Bienvenue !
Grâce à 6 PARCOURS philosophiques, l'internaute est invité à s'initier aux oeuvres de philosophes contemporains tels que Lévinas et Ricoeur, et à des philosophes de l'Antiquité.

Parcours
+ Parcours lévinassien
+ Parcours axiologique
+ Parcours cartésien
+ Parcours hellénique
+ Parcours ricordien
+ Parcours spinoziste
+ Glossématique

Autres perspectives
+ Archéologie
+ Economie
+ Sciences politiques
+ Sociologie
+ Poésie
+ Théologie 1
 -  Théologie 2
+ Psychanalyse générale

Mises à jour du site
26/09/2007 ajout :
Sociologie - Laïcité
Sciences politiques : Sujets de la réforme(3)
18/09/2007 ajout :
Glossèmes Liberté et Vérité

Visites

 9698 visiteurs

 1 visiteur en ligne


Théologie 2 - Christologie 1

 
CHRISTOLOGIE 1
 
MATTHIEU ET SA THÉOLOGIE DU ROYAUME
 
Comme il partait de là, Jésus vit un homme assis au bureau des douanes. Son nom était Matthieu. Et il lui dit: Suivez-moi. Et se levant il le suivit(Mt.,9,9)
 
- Matthieu apôtre et évangéliste
- L’Evangile de Matthieu
- Commentaire sur Matthieu par Hilaire (1ère partie)
 
MATTHIEU APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE
 
Le publicain Lévi (en grec Matthieu) était percepteur de l’impôt pour le compte des Romains. Il sévissait à Capharnaüm quand le Christ l'invita à le suivre. Il fit alors partie des douze apôtres[i].
Après la Pentecôte, une tradition veut qu'il ait prêché en Palestine, puis en Ethiopie où il aurait été martyrisé. Son corps se trouverait dans la crypte de la cathédrale de Salerne depuis le XIème siècle.
Son martyre a été peint par Vignon (Musée d'Arras) ; en l'église de Saint LouIs des Français à Rome, sous le titre "Un assassinat dans la cathédrale", est représenté le Martyre de saint Matthieu peint par Caravage. Au Musée de Berlin, peint par Poussin, figure un tableau sous le titre:"Paysage avec Saint Matthieu et l'ange".
 
L'ÉVANGILE DE MATTHIEU
 
C'est le Matthieu grec actuel, probablement influencé par l'évangile de Marc[ii], que l'Eglise romaine a reçu dans le canon des écrits inspirés. Expression de la tradition palestinienne, il est écrit principalement pour les Juifs convertis.
"Pour Matthieu et Marc, l'existence de Jésus apparaît comme un point central qui unit et divise les deux époques majeures de l'histoire du salut : le temps des promesses et celui de leur accomplissement. Comme Marc, Matthieu rapporte la bonne nouvelle de Jésus, mais sa christologie est plus explicite ; il est soucieux de détailler davantage la confession de son Eglise. Le réalisme naïf de Marc cède la place à une présentation de Jésus plus conforme aux normes de la tradition liturgique (présentation hiératique) : élimination de sentiments trop humains ; dignité plus ferme spécialement dans le récit de la Passion. Présentée à des Juifs devenus chrétiens, la mission de Jésus est située dans le grand dessein de Dieu que manifestent les prophéties [...]. Annoncé par le prophète Daniel, il reçoit la souveraineté universelle non de Satan [4,8-10], mais de son Père [28,18]. La Seigneurie de Jésus s'exerce sur toutes les nations: universalisme qui accomplit Israël, mais par la médiation de l'Eglise à cause du rejet de Jésus par les Juifs. De là un approfondissement de l'ecclésiologie, soit par l'apparition du terme ekklésia (Eglise) [16,18; 18,18], soit par la théologie du royaume. Ce dernier terme, évoqué cinquante et une fois, devient chez Matthieu catégorie de pensée (ainsi au sens absolu 4,23; 9,35; 13,19.38). Dérivant probablement d'un milieu apocalyptique l'expression "Royaume des Cieux" désigne chez Matthieu le royaume divin qui existe au ciel, se réalise sur la terre en image et par anticipation, puis se consommera au ciel à la fin des temps. A la fois présent et futur ; il détermine la nouveauté du temps inauguré par Jésus. Ce royaume est enlevé à Israël pour être donné à une autre nation [21,43]: lié au destin de celui qui parle, le sort du royaume de Dieu est confié à l'Eglise même. L'histoire de Jésus manifeste que, en rejetant leur Messie, les juifs ont permis au message évangélique de s'étendre au monde entier.
L'évangéliste actualise l'évènement du temps passé en associant son lecteur à la narration. Les compositions majestueuses se présentent comme donnant, dans une catéchèse magistrale (les cinq discours) le sens de la vie de Jésus. Le genre hiératique des narrations aide le lecteur à réagir comme des personnages du temps passé"[iii]. La plupart de ces indications se retrouvent dans le plan général qui suit. Le thème du "Royaume des cieux" et de sa réalisation planifiée par Jésus de Nazareth y apparaît clairement. L'évangéliste, par le truchement du royaume - successivement promulgué, prêché, évoqué en paraboles, préparé et attendu - tel qu'il ressort des cinq sections narratives et des cinq discours, nous conduit depuis "l'Evangile de l'Enfance" jusqu'à la Passion et la Résurrection.
 
I. Naissance et enfance de Jésus
(chapitres 1 et 2)
 
II. La promulgation du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative.
(chapitres 3 et 4).
2. Discours: le Sermon sur la Montagne.
(chapitres 5, 6 et 7).
 
III. La prédication du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative.
(chapitres 8 et 9).
2. Discours apostolique.
(chapitre 10).
 
IV. Le mystère du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative.
(chapitres 11 et 12).
2. Discours parabolique.
(chapitre 13).
 
V. L'Eglise, prémices du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative.
(chapitres 14[iv], 15, 16 et 17).
2. Discours ecclésiastique.
(chapitre 18).
 
VI. L'avènement prochain du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative.
(chapitres 19, 20, 21, 22 et 23).
2. Discours eschatologique.
(chapitres 24 et 25).
 
VII. Passion et résurrection.
(chapitres 26, 27 et 28).
 
Procédant du général au particulier, nous reproduisons ci-après la liste des péricopes,tellesquemisesenévidenceparlaTOB.Cette Traduction Oecuménique de la Bible présente l'intérêt d'avoir indiqué pour chaque Evangile les péricopes avec leur correspondance éventuelle dans les trois autres documents, ce qui permet d'évoluer d'un texte à l'autre. Le fait que Matthieu dépende en partie de Marc, nous conduit à indiquer en premier les références à son Evangile, puis celles relatives à Luc. L'indication P en face d'une péricope signifie, dans ce listing, qu'elle est propre à Matthieu. Sont indiquées en gras les péricopes qui feront partie des différents Commentaires.
 
I. Naissance et enfance de Jésus
 
   Généalogie de Jésus-Christ [1,1-17]
                                                  
                                                         Mc : -----------
                                                         Lc : 3,23-38.
P L'annonce à Joseph [1,18-25]     
 
P  La visite des Mages [2,1-12]
 
P La fuite en Egypte [2,13-15]
 
P Massacre des enfants de Bethléem [2,16-18]
 
P Retour d'Egypte. Etablissement à Nazareth [2,19-23]
 
II. La promulgation du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative
 
   Jean-Baptiste [3,1-6]
                                                        Mc : 1,2-6.
                                                        Lc : 3,1-6.
   Appel à Jean à la conversion [3,7-10]
                                                        Mc : --------
                                                        Lc : 3,7-9.
   Baptême d'eau et baptême de feu [3,11.12]
                                                        Mc : 1,7-8.
                                                        Lc : 3,15-18.
   Baptême de Jésus [3,13-17]
                                                        Mc : 1,9-11.
                                                        Lc : 3,21.22.
   La tentation de Jésus [4,1-11]
                                                        Mc : 1,12.13.
                                                        Lc : 4,1-13.
   Jésus se retire en Galilée [4,12-17]
                                                        Mc : 1,14.15.
                                                        Lc : 4,14.15.
  Appel des premiers disciples [4,18-22]
                                                        Mc : 1,16-20.
                                                        Lc : 5,1-11.
   Jésus et les foules [4,23-25]
                                                        Mc : 1,39.
                                                        Lc : 4,44; 6,17.18.
 
2. Discours: le Sermon sur la Montagne
 
   Le Sermon sur la Montagne [5,1.2]
                                                         Mc : 3,13.
                                                         Lc : 6,12.13.20.
   Les béatitudes [5,3-12]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 6,20-26.
   Le sel et la lumière [5,13-16]
                                                              Mc : 9,50; 4,21.
                                                              Lc : 14,34.35;
                                                                      8,16; 18,33.
P Jésus et la loi [5,17-20]  
 
   Meurtre et réconciliation [5,21-26]
                                                              Mc : 11,25.
                                                              Lc : 12,57-59.
   Adultère et scandale [5,27-30]
                                                              Mc : 9,43.47.48.
                                                              Lc : ------------
   La répudiation [5,31.32]
                                                              Mc : 10,4.5; 10-12.
                                                              Lc : 16,18.
P Le serment [5,33-37]
   Le talion [5,38-42]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 6,29.30.
   L'amour des ennemis [5,43-48]
                                                              Mc : --------------
                                                              Lc : 6,27.28; 32.36
P L'aumône [6,1-4]
 
P La prière [6,5-8]
 
   Le Notre Père [6,4-15]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 11,2-4.
P Le jeûne [6,16-18]
 
   Le trésor dans le ciel [6,19-21]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc :12,33-34.
   La lampe du corps [6,22.23]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 11,34-36.
   Ou Dieu ou l'argent [6,24]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 16,13.
   Les soucis [6,25-34]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 13,22-31.
   La paille et la poutre [7,1-5]
                                                              Mc : ----------------
                                                              Lc : 6,37-38;41.42.
P Les perles aux pourceaux [7,6] 
 
   Prier le Père [7,7-11]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 11,9-13.
   Autrui [7,12]
                                                              Mc : ------
                                                              Lc : 6,31.
   Les deux voies [7,13.14]
                                                              Mc : ------------
                                                              Lc : 13,23.24.
   Tel arbre, tels fruits [7,15-20]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 6,43.44.
   Les vrais disciples [7,21-23]     
                                                              Mc : ---------------
                                                              Lc : 6,46; 13,27.
   Bâtir sur le roc [7,24-27]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 6,47-49.
   Autorité de Jésus [7,28.29]
                                                              Mc : 1,22.
                                                              Lc : 4,32.
 
III. La prédication du Royaume des Cieux
 
 1. Section narrative: dix miracles
 
   Guérison d'un lépreux [8,1-4]
                                                              Mc : 1,40-44.
                                                              Lc : 5,12-14.
   Le centurion de Capharnaüm [8,5-13]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 7,1-10.
   Guérison de la belle-mère de Simon [8,14.15]
                                                              Mc : 1,29-31.
                                                              Lc : 4,38.39.
   Guérisons et exorcismes [8,16.17]
                                                              Mc : 1,32-34.
                                                              Lc : 4,40.41.
   Pour suivre Jésus [8,18-22]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 9,57-60.
   La tempête apaisée [8,23-27]
                                                              Mc : 4,31-41.
                                                              Lc : 8,23-25.
 
