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    Histoire - Notions développées par Louis Manaranche

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    NOTIONS DÉVELOPPÉES PAR LOUIS MANARANCHE

    « RETROUVER L’HISTOIRE » (01/2015)

     

    INDEX RETROUVER L’HISTOIRE

    Anthropologie (portée  par l’Europe)  55 56
    Autonomie (des acteurs de l’éducation) 39
    Citoyen (ce qu’il en est de ma personne en tant que Français)   47
    Citoyenneté 43 48
    Communauté politique (ou société politique) 44
    Consentement 48
    Continuer la France 47
    Déracinement 50
    Droit du sol 42
    École (vue comme tremplin) 40
    Éducation conservatrice 37
    Émancipation (de l’individu) 46
    État-providence 67
    Europe 53 54 55 56 5759
    Flux migratoires 83 84 85 86
    Frontière 49 59
    Identité nationale (possibilité de la découvrir) 43
    Instantanéité (invasion de l’) 38
    Khâgne (la) 34 35 36
    Métropole , métropolisation  79
    Modernité 38
    Mondialisation 69 70 71 75 7879 81 82 83
    Nation (ce qui réellement la fonde) 42
    Organisation territoriale (en France) 98 99 101 102 103 104
    Pouvoir (son incarnation en France) 110 111 112 113 114
    Subsidiarité 58 100 101
    Superaedificatio 39
    Transmission 32

     

    Anthropologie (portée       par l’Europe)

      55

      56

    Elle s’est attachée à dire l’homme à la fois comme un être incarné, doté d’une nature inviolable, et comme une individualité dotée d’une liberté qui l’oblige.

    (56) Cette anthropologie européenne offre plus que jamais une potentialité universelle de réponse aux questionnements et aux apories de la modernité. De même qu’elle répond ainsi à un trouble sur l’homme tel que le définit la modernité globale, notre synthèse européenne offre aussi des pistes de réflexion et d’action face à la question des racines et de l’identité. Celle de notre continent a précisément été constituée par un apport incessant d’éléments nouveaux, fruit des invasions ou des migrations. On ne peut ainsi donner tort à ceux qui invoquent l’Europe comme la terre d’accueil par excellence.   

       Autonomie (des acteurs de l’éducation)

      39

    Il est indispensable de garder  ensemble le souci du contenu des programmes, des modalités d’enseigne-ment et des rites qui accompagnent toujours l’acte de la transmission, avec celui de la place des différents acteurs de l’éducation, posant notamment la question de leur autonomie respective.

    Citoyen (ce qu’il en est de ma personne en tant que Français)

      47

    Être un citoyen, c’est opérer cette jonction avec un passé qui me lie et la volonté d’action sur mon cadre concret de vie, de travail et d’épanouissement. Il s’agit d’avoir à l’égard de ce territoire la volonté de le maintenir et de le cultiver par son travail, sa famille, sa vie associative et mille autres moyens. Il faut vouloir, en somme, « continuer la France » (voir ce mot).  

    Citoyenneté

      43

      48

    Par un basculement de l’histoire, depuis Hobbes, Locke et surtout Rousseau, on a pris l’habitude de désigner la citoyenneté comme la conséquence originelle d’un contrat entre l’individu pris isolément et d’une communauté (voir ce nom) dont découleraient ses droits. La communauté (société) politique ne serait pas liée à la nature sociale de la personne (« animal politique »), mais à un contrat qui fait sortir de l’  « état de nature » où chacun rechercherait son intérêt propre. Le basculement est considérable … Chaque homme peut désormais faire partie d’un tout (la Cité) infiniment plus vaste que la communauté politique qu’il forme avec ses prochains.

    (48) Cela suppose de ne pas considérer son lieu de vie comme anodin mais de vouloir participer activement à la vie politique, économique et sociale du pays. Le théologien jésuite et résistant Gaston Fessard (1897-1978) décrit ainsi la citoyenneté : à l’origine toujours le sacrifice volontaire d’une tendance naturelle […] en faveur d’un bien commun à plusieurs. Renoncement à un bien inférieur, plus individuel, plus sensible, pour un bien supérieur, plus général, plus idéal. […] Dès que ce consentement (voir ce mot) vient à se retirer, aussitôt se détendent les liens de la famille ou de la patrie.

    Communauté politique (ou société politique)

      44

    L’assistant de Raymond Aron au Collège de France, Pierre Manent, (Homélie du 14 avril 2013 à Saint-Paul-hors-les-murs) l’a magnifiquement exposé. Si ces formes politiques nouvelles maintenaient l’idée d’une sociabilité naturelle, l’autonomie de l’individu a néan-moins trouvé dans cette pluri-appartenance un terreau pour son épanouissement progressif et patient…C’est par le contractualisme des Lumières que le grand coup de balancier est survenu dans le domaine des idées et, politiquement, par la Révolution  de 1789 : conquérir, par la sortie d’une société fermée d’ordres sclérosés, l’affirmation de la liberté inaliénable de la personne prise comme individualité. Dans le domaine économi- que, la révolution industrielle a été un puissant accélérateur de ce triomphe de l’individu.

