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    Sciences politiques - La globalisation éducative appliquée à la France

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    LA GLOBALISATION ÉDUCATIVE APPLIQUÉE À  LA FRANCE[1]

     

    (27) (28) Au commencement était l’éducation libérale (au sens le plus noble du terme : rien à voir avec ce que nos contemporains ont fait du libéralisme). Cette expression désigne une conception humaniste de la transmission des savoirs à travers l’étude des grandes disciplines qui composent les connaissances humaines , mathématiques, sciences, grammaire, géographie, histoire, musique, harmonie, latin, grec, hébreu, arabe ( pour ne citer que quelques unes des disciplines évoquées par RABELAIS dans la « Lettre de Gargantua à Pantagruel »,sorte de manifeste humaniste). Cette étude des savoirs disciplinaires « à vocation encyclopédique » (le terme ne désigne pas encore la connaissance pléthorique d’un Pic de la Mirandole, mais il incarnera par la suite l’esprit des Lumières de sorte qu’il est significatif qu’il soit désormais honni par nos modernes réformateurs) a pour vocation de former l’honnête homme, le kalos kagathos des Grecs, sorte d’aboutissement intellectuel et moral, d’un citoyen capable de raisonner, de juger du bien ou du mal, de s’émouvoir devant la beauté…Ces fantaisistes de Français, tout enivrés de leur Révolution ont voulu pour leur part que cette éducation libérale soit celle de tous les futurs citoyens, puisqu’ils n’étaient plus des sujets  [de Sa Majesté] mais des individus souverains. Ce qui n’empêchait pas pour les futurs ouvriers et paysans, de développer un enseignement pratique extrêmement concret en s’appuyant sur l’efficacité de la « leçon de choses ».

    (29) Mais sur le fond, l’idée était que tout homme, quelle que soit sa condition dans la société devait avant tout ne pas dépendre d’autrui pour former son jugement. En quelque sorte une garantie pour le bon exercice de la démocratie. Il n’est malheureusement plus question aujourd’hui que de l’uniformisation des « techniques » de formation. Avis aux doux rêveurs et aux fieffés réactionnaires : l’éducation n’a rien à voir avec la culture, la perpétuation d’une civilisation…L’éducation est la valorisation d’un capital humain purement individuel, qui permettra à chacun de déployer son « employabilité »et de « se former tout au long de sa vie », ce qui devrait générer une « croissance durable ». Ce jargon caricatural semble ridicule ! Il est pourtant celui qu’on trouve dans la matrice des systèmes scolaires européens; la stratégie de Lisbonne, définie par le Conseil européen en mars 2000 et fixant les objectifs pour 2010. Et il n’est pas anodin que cette stratégie de Lisbonne prescrive à la fois la réforme des systèmes éducatifs et la libéralisation des services publics et des grands monopoles de l’État. L’éducation dans ce projet n’est qu’une des branches de l’économie. Elle sert à rendre les futurs salariés « adaptables aux emplois d’avenir », à « limiter les personnels non qualifiés » et à « augmenter la valeur ajoutée ».      

    (30) En France, la stratégie de Lisbonne n’a d’abord eu pour conséquence que l’harmonisation des diplômes universitaires le fameux LMD (Licence, Master , Doctorat) pour remplacer la vieille organisation française en Deug, bac+2, bac + 3, Maîtrise, bac+4, DEA bac+5, mais ce conservatisme fut vite balayé. Et l’on vendit au grand public ravi, cette grande réussite européenne, celle qui résume l’argumentaire en faveur de la poursuite de la course en avant, Erasmus. Ah, que seraient les plaidoyers pro-européenne sans Erasmus ? Le chômage de masse, la crise des dettes souveraines, l’inflation technocratique, le mépris des peuples, on peut tout accepter tant qu’il y a Erasmus.

    Mais la réforme des systèmes éducatifs, si elle a commencé dans le supérieur, ne s’arrête pas là. Bien au contraire, l’objectif principal est de bouleverser l’ensemble de l’édifice, dès l’école primaire, dans un sens qui réponde à l’impératif économique.

    (31) Dans un sens, donc, purement utilitariste, ce qui, pour les sociétés anglo-saxonnes, correspond à peu près à leur mode d’organisation et de pensée, mais qui se révèle en contradiction absolue avec l’essence même du modèle républicain à la française. Pour autant, le travail a été fait. Et l’analyse des différentes lois et réformes imposées à l’Éducation nationale le prouve.