   Les deux démoniaques gadaréniens [8,28-34]
     (habitants de Gadara au S.E du lac de Gennésareth).
                                                              Mc : 5,1-20.
                                                              Lc : 8,26-39.
   Guérison d'un paralysé [9,1-8]
                                                              Mc : 2,1-12.
                                                              Lc : 5,17-25.
   Jésus appelle Matthieu [9,9-13]
                                                              Mc : 2,13-17.
                                                              Lc : 5,27-32.
   Question sur le jeûne. Le vieux et le neuf
   [9,14-17]                                                              
                                                              Mc : 2,13-17.
                                                              Lc : 5,27-32.
   Guérison d'une femme et résurrection
   de la fille d'un notable [9,18-26]
                                                              Mc : 5,21-43.
                                                              Lc : 8,40-56.
P Guérison de deux aveugles [9,27-31]  
 
   Guérison d'un possédé muet [9,32-34]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 11,14.15.
   Jésus et les foules sans berger [9,35-38]                                                                 
                                                              Mc : 6,6.34.
                                                              Lc : 10,2.
2. Discours apostolique
 
   Mission des douze [10,1-4]
                                                              Mc : 3,16-19.
                                                              Lc : 6,14-16.
                                 [10,5-15]
                                                              Mc : 6,7-11.
                                                              Lc : 9,2-5; 10,3-12.
   Annonce des persécutions [10,16-25]
                                                              Mc : 13,9-13.
                                                              Lc : 12,12-19.
   Ne craignez rien ! [10,26-33]
                                                              Mc : 8,38.
                                                              Lc : 9,26; 12,2-9.
   Non la paix, mais le glaive [10,34-36]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 12,51-53.
   Se renoncer pour suivre Jésus [10,37-39]
                                                              Mc : 8,34.35.
                                                              Lc : 14,26.27;
                                                                      9,23.24.
   Qui vous accueille, m'accueille [10,40-42]
                                                              Mc : 9,37-41.
                                                              Lc : 9,48; 10,16.
 
IV. Le mystère du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative
 
   Question de Jean et déclaration de Jésus [11,2-19]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 7,18-35.   
   Lamentation sur les villes de Galilée [11,20-24]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 10,12-15.
   Le Père et le Fils [11,25-27]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 10,21.22.
P Prenez mon joug [11,28-30]  
 
   Les épis arrachés [12,1-8]                                                                 
                                                              Mc : 2,23-28.
                                                              Lc : 6,1-5.
   L'homme à la main paralysée [12,9-14]
                                                              Mc : 3,1-6.
                                                              Lc : 6,6-11.
P Jésus, le serviteur de Dieu [12,15-21]
 
   Jésus et Béelzéboul [12,22-32]                          
                                                              Mc : 3,22-30.
                                                              Lc : 11,14-23;
                                                                      12,10.
   Les paroles et le cœur [12,33-37]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 6,44.45.
   Le signe de Jonas [12,38-42]
                                                              Mc : 8,11.12.
                                                              Lc : 11,16.29-32.
   Retour offensif de l'esprit impur [12,43-45]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 11,24-26.
   La vraie famille de Jésus [12,46-50]
                                                              Mc : 3,31-35.
                                                              Lc : 8,19-21.
2. Discours parabolique
 
   Les paraboles du Royaume [13,1-3]
                                                              Mc : 4,1.
                                                              Lc : 8,4.
   Le semeur [13,4-9]
                                                              Mc : 4,2-9.
                                                              Lc : 8,5-8.
   Pourquoi Jésus parle en paraboles [13,10-17]
                                                              Mc : 4,10-12.
                                                              Lc : 10,9.10.
   Interprétation du semeur [13,18-23]
                                                              Mc : 4,13-20.
                                                              Lc : 8,11-15.
P L'ivraie [13,27-30].
 
 Le grain de moutarde (de senevé) [13,31.32]
                                                              Mc : 4,30-32.
                                                              Lc : 13,18.19.
 Le levain [13,33]
                                                              Mc : ---------
                                                              Lc : 13,20.21.
 Pourquoi Jésus parle en paraboles [13,34.35]
                                                              Mc : 4,33.34.
                                                              Lc : ---------
P Explication de l'ivraie [13,36-43].
 
P Le trésor et la perle [13,44-46].
 
P Le filet [13,47-50].
 
P Conclusion [13,51.52].
 
   Jésus rejeté à Nazareth [13,53-58]
                                                              Mc : 6,1-6.
                                                              Lc : 4,16-24.
 
V. L'Eglise, prémices du Royaume des Cieux  
 
1. Section narrative
 
   La mort de Jean-Baptiste [14,1-12]
                                                              Mc : 6,17-29.
                                                              Lc : 9,7-9.
   Jésus nourrit cinq mille hommes [14,13-21]
                                                              Mc : 6,30-44.
                                                              Lc : 9,10-17.
   Jésus marche sur les eaux [14,22-33]
                                                              Mc : 6,45-52.
                                                              Lc : ----------
   Guérisons à Génésareth [14,34-36]
                                                              Mc : 6,52-56.
                                                              Lc : ----------
   Controverse sur la tradition [15,1-9]
                                                              Mc : 7,1-13.
                                                              Lc : ----------
   Le pur et l'impur [15,10-20]
                                                              Mc : 7,14-23.
                                                              Lc : ----------
   La foi de la Cananéenne [15,21-28]
                                                              Mc : 7,24-30.
                                                              Lc : ----------
   Guérisons près du lac [15,29-31]   
                                                              Mc : 7,31.
                                                              Lc : ----------
   Jésus nourrit quatre mille hommes [15,32-39]
                                                              Mc : 8,1-10.
                                                              Lc : ----------
   Les signes des temps [16,1-4]
                                                              Mc : 8,11-13.
                                                              Lc : 11,16-29;
                                                                      12,54-56.
   Le levain des Pharisiens [16,5-12]
                                                              Mc : 8,14-21.
                                                              Lc : 12,1-6.
   Pierre reconnaît en Jésus le
   Fils de Dieu [16,13-20]
                                                              Mc : 8,27-30.
                                                              Lc : 9,18-21. 
   Jésus annonce sa passion et
   sa résurrection [16,21-23]
                                                              Mc : 8,31-33.
                                                              Lc : 9,22.
   Conditions pour suivre Jésus [16,24-28]
                                                              Mc : 8,34-38; 9,1.
                                                              Lc : 9,23-27.
   Jésus transfiguré [17,1-9]                                                                 
                                                              Mc : 9,2-10.
                                                              Lc : 9,28-36.
   Dialogue sur Elie [17,10-13]
                                                              Mc : 9,11-13.
                                                              Lc : -----------
   Guérison d'un lunatique [17,14-21] 
                                                              Mc : 9,14-29.
                                                              Lc : 9,37-43.
   Jésus annonce de nouveau sa
   passion et sa résurrection [17,22.23]
                                                              Mc : 9,30-32.
                                                              Lc : 9,43-45.
P Jésus et Pierre paient l'impôt [17,24-27]
 
2.Discours ecclésiastique
 
   Le plus grand dans le Royaume [18,1-5]
                                                              Mc : 9,33-37.
                                                              Lc : 9,46-48.
   Mise en garde [18,6-9]
                                                              Mc : 9,42-50.
                                                              Lc : 17,1.2.
   La brebis égarée [18,10-14]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 15,1-7.
P Correction fraternelle [18,15-18].
 
P Prier ensemble [18,19.20].
 
   Le pardon entre frères [18,21.22]
                                                              Mc : ----------
                                                              Lc : 17,4.
P Le débiteur impitoyable [18,23-35].
 
VI. L'avènement prochain du Royaume des Cieux
 
1. Section narrative
 
   Contre la répudiation [19,1-9]
                                                              Mc : 10,1-12.
                                                              Lc : 16,18.
P Mariage et célibat [9,10-12]
 
   Jésus et les enfants [19,13-15]
                                                              Mc : 10,13-16.
                                                              Lc : 18,15-17.
   Le jeune homme riche [19,16-30]
                                                              Mc : 10,17-31.
                                                              Lc : 18,18-30.
P Les ouvriers de la onzième heure [20,1-16]
 
   Pour la troisième fois, Jésus annonce
   sa passion et sa résurrection [20,17-19]
                                                              Mc : 10,32-34.
                                                              Lc : 18,31-34.
   Ambition et service [20,20-28]
                                                              Mc : 10,35-45.
                                                              Lc : 22,25-27.
   Les deux aveugles de Jéricho [20,29-34]
                                                              Mc : 10,46-52.
                                                              Lc : 18,35-43.
   Entrée messianique à Jérusalem [21,1-11]
                                                              Mc : 11,1-11.
                                                              Lc : 19,28-40.
   Les vendeurs chassés du Temple [21,12-17]
                                                              Mc : 11,15-19.
                                                              Lc : 19,45-48.
   Le figuier sans fruit [21,18-22]
                                                              Mc : 11,12-14.
                                                              Lc : ------------
   Question des Juifs sur l'autorité
   de Jésus [21,23-27]
                                                              Mc : 11,27-33.
                                                              Lc : 20,1-8.
P Les deux fils [21,28-32]
 
   Les métayers révoltés [21,33-46]
                                                              Mc : 12,1-12.
                                                              Lc : 20,9-19.
   Le festin nuptial [22,1-14]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 14,15-24.
   Le tribut à César [22,15-22]
                                                              Mc : 12,13-17.
                                                              Lc : 20,20-26.
   A la résurrection des morts [22,23-33]
                                                              Mc : 12,18-27.
                                                              Lc : 20,27-38.
   Le plus grand commandement [22,34-40]
                                                              Mc : 12,28-34.
                                                              Lc : 10,25-28.
   Le fils de David et son Seigneur [22,41-46]
                                                              Mc : 12,35-37.
                                                              Lc : 20,41-44.
   Invectives entre les pharisiens [23,1-36]
                                                              Mc : 12,38-40.
                                                              Lc : 20,45-47;
                                                                       11,39-52.
   Lamentation sur Jérusalem [23,37-39]
                                                              Mc : -----------
                                                              Lc : 13,34.35.
2.Discours eschatologique
 
  Annonce de la destruction du Temple [24,1-3]
                                                              Mc : 13,1-4.
                                                              Lc : 21,5-7.
   Le commencement des douleurs [24,4-14]
                                                              Mc : 13,5-13.
                                                              Lc : 21,8-19.
   La grande tribulation [24,15-25]
                                                              Mc : 13,14-23.
                                                              Lc : 21,20-24.
   L'avènement du Fils de l'homme [24,26-35]
                                                              Mc : 13,24-32.
                                                              Lc : 17,23.24;
                                                                       21,25-31.
 
