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Sociologie - Le tennis un + pour la démocratie




LE TENNIS, UN + POUR LA DÉMOCRATIE
 
Caractérisé par les échanges ainsi que les autres sports à filet ou à mur, il est le plus représentatif de cette catégorie de sports qui a l’apanage de représenter un plus dans la voie démocratique. Le développement qui suit vise à déterminer comment se rejoignent tennis et démocratie. Cette convergence, encore jamais bien mise en évidence, peut être observée selon trois points de vue qui, bien qu’embrassés par la sociologie, n’en présentent pas moins des horizons différents. Ainsi, le tennis peut être observé d’abord comme action collective, ensuite comme lieu pour stratèges, enfin comme facteur de visibilité de la démocratie.
 
Le tennis vu comme action collective
 
Ce sport, grâce à sa structure langagière, en toute hypothèse, se conforme à l’agir communicationnel tel qu’il a été initié par Habermas.  Le tennisman choisit, une fois pour toutes, d’agir de façon communicationnelle avec son concurrent, d’anticiper au mieux ses actions pour pouvoir leur répondre adéquatement. Contrairement à ceux qui persistent à n’y voir qu’un combat, les deux joueurs s’obligent mutuellement à échanger leurs meilleurs arguments, sans jamais perdre de vue que leur objectif principal est de gagner. La discussion qui s’engage recouvre les trois discours antécédents (téléologique, normatif et dramaturgique), sans les affecter en aucune façon.
Les deux protagonistes évoluent sur une surface appropriée et dimensionnée de façon à leur permettre de faire étalage de leur vélocité aussi bien frontalement que latéralement. Dès le service, le serveur donne à lire son geste par le receveur ; cette lecture est plus ou moins aisée, mais sa répétition en favorise l’accès. À partir et avec ce premier geste, les deux joueurs cherchent à exprimer simultanément un coup décisif, sachant qu’au cours de la partie, l’instant pour le porter, même s’il donne lieu à préparation, reste finalement aléatoire : le filet et les lignes tracées au sol jouent pleinement leur rôle pour déterminer les actions valides. Au final, chacun se destine à remporter le match, mais, et c’est là un droit intrinsèque, l’un et l’autre gardent intacte leur liberté d’appréciation : il n’est pas rare, au tennis, de voir un joueur, par un geste d’approbation, féliciter son adversaire pour le bon coup qu’il vient de produire.
Comme Habermas l’a souligné : « seul ce modèle d’action présuppose le langage comme un médium d’intercompréhension non tronqué, où locuteur et auditeur, partant de leur monde vécu interprété [ce monde dont la télévision a su prendre la mesure], se rapportent à quelque chose à la fois dans le monde objectif, social et subjectif, afin de négocier des définitions communes de situation ».
Ce sens du vécu interprété se manifeste jusque dans les déclarations faites après match, ainsi qu’on peut les rencontrer dans la bouche du vaincu : j’ai gagné les deux premiers sets, tu as remporté les trois derniers, c’est avec toute notre énergie que nous avons joué ce match décisif. Les spectateurs, bien entendu, ont pu en acquérir la conviction et les commentateurs ne sont pas en reste pour répandre la nouvelle. La sphère publique se trouve alors totalement investie.
Au terme de l’explication de ce concept d’agir communicationnel appliqué au tennis, force est de constater qu’il n’est plus nécessaire de faire partie de l’élite de ses pratiquants pour en comprendre les finesses, comme le pensait encore Gérard du Peloux en 1967[1].
A ce stade, à partir d’obligations concrètes, on tient simultanément l’action pour quelque chose d’hétéronome (une action collective) à quoi s’oppose l’autonomie de l’acteur (monde objectif et monde subjectif). 
L’attitude conflictuelle guidée par des intérêts se transforme en activité stratégique. A ce stade également, il y a intégration des perspectives du locuteur et des perspectives sur le monde.
 
Le tennis vu comme lieu pour stratèges
 
La première remarque qui s’impose est que cette stratégie est une stratégie ouverte qui, comme le montre le présent schéma, confère une rationalité optimum.
L’action du tennisman est structurée en tant qu’initiative :j’agis de telle sorte qu’il réagisse selon mon intérêt (conjonction qui ? quoi ? en vue de quoi ?) etles perspectives sur le monde sont exprimées spécifiquement par le phénomène de l’ascription.
 