    Les enseignants se lancèrent d’abord dans une réforme des programmes du lycée. Où l’on nettoyait tout ce qui pouvait ressembler à des savoirs classiques, et donc inutiles, toutes les études littéraires dans leur dimension culturelle et esthétique, au profit de la seule dimension argumentative. RACINE, HUGO ou n’importe quel article de journal, même combat : « convaincre et persuader ». Un prétexte, donc, à l’étude des « techniques argumentatives », parce que c’est cela qui sera utile au futur cadre . Vendre et se vendre. Les vertus héroïques et la beauté des alexandrins, c’est ringard, et, surtout ça ne fait pas tourner l’économie. Peu de temps après intervient la loi d’orientation de 2005, dite loi Fillon, préparée par les travaux de la Commission Thélot de 2004 (qui permit à Jacques Chirac de s’asseoir sur sa promesse de référendum sur l’école). Curieusement, on trouve dans cette loi tous les concepts mis en avant par les instances européennes et la stratégie de Lisbonne pour rendre plus « efficaces » les systèmes éducatifs.

    (32) Mais c’est un pur hasard puisque l’étude relève bien sûr des missions régaliennes de l’État. Autonomie des établissements, organisation en équipes, enseignements pluridisciplinaires, baisse des horaires dévolus à des disciplines traditionnelles au profit d’expérimentations pédagogiques, fonctionnement en « séquences », et « projets pédagogiques ». Et au cœur de ce dispositif, le socle commun de connaissances et de compétences qui, dans l’affichage initial, devait permettre de déterminer ce que doit savoir, un élève à chaque étape du cursus scolaire, et qui se révéla en fait une usine à gaz technocratique  dont l’unique but était de remplacer progressivement les vieilles connaissances disciplinaires, par des « compétences »  évaluables facilement et correspondant aux besoins futurs des salariés en termes de pure fonctionnalité économique et pour garantir la paix sociale par un minimum de comportements « citoyens » (« civiques » ce serait encore trop ; la transformation du nom commun en adjectif en dit long sur l’évolution de la démocratie).

    Petite histoire des « compétences »

    Ce concept de compétences est un concept clé, Celui qui est au cœur de la transformation de l’école. Celui qui s’est imposé par une forme de lobbying subtil comme l’image même de la modernité éducative. Le concept de compétences vient en effet, et ce n’est pas un hasard, de la formation professionnelle.

    (33) Il apparaît dans les travaux des chercheurs américains dès le début des années 1970 à travers l’idée de competency based education, puis au Québec d’où il finit par irriguer tous les pays francophones.

    Le terme de compétence, derrière une définition relativement floue, a abouti à distinguer des compétences « de premier, deuxième et troisième degré ». Du simple automatisme acquis de puis toujours à l’école, à travers une pédagogie classique, à des éléments relevant purement et simplement du vocabulaire de l’entreprise. Mais il implique surtout un changement de paradigme. Il ne s’agit plus de transmettre des savoirs dont l’assimilation modifie la personne et développe l’humanité en elle, mais de vérifier que l’élève est capable de « mobiliser » (terme essentiel dans la rhétorique des théoriciens de l’école nouvelle), des « ressources » pour répondre à une question concrète spécifique. Le contenu des programmes n’a donc plus d’importance.

    (34) Le socle commun est ainsi dit « de connaissances et de compétences », l’ordre des mots constituant une concession de pure forme aux indécrottables conservateurs. La logique du socle, ce qui détermine son existence même, c’est bien la disparition progressive de tout contenu, et en particulier des savoirs traditionnels au profit de la mise en œuvre d’attitudes et d’actions pour répondre à une situation-problème.

    Le discours officiel peut donc prétendre que les politiques éducatives relèvent des États, ce qui s’impose est en fait un standard international répondant aux besoins des grands groupes à savoir une main d’œuvre elle-même répondant à des critères rationalisés et uniformes.

    LA GLOBALISATION N’A PAS OUBLIÉ L’ÉDUCATION, C’EST MÊME UN TERRAIN DE JEUX PRIORITAIRE.

    Comment un tel bouleversement a-t-il été possible en l’espace de vingt ans ? Il a suffi pour cela d’introduire dans le monde éducatif les principes de benchmarking (d’analyse de la concurrence) bien connus des gourous du management et de la gouvernance d’entreprises, de développer des outils statistiques apportant le caractère indiscutable des chiffres et le vernis de scientificité nécessaire.

