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    Histoire - Les premières religions de dévotion

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    LES PREMIÈRES RELIGIONS DE DÉVOTION

     LES LIMITES OCCIDENTALES DE L’OIKOUMENÈ DE L’ANCIEN MONDE

    (220-395) 

    L’HINDOUISME, LE BOUDHISME, LE CHRISTIANISME

     

    Face au besoin de faire connaître l’histoire des religions qui s’est fait sentir tout récemment, il est utile de se référer à un historien qui fait autorité.

    Notre choix s’est porté sur l’ historien britannique.Arnold Joseph TOYNBEE (1889 -1975), membre de notre Institut de 1968 jusqu’à sa mort.  Son analyse en douze volumes de l'essor et de la chute des civilisations, Étude de l'histoire (A Study of History), parue entre 1934 et 1961, est une synthèse de l'histoire mondiale, une « métahistoire[1] » basée sur les rythmes universels de la croissance, de l'épanouissement et du déclin.

     

    « LA GRANDE AVENTURE DE L’HUMANITÉ[2] »

    Dans sa dernière œuvre ainsi intitulée, Arnold TOYNBEE, nous donne – comme l’explique la quatrième de couverture –, un récit chronologique de l’histoire de l’humanité sous-titré « De l’aube de l’humanité à l’âge du péril atomique et de la pollution ».

    Selon l’édition intégrale en langue française produite en 1977 par « Elsevier », le grand philosophe de l’histoire n’hésite pas à s’écarter de bien des idées reçues puisqu’il nous donne à lire, à la fois :

    • Une histoire globale. L’auteur nous invite à considérer l’histoire d’un point de vue exceptionnellement élevé, le seul où ses lignes de force apparaissent en toute clarté.
    • Une histoire horizontale. Passant pour une même époque d’une civilisation à l’autre, il démontre l’unité fondamentale de l’histoire du genre humain, tout en faisant ressortir l’originalité des évènements les plus riches de conséquences.
    •  Une histoire explicative. TOYNBEE cherche avant tout à montrer combien l’histoire est déterminée avant tout par les efforts que l’homme déploie pour maîtriser la nature. Ces efforts déterminent les inventions techniques et des modifications sociales, lesquelles à leur tour, influencent le cours des évènements.
    • Une histoire qui nous interpelle. Les progrès de la science et des techniques ont engendré des maux : inégalités sociales, guerres – que l’homme n’a pas réussi à dominer faute d’une progression parallèle de sa conscience morale. Aujourd’hui le péril atomique, l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de la faune et de la flore, la pollution et l’égoïsme des peuples nous mènent au seuil de l’apocalypse. L’humanité s’est montrée ingrate envers sa mère, la Terre qui l’a nourrie. Saura-t-elle répondre à cet ultime et capital défi ?

    TOYNBEE présente l'histoire comme l'essor et la chute des civilisations plutôt que comme l'histoire d'État-nations ou de groupes ethniques. Il identifie les civilisations sur des critères culturels plutôt que nationaux. Ainsi, la "civilisation occidentale", qui comprend toutes les nations qui ont existé en Europe occidentale depuis la chute de l'Empire romain, est traitée comme un tout, et distinguée à la fois de la "civilisation orthodoxe" de Russie et des Balkans comme de la civilisation gréco-romaine qui a précédé.

    Une fois que les civilisations sont délimitées, TOYNBEE présente l'histoire de chacune d'entre elles en termes de défis et de réponses. Les civilisations surgissent en réponse à certains défis d'une extrême difficulté et alors que les "minorités créatrices" conçoivent des solutions pour réorienter la société entière.

    •  Défis et réponses peuvent être physiques. Ce fut, par exemple, le cas lorsque les Sumériens exploitèrent les marais insalubres du sud de l'Irak en organisant au Néolithique les habitants dans une société capable de mener à bout des projets d'irrigation de grande ampleur.
    • Ils peuvent être sociaux, lorsque par exemple l'église catholique a résolu le chaos de l'Europe post-romaine en enrôlant les nouveaux royaumes germaniques dans une communauté religieuse unique.

    Quand une civilisation arrive à relever des défis, elle croît. Sinon elle décline : « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. »

    La minorité dominante ne peut construire l’imposant appareil de l’État universel sans imposer son autorité et exiger la soumission : son action est donc basée sur la force et la répression. En conséquence d’une civilisation qui a cessé de séduire pour contraindre se forment deux types de prolétariats : un prolétariat intérieur constitué des sujets de la minorité dominante et un prolétariat extérieur constitué des peuples primitifs ou barbares sur lesquels la civilisation exerce un attrait.

    TOYNBEE avait une grande admiration pour Ibn Khaldoun, en particulier pour le  Muqaddima, préface de son histoire universelle. Il dit de son auteur qu’"il a conçu et formulé une philosophie de l'Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays".

    À l’instar de son prédécesseur, il souligne le rôle essentiel de la religion, spécialement, en ce qui le concerne, dans la séparation des prolétariats. En fait, face à l’action coercitive de la minorité dominante, l’Église universelle représente l’échappatoire du prolétariat intérieur quand le prolétariat extérieur répond par la violence. Il en résulte un affrontement prolongé opposant l’État universel aux bandes de guerriers barbares.

