supériorité américaine consentir un certain repli. Mais ce sera dans la perspective de maintenir l’écart entre l’Amérique et tous les autres à moindre coût. Elle demeurera de toute manière supérieure à chacun des autres pôles de puissance pour une durée longue et aujourd’hui difficile à prévoir. L’incertitude se situe à deux niveaux :
        elle s’analyse par rapport aux grands ensembles que constituent la Chine te l’Inde. Ces régions peuvent accentuer à leur profit le cercle vertueux qu’elles traversent en matière de recherche et d’investissements ;
        mais tous les développements ne sont pas linéaires. Ces régions peuvent aussi rencontrer des difficultés internes dirimantes, au moment même où la démocratie américaine approfondit des choix judicieux qui l’apaisent et favorisent sa renaissance économique et financière.
 
En fait, seule une dégradation grave du tissu économique, bancaire et technologique des États-Unis pourrait fragiliser leur prééminence militaire à l’horizon de quelques décennies
Il est cependant sage de considérer que l’appareil militaro-industriel est trop entré dans les fibres mêmes du système américain pour que même une crise sévère parvienne à lui imposer des réductions drastiques du type de celle que la Grande-Bretagne vient de réaliser.
En tout état de cause la doctrine actuelle des États-Unis impose de traiter les crises actuelles (Irak et Afghanistan), de prendre en compte les menaces de la Chine, de l’Iran et du terrorisme islamique tout en étant en mesure de mener une grande opération de stabilisation et la conduite de deux conflits régionaux. La puissance militaire américaine demeure donc un atout majeur et pérenne.
 
Une nouvelle gouvernance à l’échelle mondiale
 
Mais cette puissance militaire est-elle adaptée aux défis d’une gouvernance à l’échelle mondiale, qui en est à ses balbutiements ?
Le monde donne tous les symptômes d’être tiraillé jusqu’au déchirement par des conflits d’intérêt et des différences de vision considérables. Ne devrait-on pas se doter de moyens en hommes et en organisation à hauteur des enjeux ? Rappelons-nous, sur un autre sujet d’importance primordiale, celui de l’extrême pauvreté, l’opinion des spécialistes en 1980. Ils prévoyaient la quasi- impossibilité d’aboutir à des résultats probants avant plusieurs générations. Les faits ont démenti ces pronostics. Pourquoi ? Grâce à la prise de conscience, de par le monde, qu’un progrès économique rapide était atteignable à condition d’abandonner dogmes et habitudes surannés. Les États-Unis jouèrent un rôle décisif. Ils formèrent des millions d’individus aux méthodes du capitalisme entrepreneurial. Ils s’assurèrent que les nouvelles organisations internationales faisaient respecter des règles d’équité dans la gestion des flux commerciaux. Malgré les crises, les résultats furent spectaculaires. Mais comment favoriser à l’avenir la poursuite d’une progression générale des échanges et des niveaux de vie à un moment où le principal interlocuteur des États-Unis est devenu le « reste du monde » ?
Il est clair que les problèmes de gouvernance qui se posent sont d’une rare complexité. Ils interréagissent entre eux et les facteurs internes à chaque pays, régionaux et internationaux s’enchevêtrent. La création d’un centre mondial de la gouvernance que les États-Unis pourraient impulser permettrait de réaliser peu à peu des avancées importantes pour toutes les parties concernées. Les régions développées pourraient y être associées, notamment la Chine, le Japon, l’Inde et l’Europe. [Tel est, semble-t-il, le rôle envisagé pour le G20 – à présidence annuellement tournante –, et décliné selon plusieurs thèmes : G20 agricole, G20 économie et finance, etc.].


[1] Ouvrage de Hervé de Carmoy, préfacé par Alexandre Adler, paru aux PUF en septembre 2011.
Cet auteur a passé trente années à la Chase Manhattan Bank, puis aux postes les plus élevés de la Midland Bank, à Londres, et de la Générale de Belgique à Bruxelles, a fait de la banque d’investissement comme associé gérant de Rhône-Group.
[2] Ainsi en est-il par exemple, comme ce fut le cas en Irak, de l’envoi précoce d’éléments avancés habitués à décider depuis le terrain des équipements et personnels nécessaires à la mission. Ils adressaient leurs commandes en flux tendu directement à l’État-Major du Moyen-Orient, situé à Tampa en Floride, pour livraison depuis les bases avancées les plus proches.  

Date de création : 21/11/2011 @ 15:12
Dernière modification : 21/11/2011 @ 15:20
Catégorie : Sciences politiques
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