    (35) Les désormais célèbres étude PISA, produites par l’OCDE tous les trois ans depuis 2000, ont opportunément joué ce rôle. Elles eurent le mérite, en France, d’apporter un démenti cinglant aux pédagogues autoproclamés qui prétendaient que le  niveau « montait » indéfiniment comme dans un bon régime soviétique. Mais ces études PISA permirent surtout d’imposer partout une vulgate pédagogique au motif que les « chiffres » démontraient la supériorité de certains modèles éducatifs, « le modèle finlandais » dans un premier temps, puis le « modèle canadien ». Un petit laïus accompagne d’ailleurs pour dire aux médias des pays concernés comment interpréter les précieuses statistiques, qui risqueraient, sinon, de ne pas être suffisamment explicites. Bêtement, le lecteur moyen  risquerait de remarquer qu’autour de la Finlande tous les pays qui arrivent en tête sont asiatiques : Shanghai, Hong Kong, Corée du Sud et Japon, (les deux premiers relevant de la catégorie cités-États, qui présentent l’avantage de ne pas voir leurs résultats plombés par des populations rurales et pauvres : le fantasme de l’élite urbaine mondialisée se matérialise là).

    (36) Des systèmes scolaires ultra coercitifs, où l’effort et la compétition sont les seules valeurs Le commentaire, bien sûr, préfère mettre en avant, pour le système finlandais, l’absence de sélection, les « pédagogies innovantes » et le refus de redoublement (çà coûte cher).       

    À noter que c’est le cabinet McKinsey (relayé en France par l’institut Montaigne) à qui l’on s’adresse en France – est-ce un hasard – quand il s’agit de produire une étude sur les réformes à mettre en place sur le marché du travail.

    C’est ainsi que s’est répandue avec une célérité admirable l’idéologie de l’enseignement par compétences prolongé en France par le « Livret de compétences » remis aux parents. Y sont regroupées en grandes thématiques, que ce soient les principaux éléments de mathématiques   et les cultures

    •  scientifique et technologique, sans s’embarrasser de connaissances rigoureuses et de compréhension des phénomènes physiques ;
    • « humaniste » (l’histoire et la géographie c’est ringard) ;

    et bien sûr les « compétences civiques et sociales » et « l’autonomie et l’initiative ». C’est qu’on a besoin de futurs cadres s’investissant avec enthousiasme, pas d’ouvriers travaillant à la chaîne.

    (37) Mais le mot d’ordre, quelle que soit la compétence évaluée est le même : « mettre en situation » et « privilégier l’oral » car il ya certains obstacles comme l’impossibilité pour certains élèves d’entrer dans un processus de rédaction alors qu’ils sont très capables de raisonner et d’expliquer oralement leur raisonnement. Bref, on peut être un grand scientifique injustement freiné par un illettrisme fortuit.

    Les compétences sont finalement la version moderne et technocratique de ces « savoir faire » et « savoir être » que des pédagogues bienveillants avaient voulu substituer aux savoirs jugés élitistes et discriminants. Là encore, le courant était venu du monde anglo-saxon, et Hannah Arendt en décrit les ravages dans La Crise de la culture. Il se caractérise par une prééminence absolue de l’individu, dont il s’agit de laisser s’épanouir les talents.

    (38) L’individu doit se libérer du passé pour s’autoengendrer. D’où la facilité avec laquelle les diktats de l’utilitarisme techniciste se sont insinués dans les réformes portées par les gouvernements en matière d’éducation.

    En France, la réforme du collège unique portée par Najat Vallaud-Belkacem en est la parfaite illustration. Derrière les mots d’ordre généreusement égalitaristes sur la « réussite de tous », on y retrouve toutes les préconisations, toutes les injonctions du nouvel ordre éducatif, en particulier cette « mise en situation » à travers les EPI ou Enseignements pratiques interdisciplinaires venant bien évidemment remplacer des heures de cours de mathématiques ; de français ou d’histoire. Traduction : un vague survol qui ne donnera pas la moindre possibilité aux élèves de comprendre la logique de la langue, ni de concevoir ce que notre monde doit aux civilisations grecque et romaine. L’école de la ministre « de gauche » Najat Vallaud-Belkacem n’a pas la moindre intention de former des honnêtes hommes, c’est-à-dire des hommes libres. Simplement des travailleurs à fort taux d’employabilité.

    (39) Et, bien sûr entièrement soumis aux injonctions publicitaires les transformant en consommateurs des nouvelles technologies.  

    Ainsi le ministère a signé en novembre 2015 un partenariat avec Microsoft pour l’équipement des établissements et la formation des enseignants. Pour 13 millions d’euros, le géant de l’informatique s’offrait un pied dans l’école française et la possibilité d’habituer ses futurs acheteurs à l’environnement numérique. Quant aux programmes de collège, ils regorgent d’exercices  proposant aux élèves de créer des « conversations numériques », des « pages Facebook », des vidéos à mettre sur YouTube…Bref on offre gratuitement aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), du temps de cerveau disponible. Mais c’est pour la bonne cause : les chers petits ne pourraient tout de même pas affronter le monde extérieur sans savoir twitter ! Alors, les manuels scolaires réécrits en fonction des nouveaux programmes leur proposent un EPI « fais bouger ta littérature » pour réaliser un « roman-photo » à partir d’une chorégraphie collective (en danse ou arts du cirque) inspirée de la réception que les élèves ont des textes lus et étudiés en classe de français…