    Consentement

      48

    Cette notion est décisive. Elle est le fruit d’une éducation à la citoyenneté  mais aussi, plus largement, d’une éducation morale qui me rend apte à discerner en moi un appel au dépassement de mes désirs individuels spontanés dans le sens d’un bien plus grand. Est-ce à dire que ce consentement fonde un lien contractuel ?  Au contraire, il s’agit de consentir à sa nature politique, comme on consent à sa naissance, à son identité sexuelle et à tant d’autres déterminations de notre identité, mais aussi à des limites, qui fondent un ter-ritoire. Régis Debray  écrit dans son Éloge des frontières (voir ce mot), qu’« il n’y a de vie que circonscrite », même si c’est un paradoxe pour beaucoup de nos contemporains. La frontière est le signe de cette réalité.

    Continuer la France

      47

    « Continuer la France » ainsi que le décrit Charles Péguy dans Le Porche du mystère de la deuxième vertu : « Et il faut que tout cela continue. Quand il ne sera plus comme à présent. Sinon mieux. Il faut que la paysannerie continue. Et la vigne et le blé et la moisson et la vendange. Et le labour de la terre. Et le pâtour des bêtes. Quand il n’y sera plus comme à présent. Sinon mieux. […] Il faut que France et Lorraine continuent. Longtemps après qu’il ne sera plus. Aussi bien comme à présent. Sinon mieux. »

    Déracinement

      50

    Le déracinement fait violence à deux aspects majeurs de l’existence : la spatialité et l’historicité. Pour Simone Weil, la communauté la plus apte à réhabiliter l’enracinement est la nation : « La nation […] joue le rôle qui constitue par excellence la mission de la collectivité à l’égard de l’être humain, à savoir assurer à travers le présent une liaison entre le passé et l’avenir. »

    À ses yeux, seul l’État- nation est encore une commu-nauté géographique suffisamment solide pour refonder un enracinement : « En somme, le bien le plus précieux de l’homme dans l’ordre temporel, c’est-à-dire la conti-nuité dans le temps, par-delà les limites de l’existence humaine, dans les deux sens, ce bien a été entièrement remis à l’État. »

    Pourtant, depuis une soixantaine d’années, , une autre communauté coexiste avec les nations et prétend les surplomber. Il s’agit de la Communauté, devenue Union européenne (voir le mot ‘Europe’) qui, elle aussi, se fonde sur une continuité historique, mais d’une nature plus complexe…

    Droit du sol

      42

    Tradition généreuse d’un pays qui accueille ceux qui désirent y habiter et y travailler.

    École (vue comme tremplin)                        

     

     

      40

    Plutôt que de fonder une liberté illusoire sur la décon-struction de ce qui est reçu et sur l’exaltation de la subjectivité individuelle, l’école doit être ce tremplin qui juche les élèves, pour paraphraser Bernard de Chartres, sur les épaules des géants.  À commencer par les plus petits des hommes.

    Éducation conservatrice

     

      37

    Hannah Arendt dans « La crise de la culture » (1972, p.241) :

    « C’est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice ; elle doit protéger cette nouveauté et l’introduire comme un ferment nouveau dans un monde déjà vieux qui, si révolutionnaires que puissent

     être ses actes, est, du point de vue de la génération suivante suranné et proche de la ruine. »

    Émancipation (de l’individu)

      46

    Les émancipations ne manquent pas et la machine, une fois mise en route, génère sans cesse de nouvelles proies. Dans un tel contexte, l’heure est à la réévaluation de la nature politique de l’homme, qui est à la fois liée à son historicité et à son incarnation. Il hérite d’une Cité. Celle-ci le précède et le prend en charge depuis sa naissance. Il doit aussi la choisir – il arrive même que ce choix se porte sur une autre Cité – l’élire comme le lieu qu’il habite et qu’il désire façonner sous toutes  ses formes.

    État-providence

      67

    « Modèle français » construit après-guerre, fait à la fois de corporatisme et d’étatisme, conduisant les pouvoirs publics à tout réglementer au prix d’une déresponsabilisation des « corporations » qui n’ont d’autre horizon que la défense d’avantages acquis. Aux yeux des économistes Pierre Cahuc et Yann Algan (dans un livre publié en 2007), c’est de l’hypertrophie de celui-ci que résulterait la dilution du lien civique et la désincarnation des relations sociales.