   Nul n'en connaît le jour :veillez![24,36-44]
                                                              Mc : 13,32-35.
                                                              Lc : 17,26.27;34.35;
                                                                      12,39.40.
   Le serviteur fidèle [24,45-50]
                                                              Mc : ------------
                                                              Lc : 12,42-46.
P Les dix vierges [25,1-13]
 
   Les talents [25,14-30]
                                                              Mc : ------------
                                                              Lc : 19,12-27.
P Le jugement dernier [25,31-46]
 
VII. Passion et résurrection
 
   Complot contre Jésus [26,1-5]
                                                              Mc : 14,1.2.
                                                              Lc : 22,1.2.
   L'onction à Béthanie [26,6-13]
                                                              Mc : 14,3-9.
                                                              Lc : -----------
   Trahison de Judas [26,14-16]
                                                              Mc : 14,10.11.
                                                              Lc : 22,7-13.
   Préparation du repas pascal [26,17-19]
                                                              Mc : 14,12-16.
                                                              Lc : 22,13-16.
   Annonce de la trahison [26,20-25]
                                                              Mc : 14,17-21.
                                                              Lc : 22,14.
   Le dernier repas. Institution de
   l'Eucharistie [26,26-29]
                                                              Mc : 14,22-25.
                                                              Lc : 22,15-20.
   Annonce du reniement de Pierre [26,30-35]
                                                              Mc : 14,26-31.
                                                              Lc : 22,33.34.39.
   A Gethsémani [26,36-46]
                                                              Mc : 14,32-42.
                                                              Lc : 22,40-46.
   Arrestation de Jésus [26,47-56]
                                                              Mc : 14,43-52.
                                                              Lc : 22,47-53.
   Jésus devant le Sanhédrin [26,57-68]
                                                              Mc : 14,53-65.
                                                              Lc : 22,54.55.63-71
   Reniement de Pierre [26,69-75]
                                                              Mc : 14,66-72.
                                                              Lc : 22,56-62.
   Jésus conduit devant Pilate [27,1.2]
                                                              Mc : 15,1.2.
                                                              Lc : 22,66; 23,1.
P Mort de Judas [27,3-10]
 
   Jésus devant Pilate [27,11-26]
                                                              Mc : 15,2-15.
                                                              Lc : 23,2-15;13-25
   Le roi des Juifs bafoué [27,27-31]
                                                              Mc : 15,16-20.
                                                              Lc : 23,11.
   Jésus est crucifié [27,32-44]
                                                              Mc : 15,21-32.
                                                              Lc : 23,26-43.
   Mort de Jésus [27,45-54]
                                                              Mc : 15,33-39.
                                                              Lc : 23,44-48.
   Ensevelissement de Jésus [27,55-61]
                                                              Mc : 15,40-47.
                                                              Lc : 23,49-56.
P La garde du tombeau [27,62-66]
 
   Jésus n'est plus au tombeau [28,1-15]
                                                              Mc : 16,1-8.
                                                              Lc : 24,1-11.
P Le ressuscité envoie ses disciples
   en mission [28,16-20]
                        
                       --------------------------
Remarque: on relève ainsi 164 péricopes dont 163 sont titrées.
                   Sont propres à Matthieu: 31 péricopes.
                   Sont communes à 2 synoptiques: 45 péricopes dont
                   12[Mt.Mc] et 33 [Mt.Lc].
                   Sont communes aux 3 synoptiques: 88 péricopes.
                       ---------------------------
 
COMMENTAIRE SUR MATTHIEU
par Hilaire (1ère Partie)[v]
 
Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel [..] Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur la hauteur ne peut être cachée. (Matthieu, 5,13-16).
 
Ce commentaire d'Hilaire de Poitiers[vi] "sur Matthieu" (en latin In Mattheum) a été traduit en français par Jean Doignon[vii] à partir de neuf manuscrits latins qui sont les plus anciens et les plus représentatifs de la tradition. Selon les indications du traducteur, ce commentaire de l'Evangile de Matthieu est le premier qui soit parvenu au complet. Pour sa rédaction il est proposé la date de 355, située entre le début de son épiscopat (350) et son départ en exil (356). < Cet ouvrage était sans doute destiné aux "fratres" qui constituaient son "presbytérium", frères qui en l'occurrence étaient loin d'être des "simples">.
 
Technique du commentaire
 
< La "lecture de l'Evangile" offre l'aspect d'une explication continue de faits et de paroles dont l'intelligence repose sur un ordo qui a son début, son centre et sa conclusion. A cette unité fondamentale de l'ordo intelligentia s'ajoute une autre, d'un caractère plus rhétorique, celle de l'ordo narrationis qui diffère selon le type de développement c'est-à-dire selon qu'il s'agit d'une propositio ou d'un sermo ; la propositio est un véritable exposé des motifs (cas le plus fréquent des scènes miraculeuses), et le sermo, quant à lui, apporte la signification des paroles de Jésus répondant de la façon la plus adéquate possible au but de l'exégèse. En effet, si l'exégète y éclaire le sens des mots, c'est pour mettre en valeur la rigueur de la logique mise en oeuvre et la force de la leçon qui s'en dégage [...] Tantôt le précepte est direct et il est moulé, comme chez Cyprien, dans des admonitiones qui peuvent prendre l'allure de sententiae. Tantôt il est enveloppé dans des images simplesoudessimilitudes.Pluscomplexessontlescomparationes qui développent sous la forme d'une allégorie tout un programme doctrinal. La variété de ces figures stylistiques destinées à refléter la diversité de ton entre les pages de l'Evangile témoigne de l'éclectisme de la rhétorique d'Hilaire : débordant les catégories classiques du barreau, elle est le véhicule d'un enseignement qui est un ministérium >.
 
Méthode d'exégèse
 
Les structures littéraires qui façonnent le commentaire sont destinées à s'ajuster à une méthode d'exégèse dont Hilaire a défini les principes généraux que J.Doignon rappelle pour l'essentiel.
< Les faits qui sont narrés dans l'Evangile, tout en étant réalisés dans le présent, ont une raison "typique" qui en fait une image (forma) de l'avenir, ou, autrement dit, les actions de l'Evangile ont en plus de leur portée matérielle, une signification intérieure, voire prophétique[viii], qui leur confère un rôle exemplaire pour nous [...] L'application la plus complète de la lecture typologique de l'Ecriture est sortie chez Tertullien de ses débats avec Marcion, qui ont offert à Hilaire une démonstration permanente de la projection des évènements de la Loi dans la vie de la foi.
 
Soubassement culturel du commentaire
 
Dans son introduction, J. Doignon donne un développement très complet de ce soubassement, citant successivement l'Ecriture (évangiles, prophètes, enseignement de Paul, etc.,), Tertullien, Cyprien, Cicéron, la littérature technique (corpus de Pline, textes médicaux, Quintilien, les répertoires de curiosités, etc.,). Nous en retiendrons surtout l'influence exercée par Tertullien et Cyprien sur Hilaire .
 
Tertullien :
Hilaire a hérité de Tertullien les schémas qui lui ont permis d'évoquer la situation politique de l'empire romain ; c'est aussi chez lui (ou chez Cyprien) qu'Hilaire a puisé les sens que, dans certains passages, il donne à des usages liturgiques (surtout ceux du baptême[ix]), ou à la responsabilité des évêques.
Après la bataille pour la foi qui eut lieu au synode d'Arles (automne 353), l'évêque de Poitiers eut à connaître la teneur de certains documents ariens, mais la réfutation qu'il en donna "fut plus inspirée par les formules de la polémique anti-hérétiques de Tertullien que par les documents de la foi catholique qui lui étaient contemporains (Credo de Nicée, discours d'Athanase, etc.,)".
< On a souligné l'influence très sensible des topoï[x] des oeuvres apologétiques de Tertullien ; ce sont eux en effet qui ont fourni à Hilaire ses définitions de la condition du chrétien face au monde et à César, ses points de vue sur les formes d'accès à la connaissance de Dieu, et parallèlement, sur les formes de l'aveuglement des païens, des Juifs, des hérétiques, sur la diffusion du christianisme, enfin sur le jugement final. Hilaire a encore trouvé chez Tertullien un répertoire abondant d'explications spirituelles des réalités matérielles (aile, vêtement, maison, etc.,), ainsi qu'un directoire équilibré et un langage spécialisépourl'usagedes "figures" dans l'exégèse scripturaire >.
 
Cyprien:
A Cyprien[xi], Hilaire est redevable de ses conceptions sur l'unité et l'apostolicité de l'Eglise, sur la primauté de Pierre, sur la "confession" du martyre, sur la réconciliation des pécheurs, sur la Parousie. Auteur des Testimonia (recueils de citations), Cyprien a fourni à Hilaire la clef de plusieurs "types" exégétiques, et ses traités parénétiques[xii] ont été largement utilisés dans l'In Mattheum pour leur topique morale d'inspiration stoïcisante.
 
Témoignages prouvant que l'In Mattheum n'a cessé d'être lu
 
Jérôme a évoqué à plusieurs reprises ces écrits d'Hilaire dont il a eu connaissance avant que lui-même ne fasse son Commentaire sur l'Evangile de Matthieu. Dans ses Lettres, ce sont tantôt des compliments de la mise à profit de son exil en Orient pour faire connaître aux occidentaux l'exégèse d'Origène (Lettre, 57,6), tantôt des reproches sur ses périodes oratoires (Lettre 58,10). Il n'en reste pas moins admiratif de l'évêque de Poitiers, "vir eloquentissimus", "le Rhône de l'éloquence latine". L'In Mattheum fit partie des documents qu'il destina à son amie Paule au monastère de Bethléem.
L'influence de cette oeuvre a dû demeurer vivace dans les milieux lériniens : le Commonitorium de Vincent de Lérins en cite un passage [5,1,11-12].
Parmi les contemporains des manuscrits des XIIème et XIIIème siècles qui ont laissé trace de leur lecture, on peut citer Abélard [Sermo XI, 7 citations] et saint Thomas d'Aquin [Somme théologique, 12 citations].
 
La tentation de Jésus [4,1-11]
 