    L’appel fait à la notion géographique d’oikoumenè

    oikoumenè qui définit soit la portion de la terre habitée par les Grecs, en opposition aux territoires des barbares, soit l'empire Romain, tous les sujets de l'empire, soit encore toute la terre habitée, est pris ici dans le premier sens.

    Selon TOYNBEE[3], ce mot grec est entré dans l’usage après que le monde grec, dont le domaine originel se situait sur les rives de la mer Égée, se soit étendu d’abord vers l’ouest puis vers l’est. Son expansion vers l’ouest l’a conduit jusque sur les rives de l’Atlantique, la Grande-Bretagne comprise. Son expansion vers l’est l’a ensuite conduit jusqu’en Asie centrale et en Inde. La voie de cette expansion vers l’est fut ouverte par Alexandre le Grand qui conquit et renversa le premier Empire perse (– 334 – 333), et c’est au cours de la période qui suivit Alexandre que le mot oikoumenè entra dans l’usage. Son sens littéral est « (la terre) habitée », mais, en pratique, les auteurs et les utilisateurs grecs de ce terme en restreignaient l’application à la portion de la terre habitée qui était occupée par les sociétés anthropisées (habitées ou exploitées par l'Homme).[4]» Si nous utilisons le mot oikoumenè dans son sens littéral – l’habitat de l’humanité –, on voit que l’étendue véritable de l’oikoumenè est beaucoup plus grande que l’aire du monde « civilisé » connu des Grecs et des Romains. C’est d’ailleurs de cette aire élargie dont parlent les livres du Nouveau Testament dans 15 de leurs versets[5] :

    4 dans les Évangiles[6] (3 chez Luc, 1 chez Matthieu)

    5 dans les Actes des Apôtres

    3 dans les Épitres de saint Paul (2 aux Hébreux, 1 aux Romains)

    3 dans l’Apocalypse de saint Jean.

    Le terme a été réintroduit de nos jours, sous le nom d’« écoumène » notamment par le géographe Augustin Berque, pour désigner la relation de l'humain à son milieu – sensible et concrète, symbolique et technique –, mais également par le penseur lorrain Serge VALDINOCI[7], dans son exploration d'une théorie de l'habitat immanent de l'humain dans son univers sémantique.

     

    Les caractéristiques de l’Ancien Monde

    Les années 334 avant J.C. – 220 après J.C. avaient vu naître dans l’Ancien Monde ces trois grandes religions de piété 

    Le boudhisme mahayana [dit « Grand véhicule »] adopté par l’empereur Açoka[8] et le christianisme étaient des religions missionnaires dont les zélateurs aspiraient à convertir l’ensemble de l’humanité. L’hindouisme théiste, par contre, comme le zoroastrisme et le judaïsme, était la religion d’une société particulière, intimement liée à la structure et aux institutions de cette société, bien que, dans le cas particulier de l’hindouisme, l’assise sociale de la religion ait été si vaste qu’elle constituait tout un monde en elle-même.

    Le christianisme à ses débuts n’était qu’une des nombreuses sectes du judaïsme. Les judéo-

    chrétiens qui furent les premiers chrétiens, croyaient sans nul doute que Jésus était ressuscité après sa mise à mort. Quelle qu’ait pu être l’expérience qui lui a donné naissance, cette croyance était indubitablement sincère et, du fait de sa sincérité, elle était exaltante. C’est ce qui explique que le christianisme se soit remis de la déception de la crucifixion de Jésus. Les judéo-chrétiens ne peuvent avoir considéré que l’homme – Juif comme eux – qui était ressuscité d’entre les morts était le fils de Dieu, si ce n’est de manière figurée, car s’ils avaient cru cela, ils n’auraient pu rester dans la communauté juive ; or ils y sont restés jusqu’à leur disparition.

    C’est un judéo-chrétien, Paul, qui accomplit l’étonnant exploit de dégager du judaïsme un christianisme non juif

    Christianisme auquel de non-juifs étaient libres d’adhérer sans avoir à se soumettre a la Loi juive. Il est également étonnant que ce christianisme dégagé du judaïsme soit parvenu à convertir tous les habitants de l’Empire romain à l’exception des Juifs eux-mêmes et de ces yahvistes de stricte observance qu’étaient les Juifs samaritains.

    Dans le christianisme paulinien, comme dans le zoroastrisme des mages, les attributs du seul vrai Dieu – en l’occurrence le Verbe et l’Esprit de Yahvé – furent élevés à un rang équivalent à celui de la divinité. Jésus est devenu Dieu incarné, comme Pharaon, César, Rama et Krishna. La mère de Jésus, en tant que «Mère de Dieu», devint une véritable déesse.

    L’Eglise chrétienne tira une partie de sa force de l’efficacité de son organisation

    Ses rivales du Levant, tout comme le monachisme bouddhique, ne possédaient aucune organisation centrale. Les confréries locales qui adhéraient à ces religions étaient mutuellement indépendantes sur le plan administratif. Elles n’avaient en commun que la doctrine et les pratiques rituelles. Le christianisme, lui aussi, possédait des confréries locales; qui coïncidaient géographiquement avec les subdivisions de l’Empire romain. Mais il alla jusqu’à copier l’organisation de l’Empire romain en subordonnant les cellules locales à une hiérarchie ecclésiastique d’envergure équivalente à celle de l’Empire. Et ce système d’organisation était unique. Les anciens empires laïques des successeurs d’Alexandre – Ptolémée, Séleucos et Lysimaque – ressuscitèrent sous la forme de patriarcats chrétiens, et le patriarche de Rome (le «pape») fut reconnu par ses collègues orientaux comme étant le primus inter pares, bien que ces derniers n’aient pas accepté la prétention papale à disposer de l’autorité suprême et d’un pouvoir autocratique sur l’ensemble de l’Eglise chrétienne catholique hors des limites géographiques de son patriarcat.