    Oralité, effacement systématique de toute référence patrimoniale, de toute dimension universelle, mise en avant de l’individu comme mesure de toute chose…

    (40) L’idéologie qui dicte la réforme du collège unique est celle qui inspire toute les précédentes réformes depuis vingt ans : rendement public ; puisque c’est bien la seule notion qui vaille : les dépenses d’éducation ne se justifient que parce qu’elles contribuent à la production de richesse. Mais dans un marché mondialisé, l’uniformisation des systèmes scolaires  permet une mise en concurrence absolue des marchés du travail. De sorte que les éventuels ratés de tel ou tel pays en matière d’éducation n’iront pas émouvoir outre mesure les décideurs. Certes, cela fait mauvais genre, et l’on entend régulièrement certains d’entre eux promettre qu’ils mettront fin au « décrochage scolaire » (150 000 jeunes chaque année en France qui sortent du système sans qualification, 3 millions de personnes en vingt ans cela commence à peser sur la population d’un pays…). Mais de là à s’intéresser aux causes de ce décrochage…La dernière lubie ministérielle est plutôt de payer les décrocheurs ; une cagnotte de 1000 euros par an. puisqu’ils ne viennent à l’école que pour alimenter le marché du travail, autant commencer de les payer tout de suite.

    Ca voilà bien le paradoxe de ce nettoyage généralisé des systèmes éducatifs des pays occidentaux (on a vu que les pays asiatiques étaient pour l’heure largement préservés, de même que la Russie. Discipline, aux deux sens de ce terme, y est un maître mot). 

    (41) Il aboutit à un effondrement culturel, ce qui, redisons-le, ne dérange absolument pas les, promoteurs de ce système puisqu’il est bien entendu qu’un cadre épanoui n’a nul besoin de savoir comment Henri IV mit fin aux guerres de Religion, mais il aboutit surtout à un abrutissement généralisé par la baisse dramatique de la maîtrise du vocabulaire, de la grammaire, du raisonnement et de la logique. L’Union européenne avait vendu aux peuples l’économie de la connaissance, grâce à la stratégie de Lisbonne. Ils se retrouvent avec le chômage de masse et l’ignorance pour tous.

    La machine à broyer les classes moyennes

    Le paradoxe, pourtant, n’est qu’apparent. Jean-Claude MICHÉA l’avait démontré dès 1999 dans un livre, L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes (Climats), qui expliquait comment les réformes récentes du système éducatif visaient à la mise en place de l’« école du capitalisme total », c’est-à-dire à la suppression de tous les obstacles idéologiques et culturels au règne du marché. Or la résistance intellectuelle des classes populaires constitue un de ces obstacles.

    La démocratie, et particulièrement sous sa forme française de la République, s’est appuyée depuis deux siècles sur deux éléments essentiels :

    •  des classes populaires de plus en plus éduquées, donnant tout son sens au suffrage universel à travers l’idéal du citoyen autonome exerçant son libre arbitre,
    •  et l’émergence d’une classe moyenne acquise au régime grâce à un principe méritocratique qui garantissait à ses enfants de pouvoir accéder à l’élite.

    (42) Ce sont ces deux piliers du pacte démocratique que les réformes décrites plus haut ont mis à bas.

    Dans un système où les intérêts des classes supérieures se désolidarisent des autres catégories de population, le renouvellement des élites n’est plus un sujet. Bien au contraire, la baisse du niveau global d’enseignement dans l’école républicaine favorise ceux dont la famille peut pallier les défaillances du système gratuit. D’abord en payant. L’école privée, bien sûr, mais surtout des cours complémentaires. Le « marché de l’éducation » pèse désormais 2,5 milliards d’euros en France.

    L’évacuation des classes moyennes se fait de façon plus subtile. Elles étaient les principales bénéficiaires des systèmes des concours nationaux et anonymes qui permettaient en France de sélectionner les futures élites. Bien sûr, le brassage ne se faisait pas immédiatement mais sur deux générations. Un fils de paysan pouvait devenir professeur, un fils de professeur pouvait espérer entrer à Normale sup. Or, non seulement la baisse générale du niveau concentre désormais le recrutement des grandes écoles sur un tout petit nombre de lycées, dont la province est de plus en plus exclue, mais la philosophie même ci concours anonyme est remise en cause. La transformation de Sciences Po au début des années 2000 est emblématique d’une reconfiguration de l’enseignement supérieur français sur le modèle anglo-saxon, reconfiguration qui, dans la tête de son concepteur Richard DESCOINGS devait s’étendre par la suite au secondaire.       