Alors Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour y être tenté par le diable.
Le passage au désert, le jeûne de quarante jours, la faim après le jeûne, la tentation par Satan et la réponse du Seigneur sont pleins de la réalisatiion d'un grand dessein céleste. Le fait d'avoir été conduit au désert indique la liberté de l'Esprit-Saint, qui livre son humanité désormais au diable et qui accorde à celui-ci l'occasion de le tenter et de se l'adjoindre, occasion que le tentateur n'aurait pas eue, si elle ne lui avait pas été donnée. Il y avait donc chez le diable un soupçon né de la crainte, non une connaissance née du soupçon. Il était frappé, en effet, d'un jeûne de quarante jours : il savait que c'était le nombre des jours pendant lesquels les eaux de l'abîme s'étaient déversées (a), la terre promise avait été parcourue (b), la Loi avait été écrite par Dieu pour Moïse (c) de même que les années durant lesquelles le peuple était resté au désert à vivre et à se comporter comme les anges (d) avaient atteint ce chiffre. Ainsi par crainte de ce laps de temps, en tentant celui qu'il voyait comme un homme, il prit le parti de la témérité. Il avait en effet séduit Adam et l'avait mené à la mort en le trompant. Mais, dans ces conditions, il convenait à sa perversité et à son crime qu'il fût vaincu dans l'homme, dont la mort et les malheurs faisaient sa gloire, et que celui qui avait envié à l'homme les bienfaits de Dieu ne pût comprendre Dieu dans l'homme avant la Tentation. Le Seigneur est donc tenté aussitôt après le baptême, indiquant par sa tentation que les tentatives du diable nous visent de préférence quand nous sommes sanctifiés, parce qu'une victoire remportée sur les saints est pour lui plus désirable.
Ce n'est plus de la nourriture des hommes, mais de leur salut qu'il eut faim. Car c'est à la suite de quarante jours, non dans l'espace de quarante jours qu'il eut faim, Moïse et Elie durant le même temps de jeûne n'ayant pas eu faim (e). Ainsi, quand le Seigneur connut la faim, ce ne fut pas l'action du manque de nourriture qui se fit sentir furtivement, mais cette vertu[xiii] (qui n'avait pas été touchée par le jeûne de quarante jours) abandonna l'homme à sa nature. Le diable, en effet, devait être vaincu non par Dieu, mais par la chair, et il n'eût pas osé la tenter malgré tout, s'il n'avait reconnu, chez elle, ce qui est propre à l'homme dans la faiblesse de la faim. C'est elle du moins qu'il discernait chez Jésus quand il commença par ces mots : Si tu es Fils de Dieu. Cette parole : Si tu es Fils de Dieu est ambigüe. Même en voyant sa faim, il redoutait chez lui le jeûne de quarante jours : dans ce calcul il y a l'indication qu'après un séjour de quarante jours, durant lesquels il demeurerait dans le monde après sa passion, il aurait faim du salut de l'homme. A ce moment-là, il ramena l'homme qu'il avait assumé, pour en faire à Dieu son Père l'hommage attendu.
Il faut donc examiner maintenant à quelles stipulations en fin de compte il eut recours. Il dit : Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. Le diable, trompeur et maître consommé dans l'art de détourner, savait que le Christ avait tout pouvoir et il se rendait compte de la faim qui dans l'homme était due à la durée même du jeûne, sans qu'il sût de quoi il avait faim. En le tentant, il lui proposa donc l'exécution d'une clause qui lui ferait reconnaître en Dieu la vertu de sa puissance par le changement des pierres en pains, et dans l'homme tromperait la résistance à la faim par l'attirance de la nourriture. Mais le Seigneur, qui avait faim moins de pain que du salut de l'homme, dit : L'homme ne vivra pas seulement avec du pain, parce que lui-même, non seulement homme, mais aussi Dieu, tout en s'abste- nant d'une nourriture humaine jusqu'au jour de la Tentation, se nourrissait cependant de l'Esprit de Dieu, montrant qu'il faut espérer trouver la nourriture de l'éternité non dans ce pain pris pour lui seul, mais dans la Parole de Dieu. 
Suit encore cette stipulation, quand il l'eut placé au faîte du temple :
Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, etc. Il s'efforce de faire descendre le Seigneur des hauteurs vers les régions inférieures et de retenir dans les réalités basses celui qui s'était placé au sommet du temple, c'est-à-dire qui s'élevait au-dessus de la Loi et des prophètes. Il savait du moins que le service des anges était à la disposition du Fils de Dieu, qui ne pouvait tomber sur la pierre d'achoppement: ne devait-il pas marcher sur l'aspic et le basilic et fouler le lion et le dragon (f) ? Sur ces paroles qui ont été prononcées à son sujet, le diable en effet ne dit rien, mais rappelant celles qui précèdent, il veut à tout prix arracher à celui qu'il a tenté son obéissance, pour en tirer gloire, au cas où le Seigneur de majesté lui obéirait, encore qu'il le ferait avec assurance. Mais le diable n'a pas eu la chance de trouver l'occasion d'une telle imposture, le Seigneur portant témoignage de cet échec même ensuite par ces mots : Le prince de ce monde est venu et n'a rien trouvé contre moi(g) . Aussi l'effronterie du diable est-elle suivie ici de cette réponse qu'elle méritait de la part du Seigneur : Tu ne tenteras pas ton Dieu et Seigneur. Brisant les efforts et les tentatives du diable, il s'affirme comme Dieu et Seigneur, enseignant que l'arrogance ne doit pas avoir de place chez les croyants, parce que, si tout est possible à Dieu, il ne faut rien risquer cependant pour le tenter.
Mais, la troisième fois, c'est désormais toute l'ambition de la puissance du diable qui s'agite. Ayant donc placé le Seigneur sur une haute montagne, il lui offrit tous les royaumes de la terre et leur gloire, à la condition seulement que lui-même fût adoré. Déjà une double réponse avait eu raison de l'opinion qu'il s'était faite par conjecture. Il avait séduit Adam par la nourriture et l'avait détourné de la gloire du paradis pour l'amener au lieu du péché, c'est-à-dire dans la région de l'arbre défendu. En troisième lieu, il l'avait suborné par l'ambition d'un titre divin en lui promettant qu'il serait semblable à des dieux. Ainsi, contre le Seigneur a lieu maintenant l'assaut de toute la puissance du siècle et la possession de cet univers est offerte à son propre créateur, de façon que, le déroulement de l'imposture antique étant respecté, celui que la nourriture n'avait pas séduit et n'avait pas entraîné fût suborné maintenant par l'ambition elle-même. Mais la réponse du Seigneur a marqué comme il convenait un progrès par rapport à ce qui précède. Il dit en effet : Va-t'en, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et ne serviras que lui seul. Il obtint le résultat conforme à une si grande témérité, lorsqu'il entendit que ses fautes étaient désignées dans le mot Satan et qu'il sut que le Seigneur son Dieu devait être adoré dans un homme. Par l'efficacité d'une telle réponse, le Seigneur nous a également donné un grand exemple, pour que, ayant repoussé la gloire de la puissance humaine et refoulé l'ambition du monde, nous nous souvenions que seul le Seigneur Dieu doit être adoré, parce que tout honneur du monde est l'affaire du diable. Quand donc après cette fuite du diable, les anges servent le Christ, cela nous montre que si nous vainquons et écrasons la tête du diable, le service des anges et l'office des vertus célestes ne seront pas défaillants envers nous.
 
(a) Gn.,16,17 ; (b) Nb.,16,25 ; (c) Ex.,24,18 ; (d) Ex.,16,35 ; (e) Ex.,34,28 ; 1 R.,19,8 ; (f) Ps.,90,12.13 ; (g) Jn.,14,30.
                 
Le sermon sur la Montagne ; les béatitudes [5,1-12]
 
Ayant donc rassemblé de très nombreuses foules, il gravit la montagne et enseigne, c'est-à-dire se plaçant sur la hauteur de la majesté du Père, il fixe les préceptes de la vie céleste. Car il n'aurait pas transmis les principes de l'éternité, s'il ne s'était établi dans l'éternité. C'est pourquoi il est écrit : Il ouvrit la bouche et les enseignait. Il eût été plus simple de dire qu'il prit la parole. Mais comme il s'était placé dans la gloire de la majesté du Père et qu'il enseignait l'éternité, pour cette raison l'office rempli par sa bouche humaine est présenté comme ayant obéi à la motion des paroles de l'Esprit.
 
Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est pour eux.
Le Seigneur avait enseigné par son exemple qu'il fallait renoncer à la gloire de l'ambition humaine, lorsqu'il disait : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et ne serviras que lui seul. Et comme il avait annoncé par les prophètes qu'il choisirait un peuple humble et tremblant à ses paroles (a) , il plaça dans l'humilité de l'esprit le point de départ de la béatitude parfaite. Il a ainsi établi dans la possession du Royaume des cieux ceux qui ont l'esprit d'humilité, c'est-à-dire qui se souviennent d'être des hommes, conscients d'être formés de la réunion de principes vils et très chétifs pour être engendrés à cette condition d'un corps parfait et d'avancer, Dieu favorisant leur progrès, vers ce sens de la pensée, de la réflexion, du jugement et de l'action ; conscients que rien n'est à eux, rien ne leur est propre, mais qu'à tous le don du Père unique a accordé les mêmes conditions initiales pour venir à la vie et offert les mêmes moyens d'en jouir et qu'à l'exemple de l'être très bon qui nous a fait ces largesses, nous devons être les émules de la bonté dont il nous a donné la preuve, en étant bon pour tous et en considérant que tout est commun à tous, en ne nous laissant corrompre ni par l'impudence de la morgue du siècle ni par le désir de l'opulence ni par l'ambition d'une vaine gloire, mais en étant soumis à Dieu et, à partir d'une commune existence, en nous liant par une vie commune d'amour envers tous, dans la pensée qu'il y aura dans la nature même où nous sommes nés matière à d'amples développements pour la bonté divine, dont nous devons mériter la récompense et la gloire par les actions de notre vie présente. Et ainsi, par cette humilité d'esprit qui nous rappelle que nous tenons de Dieu tous les biens qui nous ont été accordés et ceux, meilleurs, qui sont à espérer par la suite, le Royaume des cieux sera à nous.
Bienheureux les doux, car ils auront la terre en héritage.
Aux doux, il promet l'héritage de la terre, c'est-à-dire l'habitation de ce corps que le Seigneur lui-même a pris pour domicile. Parce que le Christ aura habité en nous par la douceur de notre esprit, nous serons revêtus à notre tour de l'éclat de son corps glorifié (b).
Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
A ceux qui pleurent il promet les apaisements d'une consolation éternelle ; ce n'est pas si nous déplorons des deuils, des affronts ou des préjudices, mais c'est si nous pleurons nos péchés anciens et sommes affligés par la conscience des crimes dont nous sommes souillés, que cette consolation prévenante nous est préparée dans le ciel.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
A ceux qui ont faim et soif de la justice il accorde la béatitude, en indiquant que l'avidité des saints qui s'étend à la science de Dieu est comblée par les biens d'une satisfaction parfaite au ciel.
Bienheureux les miséricordieux, car Dieu leur fera miséricorde.
Aux miséricordieux il prépare les dons de la miséricorde. Dieu en effet prend tant de plaisir à nos dispositions bienveillantes à l'égard de tous qu'il accordera sa miséricorde aux miséricordieux.
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.
A ceux qui ont le coeur pur - car ce qui est impur et sale ne s'attache pas à la rencontre de la splendeur divine et à la vue de Dieu le regard souillé s'émousse - il promet la vue de Dieu, c'est-à-dire la faculté de supporter la vision et la rencontre de Dieu à ceux que l'éclat de l'âme et la pureté de la vie a rendus capables de le contempler. Car ce n'est que si nous sommes parfaits dans l'Esprit et sommes changés par l'immortalité, sort qui n'est destiné qu'à ceux qui ont le cœur pur, que nous verrons ce qui en Dieu est immortel.
Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu.
La récompense des pacifiques est le bonheur d'une adoption qui les fait demeurer fils de Dieu. Car Dieu est l'unique père de tous et l'on ne pourra accéder au titre de membre de sa famille qu'en prenant sur nous d'oublier les motifs que nous pourrions avoir d'être offensés, pour vivre dans la paix fraternelle d'un amour mutuel.
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, etc.
Pour terminer, il donne la récompense du bonheur parfait à ceux dont la volonté est disposée à tout souffrir pour le Christ, qui est la justice même (d). C'est donc à eux que le Royaume est réservé, qu'une récompense abondante dans le ciel est promise, car au milieu du mépris du siècle, pauvres en esprit, déshonorés par les dommages et les pertes subis dans le monde présent, confesseurs de la justice céleste face aux injures des hommes et à la suite de cela glorieux martyrs des promesses de Dieu, ils auront entièrement consacré l'usage de la vie à attester son éternité.
 
(a) Is.,66,2 ; (b) 1 Co.,15,40.53 ; (c) 1 Co.,15,51-53 ; (d) 1 Co.,1,30.
 