    La métamorphose d’une secte juive en Eglise universelle, sans être unique, est tout à fait étonnante

    Mais telle est aussi la métamorphose de la philosophie bouddhiste mahayana en religion universelle. La force du mahayana en tant que religion missionnaire résulte de la volonté de ses zélateurs de mettre un terme aux religions préexistantes dans les régions évangélisées par leurs missionnaires. Rien dans le passé theravada du bouddhisme mahayana n’empêchait celui-ci d’être franchement tolérant ni d’aspirer ouvertement, non à la conquête, mais à la symbiose. Par contre, les antécédents juifs du christianisme constituaient un obstacle pour ses théologiens et ses missionnaires.

    Le christianisme, pour se maintenir en vie, a dû soit détruire ses rivales, soit les absorber

    Et il ne pouvait les absorber que dans la mesure où il pouvait le faire secrètement. Le christianisme a néanmoins beaucoup plus assimilé qu’il n’a détruit. En fait, sa méthode de diffusion ressemblait beaucoup plus à celle du mahayana qu’il n’était possible de le reconnaître pour ses représentants officiels.La diffusion du mahayana et du christianisme imprimèrent une direction nouvelle à l’histoire de l’humanité. C’est l’Ancien Monde qui fut le théâtre de ces évènements spectaculaires, et leurs conséquences eurent une portée universelle. 

    De l’an 48 après J.C. à l’an 220, la quasi-totalité des régions occupées par les civilisations régionales de l’Ancien Monde avaient été partagées entre quatre grands empires (empires chinois, kouchan, parthe[9] et romain) qui formaient une bande continue à travers le continent

    PremiereReligionFig1.jpg    PremiereReligionFig2b.jpg                           Empire Kouchan                                                                 Empire Parthe (arsacide)

     

    depuis le Pacifique, jusqu’à l’Atlantique.

    La règle générale de cette période avait été l’unification politique à grande échelle, avec cependant une exception notable à cette règle dans le sous-continent indien. L’établissement de l’Empire kouchan[10], en 48, avait apporté l’unité politique au nord-ouest de l’Inde et relié cette région, le quart du pays, à la Bactiane.

    L’essor des trois religions de dévotion lié au besoin d’une aide suprahumaine

    Ces trois religions se ressemblaient en ce qu’elles étaient des religions de dévotion. Les hindous théistes étaient les dévots des dieux Çiva et Vishnu; les bouddhistes mahayana étaient les dévots des bodhisattvas qui, officiellement, n’étaient pas des dieux, mais des Bouddhas en puissance ; les chrétiens étaient les dévots du dieu Yahvé, de Jésus (qui, pour les chrétiens non juifs, était également dieu) et la de la mère de Jésus qui était devenue pratiquement déesse au moment où elle fut définie mère de Dieu (Theotokos). Si les objets de la dévotion différaient, l’esprit était identique.

    L’essor de ces religions de dévotion ainsi que la déification des bodhisattvas, de Jésus et de Marie étaient les symptômes d’un besoin d’aide suprahumaine ; et ce besoin était né du fait que les gens s’étaient rendu compte qu’ils n’étaient pas maîtres de la situation dans laquelle ils se trouvaient. A certaines époques et en certains lieux, le peuple et ses gouvernants avaient été suffisamment sûrs d’eux-mêmes pour placer leur confiance dans des dieux vivants incarnés – par exemple les Pharaons des quatre premières dynasties, Alexandre et les premières générations de ses successeurs, Jules César, Auguste et ses successeurs jusqu’en

    Changement de statut de l’empereur en l’an 274

    Cette année-là, un dieu vivant incarné, l’empereur Aurélien, changea lui-même son propre statut. Cela signifiait que lui-même et ses sujets reconnaissaient qu’un dieu de cette sorte n’était plus à la hauteur de la situation. Dans cette quarantième année de la crise de l’Empire romain, Aurélien établit à sa place comme dieu tutélaire de l’Empire le « Soleil Invaincu » (Sol Invictus) et il régna dorénavant, non plus comme dieu, mais comme gérant terrestre d’un dieu suprême.

    Au cours de la période suivante, de 220 environ jusqu’en 395, les quatre empires connurent des fortunes diverses.

    On a relevé précédemment que l’Empire parthe arsacide en Iran et en Irak avait été conquis en

    224 et pris en charge par la dynastie perse sassanide, et que l’Empire Kouchan avait été conquis

    et incorporé dans l’Empire sassanide.

    L’Empire chinois et l’Empire romain se démembrèrent l’un et l’autre et sombrèrent temporairement dans l’anarchie ;  l’Empire chinois pendant 370 ans (de 220 à 589), l’Empire romain pendant 50 ans (de 235 à 284).  