    (43) Pour l’affichage : une remise en cause « de gauche » de cette injustice qui voit le recrutement se resserrer pour exclure presque totalement les classes populaires. Mais en fait de classes populaires il n’est question que des « jeunes de quartiers », les « nouveaux publics » qui comportent trois volets :

    –  d’abord la fameuse filière ZEP, qui permet à des jeunes issus de quartiers difficiles d’accéder à l’école sans passer le concours anonyme imposé à tous. Les lycées choisis sont évidemment situés dans des banlieues à forte densité ethnique : les difficultés des jeunes de la Creuse ou de la Somme intéressent moins le réformateur.

    – À cela s’ajoutent deux autres volets. La réforme prévoit l’augmentation des droits d’inscription, avec un système de bourse pour les plus défavorisés.

    – Enfin le concours traditionnel ayant été accusé d’imposer une épreuve de culture générale de caractère discriminatoire envers les jeunes issus de l’immigration, on a considéré que ces populations de banlieue se suffiraient de l’intérêt qu’elles portent au rap et au slam, et qu’il n’était donc plus nécessaire d’exiger d’eux la moindre culture  « classique » pour l’accès aux grands corps de l’État.

    (44) Dans l’esprit de Richard DESCOINGS, les choses sont claires : le contenu n’est rien, la culture, les connaissances n’ont aucun intérêt ; une école comme Science-Po ne sert qu’à fournir des « réseaux ». D’où une sélection fondée non plus sur les connaissances mais sur la personnalité. Le résultat d’une telle réforme révèle la nature même de cette idéologie et son lien avec le système néolibéral qui la sous-tend : le recrutement de l’école continue à se concentrer sur une petite élite ultra favorisée à laquelle on ajoute des boursiers recrutés sur dossiers. Les classes moyennes, elles, peuvent envoyer leurs enfants dans les facs paupérisées[2]. La « consultation nationale » confiée par Nicolas Sarkozy à Richard DESCOINGS, en 2009,  visant à faire passer sa réforme des lycées dans sa première version a mis professeurs et lycéens dans la rue ; c’est qu’elle entendait généraliser une organisation du lycée sous forme de modules semestriels, voulant ainsi en finir avec tout apprentissage disciplinaire et chronologique.  

    Tittytainment

    Allant de pair avec l’écrasement des classes moyennes, qui constituaient au contraire le premier soutien de l’école républicaine, le phénomène sans doute le plus brutal est l’affaissement massif du niveau culturel des populations occidentales dans leur ensemble.

    (45) Résultat conjugué d’un abandon des ambitions culturelles dans le lieu même qui devait les promouvoir, l’école, et de l’invasion d’un modèle de divertissement massifié auquel l’école, bien loin de résister, donne peu à peu une légitimité en intégrant cette « culture » à ses références pour « motiver » les élèves et « parler leur langage ». Les réformes scolaires censées promouvoir « l’économie de la connaissance » fabriquent des crétins satisfaits, que la mise en avant de l’oral et l’obsession de la self esteem (chère aux pédagogues américains) à coups de suppression des notes et de « remarques positives » sur les bulletins rendent hermétiques à toute idée d’effort, de rigueur et d’exigence. On ne peut comprendre cet apparent paradoxe qu’en gardant à l’esprit l’objet premier de ces réformes : une harmonisation des systèmes scolaires pour permettre un élargissement du marché du travail à l’ensemble de la planète. Les ingénieurs français ne sont plus au niveau ? Aucune importance, les ingénieurs indiens répondent parfaitement à la demande , comme le prouve depuis des années la politique de recrutement chez EADS, Capgemini ou d’autres.

    Le marché, somme toute restreint, des emplois à haute valeur ajoutée nécessitant une formation pointue, se contente assez facilement d’une situation où seule une petite élite mondiale accède à la formation. Une petite élite mondiale dont l’Occident n’aura plus le monopole. De toute façon, les gains de productivité induits par la révolution numérique attaquent les emplois des anciennes classes moyennes après avoir laminé les classes ouvrières des pays développés.