    Europe

      53

      54

      55

      56

      57

      59

    (53) Après avoir spontanément répondu que c’est avant tout une entité géographique, on tente d’explorer la piste des racines : l’Europe, c’est l’arbre qui a poussé sur les semences d’Athènes, de Rome, de Jérusalem, de la chrétienté médiévale, des grandes découvertes, de la philosophie des Lumières, des révolutions industrielles et du rejet des totalitarismes. Il est certain que cette analyse de Paul Valéry (qui remonte à une conférence faite à Zurich en 1922) était d’une profonde justesse, mais nul ne prétend que le résultat de cette rencontre d’influences soit a priori homogène. 

    (54) Comment la caractériser, sans doute par ce qui en fait la fragilité. Deux idées phares doivent retenir notre attention :

    1)  l’État-nation et un certain rapport à la culture.

    C’est en Europe qu’a émergé ce que Rémi Brague a appelé un certain rapport à la « secondarité culturelle ».

    2) L’Europe a reçu sa culture philosophique et sa foi religieuse de contrées éloignées, l’invitant ainsi à l’humilité. Platon et Aristote sont des Grecs qu’on adopte comme tels, dans une langue dont même l’al-phabet est étranger à la masse des Européens ; on chante depuis des siècles dans les églises, de la Pologne à la Bretagne, la petite colline de Sion, bai-gnée du soleil de Judée. A une échelle moindre, l’histoire des Gaules elle-même n’est connue que par le témoignage des ennemis romains dont la victoire a été si profonde.

    (55) L’Europe entretient à l’égard de la culture un rapport fait de quêtes progressives, d’apports et de renaissances. Cela permet d’approfondir la notion de culture : une manière de dire le mystère de l’homme. Ni une idéologie qui aurait un dessein sur l’homme, ni une vision restrictive de celui-ci à la mode de nos jours, qui en ferait un simple acteur économique ou un simple individu libre de fixer ses normes et ses limites, l’anthropologie (voir ce mot) qui s’est attachée à dire l’homme.

    (56) Si l’Europe a réussi à constituer une culture propre de ses apports successifs, c’est bien parce qu’elle a précocement établi un socle commun grâce à la philo-sophie grecque, au droit romain, et à la religion chrétienne. Même exogènes, ces éléments ont constitué pour elle des racines culturelles aux fruits sans nombre.

    (57) L’autre spécificité qui fragilise l’Europe autant qu’elle la constitue,

    C’est l’État-nation. La communauté nationale, façon-née par une langue, par des mœurs, des coutumes, parfois par une foi commune, a fait valoir le droit d’être gouvernée de manière autonome, quand bien même la communauté voisine partagerait les trois quarts de ses caractères. De la même manière que le rapport à la culture a entraîné une humilité à l’égard de la vision de l’homme, cette idée, arrivée à maturation après bien des guerres, a permis une humilité à l’égard de la politique. Il est désormais vain de tenter de trouver le plus petit commun dénominateur pour faire une grande gouvernance commune qui aurait à terme toute l’autorité politique pour elle. L’État-nation trouve sa place dans un beau principe qui honore la liberté et l’autonomie des personnes et des communautés : la subsidiarité (voir ce mot), prônant l’action indépen-dante de chaque échelle selon sa pertinence. Se pose inévitablement la question de la possibilité de tenir ensemble une Union européenne, qui offre de véritables perspectives d’avenir, et une diversité de nations.

    (59) En définitive, l’Europe ne se laisse jamais saisir aussi bien que dans l’évaluation de ce qu’elle est pour les nations et pour le monde. Elle est, entre le particu-larisme des premières et la globalité vertigineuse du second, une ouverture à l’universel, à condition qu’elle se refuse à être le champ d’expérimentation du règne de l’individu et de la gouvernance mais qu’elle reste une conscience féconde.     

    Flux migratoires

      83

      84

      85

      86

    Les flux migratoires entre pays en développement à démographie florissante, malgré bien des mutations, et vieux pays riches malthusiens constituent un phéno- mène dont on n’a pas encore saisi l’ampleur.

    (84) Plus que toute autre cette question doit être traité de façon subsidiaire. La problématique culturelle, sociale et économique que représentent ces flux pour un pays donné ne peut être minorée par une instance supranationale. Il est indispensable pour toute communauté politique de penser l’intégration de ces populations aussi bien en termes de droits inhérents à une exigence d’accueil que comme membres de la famille humaine. Cela exige une réciprocité eu égard au rôle de ces anciens pays pauvres dans notre propre enrichissement et de notre propre gloire passée, mais aussi de prise en compte des devoirs de ces populations à l’égard de la culture et des codes des pays d’accueil. Toutefois cela ne peut être fait que si ces mêmes pays acceptent de ne pas diluer leur identité dans un flou qui rend l’attrait de la culture du pays pour les nouveaux arrivants tout relatif en comparaison de la force de la leur. Ce piège n’a pas toujours été évité par les pays occidentaux. De même que n’a pas été évité le piège de renversement du problème, qui reviendrait à dire que notre culture ayant été diluée par notre faute, il faudrait protéger le peu qui nous reste par le refus d’accueillir des immigrés…

    (85) Néanmoins, à l’échelle globale, la question migratoire doit être posée. C’est un phénomène propre à la liberté humaine que de quitter son lieu de vie pour trouver un cadre plus propice. Pour autant, bien des départs naissent de situations intenables de détresse et de misère. Les déracinements, les malheurs, les troubles que suscitent ces mouvements de population ne peuvent être accueillis avec indifférence, ni les causes de ces déplacements nous laisser indifférents.