    Ainsi, vers le milieu du IIIe siècle de notre ère, c’est l’Empire iranien qui se portait le mieux. Il avait survécu à un changement de dynastie, s’était étendu vers l’Est, et le second empereur sassanide, Châhpuhr 1er, remporta trois victoires sur les Romains. Dans la troisième (en 260), il captura une armée romaine tout entière, y compris l’empereur Valérien; mais Châhpuhr fut ensuite battu au cours d’une contre-attaque menée pour le compte de l’Empire romain par Odenath, le prince d’une oasis-Etat commerciale et semi-autonome, Palmyre, située dans le désert entre la Syrie et la Mésopotamie.

    Palmyre avait atteint son apogée économique dans les années 117 à 224, après que Trajan eut échoué dans sa tentative d’incorporer Babylone (l’Irak) à l’Empire romain, et avant  224, date l’enlèvement, par les Sassanides, de l’Irak et l’Iran aux Arsacides.

    Un autre royaume intermédiaire, l’Arménie, fut plus heureux. L’Arménie évita, d’abord avec l’aide de Palmyre, puis avec celle de Rome, d’être englobée dans l’Empire perse sassanide. De 298 à 387, elle maintint son indépendance sous l’autorité d’une branche de la dynastie arsacide qui occupait le trône arménien sous la suzeraineté de Rome depuis l’an 66.

    La réunification et le redressement de l’Empire romain furent l’œuvre d’une série d’empereurs-soldats dont, éminemment, Dioclétien et Constantin

    Ceux-ci étaient issus des provinces illyriennes, guerrières mais culturellement arriérées, situées entre le littoral nord-est de l’Adriatique et la rive sud du Danube. Aurélien (270 - 275) fut l’un d’entre eux. Les deux plus grands furent Dioclétien, qui régna pendant vingt et un ans (de 284 à 305) et Constantin Ier, qui régna trente et un ans (de 306 à 337).

    De 235 à 284, tous les règnes, sauf un, furent brefs et plusieurs empereurs connurent une fin tragique. Dioclétien et Constantin moururent cependant de mort naturelle. A eux deux, ils rétablirent l’Empire romain en le transformant. Constantin compléta ce que Dioclétien avait commencé et il racheta l’échec subi par Dioclétien quand il avait voulu imposer à l’Empire l’unité religieuse en renversant sa politique et celle de son jeune collègue Galère à l’égard de l’Eglise chrétienne.

    Entre 284 et 337, Dioclétien et Constantin remembrèrent les terres et réévaluèrent les impôts en fonction de la production agricole. Ils réquisitionnèrent un certain nombre de professions pour l’exercice obligatoire de services publics. En établissant une bureaucratie hiérarchiquement organisée, ils comblèrent le vide administratif laissé par le déclin de l'autonomie municipale dans les cités-Etats, qui étaient les cellules du corps politique impérial romain.

    Constantinople  élevée au rang de capitale de L’Empire romain par Constantin  

    Rome, la cité-Etat qui avait construit l’Empire, était bien placée pour servir de capitale à l’Italie péninsulaire ou à un Empire circum-méditerranéen fondé sur la puissance maritime. Elle était par contre mal située pour défendre les frontières tracées le long des lignes de l’Euphrate, du Danube et du Rhin ; et elle se trouvait loin du Levant, centre de gravité économique de l’Empire. Dioclétien établit la nouvelle capitale à Nicomédie (Izmit), près de la pointe nord-ouest de l’Asie Mineure. Constantin la déplaça d’une courte distance vers l’ouest, à Byzance, emplacement situé au bout d’une péninsule aisément fortifiable, et doté d’un splendide port naturel, à la pointe sud du rivage européen du Bosphore. A Byzance (Constantinople, aujourd’hui Istanbul), le passage maritime entre la Méditerranée et l’extrémité de la mer d’Azov est coupé par la route qui va de Singidunum (Belgrade), au confluent de la Save et du Danube, à Dulukh, ville d’origine de Jupiter Dolichenos ou de Doliché, à l’ouest du coude occidental de l’Euphrate.

    Vers le milieu du IIIe siècle de notre ère, le nadir de l’Empire romain fut le règne de Gallien (260 -268), fils de Valérien.

    A la même époque, le zénith de l’Empire perse sassanide fut le règne de Chàhpuhr Ier (242-273).

    Les deux plus grands hommes – Plotin et Manès (ou Mani) – aux frontières occidentales de l’oikoumenè du Monde ancien

    •  D’une part le philosophe égyptien néoplatonicien Plotin (205 -270), protégé de Gallien,
    • et d’autre part, Manès (216 à 277), Iranien né en Irak, fondateur d’une nouvelle religion missionnaire, protégé de Chàhpuhr Ier.

    Les deux hommes, à l’arrière-plan desquels figurait le christianisme, s’attaquaient au problème éternel qui avait déjà occupé Zarathoustra et Platon : quelle est la relation entre ce monde imparfait dans lequel vit l’humanité et l’ultime réalité qui se trouve dans, derrière les phénomènes et au-delà d’eux? L’ultime réalité est-elle bonne et, si elle l’est, quelle est l’origine du mal qui est un fait tragique de l’expérience humaine et également un acte humain ?

    Selon la doctrine zoroastrienne, la guerre que se livrent la lumière et les ténèbres (le bien et le mal) est temporaire et se terminera par la victoire définitive du dieu bon.