    (46) Ce processus est d’ailleurs parfaitement explicité, anticipé, par certains. Il n’est besoin pour s’en convaincre que de relire l’ouvrage de Hans Peter MARTIN, Harald SCHUMANN, Le piège de la mondialisation, publié en 1997 (et cité par Jean-Claude MICHÉA dans L’Enseigement de l’ignorant). Les auteurs y décrivent une réunion, la première du State of the World Forum, un think tank se donnant de réunir les grands esprits de ce monde pour proposer des solutions aux défis globaux (rien que çà…). Réunis à San Francisco, à l’hôtel Fairmont fin septembre 1995, Mikhail Gorbatchev, George Bush, Margareth Thatcher, Vaclav Havel, Bill Gates, Ted Turner et les autres arrivent à la conclusion qu’est inevitable ce qu’ils baptisent la société de 80/20, ou société des « deux dixièmes ». Voici comment les auteurs du livre décrivent la réunion en question :

    « L’avenir, les pragmatiques de Fairmont le résument en une fraction et un concept : « deux dixièmes » et « tittytainement ». Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. « On n’aura pas besoin de plus de main d’œuvre », estime le magnat Washington SYCIP. Un cinquième des demandeurs d’emploi suffira à produire toutes les marchandises et à fournir les prestations de services de haute valeur que peut s’offrir la société mondiale. Ces deux dixièmes de la population participent ainsi activement à la vie, aux revenus et à la consommation – dans quelque lieu que ce soit. Il est possible que ce chiffre s’élève de 1 ou 2 %, admettent les débatteurs, par exemple en y ajoutant les héritiers fortunés. »        

    (47) « Mais pour le reste ?  Peut-on envisager que 80% des personnes souhaitant travailler se retrouvent sans emploi ? Il est sûr, dit l’auteur américain Jeremy RIFKIN qui a écrit La Fin du travail, que les 80% restants vont avoir des problèmes considérables. Le manager de Sun, John GAGE, reprend la parole et cite le directeur de son entreprise, Scott MCNEALY : à l’avenir, dit-il, la question sera to have lunch or be lunch : avoir à manger ou être dévoré.

    « Cet aréopage de haut niveau qui était censé travailler sur ‘’l’avenir du travail’’ se consacre ensuite exclusivement à ceux qui n’en auront plus. Les participants en sont convaincus : parmi ces innombrables nouveaux chômeurs répartis dans le monde entier, on trouvera des millions de personnes qui, jusqu’ici avaient plus d’accointances avec la vie quotidienne  confortable des environs de la baie de San Francisco, qu’avec la lutte quotidienne pour la survie à laquelle doivent se livrer les titulaires d’emplois précaires. C’est un nouvel ordre social que l’on dessine au Fairmont, un univers de pays riches sans classe moyenne digne de ce nom – et personne n’y apporte de démenti.

    (48) « L’expression tittytainement, proposée par ce vieux grognard de Brzezirisky, fait en effet, carrière. Ce natif de Pologne a été durant quatre années conseiller pour la Sécurité nationale de Jimmy Carter avant de s’intéresser aux questions stratégiques. Tittytainement, Selon lui est une combinaison des mots entertainement, et tits, le terme d’argot américain pour désigner les seins. Il semble avoir pensé moins au sexe, en l’occurrence, qu’au lait nourricier qui coule de la poitrine d’une mère allaitant, et qui permet, selon lui, de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète[3]. »

    L’avantage des cyniques est qu’ils expriment tout haut une logique que beaucoup acceptent implicitement, mais sans jamais l’assumer. Brzezirisky n’a fait que mettre un mot sur une réalité qui apparaît vingt ans plus tard dans toute sa brutalité. L’avantage du chômeur-consommateur, c’est qu’il ne vote quasiment pas. Tant que son divertissement lui est garanti par un pouvoir d’achat minimal, il ne se révolte pas. L’école de la bienveillance et de la « liberté d’expression » garantie lui a donné la parole mais s’est bien gardée de lui donner les mots.

    Novlangue, respect et développement durable

    « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Combien d’écoliers français ont ânonné ces vers de BOILEAU qui présidaient au culte de la grammaire et de la belle langue dans la bouche du plus modeste des hussards noirs de notre République ?

    (49) Georges ORWELL et sa sombre utopie sont venus nous désiller et nous enseigner que les mots, contrairement à ce que disait BOILEAU, préexistent à la pensée. Ce que l’on sait nommer se conçoit aisément dans chacune de ses nuances.

    C’est sur le niveau de la maîtrise de la langue que le niveau scolaire s’est effondré de la façon la plus marquante. Pas seulement l’orthographe dont nous explique doctement et avec un certain mépris qu’elle est une obsession française, une marotte sans grand intérêt, en oubliant au passage que l’orthographe se pose différemment pour chaque langue puisqu’elle reflète la plus ou moins grande correspondance entre phonèmes[4] et graphèmes[5]. Le français de ce point de vue, pose des problèmes spécifiques qui expliquent ladite obsession. Mais la déperdition est bien plus vaste. Elle résulte d’un phénomène global mis en évidence par de nombreuses études anglo-saxonnes, la France étant peu versée dans la critique de la petite lucarne (petit écran). En effet, le SAT-Verbal (Scholastic Aptitud Test), test standardisé d’aptitude langagière que passent les étudiants américains, a vu ses résultats s’effondrer entre 1965 et1980. Et c’est une chercheuse, Marie WINN[6], qui a démontré que la baisse du vocabulaire suivait très exactement le déploiement de la télévision dans les foyers américains, avec un décalage dans le temps de dix-sept, dix-huit ans (le temps que les enfants ayant grandi avec la télévision soient en âge de passer le test).