Le sel et la lumière [5,13-16]
 
Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s'est affadi, il ne sert à rien qu'on sale.
Le sel, à ce que je crois, n'appartient pas à la terre. Comment donc les apôtres ont-ils été appelés sel de la terre ? Mais il faut chercher la propriété des termes, propriété que feront apparaître la fonction des apôtres et la nature du sel lui-même. Le sel est un élément qui contient réunis en lui de l'eau et du feu, et qui de ces deux substances fait une chose unique. Par là, produit pour ne servir qu'à l'humanité, il communique l'incorruptibilité aux corps qui en auront été saupoudrés et il est très apte à procurer toute espèce de sensation d'assaisonnement. Or les apôtres sont les prédicateurs de choses célestes et comme les semeurs d'éternité, donnant la semence d'immortalité à tous les corps qui auront été saupoudrés de leur parole et - précisément Jean en a porté plus haut témoignage - devenus parfaits par le mystère de l'eau et du feu[xiv]. Ainsi méritent-ils d'être appelés sel de la terre, gardant grâce à la vertu de leur enseignement, les corps pour l'éternité par une sorte de salaison. Cependant la nature du sel est toujours la même et ne peut jamais se modifier. Mais comme l'homme est soumis au changement et qu'il n'est heureux que s'il a persévéré jusqu'à la fin (a) dans toutes les oeuvres de Dieu, ceux qu'il a appelés sel de la terre, il les invite à demeurer dans la vertu de la puissance qu'il leur a transmise, de peur qu'en s'affadissant ils ne salent rien, que même ayant perdu le sens de la saveur reçue, ils ne puissent faire vivre ce qui est gâté et que, rejetés des resserres de l'Eglise[xv] avec ceux qu'ils ont salés, ils ne soient foulés au pied par ceux qui y pénètrent.
Vous êtes la lumière du monde.
La nature de la lumière est de rayonner le jour partout où elle circule et, quand elle est projetée dans une maison de dissiper les ténèbres, puisque le jour y règne. Ainsi le monde qui se tenait en dehors de la connaissance de Dieu, était assombri par les ténèbres de l'ignorance, mais par les apôtres la lumière du savoir lui est apportée, la connaissance de Dieu luit et, des corpuscules menus de leur personnes, partout où ils pénètrent, émane le jour procuré aux ténèbres.
Une cité construite sur une montagne ne peut être cachée et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, etc.
Il appelle cité la chair qu'il avait assumée, parce que, comme une cité consiste en une variété et un grand nombre d'habitants, ainsi en lui, la nature du corps qu'il avait pris contient en quelque sorte le rassemblement de tout le genre humain. Et c'est ainsi que notre rassemblement en lui fait qu'il est une cité et que nous, par l'union à sa chair, nous sommes les habitants de la cité. Il ne peut donc plus être caché, car, comme il est placé sur la hauteur de l'élévation de Dieu, l'admiration suscitée par ses oeuvres le présente à la contemplation et à l'intelligence de tous.
Mais également une lampe n'est pas allumée pour être mise sous le boisseau. Quel bénéfice y a-t-il à tenir dans un objet fermé une dépense de lumière ? Mais le boisseau a servi au Seigneur de comparaison appropriée pour la Synagogue qui, recueillant seulement par devers elle les fruits qu'elle a produits, maintenant fixe la mesure du lot d'observances. Cependant, en fait, à l'avènement du Seigneur, elle était vide de toute espèce de bénéfice, sans être encore capable de cacher la lumière. Et c'est pour cela que la lampe du Christ n'est plus à mettre sous le boisseau ni à cacher sous le couvercle de la Synagogue, mais, suspendue au bois de la Passion, elle doit offrir la lumière éternelle à ceux qui habitent dans l'Eglise. D'une lumière semblable à leur tour les apôtres sont invités à briller, pour qu'admirant leurs oeuvres, on en attribue à Dieu le mérite, non qu'il faille chercher la gloire auprès des hommes, car tout doit être fait en l'honneur de Dieu, mais pour que notre action, même si nous n'y faisons pas attention, brille devant ceux au milieu desquels nous vivrons.
 
(a)    1 Tm.,2,15.
Jésus et la Loi [5,17-20]
 
Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi et les prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir.
La vertu et le pouvoir des mots célestes comportent en eux une valeur sublime. Car la Loi a été établie pour les oeuvres et a tout enfermé dans la foi aux révélations qui devaient avoir lieu dans le Christ (a) , dont l'enseignement et la passion représentent une décision sublime et profonde de la volonté du Père (b). Or la Loi, sous le voile des mots spirituels, a parlé de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, de son incarnation, de sa passion, de sa résurrection ; et qu'ainsi, déjà avant le temps des siècles, cela a été arrêté pour l'âge que nous vivons, les prophètes et les apôtres en sont garants d'une façon répétée. Ainsi, après le jeûne de quarante jours, Satan inquiet de ce qu'il soupçonnait si bien, fit un éclat jusqu'à oser tenter Jésus, redoutant en lui le grand mystère du plan céleste. En effet, Jésus est un nom de notre Seigneur qui lui vient de la chair. Ainsi son incarnation et sa passion sont la volonté de Dieu et le salut du monde, et c'est une chose qui dépasse l'expression de la parole humaine que Dieu né de Dieu, Fils dont l'être vient de la substance du Père et réside dans la substance du Père, d'abord incarné, ensuite soumis à la mort par sa condition humaine, enfin après trois jours revenant de la mort à la vie, il ait ramené au ciel la matière du corps qu'il avait pris en l'associant à l'éternité de l'Esprit et de sa substance. 
Pour qu'on ne croie pas qu'il y a dans ses actions quelque chose d'autre que ce que contenait la Loi, il a déclaré ne pas abolir la Loi, mais l'accomplir ; le ciel et la terre, éléments les plus grands, à ce que nous croyons, devaient être détruits, mais même le moindre des commandements de la Loi ne saurait devenir caduc, car en lui s'accomplissent toute la loi et les prophètes. Au moment de la Passion, à l'heure même où il allait remettre son Esprit, sûr du grand mystère qui était en lui, il but du vinaigre et déclara que tout était consommé (c) ; tout ce qu'avaient dit alors les prophètes obtenait la sanction des faits. Aussi établit-il qu'on ne devait violer aucun commandement de Dieu, même le plus petit, à moins d'être coupable envers Dieu, en signifiant à ceux qui violeraient le moindre d'entre eux, qu'ils deviendraient les moindres, c'est-à-dire les derniers qui ne seraient presque rien….
 
(a) Ga.,3,23 ; (b) Ep.,1,5 ; (c) Jn.,19,28-30.
 
Guérison d'un lépreux [8,1-4]
 
Et alors qu'il descendait de la montagne, des foules nombreuses le suivirent. Et voici qu'un lépreux vint et se prosternait devant lui en disant : Seigneur, si tu veux, tu peux me guérir, etc.
En commençant l'exposé, nous avions averti de ne pas considérer que l'on dût ôter quelque chose à la vérité des faits, si nous enseignions que les évènements eux-mêmes contiennent en eux le développement des faits suivants. Rien n'est ôté à la vérité quand c'est la vérité qui imite. Ainsi dans tous les propos antérieurs, le Seigneur avait livré les préceptes de la foi et dépassé la Loi, en indiquant par ce dépassement qu'elle était désormais inutile et inefficace. Il avait répudié l'observation des commandements, réclamé l'espoir le plus confiant dans ses promesses. Ce qu'il a donc fait d'abord après cela, voilà ce qu'il faut examiner.
Le lépreux est là, demande à être guéri, est purifié par la puissance du Verbe accompagnée d'un attouchement, reçoit l'ordre de se taire, mais cependant de se montrer au prêtre et de présenter l'offrande que Moïse a prescrit de faire en signe d'attestation. Dans le lépreux est présentée la guérison de la foule qui entend, croit et descend de la montagne avec le Seigneur : souillée par une tare pernicieuse du corps et entendant la prédication du Royaume des cieux, elle demande à être guérie ; dans son corps elle est visitée par un attouchement, elle est guérie par la vertu du Verbe, et, pour que ce salut soit moins offert que demandé, le silence est commandé et ordre lui est donné de se présenter aux prêtres, afin qu'on voie par des actes et des oeuvres celui qui était annoncé d'avance dans la Loi et que chez l'homme où la Loi se trouvait débile, on discerne la vertu du Verbe, afin aussi que l'homme qui est purifié offre à Dieu le prix du salut recouvré, sans que ce don soit fait en oiseaux[xvi], mais de telle sorte que l'homme lui-même, lavé des souillures de son péché physique, soit converti en sacrifice pour Dieu, car ce que Moïse a prescrit dans la Loi était un témoignage, non une réalisation.
 
Le centurion de Capharnaüm [8,5-13]
 
Après cela, comme il était entré à Capharnaüm, un tribun l'aborda et le pria en disant :"Mon serviteur est couché à la maison, paralysé".Jésus lui dit:"Moi,j'irai le guérir?" Mais le tribun reprit: "Seigneur je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri. Ainsi moi, je suis soumis à une autorité avec des soldats sous mes ordres, et je dis à l'un : "Va" et il va, à un autre "Viens" et il vient, et à mon esclave : "Fais ceci" et il le fait.
La guérison du serviteur paralysé suit la purification du lépreux. Mais que signifie le fait que le tribun maître du serviteur reconnaisse qu'il n'est pas digne de laisser le Christ entrer dans sa maison, voir le serviteur et, étant présent lui porter secours sous ses yeux, reconnaisse qu'il a des soldats, leur commande ce qu'il veut et qu'étant investi d'un pouvoir, il se fait obéir d'un grand nombre de gens, que de la même façon aussi le Seigneur peut par sa parole offrir la guérison ? Au sujet du tribun, on peut se contenter d'admettre qu'il est le chef des nations appelées à croire. Qui est ce chef qui est capable d'avoir beaucoup d'hommes soumis à lui, qui voudra le savoir n'a qu'à lire le cantique de Moîse dans le Deutéronome (a) et le livre de l'Ecclésiastique de Salomon (b) qui ont parlé de la dispersion des nations. Pour nous, contentons-nous de traiter du serviteur.
Ainsi, dans ce serviteur, c'est, après le rétablissement du paralysé, le salut des païens qui prend la place de la guérison du peuple descendant de la montagne. Le serviteur était couché, brisé, dans une maison humble, corruptible, qui n'était pas digne de laisser entrer celui dont elle avait pourtant besoin, le Sauveur. Et le tribun sait que son serviteur peut être guéri par une parole, parce que le salut des païens procède tout entier de la foi et que la vie pour tous les hommes se trouve dans les commandements du Seigneur. Il faut donc se représenter les païens couchés dans le siècle, brisés par les maladies des péchés, tous les membres énervés de toute part et endommagés pour remplir leur office, la station droite et la marche. Le mystère de leur salut est accompli dans le serviteur du tribun, sans que cependant le Christ doive entrer dans la maison, car, bien qu'il fût demeuré dans le siècle, il ne s'est pas exposé aux vices et aux péchés du siècle.
S'étonnant de sa foi, il lui dit : Je n'ai trouvé tant de foi en Israël.  
Ce tribun n'appartenait pas aux païens. Comment en Israël n'a-t-on pas trouvé une telle foi, puisque celui qui croyait était Israélite ? Mais pour que ce fait réel même reproduise la ressemblance de l'avenir, il y a une raison sous-jacente aux mots, qui explique qu'une foi aussi grande que celle des païens ne devait pas être trouvée en Israël et qu'on viendrait des nations les plus lointaines pour reposer avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux. La réalité de la guérison chez le serviteur est assurément accomplie conformément à la foi de celui qui y croyait, mais l'action des faits présents paraît aussi servir à l'image de l'avenir, puisque, eu égard au tribun croyant et à son serviteur sauvé, une telle foi n'a pas été trouvée en Israël et que la compagnie d'Abraham est réservée aux païens dans le Royaume des cieux.
 
(a)     Dt.,32,43 ; (b) Si.,48,16.
 