tennis.png 
 
 
Au tennis, ce sont les « coups forts » et les « styles d’intervention » qui traduisent ce phénomène et constituent la preuve palpable du développement de l’attitude performative des joueurs.
La liste des coups forts, par son importance, traduit le nombre des initiatives prises en première intention ; ils alimentent grandement les commentaires et les compte-rendus relatifs aux matchs de tennis. Que nous ne puissions nous représenter cette prise de l’agent humain sur les choses, au milieu du cours du monde que comme une conjonction entre plusieurs sortes de causalité, cela, comme le souligne Paul Ricœur, doit être reconnu franchement « comme une contrainte liée à la structure de l’action en tant qu’initiative ». C’est sur le cours de la nature « extérieure » que la puissance d’agir exerce sa prise. La représentation la plus approchée d’une telle conjonction, selon le même auteur, est celle proposée par Henrick von Wright sous le titre de modèle quasi-causal[2] qui mérite maintenant d’être appréhendé.
Lorsque, à propos des échanges qu’évoquent les actions sportives, nous parlons de produire, de faire arriver, de confirmer, d’écarter, de stopper, d’empêcher, etc., n’anticipe-t-on pas sur le phénomène d’intervention ? C’est que celui-ci requiert une telle articulation : il le requiert dans le sens où il conjoint le pouvoir-faire dont un agent a une compréhension immédiate avec les relations internes du système qui le concerne. L’effet de suture, tel que proposé par le modèle mixte de von Wright entre les deux ensembles de segments (téléologiques et systémiques), est rendu visible par une inférence pratique inversée qui s’écrit ainsi :
A a l’intention de faire arriver p ;
A considère qu’il ne peut faire arriver p à moins qu’il ne fasse a ;
Donc A fait a.
Dans l’explication téléologique, la conclusion de l’inférence pratique sert de prémisse, et sa majeure de conclusion : A se met à faire a « parce que » A a l’intention de faire arriver p. C’est donc l’inférence pratique qu’il faut considérer.  
Or, pour devenir explicable de façon téléologique….la conduite mentionnée dans la conclusion doit d’abord être comprise de façon intentionnelle. « Intentionnel » et « téléologique » sont ainsi des termes qui se recouvrent sans s’identifier. Von Wright appelle intentionnelle la description sous laquelle l’action à expliquer est énoncée, et téléologique l’explication elle-même qui met en jeu une inférence pratique. Dans l’analyse de l’intervention, nous découvrons une nouvelle relation entre comprendre et expliquer.
Un exemple pris dans la pratique du tennis permet d’illustrer cette inférence pratique inversée :
A a l’intention de monter au filet (pour exécuter une volée). 
A considère qu’il ne peut le faire en sécurité à moins qu’il ne mette son adversaire « sous-pression » en jouant long et croisé.
Donc A fait un coup long et croisé.
Si l’ascription a intronisé le « il » du qui, c’est l’intervention qui a instauré le « il » du en vue de quoi, ascription et intervention qui ont en commun l’initiative de l’agent.
Nous sommes ainsi assurés, selon Ricœur : « d’une certitude qui n’est pas un croyance, mais une doxa inférieure au savoir, que nous pouvons faire les gestes familiers que Danto enracine dans les actions de base…. »   
 