    Selon Manès, la lumière finira par se dégager presque totalement des ténèbres auxquelles elle a été partiellement mêlée, mais les deux principes opposés, lumière et ténèbres, sont tous deux éternels, et ils sont aussi lumière et ténèbres dans le sens physique littéral. Pour Plotin, au contraire, comme pour Zarathoustra, la lumière et les ténèbres sont des images mentales représentant respectivement le bien et le mal; et, pour Plotin, le mal, contrairement au bien, ne constitue pas un pouvoir spiriruel positif; c’est quelque chose de purement négatif : une absence du bien, mais non un «anti-bien».

    De 220 environ à 395, aux limites occidentales de l’oikoumene de l’Ancien Monde, les deux événements les plus importants se déroulèrent sur le plan religieux

    • L’un d’eux fut la défaite de Manès par Kartir, prêtre zoroastrien militant qui réussit à faire adopter comme religion officielle de l’Empire perse sassanide la version du zoroastrisme des mages.
    • L’autre événement important fut la victoire du christianisme sur toutes les religions préchrétiennes, sauf l’astrologie, d’abord en Arménie, vers 285-290, puis dans l’Empire romain entre 312 et 395.

    Les aventures de Manès

    Il s’était rendu en Inde – peut-être en 241, année où Châhpuhr, alors simple prince héritier, avait conquis le bassin de l’Indus sur les Kouchans.. Ces expéditions donnèrent à Manès une connaissance de première main du bouddhisme et du christianisme. Il se déclara le successeur de Zarathoustra, du Bouddha et de Jésus, le «Sceau des Prophètes», le bénéficiaire d’une révélation complète et définitive et le «messager du Dieu de Vérité à Babylone», et l’incarnation de l’Esprit Saint. Il aspirait à convertir non seulement les habitants de l’Empire perse sassanide, mais toute la race humaine. Manès s’attira la dévotion personnelle de ses adeptes ; il avait le génie de l’organisation, et sa doctrine s’avéra pleine d’attirance. Babylone était en vérité le cœur de l’oikoumenè de l’Ancien Monde. Sa langue, le syriaque, forme contemporaine de l’araméen, était couramment utilisée tout autour du Croissant fertile. Babylone était donc une base centrale d’opérations ; c’est de là que Manès envoya des missionnaires, non seulement vers les frontières nord-est et nord-ouest de l’Empire sassanide, mais aussi vers l’Egypte. Le manichéisme se répandit beaucoup plus rapidement que le christianisme au cours des deux siècles précédents.

    Cependant, le projet de Manès de fonder une religion mondiale centrée sur l’Irak était incompatible avec les intentions de Kartir qui étaient de faire du zoroastrisme la religion établie de l’Empire sassanide ou du moins de sa partie iranienne, et d’en extirper la pratique de toute autre religion. Kartir, le prêtre zoroastrien, avait atteint le sommet de la hiérarchie au cours du règne du troisième successeur de Châhpuhr Ier, Bahram II (277-293). A l’instigation de Kartir, Bahram fit arrêter Manès et le jeta en prison où il mourut en martyr.

    Les progrès du manichéisme en Egypte provoquèrent également un décret de répression sauvage de la part de l’empereur romain Dioclétien, en 297, six ans avant la déclaration de guerre de Dioclétien contre le christianisme. Dioclétien dénonça les fidèles de Manès comme une « cinquième colonne » perse, ignorant que le gouvernement perse avait mis Manès à mort et qu’en 297, il y avait déjà vingt ans qu’il persécutait ses propres sujets manichéens. Les persécutions eurent le même effet sur le manichéisme que sur le christianisme : loin de le décourager, elles le stimulèrent.

    En 303-311, dans l’Empire romain, Dioclétien et Galère tentèrent d’extirper le christianisme avec la plus grande férocité

    Ces tentatives étaient l’aveu tacite que la seule alternative était la mainmise de l’Eglise chrétienne sur l’Empire. L’instigateur de cette grande persécution fut Galère[11], et non Dioclétien lui-même. Dioclétien demeurait réticent ; cependant, lui aussi sous-estima la puissance de l’Eglise chrétienne. Ces deux empereurs étaient des soldats illyriens et, en Illyrie et parmi des soldats illyriens, le christianisme avait à peine commencé sa percée. Les dieux des soldats illyriens étaient le «Soleil invaincu» d’Aurélien, Jupiter Dolichenos, Mithra et l’ancien Panthéon romain.

    La puissance de l’Église chrétienne était mieux perçue par les adversaires du christianisme au Levant

    Là où les chrétiens bien que minoritaires étaient plus nombreux. Le disciple de Plotin, Jamblique, tenta d’organiser contre le Panthéon chrétien une contre-Eglise, fondée sur une version gnostique du néoplatonisme, et dans laquelle furent mobilisés tous les dieux et déesses non-chrétiens du monde méditerranéen sous l’égide du «Soleil invaincu». Cette contrepartie méditerranéenne de l’Eglise taoïste en Chine fut patronnée par deux empereurs, Maximin II Daia (310-313) et Julien l’Apostat (361-363), neveu de Constantin et ancien chrétien, mais elle était condamnée à l’échec. L’Église chrétienne avait pris les devants sur la contre-Église platonicienne en assimilant les divinités méditerranéennes. Jésus était déjà devenu Orphée, Sérapis et le «Soleil invaincu» ; Marie était déjà devenue Isis, la «Mère de Dieu». Quant à la philosophie néoplatonicienne, l’emploi abusif qu’en faisait Jamblique dans une polémique stérile aurait davantage déplu à Plotin que son incorporation effective et finale dans la théologie de l’Église chrétienne.

