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Phénoménologie - Sommaire des leçons du professeur Edmund Husserl
SOMMAIRE DES LEÇONS DU PROFESSEUR EDMUND HUSSERL[1]
INTRODUCTION
I. La méditation cartésienne et sa transposition critique 1/ Introduction Une introduction à la phénoménologie transcendantale doit se rattacher aux Méditations de Descartes. Dailleurs, la transposition critique de ces Méditations a déterminé la formation de la phénoménologie transcendantale. Lexigence cartésienne dune science universelle absolue. Descartes fait table rase de la science traditionnelle et la reconstitue sur une base absolue. Le caractère normatif de lexigence cartésienne et son application subjective. Le devenir dun philosophe véritable ; la nécessité de prendre son point de départ dans une méditation du type cartésien. Comment trouver une base première et absolument certaine de toute vérité ? La solution cartésienne : le philosophe sabstient de la position du réel, et, en laissant problématique lexistence du monde, retrouve par là même son ego pur. Cest en partant de cet ego quil entreprend la constitution du savoir en ne mettant en uvre, pour lélaboration de la science, que les principes innés à lego. La valeur éternelle et le rôle historique de la méditation cartésienne : négligée par la science positive, elle a déterminé lévolution de la philosophie moderne vers la philosophie transcendantale dont la phénoménologie représente la forme dernière et la plus radicale. La nécessité de refaire leffort cartésien qui seul peut faire sortir la philosophie de létat de décadence et de marasme dans lequel elle est plongée depuis le milieu du XIXe siècle. Cest justement le but que se propose la phénoménologie. 2/ La transposition critique de la méthode cartésienne Il est évident quun philosophe qui prend son point de départ dans une méditation du type cartésien ne peut faire usage ni accepter comme donnée une vérité scientifique quelconque. Il na même pas le droit dadmettre que lidée dune science universelle absolue bien quelle guide sa méditation soit une idée réalisable, ou même possible. Mais il peut néanmoins en préciser le sens à Jaide dune analyse des tendances et des idéaux du travail scientifique. Les jugements « scientifiques » ne sont acceptés (comme valables) par la science quen tant quils sont immédiatement ou médiatement fondés sur l« évidence »; le jugement scientifique fait un appel aux choses elles-mêmes. Les « évidences » occasionnelles des jugements du sens commun ne sont pas admises par la science; il lui faut des « vérités scientifiques » valables une fois pour toutes et pour quiconque. Le philosophe, qui a tout mis en doute, ne possède rien de tel; il a quand même des « évidences ». Il admet le principe du jugement évident et de lanalyse critique des « évidences » elles- mêmes en ce qui concerne leur perfection et leur importance ; une analyse qui met en jeu des « évidences » dun ordre supérieur. Il se pose alors le problème : peut-on trouver des « évidences » absolument premières, qui pourraient être considérées comme « apodictiques », établies une fois pour toutes et qui serviraient de base à toutes les autres ? La vie et la science positive sont naturellement réalistes ; mais, se demande le philosophe, lexistence du monde est-elle une « évidence » apodictique ? La critique cartésienne de lexpérience sensible cherche à montrer quil lui manque cette apodicticité, mais que le « je pense » nest pas affecté par la non-existence possible du monde. 3/ L'imitation critique de la méthode cartésienne La science positive est réaliste et ce réalisme est impliqué dans toute expérience. Le philosophe qui met ce réalisme en doute et pratique lépoché[2] perd donc le monde en tant que fondement réel des « évidences » qui sy rapportent. Mais il ne perd pas pour cela tout être et toute « évidence ». Bien au contraire : derrière lêtre du monde se révèle à lui en tant que prémisse nécessaire que seule rend possible lacceptation, la négation et même le doute lêtre de lexpérience elle- même, lêtre du sujet, de sa vie dans la méditation, des autres formes de sa vie absolue. Avec lépoché universelle et le transfert de lattention du monde donné dans lexpérience à cette expérience elle-même dans laquelle seul le monde possède pour moi un sens et un être, apparaît la subjectivité transcendantale, qui se saisit elle-même comme la prémisse dernière et absolue de tout ce qui, en général, est pour elle. Elle (lego pur) ne se saisit point comme un homme déterminé, partie réelle dun monde réel, mais comme ce Moi pur auquel seul lexistence dun monde, et de moi-même, présente un sens. Cest en tant que ce Moi (ego), mais aussi seulement en tant que tel, que je suis pour moi-même cette dernière prémisse apodictiquement certaine à laquelle se rapporte tout ce qui pour moi possède un sens. Il faut donc se garder de voir dans cet ego pur un morceau du monde réel, qui, par hasard, serait donné dune manière apodictique; et il est clair quil ne sagit pas de sen servir pour en tirer la preuve de lexistence du reste du monde. La méditation critique doit se constituer comme une analyse de lego pur, et cest dans et par