Le tennis vu comme facteur de visibilité de la démocratie
 
La démocratie n’est pas seulement une formule d’organisation politique, c’est une valeur ; et c’est cette valeur – l’inaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif – qui constitue l’unité profonde de ce que, pour la clarté de l’analyse, on appelle les différentes conceptions de la démocratie. Mais cette prise en charge par les hommes de leur destin a une résonance toute particulière dans le tennis où la forme démocratique est spécialement visible. La description qui vient d’en être faite, en effet, montre que le tennis en tant que sport à filet, est l’analogue d’une discussion libre, empreinte de raison – aussi tendue soit-elle –, que les joueurs entreprennent devant un public.
Dans les faits, le tennis moderne et professionnel a pris véritablement son essor en 1968 avec le début de « l’ère Open ». Les quatre tournois du Grand Chelem, (Open d’Australie de Melbourne, Internationaux de France de tennis à Roland Garros, Tournoi de Wimbledon en Angleterre, Tournoi de Flushing Meadow aux Etats-Unis), rendez-vous majeurs de la saison, ont abandonné leur statut de tournoi réservé aux amateurs, et ont ouvert leurs portes aux joueurs professionnels. Peu à peu, l'ensemble des joueurs de circuit s’st professionnalisé et c’est à partir de cette date que l'on a considéré le tennis professionnel comme moderne ; l'ère des statistiques et des records a pu alors commencer.
Parallèlement, la politique des dirigeants de la Fédération française de tennis de 1977 à 1990 s’est avérée déterminante sur le plan national : le tennis a quitté son habit de sport pour privilégiés et est devenu accessible. Démocratisé, le tennis compte plus d'un million de licenciés en France depuis le début des années 1980.
Tous, jeunes et adultes, garçons ou filles, peuvent s’inscrire dans les clubs et progresser dans ce sport et mesurer, année après année, les progrès qu’ils y accomplissent. Le classement est attribué par la Fédération (FFT) à l'issue de chaque saison. On le calcule à partir du bilan de chaque joueur, en accord avec les matchs qu'il a joués. Ainsi, un joueur classé à un échelon donné (N) obtiendra un certain nombre de points selon qu'il battra un joueur classé à l'échelon N+2, N+1, N, N-1, etc. De cette façon, conformément à un barème préétabli, un joueur peut passer du classement N au classement N+1, N+2, etc. s'il possède le nombre de points nécessaires, mais aussi être relégué au classement inférieur s'il n'obtient pas les points nécessaires à son maintien à un classement donné. C’est à propos de ce classement que les remarques de Robert Damien prennent tout leur sens : « n'étant pas un processus d'élimination des plus faibles, le classement est moins concurrence déséquilibrée que ‘concourance’[3] ordonnée, car, par définition, il ouvre la voie à de nouvelles fois ; les perdants n'y sont pas des vaincus et il n'y a pas de malheur aux vaincus car ils auront la possibilité prochaine et attendue de poursuivre la course…Dans la commune notation des grandeurs, le compétiteur acquiert une notoriété qui le fait être ce qu'il est devenu dans l'engagement des forces mais il ne devient pas ce qu'il était dès l'origine par essence ou nature[4]. »
 Pour être complet sur le sujet des performances, il reste à dire un mot du classement ATP (celui du tennis professionnel) où les rôles sont en permanence redistribués et objectivés (leader, challenger), donnant ainsi une orientation à l’ensemble des compétitions. Ce classement mondial masculin est remis à jour chaque semaine : y sont recensés les résultats obtenus lors des 12 derniers mois de compétition ; les têtes de séries dans les tournois sont déterminées de plein droit à partir de ce classement.
Sur les chemins de la démocratie, il faut dire un dernier mot sur la parité homme-femme dans l’activité tennistique : la participation des joueuses s’y est très vite avérée non seulement possible, mais fructueuse. Tous les grands tournois comportent la double appartenance et les dotations qui, à l’origine étaient d’inégale importance, arrivent progressivement à proposer l’égalité de traitement.
Il en est de même pour l’ouverture de la pratique aux handicapés : s’agissant d’un sport qui sollicite beaucoup les membres supérieurs, la participation des handicapés-moteurs est rendue possible par l’utilisation de fauteuils roulants. Les normes ont été conçues en fonction des paramètres du déplacement. La pratique est encore peu répandue, mais rien ne semble s’opposer à son développement.
 
Conclusion
Tennis et démocratie, pour conclure, se rejoignent en ce que, de part et d’autre, il est fait un usage public du droit et de la raison. Ou, pour le dire autrement, peut-on déclarer qu’on y assiste à la mise en scène d’un usage publique du droit et de la raison : les deux protagonistes, après en avoir longuement délibéré, tombent d’accord pour la désignation publique du vainqueur. La poignée de mains qui clôt la rencontre n’a pas d’autre signification. « La démocratie de l’agir communicationnel n’est donc en aucun cas une démocratie de l’opinion, mais elle est bien une démocratie de la construction de la norme morale, juridique et politique de l’entente grâce à des procédures réfléchies rationnellement et relationnellement[5].
 


[1] Gérard du Peloux, in Jeux et Sports, Encyclopédie de La Pléïade, Paris, 1967, p. 1370 : « Le tennis est le sport qui, par ses multiples rebondissements, est le plus mystérieux et le plus attrayant qui soit, de telle sorte que celui qui ne parvient pas à en saisir les secrets, à en épouser les finesses, ne réussira jamais à prendre place parmi l’élite ».
[2] Dans « Explanation and Understanding » , Routledge and Kegan Paul, 1971. 
[3] Leibniz, Réflexions sur l’art de connaître les hommes, édition de Jean Lafond in Politique de l’intérêt, Christian Lazzeri et Dominique Reynié éditeurs, PUFG, Besançon, 1998, p. 280.
[4] Robert Damien, op. cit. p. 214.
[5] Guillaume Le Blanc, op. cit. p. 307.
 
 
 










Date de création : 21/08/2011 @ 15:48
Dernière modification : 31/08/2011 @ 14:22
Catégorie : Sociologie
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