    La France, selon la formule de Clémenceau, « hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité », peut jouer sa partition dans cette nouvelle phase de la globalisation. Son histoire est porteuse d’une double aspiration à l’universalité des principes fondateurs de liberté et de dignité de la personne et au respect des peuples et des enracinements. Les inquiétudes nées de la sphère politique à résorber les effets nationaux et européens des crises mondiales, le sentiment de dilution du pouvoir ou encore les difficultés d’assimilation d’une grande partie de la population française, ne doivent pas empêcher de porter un regard serein sur le monde et d’assumer notre rôle en tant que nation.

    (86) La médiatisation du drame vécu durant l’été 2014, en Irak, par les Yézidis et les Chrétiens a eu pour effet de réveiller dans l’opinion, le sentiment de certaines obligations de la France à l’égard des minorités. Ce réveil n’est peut-être que le premier sursaut d’une aspiration plus globale de voir la France monter davantage au créneau sur la scène internationale. Il y va de son identité. Pour ce faire, elle ne peut renvoyer l’image d’un « vieux pays » dévitalisé mais doit apparaître au contraire d’une nation forte, dans le cadre d’une Europe qui s’assume. Cela passe par une restau-ration des piliers de la nation afin  d’en faire une communauté authentique. Les premiers acteurs n’en seront pas nécessairement les gouvernants, mais les citoyens.

    Frontière

      49

      59

    Pour Régis Debray, « La frontière n’est pas un mur, c’est le vaccin contre le mur » ; elle signifie l’altérité. Elle rappelle que si l’on veut aller à la rencontre de l’autre, ce n’est pas sans conditions. La frontière est une marque de modestie : je ne suis pas partout chez moi. Le « nous » advient de cette acceptation com-mune de limites. La frontière est même l’ « opération par laquelle une population se mue en peuple ». Si, dans un espace mondialisé, tout se vaut et plus rien ne différencie, les citoyens ne peuvent ni se reconnaître, ni s’approprier un territoire. Il est dès lors difficile d’établir un lien social.

    Comme antidote, la philosophe Simone Weil, déjà consciente de cette problématique en 1943, prône l’enracinement. Pour elle, le déracinement (voir ce mot), qui pend mille formes différentes est un des maux de la modernité.

    (59) C’est probablement dans la perspective d’une Europe comme conscience féconde, que peut être reposée la question des frontières. La Turquie, par exemple, est historiquement marquée par une altérité avec l’ensemble européen. Il ne s’agit pas de dire que tout au long de l’histoire, elle n’a pas eu d’interactions fortes avec l’Europe. Que l’on pense aux échanges occidentaux avec Constantinople, ou encore au courant nationaliste des Jeunes-turcs fondé le 14 juillet 1989. Le père de la nation turque moderne lui-même, Mustapha Kemal (1881-1938), a fondé sa politique sur l’occidentalisation du pays. Toutefois, la Turquie a toujours été, précisément, une voisine de l’identité culturelle et religieuse marquée par un islam largement étranger au triptyque proposé par Valéry. 

    Identité nationale (possibilité de la découvrir)

    43

    La seule possibilité pour la découvrir est de revenir avec sens critique à la source de la conception contestable de la citoyenneté. (voir ce mot)

    Instantanéité (invasion de l’)

    38

    « Ce fruit pourri d’une connexion permanente a rompu cette confiance en la transmission. »

    Khâgne (la)

    34

    35

    36

    Comme le proclamait le Manifeste des instituteurs syndicalistes de 1905 , « c’est au nom de la vérité que l’instituteur confère son enseignement ». Pour tous, le maître était au service de la transmission, non pas avant tout de telle ou telle valeur, fût-elle républicaine ou chrétienne, mais des savoirs fondamentaux, matrice de tout principe. C’est l’esprit qui a largement présidé à l’élaboration au XIXe siècle, d’un lieu typiquement français, qui est comme un conservatoire du fonds commun de notre culture : la khâgne. Il peut paraître bien élitiste d’avancer une telle affirmation mais il n’en est rien. Ce n’est pas non plus une tentative de hiérarchisation des toutes très exigeantes des classes préparatoires entre elles, ni des autres parcours de l’enseignement supérieur. Dans cette classe, depuis près d’un siècle, on permet la rencontre avec les mêmes grands noms de notre civilisation. Homère, Eschyle, Cicéron, Tite-Live, Ovide et Plaute conti-nuent à intéresser, émouvoir, amuser ou agacer des milliers d’élèves, comme tant d’autres avant eux.