    (50) Le seul ouvrage français reprenant ces études est signé Michel DESMURGET et il porte un titre explicite : TV Lobotomie[7]. Les mêmes études démontrent  d’ailleurs également comment se déploient, parallèlement, l’obésité chez les enfants et adolescents, les névroses alimentaires et l’obsession du corps chez les petites filles. Plus étonnants, les effets délétères du petit écran croissent avec le niveau social des parents ? Est-ce anecdotique, une étude de Dimitri A. CHRISTAKIS montre que le temps de discussion  dans le foyer diminue proportionnellement au temps passé devant la télévision, et que c’est en premier lieu, le temps de parole du père de famille qui se trouve ainsi ramené à la portion congrue…On finit par se demander si cet abrutissement généralisé ne semble pas si dramatique que cela à ceux qui nous dirigent.

    Or, ce phénomène global, non seulement n’est pas atténué, mais il est amplifié par l’école. (51) Entre la baisse drastique du nombre d’heures de français dans les quarante dernières années et la disparition progressive de la grammaire dans les programmes de primaire et de collège remplacée par une « observation réfléchie de la langue » qui consiste à partir du texte pour en tirer de vagues conclusions sur l’organisation des phrases , à rebours d’une grammaire logique et déductive permettant aux élèves de maîtriser les subordonnées…De même l’usage du subjonctif, mode qui exprime le potentiel devient de plus en plus hasardeux. Les collégiens et lycéens sont prisonniers de l’indicatif, le mode du réel, de ce qui est. Pas de danger qu’ils

    imaginent un jour ce qui pourrait être, ce qu’ils voudraient voir advenir.

    Pour autant il ne faudrait pas que cette masse biberonnée à la pulsion d’achat et soumise à son individualisme primaire, ne mette en danger la paix sociale, synonyme de doux commerce. Aussi les systèmes éducatifs développent-ils en parallèle des compétences de base nécessaires à l’employabilité éventuelle des compétences comportementales. Du tri sélectif –  qui consiste à donner une seconde vie aux déchets –, au « respect » d’autrui et de ses opinions, on y apprend à vivre en société. Une forme de catéchisme « citoyen » qui se traduit en France dans le « socle commun de connaissances et de compétence » et son pilier n°6, les « compétences sociales et civiques. »

    (52) Ce qui donne par exemple : « L’élève sait identifier une situation de discrimination », ou encore »dans une situation ordinaire (classe, couloir, cour, CDI, autocar…) et en s’appuyant sur sa connaissance des règles fondamentales de la démocratie et de la justice, l’élève est capable d’argumenter pour prendre la défense de l’élève ou du groupe d’élèves « discriminé » à défaut de savoir que c’est un poète latin d’origine berbère, Térence, né au IIe siècle avant Jésus-Christ à Carthage dans l’actuelle Tunisie, qui écrivit le premier : « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger »…Mais trop de réflexion philosophique est superflue. On se contentera de « lutter contre les discriminations. » L’élève apprendra également à connaître « sa responsabilité de préservation envers soi-même et envers les autres «  en apprenant  en situation le rapport « risques/sécurité.» S’y est ajoutée, depuis les attentats une « charte de la laïcité » que doivent signer parents et élèves. Une laïcité détachée de tout contexte historique et philosophique pour des élèves qui n’ont aucune chance d »’apprendre ce que fut l’Édit de Nantes[8] signé en avril 1598 par Henri IV, et quelle influence purent avoir les guerres de Religion sur la conception française du rapport entre État et religions…Voilà bien l’inconvénient d’injonctions détachées de tout substrat culturel et civilisationnel.

    (53) Elles sont bien incapables de contrebalancer les forces centrifuges déployées par une construction idéologique purement individualiste dans laquelle chacun œuvre à l’affirmation de son moi en dehors de toute communauté nationale, de tout destin collectif. D’autant que ces forces centrifuges sont utilisées comme une arme de fragmentation des derniers bastions de résistance à la nouvelle idéologie totalitaire. L’État-nation comme lieu d’exercice de la démocratie a perdu son principal pilier, l’école. Les autres suivent.

    À qui profite le crime ? En l’occurrence, le mot « profiter » prend ici son sens le plus concret, celui de « tirer un profit ». Un profit en forme de gigantesque capitalisation boursière.       