cette analyse que lon pourra déterminer le sens de tous les problèmes philosophiques et trouver la solution de ceux qui en ont un. Car cest là, dans ce domaine du Moi pur, que se trouve le fondement universel de lEtre et de la connaissance. Cest ainsi que la méthode cartésienne se' transforme en une méthode de Petco^-/) transcendantale et devient f celle de la réduction phénoménologique à lego transcendantal. II. Le monde de lexpérience transcendantale et domaine de la description phénoménologique 1. Le rôle philosophique de /'ego cogito transcendantal. Premières constatations : le cogito transcendantal ne nous donne point un axiome fondamental, mais nous fait atteindre une région dêtre et de connaissance qui forme la base de tout être et de toute connaissance. Lidée dune méthode nouvelle, dune science fondée sur lexpérience transcendantale, cest-à-dire sur lanalyse égologique pure. 2. Délimitation progressive du champ de Vanalyse transcendantale de /ego (de soi) par la réflexion phénoménologique. Le parallèle entre lexpérience psychologique de soi et lexpérience transcendantale. Lexpérience psychologique est réaliste et émet une prétention à une valeur objective ; lexpérience transcendantale ne pose aucun rapport réel et se confine à la région de lego pur. 3. Premières propositions fondamentales. Le cogito en tant que conscience de quelque chose (états ou actes intentionnels) ; le cogitatum en tant que tel est un moment descriptif essentiel de la cogitatio et inhérent à elle. Lanalyse réflexive du moi comme expérience méthodique et description pure des modalités typiques des états intentionnels et des objectivités correspondantes et corrélatives à ces états ou actes. A ces deux domaines de lanalyse descriptive sajoute encore, comme troisième, celui du moi lui-même, sujet des cogitationes. Le monde, malgré lépoché généralisée, forme le sujet principal des descriptions phénoménologiques, puisquil peut être pris comme « phénomène ». Opposition entre lattitude naturelle et lattitude phénoménologique. Lego, plongé dans la méditation phénoménologique, est le spectateur transcendantal de sa propre vie et de son propre être qui, eux, sont tournés vers le monde. En tant que « moi naturel », le moi est toujours et en même temps « moi transcendantal », mais il ne lapprend et ne se saisit comme tel quen effectuant lacte de la réflexion phénoménologique (la réduction phénoménologique). Cest seulement en effectuant cette réduction que, dans son attitude mentale nouvelle, je maperçois que tout ce qui est naturellement pour mon moi naturel, nest plus que des cogitata possibles ou réels de cogitationes diverses. Ce nest quen tant que tels que je les pose et que jen fais des sujets de jugements. En tant que phénoménologue, je dois donc décrire les objets comme correlata des actes intentionnels de la conscience et en corrélation exacte avec ceux-ci. 4. Un exemple de l'analyse descriptive selon la méthode phénoménologique. Cette description sattache à faire voir les rapports de corrélation existant entre le phénomène (le représenté) et les modalités des représentations. Unité et multiplicité. Lunité de lobjet comme synthèse des identités partielles des phénomènes, identifiés comme représentations du même [objet]. Lunité de lobjet comprise comme lidentité idéale du sens de différents phénomènes. La synthèse, caractère général et essentiel du domaine de la conscience, comprise comme lunion [de différents actes] de conscience pour constituer un nouvel acte de conscience, qui les englobe et est fondé sur eux, et qui possède une intentionnalité propre. Lunité générale de la vie de la conscience dans Y ego est une unité de synthèse dans laquelle lego prend conscience de lui-même comme unité. Lego en tant que sujet de multiplicités potentielles détats de conscience. Les « horizons intentionnels » appartenant à chaque cogito et leur description. Analyse des « implications intentionnelles », constituant la structure immanente de la conscience, tâche essentielle de lanalyse phénoménologique. La vie de la conscience comprise comme « fleuve » héraclitéen et la possibilité de la description phénoménologique en tant que celle des structures typiques de la conscience. La phénoménologie de la raison ; analyse descriptive de ses actes et de ses potentialités. III et IV. Les problèmes constitutifs de la phénoménologie eidétique et lidée dune théorie de la connaissance. La réfutation du solipsisme transcendantal. La solution du problème cartésien dune philosophie absolue Raison et déraison. Les formes structurales de la subjectivité transcendantale. Les rapports immanents des actes intentionnels. Les intentiones « remplies » et « déçues »2. Lêtre et lexpérience possible, lévidence potentielle. La « possibilité » comme accessibilité subjective se rapportant à des « horizons présomptifs ». Les problèmes de la constitution de lêtre sont des problèmes de lexpérience confïrmative et vérificatrice, dont la structure, propre à tout genre dobjectivité, est prédéterminée dans la subjectivité transcendantale en tant que possibilité idéale. Tout objet dun acte intentionnel est en même temps un indice (index) dune multiplicité systématique