    (36) La khâgne forme non seulement de possibles décideurs aux humanités classiques, mais constitue pour tous le paradigme d’une classe qui offre un héritage. Ce lieu à part inspire les innombrables professeurs de lettres, de philoso-phie, de langues anciennes ou vivantes, d’histoire qui, dans les lycées les plus modestes du pays, en proie à l’isolement géograhique ou à la marginalité sociale, croient à la nécessité de transmette ce trésor.

    Métropole , métropolisation

      79

    La fonction de commandement de la métropole sur son territoire national est intrinsèquement due à la puis-sance de ses interactions avec les autres métropoles du monde. La métropolisation est un défi pour les villes anciennement puissantes, notamment celles du Vieux Continent. Consentent-elles à se mesurer non seule-ment aux autres villes de leur pays mais encore aux autres géants mondiaux ? Cela demande une vision globale sur un temps plus long que celui de la politique ? Sans ce consentement à l’émulation en termes de création de richesses, économiques mais aussi humaines – la ville globale est densément peuplée, pas en voie de muséification –, c’est la fécondité de l’ensemble du territoire de cette ville que l’on hypothèque, là où avait cru sauvegarder un fragile équilibre.

    Modernité

      38

    À Pierre Magnard dans « La couleur du matin profond », la modernité  semble en proie à la tentation de l’amnésie généralisée, du déni de transmission qui fait de ce temps des voyageurs sans bagages. »

    Mondialisation

      69

      70

      71

      75

      78

      79

      81

      82

      83

     

    Dans les enquêtes d’opinion, on n’est pas sans constater une profonde méfiance envers la mondialisation. Les Français sont le peuple qui, de toute l’Union européenne, s’en méfie le plus et y voit une menace pour ses emplois et son mode de vie. Celle-ci est perçue comme une perte de prise sur le destin collectif qui entraîne la destruction de la possibilité même du politique.

    Aussi rebutante que puisse paraître la mondialisation, elle n’en est pas moins, par ses conséquences économiques, sociales, politiques et médiatiques, un élément structurant de la vie quotidienne de chaque Français. Qu’on le regrette ou qu’on l’exalte, on vit dans un monde globalisé qui a modifié nos territoires, nos environnements et nos mentalités à toutes les échelles. La série américaine en vogue du moment, les hamburgers, nems ou sushis que l’on commande pour la regarder.

    (70) Les vacances que l’on projette en Tunisie ou à Bali en sont des marqueurs, de même que l’influence des flux migratoires (voir ce mot), l’intensité des échanges financiers reliant nos métropoles (voir ce mot) à celles du monde entier ou encore l’éclatement international des sites industriels de production.

    Sans doute, les Français sont aujourd’hui mis en contact permanent avec la globalisation, d’une manière sans doute inédite par sa rapidité, sa profondeur et sa généralisation par rapport aux mutations antérieures à notre histoire.

    (71) C’est d’autant plus vrai pour les générations nées dans cet univers déjà globalisé, aux attaches familiales, sociales, religieuses ou politiques fragilisées par l’individualisme, mais à l’aptitude aigüe à l’adaptation aux nouvelles technologies, à l’internationnalisation des parcours universitaires ou professionnels, au décloisonnement général des perspectives individu-elles.

    (75) Nouvel ensemble reconnu comme nécessaire dans une globalisation multipolaire, l’Union européenne est devenue l’archétype de la sortie du politique, si l’on considère celui-ci comme un projet collectif informant un territoire délimité et associant ses populations. Pour l’historien du Collège des Bernardins, Antoine Arjakowsky, la réponse à cette dilution de l’Europe ne peut être que la redécouverte du ‘personnalisme’(se reporter à Emmanuel Mounier) « pour faire  face à la crise actuelle tant du socialisme que du libéralisme ».

    (78) Il serait faux de prétendre qu’il n’y a pas de gagnants et de perdants dans ce processus de mondia- lisation, ou que les anciens rapports de domination ont été balayés d’un revers de main. Le décloisonnement a favorisé une prospérité économique évidente dans l’ancien tiers-monde où des inégalités criantes demeurent, mais où l’on a éradiqué une majeure partie de l’extrême pauvreté. Les avancées de la santé, de l’hygiène, de la prophylaxie sont aussi des fruits de la mondialisation, grâce notamment à l’OMS. Sans tomber dans l’image irénique d’un monde « plat », les potentialités en terme de communication qu’entraînent des effectifs aussi vertigineux qu’un milliard de personnes inscrites sur Facebook ou 700 millions de comptes sur Twitter, pour s’en tenir aux réseaux sociaux, sont incomparables, par leur échelle avec celles générées par les mondialisations antérieures. (79) Des analystes n’ont d’ailleurs pas manqué de montrer le rôle des réseaux sociaux dans les Printemps arabes.