    En 311, sur son lit de mort, Galère révoqua à contrecœur ses édits et ceux de Dioclétien contre le christianisme et accorda la liberté du culte à tous les habitants de l’Empire romain, aussi bien chrétiens que non- chrétiens.

    En 312, Constantin Ier se convertit au christianisme

    Sa conversion fut aussi soudaine que surprenante – peut-être même pour Constantin lui-même. En 306, il avait en effet hérité de son père, l’empereur Constance Ier Chlore, non seulement le gouvernement régional de la Gaule et de la Bretagne, mais aussi sa dévotion pour le « Soleil invaincu». En 312, Constantin envahit l’Italie qui, avec l’Afrique du Nord-Ouest, était alors aux mains de Maxence, le beau-frère de Constantin. Au soir d’une bataille dans les faubourgs nord-ouest de Rome, au cours de laquelle Maxence fut vaincu et tué, Constantin eut un songe où il vit un monogramme composé des deux premières lettres du mot «Khristos» dans l’alphabet grec, en même temps que quatre mots latins étincelants: «Par ce signe tu vaincras» (Hoc signo victor eris). Constantin rêva que le Christ lui ordonnait d’apposer ce monogramme sur son casque et de le faire peindre sur les boucliers de ses soldats. Il obéit à l’ordre et remporta une victoire décisive dans la première de trois guerres civiles, dont il allait chaque fois sortir vainqueur.

    La conversion de Constantin était manifeste et sincère, mais il ne renonça pas à sa piété envers le «Soleil invaincu», le dieu d’Aurélien et de Constance Ier, encore qu’il finît par identifier le Soleil avec le Christ. Une telle identification avait déjà été faite implicitement par l’Église chrétienne. Constantin ne renonça pas davantage à son rôle de Pontifex Maximus, sacerdoce suprême qu’il exerçait ex officio en tant que chef politique de l’État romain. Conserver le pontificat suprême était techniquement incompatible avec le fait d’être chrétien, mais les autorités ecclésiastiques chrétiennes, protégées par Constantin, fermèrent les yeux et Constantin lui-même ne devint formellement membre de l’Église chrétienne que par son baptême sur son lit de mort en 337. De plus, Constantin demeurait très imparfaitement familiarisé avec la doctrine chrétienne, et cela non seulement au moment de sa conversion au christianisme en 312, mais tout au long du reste de sa vie. Ses interventions dans les affaires ecclésiastiques chrétiennes montrent qu’il ne s’y trouvait guère à l’aise, malgré son habileté politique dans les affaires séculières.

    On a parfois accusé Constantin de scepticisme, de cynisme et d’hypocrisie, et attribué à des mobiles de convenance politique son adhésion au christianisme

    Cette interprétation de sa conversion est un anachronisme. Il n’y avait pas de sceptiques dans le monde méditerranéen après le déclin de la société qui s’y est produit en 235. Il n’y avait pas d’habitant de l’Empire romain pour croire qu’on pouvait survivre sans aide divine à cette terrible époque. Le sentiment religieux de Constantin était fervent et sincère. En cela, il était un représentant typique de son époque et de son milieu. Plotin, Manès, Jamblique, Dioclétien, Galère, Maximin Daia et Julien étaient, eux aussi, chacun à sa manière, animés d’un sentiment religieux sincère et fervent. La religiosité de Constantin n’était pas moins vraie que celle de Plotin, mais elle en différait en étant plus fruste. Le Dieu des chrétiens l’emporta, et conserva la fidélité de Constantin en manifestant sa puissance. Ce Dieu avait amené le désastre sur la tête des empereurs romains persécuteurs de l’Église chrétienne. Les destins de Galère, de Maximin Daia et de Licinius sont des exemples typiques. Le même Dieu avait donné la victoire à Constantin dans trois guerres civiles.

    Pendant douze ans, de 312 à 324, le Dieu des chrétiens avait entraîné Constantin du Tibre au Bosphore et en avait fait le seul dirigeant de l’Empire romain tout entier

    Cela bien qu’il eût commencé sa carrière en 306, à York, comme simple chef des provinces lointaines et arriérées d’au-delà des Alpes et des Pyrénées.

    Constantin était profondément reconnaissant au Dieu des chrétiens d’avoir récompensé sa fidélité en faisant sa fortune, mais ces manifestations du puissant pouvoir de ce Dieu le remplissaient de crainte autant que de gratitude. Il craignait d’attirer sur lui le sort de Galère, de Maximin Daia et de Licinius s’il manquait à ses devoirs envers son divin protecteur – par exemple, s’il négligeait de guérir le corps de l’Église chrétienne des schismes contemporains.

    Les mobiles qui avaient poussé Constantin à se convertir au christianisme étaient moralement très inférieurs à ceux qui avaient entraîné la conversion d’Açoka au bouddhisme

    Pour Açoka, c’était le repentir du crime d’avoir mené une guerre d’agression, et il n’était plus jamais parti en guerre. Pour Constantin, c’était la gratitude pour les victoires qu’il avait remportées dans trois guerres civiles.