La tempête apaisée [8,5-13]
 
Et alors qu'il montait dans la barque, les disciples le suivirent. Et voici qu'une grande tempête survint sur la mer, etc.
Les disciples entrés dans le navire, une tempête s'élève, la mer s'agite, les passagers se troublent. Lui, assoupi dans le sommeil est réveillé par leur inquiétude craintive ; on le prie de venir au secours. Et, leur reprochant leur peu de foi, il commenda au vent et à la mer de se calmer, tandis que les hommes s'étonnaient de voir que le vent et la mer obéissaient à ses ordres. Ainsi, d'après cela, les églises au sein desquelles la parole de Dieu n'aura pas été en état de veille sont des naufragées[xvii], non que le Christ se relâche dans le sommeil, mais parce qu'il est assoupi en nous du fait de notre sommeil. Or il arrive le plus souvent que nous espérions quelque chose de Dieu principalement dans la crainte et la secousse du danger ; et s'il pouvait arriver qu'un espoir, même tardif fût l'assurance de pouvoir échapper au danger, parce que la vertu du Christ veille au-dedans de lui ! De fait, c'est pour tous les temps que le Seigneur nous a laissé le souvenir de cette objurgation : Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous peur ?, ce qui veut dire que la crainte des agitations du monde ne doit pas exister pour ceux avec qui veille la foi du Christ.
Ensuite vient l'étonnement des hommes qui disent : Quel est cet homme, que les vents et la mer lui obéissent ?
Le texte concerne ici non les disciples, mais les païens. Car, comme il avait dit précédemment que les disciples étaient seulement montés sur le navire et l'avaient seulement réveillé, maintenant il indique que les hommes sont étonnés, eux, hommes, le traitant d'homme dans leur étonnement précisément. Ce retour du mot fait comprendre que toutes les oeuvres du Christ et tous ses pouvoirs doivent être loués comme ceux de Dieu, puisque la sottise du sacrilège païen et son égarement misérable sont mis en lumière par le nom d'homme qui lui est appliqué, à cause de l'abaissement de la Passion, à la place de celui de Dieu mérité par ses pouvoirs.
 
Guérison d'un paralysé [9,1-8]
 
Et voici que dans le paralytique lui est présentée, pour être guérie la totalité des païens. Mais de la guérison même les termes doivent être étudiés. Ce qui est dit au paralytique n'est pas : Sois guéri, ni : Lève-toi et marche, mais : Sois ferme,mon fils, tes péchés te sont remis. En un seul homme, Adam, les péchés sont remis à toutes les nations[xviii]. Aussi est-ce lui qui est présenté pour être guéri, aux anges qui le servent, lui qui est appelé fils, parce qu'il est la première oeuvre de Dieu, lui à qui sont remis les péchés de l'âme et à qui va l'indulgence issue du pardon de la première désobéissance. Nous ne voyons pas en effet que le paralytique ait commis de péché, alors surtout qu'ailleurs (a) le Seigneur a dit aussi de la cécité de naissance qu'elle n'avait pas été contractée à la suite d'un péché personnel ou héréditaire.
Ensuite l'ordre de la vérité se suit dans les faits, bien que l'image du futur soit réalisée dans les paroles. Des scribes s'émeuvent de voir que le péché a été remis par un homme - car ils ne considéraient que l'homme en Jésus-Christ -, et que ce qu'il a remis est ce que la Loi ne pouvait absoudre : seule, en effet, la foi justifie (b). Ensuite le Seigneur voit au fond de leur murmure et déclare qu'il est facile pour le Fils de l'homme sur terre de remettre les péchés. Mais le fait est que nul ne peut remettre les péchés hormis Dieu seul. Donc celui qui les a remis est Dieu, puisque nul ne les remet hormis Dieu. En effet, le Verbe de Dieu demeurant dans l'homme offrait à l'homme sa guérison et il n'avait aucune difficulté pour agir et pour parler, puisqu'il est dans sa nature de pouvoir faire tout ce qu'il dit.
Et d'ailleurs pour que l'on pût comprendre qu'il était lui-même incarné pour remettre aux âmes leurs péchés et pour procurer aux corps la résurrection, il dit : Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, dit-il au paralytique : Lève-toi et prends ton lit. Il eût suffi de dire : Lève-toi, mais parce qu'il fallait que fût expliquée entièrement la raison d'une action à mener jusqu'à son terme, il ajouta : Prends ton lit et v'a-t'en chez toi. D'abord, il a accordé aux péchés leur rémission, ensuite il a montré le pouvoir de la résurrection, puis il a enseigné en faisant enlever le lit, que la faiblesse et la douleur n'atteindront plus les corps, enfin, par le retour vers la demeure propre, que les croyants doivent recouvrer le chemin conduisant au paradis, chemin qu'avait quitté, brisé par la souillure du péché, Adam, père de tous les hommes.
A cette vue, les foules eurent peur.
Ce résultat eût dû susciter l'admiration, non la crainte, mais ici encore subsiste l'ordre du mystère : pour qu'à la vérité des faits présents s'ajoute l'image des faits à venir, les foules craignent le pouvoir des paroles et des actes du Seigneur. Le motif d'une grande peur, en effet, est d'être dissous dans la mort pour n'avoir pas reçu du Christ la rémission des péchés, parce qu'il ne saurait y avoir de retour à la maison éternelle, sans que soit accordé le pardon des fautes.
Et ils rendirent gloire à Dieu, qui a donné une telle puissance aux hommes.  
Tout est achevé dans son ordre, et la crainte du désespoir prenant fin maintenant, on rend honneur à Dieu d'avoir donné une telle puissance aux hommes. Mais au Christ seul ce don était dû, à lui seul, en raison de sa communauté de substance avec le Père, il appartenait de faire ce miracle. Ce qui a suscité l'admiration n'est donc pas qu'il eût ce pouvoir - de quel pouvoir ne créditerait-on pas Dieu ? - sinon, l'éloge aurait concerné un homme, non plusieurs. Mais la raison de l'honneur accordé à Dieu est qu'il a donné aux hommes par son Verbe le pouvoir et la voie de la rémission des péchés, de la résurrection des corps et du retour au ciel.
 
(a) Jn.,9,3 ; (b) Rm.,3,28.30 ; 5,1.
 
Jésus appelle Matthieu [9,9-13]
 
Et comme, venant de là, Jésus passait, il vit un homme assis à un bureau de percepteur, nommé Matthieu, et il lui dit : Suis-moi, etc.
Il ordonne de le suivre à un publicain, Matthieu qui était assis à un bureau de percepteur. Et, descendant chez lui, il fait dresser des couverts et avec lui prend place une foule de publicains et de pécheurs, tandis que les Pharisiens demandent aux disciples sur le ton du reproche pourquoi leur maître mangeait avec des publicains. Il leur répond que les gens bien portants n'ont pas besoin de médecin, mais que ce sont les malades qui demandent un traitement, et il leur dit d'aller apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde plutôt que le sacrifice.
Le nom de publicain vient de la vie de ceux qui, laissant les oeuvres de la Loi, ont préféré se comporter selon l'usage commun du public. Donc c'est de sa maison, c'est-à-dire des péchés du corps, que le Seigneur a fait venir Matthieu, pour entrer dans son esprit et s'y attacher. Car c'est le même homme qui est le narrateur de cet Evangile et qui, sortant de la maison de son péché, accueillit lui-même le Seigneur, illuminé par l'habitation intérieure[xix] de celui au dedans duquel un repas richement fourni de mets évangéliques est préparé pour les publicains et les pécheurs. Ensuite les Juifs sont animés par la jalousie de voir que le Seigneur fraie avec les publicains et les pécheurs. Mais il leur révéla les paroles de la Loi recouvertes par le voile de l'incroyance (a), disant de lui qu'il portait secours aux malades et guérissait ceux qui en avaient besoin, alors que ceux qui se croyaient en bonne santé n'avaient nul besoin de traitement. Mais pour qu'ils comprissent que nul d'entre eux n'était en bonne santé, il les invita à savoir ce que signifiait : Je veux la miséricorde, non le sacrifice, ce qui voulait dire que la Loi, enchaînée par le respect des sacrifices, ne pouvait porter secours, mais que le salut pour tous les hommes était en réserve dans le don de la miséricorde. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence. Il était venu pour tous : comment donc dit-il qu'il n'est pas venu pour les justes ? Il en était donc il n'était pas nécessaire qu'il vînt ? Mais nul n'est juste du fait de la Loi. Il montre donc que l'orgueil de la justice est vain, parce que, les sacrifices étant importants pour le salut, la miséri- corde était nécessaire envers tous ceux qui s'étaient établis dans la Loi. Car si la justice était venue de la Loi, le pardon n'eût pas été nécessaire.
 
(a) 2 Co.,3,15.
 
Guérison d'une femme et résurrection de la fille d'un notable [9,18-26]
 
Tandis qu'il parlait ainsi,voici qu'un chef s'approcha et,se prosternant, lui disait : Seigneur, ma fille vient de mourir, viens lui imposer ta main
Les prières du chef, ainsi que la foi de la femme, le rassemblement de la foule dans la maison, le cri de deux aveugles, la scène du possédé sourd et muet [qui vont se présenter par la suite], observent un ordre d'intelligibilité qui tire sa cohérence des propos antérieurs. Ce chef est compris comme étant la Loi, qui, priant à l'intention de la foule qu'elle avait nourrie elle-même pour le Christ en prêchant l'attente de sa venue, demande au Seigneur de rendre la vie à une morte. En effet, nous ne lisons pas qu'un chef ait cru : de ce fait, la personne de ce chef qui prie méritera d'être prise pour figure de la Loi. Le Seigneur lui promit du moins son aide, et pour la lui assurer la suivit.
Or une femme souffrantd'hémorragiedepuisdouze ans s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. Elle se disait : "Si j'arrive seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée". 
Bien qu'il eût fallu que vécut en premier lieu l'élection prédestinée par la Loi (a), le salut est rendu au préalable, dans l'image de la femme, aux publicains et aux pécheurs. Voilà pourquoi cette femme a confiance qu'en venant sur le passge du Seigneur, elle sera guérie de son flux de sang par le contact du vêtement du Seigneur, ce qui veut dire que, salie par les souillures de son corps et décomposée par les saletés d'un vice interne, elle a hâte dans sa foi de toucher la frange du vêtement, c'est-à-dire d'atteindre en compagnie des apôtres le don de l'Esprit-Saint qui sort du corps du Christ à la manière d'une frange[xx], et peu après elle est guérie. Ainsi, la santé tout en étant offerte à l'une est rendue à une autre, dont le Seigneur loua la foi et la persévérance, parce que ce qui a été préparé pour Israël a été pris par la foule des païens.
La grande admiration provoquée par la puissance du Seigneur repose sur cette explication simple que le pouvoir qui résidait dans le corps communiquait aux membres fragiles un effet de guérison et que l'action divine gagnait jusqu'aux franges des vêtements. Dieu n'était pas, en effet, divisible ni saisissable pour être enfermé dans un corps. Il divise lui-même ses dons dans l'Esprit, mais n'est pas divisé dans ses dons. Sa puissance est atteinte par la foi partout, parce qu'elle est partout et n'est absente nulle part. Et le corps qu'il a pris n'a pas enfermé la nature de sa puissance, mais sa puissance a pris la fragilité d'un corps pour le racheter , puissance d'une liberté assez illimitée pour que l'action qui sauve l'homme soit contenue dans ses franges elles-mêmes[xxi].
Le Seigneur entre ensuite dans la maison du chef, autrement dit dans la synagogue, pour laquelle retentissait l'hymne des deuils contenus dans les cantiques de la Loi[xxii]. Et beaucoup se moquent de lui. Jamais en effet ils n'ont cru en Dieu dans un homme, bien plutôt ils ont ri d'entendre prêcher la résurrection d'entre les morts. Prenant la main de la jeune fille, il ramena à la vie celle dont la mort n'était auprès de lui qu'un sommeil. Et pour qu'on pût se représenter en elle le nombre clairsemé des croyants de l'élection issue de la Loi, la foule tout entière est chassée. Le Seigneur eût désiré assurément qu'elle fût sauvée, mais en raillant ses paroles et ses actes, elle n'a pas été digne de participer à la résurrection. Et le bruit s'en répandant par toute la terre, après ce salut de l'élection, le don et les oeuvres du Christ sont prêchés.
 