    La mondialisation a ses symboles mais elle a aussi ses lieux, moins souvent étudiés. C’est le cas, en particulier de la métropole (voir ce mot).

    (81) De même que la démocratie sans finalité ni anthropologie devient une caricature d’elle-même, la mondialisation n’engendre pas le bien par essence, sans être habitée. Benoît XVI l’exprime très clairement dans l’encyclique Caritas in Veritate :

    « Si on regarde la mondialisation de façon déterministe, les critères pour l’évaluer et l’orienter se perdent. […] Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaitre. » Pour que la mondialisation soit habitée justement, il convient qu’à partir d’une juste compréhension de ce que signifie la « famille humaine » des processus de philia, c’est-à-dire d’amitié civique constitutive du lien social, se mettent à l’œuvre. C’est à partir de ces senti-ments qu’à l’échelle nationale les structures d’entraide et de solidarité se sont développées. Avec inventivité doivent se mettre en place des processus similaires à l’échelle mondiale, cela passe avant tout par la libre initiative des personnes et d’autres types de commu-nautés comme les ONG, les Églises, les entreprises…

    (82) À l’échelle personnelle, la conscience, désormais assez commune, d’être membre d’une authentique famille humaine, doit se transformer en actes qui touchent aussi bien la finance que la consommation ou la charité. Cela nécessite un véritable changement de paradigme, notamment dans les manières de consom-mer. Le temps où signer un chèque annuel à une ONG suffisait pour croire que l’on était partie prenante de la solidarité mondiale est révolu. L’interdépendance des structures économiques et marchandes doit amener à penser et à peser chaque acte économique dans une chaîne globale de causes et de conséquences. De même une révolution des mentalités similaires doit se faire du côté des acteurs politiques – élus et électeurs – pour que le bien particulier des nations et des communautés de nations comme l’Union européenne soit pensé de manière coordonnée au bien de la famille humaine.

    (83) Ce n’est qu’une fois cette pédagogie réellement mise en pratique que l’on pourra songer sérieusement à des instances de régulation  et de gouvernement fondées sur la subsidiarité. En n’honorant pas les communautés intermédiaires que sont, à cette échelle les nations, une telle autorité serait dénuée de sens car déconnectée du lieu réel du politique. Caritas in Veritate offre encore un éclairage précieux :

    « La mondialisation réclame certainement une autorité, puisqu’est en jeu de bien commun qu’il faut poursuivre ensemble ; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique pour, d’une part ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, être concrètement efficace. »

    Enfin, un regard sur la mondialisation ne sautait se dispenser de prendre en considération les flux migratoires (voir à ce mot).

    Nation (ce qui réellement la fonde)

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    Renan dans sa conférence de 1882 a donné cette définition : 

    « L’homme n’est esclave, ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagne. Une grande agré-gation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »

    Organisation territoriale (en France)

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    La création des régions, en 1955, a concrétisé la néces-sité de penser un échelon plus vaste que le département pour la gestion et l’initiative locales. On ne peut omettre de citer les lois Defferre de 1983, restreignant le rôle des préfets au profit du président du conseil régional. De même, la loi constitutionnelle de 2003 a marqué une étape importante en donnant l’autonomie financière aux collectivités territoriales.

    (99) Il serait fastidieux d’énumérer des mesures gouvernementales allant dans le même sens. L’actualité récente en a offert un exemple remarquable, avec le projet de suppression des conseils généraux et de fusion des régions actuelles en treize régions plus vastes, dont nul ne sait encore si cela aboutira.

    À côté de cette tradition centraliste – et décentralisatrice car cela participe de la même logique d’administration des territoires par en haut – il existe une autre vision du rapport de la France à ses territoires, particulièrement résiliente malgré les vicissitudes de l’histoire, à com-mencer par la défaite des Girondins fédéralistes contre un jacobinisme centralisateur pendant la Révolution française. Elle affirme que les territoires doivent être dotés d’un maximum d’autonomie possible, dans la limite de ce qu’ils semblent objectivement capables de décider et d’exécuter. Il convient de rendre cohérent l’organisation territoriale française avec ce qu’on appelle le principe de subsidiarité.

    (101) Beaucoup se demandent de bonne foi ce qui peut être attibué aux régions ou aux autres types de collectivités locales.