    Constantin poursuivit l’application de l’édit de tolérance de Galère en faisant pression sur Maximin Daia pour qu’il suspende la persécution des chrétiens dans le Levant, et en incitant Licinius à se joindre à lui pour confirmer la tolérance envers le christianisme dans leurs possessions respectives. Constantin ne persécuta jamais ses sujets non chrétiens, mais il octroya de précieux privilèges à l’Église chrétienne. Son neveu Julien, qui avait été chrétien et s’était ensuite retourné contre le christianisme, témoigna d’une faveur identique envers la contre-Église néoplatonicienne. Après 311, la tolérance peu enthousiaste des empereurs romains envers des religions autres que la leur présente un contraste défavorable avec la bienveillance d’Açoka envers ses sujets et ses voisins non bouddhistes et avec le traitement égalitaire accordé, par Kanishka, aux hindous brahmaniques et aux bouddhistes de différentes sectes.

    Dans l’Empire romain, même la tolérance précaire inaugurée en 311 fut de courte durée

    L’empereur Gratien (367-383) refusa d’assumer la charge de Pontifex Maximus et entreprit de liquider les religions non chrétiennes de l’Empire romain en fermant leurs temples et en expropriant leurs biens. La liquidation devint un fait accompli sous Théodose II le Grand (379-395 dans l’Empire d’Orient, 392-395 dans l’Empire d’Occident).

    Entre-temps, les Empires romain et perse continuèrent à coexister, côte à côte. Une longue guerre romano-perse (337-360) se termina sans conclusion. L’invasion de l’Empire perse par Julien en 362 finit par la mort de l’empereur dans le désastre romain de 363. Le successeur de Julien, Jovien, dégagea le corps expéditionnaire romain au prix de la cession aux Perses de Nisibe, forteresse frontalière romaine au nord-est de la Mésopotamie, en même temps que de cinq provinces de la frontière arménienne qui avaient été annexées à l’Empire romain en 298. Ces cessions laissèrent le royaume d’Arménie à la merci des Perses. En 378, une armée romaine subit, à Andrinople, de la part des Wisigoths, une défaite aussi cuisante que les défaites historiques antérieures d’Allia, de Cannes et de Carrhes.

    Les Romains devaient maintenant consacrer ce qui leur restait de force militaire à mener une bataille perdue d’avance pour sauver leurs possessions d’Europe

    Ils durent acheter la paix sur leur front asiatique en faisant une nouvelle concession à l’Empire perse. En 387, le royaume d’Arménie fut divisé, en accord avec les deux Empires, selon une ligne qui laissait les quatre cinquièmes environ du pays entre les mains des Perses. Ce fut une partie du prix que l’Empire romain dut payer pour assurer sa survie dans le Levant.

    Les fluctuations des relations entre les deux pays eurent des incidences sur le sort de la communauté chrétienne qui prospérait dans l’Empire perse. L’Église zoroastrienne ne faisait pas de conversions dans l’Empire romain, ni de conversions volontaires en Arménie. A l’encontre des Églises chrétienne et manichéenne, elle ne cherchait pas à convertir toute l’humanité. Son objectif continuait de vouloir faire du zoroastrisme non seulement la religion «établie» de l’Empire perse, mais la religion exclusive, au moins dans les provinces iraniennes.

    Dans les territoires originels de l’Empire perse, les chrétiens ne constituaient qu’une diaspora, encore qu’elle fût en progression; mais à Nisibe et dans les cinq provinces arméniennes de la frontière, cédées en 363 par Jovien à Châhpuhr II, la population locale était chrétienne en bloc. Pour ces raison, l’Empereur sassanide Châhpuhr II (309-379) déclencha contre ses sujets chrétiens en 339-340, une persécution qu’il poursuivit jusqu’à sa mort.

    Mais son second successeur, Châhpuhr III (383-388) se lia d’amité avec l’empereur romain Théodose Ier

    C’est cette détente dans les relations entre les deux puissances qui rendit possible, non seulement la partition à l’amiable du royaume d’Arménie, en 387, mais l’octroi de la tolérance aux chrétiens dans l’Empire perse, à la suite de négociations romano-perses. La persécution des chrétiens dans l’Empire perse s’arrêta. L’administration de l’Église chrétienne y fut unifiée ; et, après que se fut tenu, en 410, à Séleucie du Tigre, un concile de l’Église chrétienne perse, le roi Yazdgard Ier (399-420) confirma un édit de tolérance qu’il avait promulgué antérieurement.

     


    [1]  Recherche ayant pour but la détermination des lois régissant les faits historiques et la place de ces faits dans une vue explicative du monde. 

    Synon. philosophie de l'histoire (d'apr. Foulq.-St-Jean1962).Tout fait historique dépasse l'histoire pure. Si Adam ou Lazare s'érigent en symboles, la communauté liturgique dans leur commémoration les affirme personnes historiques.

    [2] Cf. §40 p. 292 à 300..

    [3] Cf. §4, p. 35.

    [4] On peut constater que cet oïkouménè est beaucoup plus petite que la « biosphère » dont la majeure partie est occupée par la mer et l’enveloppe d’air qui entoure la biosphère.

    [5] Par exemple en Luc 2, 1 : En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de  toute la terre (oïkouménè).