     


    [1] Extrait de l’ouvrage « Bienvenue dans le pire des mondes » de Natacha Polony et du Comité Orwell, Plon, novembre 2016, pp.27-53.

    [2] On est en mesure, aujourd’hui (novembre 216), de faire un bilan des difficultés rencontrées dans ces établissements. Obtenir sa licence sans redoubler une année reste, hélas, une exception. Et la hausse continue du nombre d’étudiants risque de n’y rien changer. Seuls 27,5% des étudiants ayant commencé leur première année de licence en 2011 l’ont obtenue en trois ans, et 39% au bout de quatre ans, comme l’indique la note «Parcours et réussite aux diplômes universitaires» publiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et portant sur la session 2015.

    Selon la filière qu’ils ont choisie ou l’université où ils sont inscrits, les étudiants ne sont pas tous égaux. Ceux issus d’un bac technologique sont seulement 9,2% à obtenir leur licence du premier coup, contre 35% pour les titulaires d’un bac général. Pire, à peine 3,1% des bacheliers professionnels ont obtenu leur licence après trois années d’études. Toutes filières confondues, les hommes réussissent moins bien, puisque 33,2% d’entre eux obtiennent leur licence en trois ou quatre ans, contre 43% pour les femmes.

    La poursuite d’études en master diffère selon les filières. Les chiffres du ministère confirment aussi l’existence de fortes disparités géographiques. Le taux de réussite en licence en trois ans varie grandement d’une université à l’autre. Ainsi, celle d’Angers affiche depuis plusieurs années le taux le plus élevé (44,3%), suivie de Lyon 2 (40,6%) et de Clermont-Ferrand 1 (39,5%).

    À l’inverse, dans les territoires d’outre-mer et les universités de la banlieue parisienne, moins d’un étudiant sur cinq obtient sa licence en trois ans. Les universités Paris 13 (Seine-Saint-Denis) et Paris 8 (Val-de-Marne) affichent respectivement 19,5% et 16,1% de taux de réussite. Evry-Val d’Essonne ne fait pas mieux avec 18,7 %. Ce taux tombe à 12,7% à La Réunion et à 9,5% aux Antilles.

     

    [3] Hans Peter Martin, Harald Schumann, Le piège de la mondialisation, Solin Actes Sud, 1997.

    [4] La plus petite unité discrète ou distinctive (c'est-à-dire permettant de distinguer des mots les uns des autres (exemple, chat et rat).

    [5] Unité minimale de la forme écrite d'une langue ayant son correspondant dans la forme orale (s, c, ss, sc, ç sont des graphèmes correspondant au phonème |s|.).

    [6] The Plig-In–Drug, Penguin Group, 2002.

    [7] Max Milo, 2012, rééd. J’ai lu.

    [8] ÉDIT DE NANTES EN FAVEUR DE LA RELIGION PRÉTENDUE RÉFORMÉE

    Salut

    Entre les grâces infinies qu'il a plu à Dieu nous départir, celle est bien des plus insignes et remarquables de nous avoir donné la vertu et la force de ne céder aux effroyables troubles, confusions et désordres qui se trouvèrent à notre avènement à ce royaume, qui était divisé en tant de parts et de factions que la plus légitime en était quasi la moindre, et de nous être néanmoins tellement roidis contre cette tourmente que nous l'ayons enfin surmontée et touchions maintenant le port de salut et repos de cet État. De quoi à lui seul en soit la gloire tout entière et à nous la grâce et l'obligation qu'il se soit voulu servir de notre labeur pour parfaire ce bon œuvre. Auquel il a été visible à tous si nous avons porté ce qui était non seulement de notre devoir et pouvoir, mais quelque chose de plus qui n'eût peut-être pas été en autre temps bien convenable à la dignité que nous tenons, que nous n' avons plus eu crainte d'y exposer puisque nous y avons tant de fois et si librement exposé notre propre vie.

    Et en cette grande concurrence de si grandes et périlleuses affaires ne se pouvant toutes composer tout à la fois et en même temps, il nous a fallu tenir cet ordre d'entreprendre premièrement celles qui ne se pouvaient terminer que par la force et plutôt remettre et suspendre pour quelque temps les autres qui se devaient et pouvaient traiter par la raison et la justice, comme les différends généraux d'entre nos bons sujets et les maux particuliers des plus saines parties de l'État que nous estimions pouvoir bien plus aisément guérir, après en avoir ôté la cause principale qui était en la continuation de la guerre civile…

     

     


    Date de création : 27/11/2016 @ 21:57
    Dernière modification : 27/11/2016 @ 22:16
    Catégorie : Sciences politiques
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