    (102) Il est vrai que la tradition désormais bien établie des doublons, ce qui est octroyé à un échelon n’étant pas ôté à l’autre, laisse songeur. De même, le poids des clientélismes locaux, dont le débat sur la fusion des régions a offert une illustration nouvelle, donne à beaucoup l’impression que déléguer davantage de fonctions conduirait à perdre en efficacité et en coordination. Comment dès lots envisager sereinement que les territoires soient davantage honorés comme lieux d’initiative et de décisions politiques ? Une première piste est sans doute, comme le gouvernement l’a proposé au printemps 2014, la création d’ensembles plus vastes. L’émulation entre régions européennes, qui va de pair avec la compétition entre métropoles, ne permet pas que les compétences locales soient diluées entre les départements et les régions, les uns et les autres de taille trop modeste. Il est toutefois légitime de s’interroger sur la manière de procéder. Entre ceux qui prônent des fusions entre régions déjà existantes, créant des ensembles aux contours, aux dynamiques et aux identités parfois incertains, et ceux qui souhaitent in petto le retour aux provinces historiques, on ne voit pas très bien ce qui pourrait faire consensus

    (103) À cet égard, le travail mené en profondeur par l’association ‘Territoires en mouvement’ est particulièrement intéressant.. Ce qui est proposé est un découpage en huit grandes régions cohérentes en termes démographiques et économiques, organisées autour d’une grande ville occupant des fonctions métropolitaines, desservies par des réseaux de transports d’amplitude suffisante. L’histoire est honorée par le souci de respecter les identités régionales héritées dans le cadre même de ces vastes ensembles. C’est ainsi que l’on propose par exemple une région organisée autour du Massif Central plutôt qu’un Limousin marié de force à l’Aquitaine et une Auvergne formant avec Rhône-Alpes une région qui irait de Chamonix à Bort-les-Orgues, sur les rives de la Dordogne. L’héritage est également respecté par le souci d’intégration des départements. Si les prérogatives des conseils généraux étaient transmises à ces ensembles élargis, le département serait maintenu comme circonscription électorale.

    (104) Ainsi, l’attachement à ces cellules révolution-naires devenues au fil des siècles un élément incon-tournable de l’identité locale – que l’on songe aux plaques d’immatriculation ou aux deux chiffres qui suivent invariablement nos communes de naissance – serai pris en considératrion.

    Pouvoir (son incarnation en France)

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    La disparition de la figure du roi est, en France, une des origines du rapport compliqué à une forte incarnation du pouvoir.

    (111) Si l’Empire avait offert une synthèse populaire entre l’héritage royal et les idées de 1789, le Second Empire comme le boulangisme ont sans cesse reposé la question, au XIXe siècle, de la compatibilité entre l’esprit républicain et une figure personnelle qui exerce une certaine forme de souveraineté au nom du pays et lui donne une incarnation. Les institutions et les hommes de la IIIe comme de la IVe République sont marqués par cette tension.

    La Ve République est, quant à elle, l’héritière d’une tradition lointaine de personnalisation monarchique du pouvoir. L’héritage idéologique du général de Gaulle y est pour beaucoup. S’il est très œcuménique dans ses préférences, au premier rang desquelles on trouve, entre autres, Péguy, Charles de Gaulle s’est aussi inspiré de nombreux penseurs issus de la contre-révolution parmi lesquels Joseph de Maistre, dont les Considérations sur la France sont une démonstration des maux qui ont suivi l’exécution de Louis XVI. De Gaulle, du fait de cette culture familiale, de sa formation, mais aussi de son tempérament militaire, est un homme qui, toute sa vie, a été viscéralement attaché à la figure du chef, à ses prérogatives et à ses devoirs :

    (112) « …Ce fut pour moi, sans relâche, une forte tutelle intérieurs en même temps qu’un joug bien lourd. »

    C’est donc sous les auspices d’un homme dont le sens de la France allie la tradition, la hiérarchie, la rébellion et le sentiment républicain que sont nées nos institutions.

    Un article du journal gaulliste social Notre République, publié à l’occasion de l’élection présidentielle de 1965, la première au suffrage universel direct depuis 1848, illustre le rapport spécifique et personnel du général de Gaulle à la fonction de chef de l’État :

    (113) « L’homme qui convie le peuple à exercer un pouvoir souverain est le même qui lui a demandé, avec une politesse solennelle, ce pouvoir, et nous avons répondu « oui ». Le même qui, dans les jours de détresse où la France de 1940-1945 était bâillon-née par l’occupant nazi et défiguré par une collabo-ration honteuse, n’avait pas reculé devant la nécessité d’emprunter son « moi » à la France, au peuple humilié et trompé qui n’avait plus d’autre droit que celui de se taire et d’agir clandestinement.»

    Dans la pensée gaullienne, être président, c’est pouvoir « emprunter son moi » à la France. De Gaulle n’était pas pour autant attaché à une France centralisée sur le modèle jacobin. Le projet de réforme de 1969, qui envisageait un élargissement des prérogatives des régions et prévoyait une chambre de représentants de celles-ci fondée sur la fusion du Conseil économique et social et du Sénat, s’inscrit en plein dans le principe de subsidiarité, dans l’esprit de son discours de 1968. Il se dessine ainsi un triptyque qui semble aujourd’hui plus pertinent que jamais.