(a) Rm.,11,2 & 28.
 
Guérison de deux aveugles [9,27-31]
 
Tandis que le Seigneur sort, il est suivi bientôt par deux aveugles. Mais comment des aveugles ont-ils pu connaître la sortie et le nom du Seigneur ? Bien mieux, ils l'appellent fils de David et lui demandent d'être sauvés. Dans les deux aveugles, l'économie de toute la préfiguration précédente devient évidente. C'est à eux en effet qu'on voit se rattacher la fille du chef, eux qui sont les Pharisiens et les disciples de Jean réunis précédemment déjà pour tenter le Seigneur. Comme ils ne connaissaient pas celui à qui ils demandaient le salut, la Loi le leur a indiqué et leur a montré leur sauveur en chair, né de David ; et comme ils étaient aveuglés par un péché ancien qui les empêchait de voir le Christ, si leur attention n'était attirée, il leur infusa la lumière de l'esprit. Le Seigneur, montrant qu'il faut attendre non du salut la foi, mais par la foi le salut - car les aveugles virent parce qu'ils avaient cru, et ne crurent pas parce qu'ils avaient vu , d'où l'on doit conclure qu'il faut mériter par la foi ce qui est demandé et non subordonner sa foi à ce qu'on a obtenu -, leur promet de voir s'ils croyaient et, comme ils avaient cru , leur commande le silence, parce qu'il revenait aux apôtres de prêcher.
 
Guérison d'un possédé muet [9,32-34]
 
Comme ils sortaient voici qu'on lui amena un possédé muet. Le démon chassé, le muet se mit à parler. etc.
Bien mieux, après cela, dans le possédé sourd et muet lui est présentée la foule des païens en quête de toute forme de salut. De toutes parts assiégée par tous les maux, elle était prisonnière de tous les vices du corps. Et ici l'ordre des faits a été observé. Car le démon est d'abord chassé, et à ce moment-là les autres fonctions du corps prennent la relève, c'est-à-dire que là où la connaissance de Dieu dissipe l'égarement de toutes les superstitions, pénètrent la vue, l'audition et la parole du salut[xxiii]. L'étonnement provoqué par cet acte a été suivi d'un aveu de la foule disant : Jamais en Israël, on n'a vu pareille chose, que celui auquel la Loi n'avait pu venir en aide fût sauvé par le pouvoir du Verbe et qu'un sourd-muet célébrât les louanges de Dieu. Et le salut étant donné aux païens, toutes les villes et toutes les bourgades sont illuminées par le pouvoir et l'entrée du Christ et se remettent de toutes les faiblesses de leur maladie ancienne.
 
Mission des douze [10,5-10]
 
Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes: "Ne prenez pas le chemin des païens et n'entrez pas dans une ville de Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël".
Ils sont engagés à s'écarter des voies des païens, non qu'ils ne soient pas envoyés aussi pour le salut des païens, mais pour qu'ils soient à l'écart de l'action et de la vie des païens ignorants. Il leur est interdit d'entrer dans les cités des Samaritains. Et lui, au lieu de cela n'a-t-il pas guéri une Samaritaine ? Mais c'est à ne pas entrer dans les églises des hérétiques qu'ils sont engagés. La perversion, en effet, ne diffère en rien de l'ignorance. Ils sont envoyés ensuite aux brebis perdues de la maison d'Israël. Et pourtant elle s'est acharnée contre le Seigneur avec des langues de vipères et des gueules de loups. Mais comme la Loi aurait dû obtenir le privi- lège de l'Evangile, Israël devait être d'autant moins excusable de son crime qu'il avait perçu plus d'ardeur dans l'avertissement reçu.
En chemin, proclamez que le Règne des cieux s'est approché.
Ensuite la puissance de la vertu du Seigneur est transférée tout entière aux apôtres et ceux qui en Adam avaient été formés à l'image et à la ressemblance du Christ de façon parfaite, sans que leur pouvoir diffère en rien de celui du Seigneur, et ceux qui étaient auparavant terrestres deviennent à présent célestes (a). Qu'ils annoncent que le Royaume de Dieu est proche, entendez que l'on a maintenant avec soi l'image et la ressemblance de Dieu[xxiv] pour qu'elles soient la réalité d'une communauté qui fasse régner avec le Seigneur (b) tous les saints désignés par les mots cieux.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons.
Qu'ils guérissent les malades, ressuscitent les morts, purifient les lépreux, chassent les démons ; que tous les maux causés au corps d'Adam sous l'impulsion de Satan, ils les purifient eux-mêmes à leur tour du fait de leur communion à la puissance du Seigneur.
Vous avez reçu gratuitement donnez gratuitement.
Et pour qu'ils acquièrent totalement la ressemblance de Dieu selon la prophétie de la Genèse (c), ils ont ordre de donner gratuitement ce qu'ils ont reçu gratuitement, c'est-à-dire qu'un don gratuit soit l'objet d'un service gratuit.
Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures.
Ils se voient interdire de posséder dans leur ceinture de l'or, de l'argent, un pécule, de porter pour la route une bourse, de prendre deux tuniques, des chaussures et un bâton à la main ; et d'ailleurs l'ouvrier est digne de son salaire. Il n'y a rien de mal je pense, à avoir un trésor dans une ceinture ; et que signifie l'interdiction de posséder de l'or, de l'argent, du bronze dans sa ceinture ? La ceinture est l'appareil d'une fonction et on se ceint pour exécuter une tâche. Ainsi nous sommes engagés à ne rien faire de vénal dans notre fonction et éviter de donner pour tâche à notre apostolat, la possession de l'or, de l'argent ou du bronze.
Ni de bourse pour la route.
Entendez qu'il faut laisser de côté la préoccupation des biens du siècle, parce que tout trésor est dangereux sur terre, notre cœur devant être là où notre trésor aussi est en réserve.
Ni deux tuniques.
Car il suffit que nous ayons revêtu le Christ une fois, sans que nous revêtions ensuite, par un vice de notre intelligence, un autre vêtement, celui de l'hérésie ou de la loi.
Ni chaussures.
Est-ce que la faiblesse des pieds de l'homme est faite pour supporter la nudité ? Mais sur la terre sainte, qui n'est envahie ni par les épines ni par les piquants des péchés, et où, comme il a été dit à Moïse (d), nous devons nous tenir nu-pieds, nous sommes engagés à ne pas faire notre entrée dans un autre appareil que celui que nous avons reçu du Christ.
Ni un bâton à la main - ce sont les droits d'une puissance étrangère -, car nous méritons, en ayant le bâton tiré de la tige de Jessé (en effet toute autre puissance quelle qu'elle soit, ne sera pas du Christ) de disposer de tout ce qui a été dit auparavant pour achever la route du siècle, crédit, viatique, vêtement, chaussure, puissance. Oeuvrant en effet dans ces conditions, nous serons trouvés dignes de notre salaire, c'est-à-dire grâce au respect de ces prescriptions, aptes à recevoir les récompenses de l'espérance céleste.
 
(a) 1 Co.,15,48 ; (b) 1 Co.,4,8 ; (c) Gen.,1,26 ; (d) Ex.,3,5.   
 
Les paraboles du Royaume [13,1-3]
 
En ce jour-là, Jésus sortit et s'asseyait au bord de la mer, quand des foules nombreuses s'assemblèrent auprès de lui, si bien qu'il monta dansunebarque.Illeur ditbeaucoupdechosesenparaboles.
Si le Seigneur s'est assis dans le navire et si des foules sont restées en dehors, cela s'explique par les faits qui suivent. Il devait en effet, parler en paraboles, et la manière dont les choses se passent signifie que ceux qui sont situés en dehors de l'Eglise[xxv] ne peuvent obtenir aucune intelligence de la parole divine. Le navire présente le type de l'Eglise, à l'intérieur de laquelle se trouve et s'enseigne le Verbe de vie[xxvi] incompréhensible pour ceux qui, placés au dehors, s'étendent à côté, inutiles et stériles comme du sable.
 
Le grain de moutarde (de sénevé) [13,31.32]
 
Le Royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé.
Le Seigneur s'est comparé au grain de sénevé très vivace et la plus petite de toutes les semences, douée d'une force et d'une puissance qu'attisent les tribulations et les pressions. Donc comme ce grain a été semé dans un champ, c'est-à-dire quand, ayant été arrêté par le peuple et livré à la mort, il a été enseveli comme dans un champ où son corps est en quelque sorte semé, il dépasse en croissance la taille de tous les légumes et s'élève au-dessus de toute la gloire des prophètes. Comme une plante, la prédication des prophètes a été administrée à Israël tel à un malade. Mais maintenant les branches de l'arbre se dressant du sol vers le ciel donnent une habitation aux oiseaux du ciel. Ces branches, nous les comprenons comme signifiant les apôtres qui se déploient à partir de la puissance du Christ et étendent leur ombre sur le monde[xxvii] : vers eux les païens voleront dans l'espérance de la vie et se reposeront, comme sur les branches d'un arbre, de la fatigue des vents tourbillonnants qui sont le souffle et l'haleine du diable.
 
Le levain [13,33]
 
Le Royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que tout soit fermenté.
Le levain est tiré de la farine, tandis qu'il rend à sa masse d'origine la force qu'il en a reçue. Le Seigneur s'est comparé au levain qu'une femme, entendons la Synagogue, a pris, a caché par un arrêt de mort[xxviii], accusant les Evangiles de détruire la Loi et les prophètes. Ce levain recouvert de trois mesures de farine, c'est-à-dire de la Loi, des prophètes, des Evangiles à égalité fait de leur ensemble une seule chose, en sorte que ce que la Loi a fixé, ce que les prophètes ont annoncé soit précisément accompli par le progrès des Evangiles[xxix].
Tout prend par l'Esprit de Dieu même force et même disposition d'esprit et l'on ne trouvera pas de division entre l'un ou l'autre des éléments qui ont fermenté selon des mesures égales.
Je pourrais, cependant, rappeler que, de l'avis de plus d'un, c'est au mystère de la foi, c'est-à-dire à l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et également à la vocation des trois peuples issus de Sem, Cham et Japhet que doivent être rapportées les trois mesures de farine ; mais je me demande si ces points de vue sont autorisés par la logique, étant donné que, même si la vocation de tous les peuples se fait équitablement, le Christ en eux n'est pas caché, mais montré, et que dans une telle multitude d'incroyants, tout n'a pas été fermenté et étant donné d'autre part, que dans le Père, le Fils et l'Esprit-Saint, tout est un sans qu'il y ait nécessité de mêler dans le Christ un ferment de l'extérieur[xxx].  
 