    [6] Les Évangiles auraient été écrits en plusieurs phases, par la deuxième ou troisième génération de disciples, vraisemblablement dans une fourchette qui oscille entre 65 et 110, d'après les différentes options historiographiques, fruits d'un long processus de recueil des paroles de Jésus de Nazareth. Ces paroles, parfois adaptées voire complétées, sont reprises dans les diverses situations de la vie des premières communautés chrétiennes et sont ensuite agencées à la manière d'une Vie (une Vita) à l'antique, qui ne relève cependant aucunement de la biographie. Ils ne seront par ailleurs appelés évangiles que vers 150.

    [7]  Considérant l'humain comme un abîme contemplatif affronté au chaos charnel (de) l'univers, pris dans un processus d'autocisaillement par lequel l'homme s'invente "à même lui-même", Serge Valdinoci avance avec l'europanalyse une description de la genèse nocturne des civilisations (en premier lieu celle de l'Europe gréco-judaïque). Son travail consiste alors à dégager une nouvelle approche de la sémantique et de l'écriture dans la perspective d'une méditation de l'épreuve humaine du sacré - où il retrouve par exemple les grandes intuitions de Georges Bataille quant au fondement sacrificiel des grandes communautés humaines.

    Conjointement travail d'effondrement mystique (dans la tradition des grandes théologies négatives et de la pratique ascétique de l'existence) et travail de fondement (de la civilisation autant que des savoirs scientifiques), les recherches europanalytiques tentent de préparer un dépassement des problématiques postmodernes de la Déconstruction (Derrida et les autres acteurs de la "French Theory") en vue de la réécriture d'une encyclopédie humaine appuyée sur l'épreuve affective de l'existence en état d'effervescence inventive plutôt que sur les preuves mathématiquement mesurées que les sciences proposent à partir d'une perspective prioritairement visualisante sur le réel.

    [8]  Açoka est le troisième empereur de la dynastie indienne des Maurya. Il accèda au pouvoir en 273 av. J.C.. et s'efforçae tout d'abord de consolider et d'agrandir l'empire hérité de son père. À la suite de la conquête d’une violence inouïe du petit royaume antique du centre-est de l'Inde (Kalinga) vers vers 261 avant J.C., il adopta les principes non violents (ahimsa) du bouddhisme. Dès lors l'empire ne fut plus troublé par la guerre et, en souverain pacifique, il s'employa à l'organiser grâce à un corps important de fonctionnaires et une police efficace ainsi qu'au travers d'édits gravés sur des rochers ou des colonnes dispersés dans tout le pays. Il interdit les sacrifices, promut le végétarisme et encouragea la diffusion du boudhisme en Inde et dans toute l'Asie.

    [9]  L'empire parthe  (247 av. J.-C. – 224 ap. J.-C.), également appelé Empire arsacide. A son apogée, c’est une importante puissance politique et culturelle iranienne dans la Perse antique. Il s'étend des sources de l'Euphrate, dans ce qui est aujourd'hui le sud-est de la Turquie, jusqu'à l'est de l'Iran. L'empire, situé sur la Route de la Soie reliant l'Empire romain dans le bassin méditerranéen à l'Empire Han en Chine, devient un carrefour culturel et commercial.

    Les Parthes adoptent largement les pratiques artistiques, architecturales et religieuses ainsi que les insignes royaux de leur empire hétérogène qui regroupe les cultures persegrecque et locales. Durant la première moitié de son existence, la cour arsacide adopte des éléments de la culture grecque, mais il y a finalement un renouveau graduel des traditions iraniennes.

    [10] Empire créé par les Kouchan, une tribu des Yuezhi, un peuple de l’actuel Xinjiang en Chine.

    [11] La division politique de l'Empire romain débuta sous Dioclétien. Il fonda la tétrarchie en 286, donnant la moitié occidentale de l'empire à Maximien avec le titre d'Auguste, et chacun s'adjoignant un César, respectivement Galère (originaire d’une famille thrace très modeste qui avait épousé sa fille Valéria) et Constance Chlore. Ce système divisa l'empire en quatre parties avec chacune sa capitale en plus de Rome, afin d'éviter les troubles qui avaient marqué le IIIe siècle. Dans l'ouest, les capitales étaient Milan pour Maximien et Trèves pour Constance. En mai 305, les deux Augustes abdiquèrent et furent remplacés par leurs Césars.

    Le système de la Tétrarchie ne tarda pas à s'effondrer après la mort prématurée de Constance Chlore, en 306. Son fils Constantin fut proclamé Auguste de l'Ouest par les légions de Bretagne. Une crise s'ensuivit, durant laquelle plusieurs prétendants tentèrent de s'approprier la partie occidentale de l'Empire. En 308, Galère, l'Auguste de l'Est, organisa une conférence à Carnuntum qui refonda la Tétrarchie en divisant l'Empire entre Constantin et Licinius. Grâce à une série de bataille dans l'Est et l'Ouest, Licinius et Constantin stabilisèrent leurs   parties respectives de l'Empire.

    Galère mourut à la suite d'une longue et douloureuse maladie ; son dernier acte politique fut la proclamation le 30 avril 311 d'un édit de tolérance, l'édit de Sardique, mettant fin aux persécutions de Dioclétien. Dernier défenseur de la Tétrarchie, sa mort, en mai 311, en consacra la fin.

     


    Date de création : 19/09/2015 @ 17:48
    Dernière modification : 20/09/2015 @ 23:21
    Catégorie : Histoire
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