    (114) Le président, qui incarne la continuité de la France et dont la souveraineté émane directement du peuple français qui l’élit, le pouvoir législatif, divisé en une chambre des représentants de la nation et une chambre des représentants locaux, et les régions, dotées d’une taille et d’une autonomie conséquentes. À chaque échelle, l’autorité politique est ainsi dotée d’une incar-nation et d’une épaisseur qui ne laisse pas l’individu seul face à un grand pouvoir central. Dans une telle configuration, les légitimes transferts de souveraineté à l’échelle européenne ont une dimension bien moins traumatisante, celle-ci étant déjà largement partagée sur le territoire national. De la sorte, cette échelle est garantie et assurée, dans son existence et sa légitimité, par un président qui est l’émanation de la nation dans son entier.   

    Subsidiarité

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    On ne sauvera l’idée d’Union qu’en posant à nouveau la question du politique et de ses échelles : si la nation est plébiscitée comme lieu du politique par  les peuples d’Europe, doit-on laisser croire que le seul horizon que l’on soit autorisé à imaginer est celui d’une Europe dont le champ de compétences, serait aussi étendu que celui des vieux États-nations ? Pourquoi ne pas utiliser la subsidiarité, loin de son usage communautaire actuel, pour réconcilier l’idée d’une politique qui se pense et se réalise à l’échelle humaine avec celle d’une puissance européenne réelle ? Il y a fort à parier que rouvrir le débat sur ces bases réveillerait puissamment l’enthousiasme pour l’idée européenne.

    (100) La subsidiarité ne veut pas dire que tout doit nécessairement être concentré à l’échelle locale et que seul le régalien devrait être du ressort de l’État. Selon les moments de l’histoire et les circonstances, il s’agit d’évaluer ce qu’il est juste et fécond de confier à tel ou tel échelon. C’est à cet exercice que le général de Gaulle s’était délivré dans le discours de Lyon, le 24 mars 1968 :

    « L’effort multiséculaire de centralisation, qui lui fut longtemps nécessaire pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées, ne s’impose plus désormais. »

    En somme, la subsidiarité n’est pas la décentralisation à tout prix, mais une évaluation de la pertinence des échelles. C’est sans doute le penseur socialiste Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) qui, dans Du principe fédératif, explique la subsidiarité de façon claire et moderne, par sa reprise du thème du contrat :

    (101) « Ce qui fait l’essence et le caractère du contrat

    Fédératif, et sur quoi j’appelle l’attention du lecteur, c’est que dans ce système les contractants, chefs de famille, communes, cantons, provinces ou États, non seulement s’obligent […] les uns envers les autres, ils se réservent individuellement, en formant le pacte, plus de droits, de liberté, d’autorité, de propriété, qu’ils n’en abandonnent . »

    Est-ce donc à dire qu’il faudrait un système fédéral ? Dans ce cas, la France irait à l’encontre d’une tradition politique ancienne. Pour autant, n’existe-t-il pas des possibilités d’introduire une part de fédéralisme tant dans nos institutions que dans nos pratiques politiques ? Donner davantage d’autonomie réelle aux territoires menace-t-il en 2014, l’unité nationale ?

    Superaedificatio

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    Notion proposée par Pierre Magnard, littéralement, cette ‘construction par-dessus’, une transmission (voir ce mot), jamais déconnectée de son sens premier. Cette humilité de la transmission est le cœur de l’autorité du maître.  

    Transmission

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    Faire connaître c’est offrir les éléments pluriels de compréhension du passé, sans a priori, ni anachro-nisme, permettant de reconstituer une chronologie qui ait du sens. Cette connaissance du passé commun est l’élément indispensable d’un projet éducatif qui se veut national, en particulier là où cette appartenance est récente et fragile. Elle est nécessaire pour préparer la faculté de juger : l’histoire met en contact pêle-mêle avec les vices et les vertus, l’abomination et la splen-deur, le mal et le bien. L’éducation de la conscience indispensable à un vrai esprit civique y trouve son terreau le plus complet. Ne pas offrir aux nouveaux et aux « vieux » Français tout l’humus qui a porté des générations avant eux, c’est les priver de ce qu’on a de plus cher et de la plus efficace des morales républicai-nes. Transmettre une histoire nationale, ce n’est pas transmettre une légende dorée mais c’est, tout comme dans une famille, inscrire dans un passé complexe, moteur d’un sentiment fraternel, d’une amitié entre Français, d’un amour de la France, précisément parce qu’il est commun et partagé. Avec la famille, l’institution scolaire est la principale courroie de transmission.

     


    Date de création : 23/08/2015 @ 09:19
    Dernière modification : 13/09/2015 @ 10:43
    Catégorie : Histoire
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