dactes dans laquelle il se révèle. Le rapport de lego à une multiplicité dobjets de la conscience exprime donc un moment essentiel de sa « structure intentionnelle ». Les problèmes constitutifs de la subjectivité transcendantale elle- même : lêtre pour soi de lego pose également un problème de constitution. Le caractère absolument universel et premier de ce problème. Lautoconstitution du « Moi » dans le sens spécifique du « moi personnel ». Le « moi » comme pôle des actes spécifiques (décisions) et des états affectifs. Deux modes de polarisation des actes : par rapport à lobjet et par rapport au moi. Eléments stables du moi : le moi nest pas seulement le pôle dactes passagers ; toute « décision » fonde dans le moi une « conviction » qui demeure. Qualités personnelles. La méthode phénoménologique comme méthode « eidétique » ; tous les problèmes de la phénoménologie sont des problèmes dessence ; la phénoménologie transcendantale est une science de la priori inné de la subjectivité transcendantale. Problème de la genèse et du devenir. Analyse phénoménologique de lassociation; ses lois expriment lessence du devenir passif. Le devenir actif. Constitution dans et par le devenir de complexes intentionaux stables : ainsi, la constitution pour le moi dun Univers permanent. La théorie de la constitution transcendantale de lêtre et la théorie de la connaissance traditionnelle. Le problème de la transcendance interprété comme celui du sens commun. Son rapport à lintentionnalité comme fait psychologique. Caractère contradictoire du problème traditionnel. Tout problème transcendantal réel est un problème phénoménologique. Il ny a rien « en dehors » de la subjectivité transcendantale prise dans son universalité. La tâche de la philosophie nest donc pas datteindre lêtre transcendant, mais de comprendre comment il se constitue en tant quélément immanent de la subjectivité transcendantale. Lidéalisme de la phénoménologie et ceux de Berkeley et de Kant. Lobjection du solipsisme transcendantal. Le problème constitutif de lalter ego (Einfühlung) et de lintersubjectivité de la Nature et du Monde comme identique pour tous. La délimitation méthodique des éléments de la sphère de la conscience donnée à Y ego par abstraction de tous ses constituants qui impliquent lalter ego. Lego proprement dit, ce « moi-même concret » comme base de lEinfühlung aperceptive et analogisante. Tout ce qui peut être lobjet dune perception et dune expérience originaires est une détermination du « moi-même ». Lalter ego nest pas directement perçu dans lexpérience secondaire de lEinfühlung aperceptive et analogisante. Tout ce qui peut être lobjet dune perception et dune expérience originaires est une détermination du « moi-même ». Lalter ego nest pas directement perçu dans lexpérience secondaire de lEinfühlung, mais forme lobjet dune expérience indirecte, qui possède ses modes propres de vérification. Dans ma propre « monade » dont je possède une expérience originaire se reflètent les autres monades (Leibniz). Lanalyse de la constitution de lalter ego le fait apparaître comme un ego transcendantal. La réduction phénoménologique sélargit; ainsi jusquà linter- subjectivité transcendantale, ensemble transcendantal des monades. Celle-ci est la base transcendantale de la constitution du monde objectif, identique pour toutes les monades de lensemble, et de la valeur intersubjective des objectivités idéales.
Retour au problème initial et conclusion Le problème cartésien dune science universelle, absolument fondée, et sa solution dans la phénoménologie. Naïveté de la vie préscientifique et de la science positive. Une science parfaitement fondée doit puiser ses principes dans lanalyse transcendantale. Une telle science ne peut aboutir à des crises et à des paradoxes. Lélaboration systématique de la phénoménologie a priorique embrasse lensemble des connaissances a priori, et confère un fondement absolu à la science. Elle réalise lidée dune ontologie universelle, formelle et matérielle à la fois (la philosophie première), ou, ce qui est la même chose, celle dune théorie de la science parfaitement générale. Son premier degré est constitué par légologie solipsiste (lanalyse limitée au moi). Lontologie transcendantale constitue le fondement a priori de toute science et de toute philosophie portant sur lêtre réel (de facto). Les vrais problèmes métaphysiques occupent dans la phénoménologie le degré suprême.Descartes et la phénoménologie. La philosophie phénoménologique est un effort pour réaliser lidéal de la connaissance de soi, cette connaissance de soi qui nest pas seulement la source dernière de tout savoir véritable, mais encore le contient tout entier.
[1] HUSSERL in « Méditations cartésiennes », puf, décembre 1994, p.209 à 216. [2] Époché : La réduction phénoménologique ou transcendantale implique la mise entre parenthèses de tous les jugements concernant l'existence du monde, c'est-à-dire une suspension (en grec épokhê) de tout jugement à propos de celle-ci de sorte qu'on ne la présuppose pas, ni ne la nie, ni ne l'affirme.
Date de création : 03/11/2015 @ 19:05 Réactions à cet article
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