[i] Donnée par les trois synoptiques et le livre des Actes des Apôtres, la liste est la suivante: Simon fils de Jonas que Jésus appela Pierre, André son frère, Jacques le Majeur et Jean fils de Zébédée, Philippe et Barthélemy, Matthieu et Thomas, Jacques le Mineur fils d'Alphée, Simon le Zélé, Juda dit Thaddée fils de Jacques, et Judas l'Iscariote.Dans ce groupe se distinguent trois privilégiés, Pierre, Jacques le Majeur et Jean qui accompagnent partout Jésus. Dès l'Ascension du Christ, le groupe des Apôtres prend la direction de la communauté chrétienne sous la présidence de Pierre qui a reçu l'investiture personnelle de son maître (cf.Mt.,16,18). Son premier acte est de remplacer Judas l'Iscariote qui a trahi et qui est mort. On convient que le nouvel apôtre sera choisi parmi ceux qui ont suivi Jésus depuis le début de sa prédication; l'accent est donc mis sur le "témoignage". Mathias est alors désigné en somme par cooptation.
Quelques années plus tard, Paul prend rang et prérogative d'apôtre: il tient sa désignation du Christ lui-même qui lui a parlé sur le chemin de Damas. Barnabé, lui aussi, converti après l'Ascension est considéré comme apôtre; c'est lui qui présentera Paul à l'admission des Douze.                         
Les Actes ne nous renseignent que sur Pierre, Jacques et Jean, ainsi que sur Paul et Barnabé.
[ii] Une tradition le fait naître à Jérusalem et mourir martyr en Egypte en 67. Il accompagne Paul et Barnabé à Chypre et en Asie Mineure (les Actes l'appellent Jean-Marc). Cependant Paul, lors de son second voyage missionnaire, arguant de son manque de hardiesse, refuse de le prendre avec lui, ce qui amena Barnabé, oncle de Marc, à disjoindre son action de celle de l'apôtre des Gentils. Quelques années plus tard, on retrouve Marc à Rome auprès de Pierre qui l'appelait "son fils". Les souvenirs qu'il en recueillera passeront dans son Evangile. La tradition rapporte qu'il aurait évangélisé Alexandrie et que mort en Egypte, des marchands vénitiens, venus à Alexandrie au début du IXème siècle, se seraient emparés de son corps et l'auraient ramené dans la Cité des Doges dont il devint le saint patron.
Son évangile qu'il aurait composé entre 65 et 67 résulterait d'une combinaison du "Matthieu araméen" avec la prédication orale de saint Pierre. Assez bref et concret, son texte s'adresse manifestement à des chrétiens d'origine non juive et n'habitant pas la Palestine. L'Evangéliste vise à montrer en Jésus le Messie humble et souffrant que Dieu a glorifié par la Résurrection.
[iii] X.Léon-Dufour in Encyclopaedia Universalis T.6, p.820.
[iv] Le chapitre 14 débute par la péricope relative à la mort de Jean-Baptiste. Avant ce chapitre, Matthieu distribue ses péricopes selon un ordre qui lui est propre; à partir de la mort de Jean-Baptiste les péricopes de Matthieu sont semblables à celles de Marc et distribuées dans le même ordre que lui.
[v] Le Commentaire sur Matthieu par Hilaire comprend deux tomes. Disposant par ailleurs d'un Commentaire sur Matthieu par Origène qui concerne la partie médiane de cet évangile, nous avons choisi d'insérer ce dernier entre les deux tomes d'Hilaire .
[vi] Né à Poitiers v. 315, il se convertit au christianisme. Peu après avoir reçu le baptême, il accueille saint Martin. Elu évêque v.350, il est exilé en Phrygie, de 356 à 360, à cause de sa fidélité catholique et de sa résistance à l'arianisme. Pendant cette période, il connaît la pensée grecque qu'il tente de réconcilier avec la pensée occidentale. Il siége au concile de Séleucie (359) et rentre dans son diocèse où il meurt v.367.
Sa première oeuvre, "Sur Matthieu" a été écrite avant son exil. La deuxième "De Trinitate" fut réalisée pendant son exil ; la troisième, Les "Traités des Psaumes" et la quatrième, le "Traité des Mystères" furent écrites entre 364 et 367. Cette dernière oeuvre fut découverte seulement en 1887.
[vii] Jean Doignon, Commentaire de l'In Mattheum, introduction, texte critique , traduction et notes, Sources Chrétiennes n°254 au Cerf, Paris 1979.
[viii] prophetia est un mot qu'Hilaire emploie volontiers pour viser le futur.
[ix] Eléments provenant du De Baptismo de Tertullien, sur la pénétration de l'eau matérielle par l'Esprit.
[x] En français, topiques, arguments généraux s'appliquant à un ensemble de cas analogues , sortes de lieux communs .
[xi] Cyprien (saint) : né à Carthage au début du IIIème siècle, il mourut en 258. Rhéteur, il se convertit et fut baptisé vers 246. Il devint évêque de Carthage vers 249. Dès l'année suivante, la persécution de Dèce l'obligea à quitter la ville. Dèce, en effet, vainqueur des Goths fut proclamé empereur par ses soldats en 248. Ce Dèce (Décius en latin) exigea des chrétiens la preuve de leur civisme en même temps que de leur attachement aux traditions romaines en sacrifiant aux dieux du paganisme. Cette preuve était constituée par un libelle décerné après l'offrande publique d'un sacrifice aux dieux (édit de 250). Refuser c'était choisir le martyre. La persécution cessa après sa mort en 251. A son retour, Cyprien se heurta au grave problème des lapsi, renégats chrétiens retournés au paganisme qui voulaient obtenir le pardon de l'Eglise. Il y avait le clan des intransigeants (Novat, Felicissime, Novatien) qui leur refusaient l'absolution. D'autres faisaient preuve d'une indulgence excessive envers les apostats. Cyprien, compte tenu de leur grand nombre donna le point de vue officiel en nuançant la condition du pardon selon les circons- tances. Sa tâche fut compliquée par la peste qui désola Carthage vers 253. Un peu plus tard, vers 255, se posa pour lui et les évêques d'Afrique le problème du baptême conféré par les hérétiques. Lui-même et ses collègues niaient la validité de ce baptême qui était reconnu par le pape Etienne. La controverse fut vive entre ces deux hommes. Seule la persécution de Gallus et de Valérien mit fin à la discussion. Cyprien confessa sa foi et fut exilé dans une petite ville du nord de l'Afrique. Au bout de quelques mois, il subit un nouvel interrogatoire, et fut décapité. Un des plus illustres Pères de l'Eglise latine, il a laissé de nombreux ouvrages : De unitate Ecclesiae, De lapsis, De exhortatione martyrii, etc.
[xii] Commentaires émaillés de versets scripturaires.
[xiii] Traduction du latin virtus illa : la virtus du Christ est ce qui en lui "est de Dieu", ou encore "Dieu demeurant dans l'homme" qu'il est ; c'est cette virtus corporis qui a permis au Christ de marcher sur les eaux, d'être exposé à la douleur sans la ressentir.
[xiv] Car par l'eau le Christ baptise dans l'Esprit, comme l'a expliqué Tertullien.
[xv] Mot du psalmiste (Ps.,143,13); le bon grain est amassé dans les greniers de l'Eglise , qui est une maison accueillante où "le bon grain n'est pas emporté par le vent" (Cyprien, unit.eccl.,8-9).
[xvi] C'est l'offrande prescrite par Moïse : "il ordonnera de prendre pour l'homme à purifier deux oiseaux vivants et purs" [Lév.,14,4].
[xvii] Cyprien, epist.,59,6, parlait déjà de "naufrages de l'Eglise".
[xviii] Antithèse inspirée de celle de Rom.,5,12-15 : dans le Christ, nouvel Adam, nos fautes sont "justifiées". C'est lui que servent les anges [Matt.,4,11].
[xix] Le développement est dominé par une antithèse d'inspiration paulinienne entre la "demeure terrestre" [2Co.,5,6] et "l'habitation intérieure" du Christ dans les cœurs [Ep.,3,17].
[xx] A noter une comparaison parallèle chez Tertullien, dans adv. Prax.,8,7, disant de l'Esprit qu'il procède du Père comme "l'aigrette qui pousse d'un rayon de soleil".
[xxi] Ce développement contient plusieurs mises au point qui procèdent de la christo- logie et de l'anthropologie de Tertullien : 1/ Les dons de Dieu sont "divisés", mais ne "divisent" pas Dieu ; de la même façon, Tertullien expliquait dans adv.,Prax.,9,3 que l'envoi du Paraclet "ne signifiait pas une division" ; 2/ La puissance de Dieu n'est pas enfermée dans un corps, même si son action s'étend jusqu'aux franges d'un vêtement. Le fait que décrit Hilaire s'éclaire par l'explication que donne Tert., bapt.,4,1 et 5, ce que cet auteur dit de l'eau pouvant s'appliquer ici aux franges : "...quand du corporel est en contact avec du spirituel : à cause de sa matière subtile, celui-ci pénètre et s'insinue facilement. C'est ainsi que par l'Esprit-Saint l'eau se trouve sanctifiée dans sa nature et devient elle-même sanctifiante...L'esprit commande et la chair est à son service".
[xxii] Par exemple dans Is.,38,9-20.
[xxiii] C'est le shéma-type que Cyprien retrace après son baptême [ad Donat.,4] et dont s'inspirera Hilaire dans la rétrospective de sa conversion [trin.,1,11].
[xxiv] L'opposition classique entre imago et veritas est ici transcendée, l'image ayant sa réalité à propos du Christ "image" de Dieu.
[xxv] Notion qui procède de l'ecclésiologie de Cyprien: cf.unit.eccl.,6.
[xxvi] Le Christ est dans l'Eglise , parce qu'elle est la "maison de Dieu" (cf. CYPR., unit.eccl.,8). Il est "enseigné" dans l'Eglise, dans la mesure où celle-ci est cathedra (TERT.,praescr.,36,1 ; CYPR., unit.eccl.,4).
[xxvii] La même image se trouve dans CYPR., unit.eccl.,5, appliquée à la diffusion de l'Eglise dans le monde entier.
[xxviii] La relation entre le levain dans la pâte et le Seigneur immolé est déduite de
 1Co.,5,6-8.
[xxix] L'unité entre la Loi et les Prophètes d'une part, l'Evangile d'autre part, ainsi que le "progrès" marqué par le second sont parmi les idées maîtresses de Tertullien combattant les Antithèses de Marcion : cf.adv.Marc.,4,1,1-3;4,11,11.
[xxx] Idée reprise à la christologie de Tertullien [adv.,Prax.,27,8] : l'unité des personnes divines n'est pas le fruit d'une mixture qui ferait qu'un tertium quid unifie les deux substances (homme-Dieu).

Date de création : 13/03/2007 @ 10:39
Dernière modification : 13/03/2007 @ 10:39
Catégorie : Théologie 2
Page lue 87 fois


Prévisualiser la page Prévisualiser la page     Imprimer la page Imprimer la page


Réactions à cet article


Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !



^ Haut ^

Initiationphilo - site d'initiation à la philosphie - Henri Duthu
contacter le webmaster : webmaster@initiationphilo.fr

  Site créé avec GuppY v4.5.18 © 2004-2005 - Licence Libre CeCILL

Document généré en 0.56 seconde