LA SOCIÉTÉ LIBRE VUE DE LEXTÉRIEUR (STATIQUEMENT)
Recension du livre de Henri Hude intitulé « La Force de la liberté[1]» dans lequel le «Régime mixte » est considéré comme le meilleur pourvoyeur du bien commun.
A/ STRUCTURE ET DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIÉTÉ LIBRE Considérée de lextérieur, la SOCIÉTÉ LIBRE développée se présente comme un corps politique, bien entendu composé de « membres pensants » (= dindividus humains aussi « effectivement pensants » que possible) et comptant quatre organes politiques vitaux aux quels on donnera les noms de RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE, ÉTAT, POUVOIR. La SOCIÉTÉ LIBRE développée fonctionne bien quand ces quatre organes y existent ensemble et sont coordonnés. En les définissant ainsi, nous ne faisons de chacun deux, ni des incarnations de lAbsolu, ni des religions de lIndividu. Nous sommes en droit de douter méthodiquement de ce que lidéologie nous dit de chacun deux. Composition du « corps social » Les trois premiers organes RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE, ÉTAT, y sont des organes de POUVOIR. En dautres termes, chacun de ces mots désigne, dans le même corps dune cité libre, une coordination particulière dindividus exerçant un certain POUVOIR sur la société dans son ensemble. Ces quatre organisations restent toujours distinctes bien quelles puissent : sassocier, se recouper, ou sinclure partiellement. RÉPUBLIQUE et DÉMOCRATIE sont à définir dabord en relation avec des classes sociales et avec les intérêts de ces dernières, relativement à un bien commun qui est toujours à définir et à préserver dans un accord des classes, grâce à lÉTAT : Par rapport au POUVOIR : La RÉPUBLIQUE réelle est le POUVOIR de certaines élites. La DÉMOCRATIE réelle est le POUVOIR des classes moyennes surtout dans leurs éléments les plus dynamiques, et, plus indirectement celui des couches populaires. lÉTAT réel est le POUVOIR dun arbitre élargi et servi par une fonction publique qui peut avoir, ou non, le caractère dune aristocratie au sens premier (aristoi, les meilleurs). Que faut-il appeler RÉPUBLIQUE ? A minima, cest une classe et un pouvoir essentiel. Ce peut être une aristocratie (pouvoir des meilleurs) ou une OLIGARCHIE(pouvoir dun petit nombre de privilégiés). Une ARISTOCRATIE (bourgeoise comme à Venise anciennement ou comme aux États-Unis bourgeoisie industrielle jusque vers 1960) qui observe une certaine justice ou modération, donne au peuple travail, prospérité, conscience davoir une belle patrie et la fierté den faire partie. Une OLIGARCHIE (comme en France) où la classe dirigeante homogène se réduit presque à la classe bureaucratique, devenue dominante, non seulement dans lÉtat, mais dans les partis, la banque et les entreprises multinationales. Ce quon appelle « RÉPUBLIQUE » est le pouvoir oligarchique de la classe bureaucratique dun État sans POUVOIR. Cest une forme originale de RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE. Les États-Unis sont aussi devenus une « RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE ». Quant à la classe républicaine française, elle protège son pouvoir en participant au niveau européen et mondial à la politique oliguarquico-impériale et idéologique postmoderne. Il existe encore dans le peuple français un concept, authentique, mystique, de la République et de ses Valeurs. Dans cette conception, la RÉPUBLIQUE (comme la DÉMOCRATIE) est moins une théorie politique quun idéal philosophique de salut de lHomme dans la Cité, une mystique de la Raison, ou de la Nature, ou de la Liberté. Dans un contexte postmoderne de« RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE », cette RÉPUBLIQUE-mystique est surtout un thème théorique. Mais cest une grande question qui se fond dans Lavenir de lhumanisme. Que faut-il appeler « RÉGIME MIXTE » ? Historiquement, dans toute société dune certaine importance, les quatre organes politiques de base se développent lun après lautre (POUVOIR, ÉTAT, RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE) à lintérieur du processus de croissance économique, démographique et culturelle inséparable dune culture de liberté ordonnée. Elle atteint plus ou moins vite un degré de croissance suffisant pour réaliser effectivement la constitution politiquedune SOCIÉTÉ LIBRE développée ; SOCIÉTÉ LIBRE (au sens dune société non corrompue) dont la constitution permet de coordonner les intérêts de classe et de préserver le bien commun. Une société libre possède donc assez vite un RÉGIME MIXTE. Lanalyse ici proposée par Henri Hude se rattache, selon lui, avec souplesse, à la théorie politique classique, et à ses classifications des régimes politiques[2]. Que faut-il appeler POUVOIR ? La strate la plus profonde dune SOCIÉTÉ LIBRE, cest celle du POUVOIR. Le POUVOIR nest pas une idée, mais tout simplement un chef juste et fort, un individu détenant un pouvoir personnel. Dans une société civilisée, ce chef se conduit (par hypothèse) de manière à mériter confiance et à instaurer la confiance. Cest autour du POUVOIR, garant de la Loi de paix, que sagrège une communauté civilisée, et que se scelle le pacte social dune cité libre. LÉTAT nest pas lui, mais il nest pas sans lui, car sans lui, il devient ou bien une impuissance, ou bien un enjeu de luttes entre factions, ou bien un outil de domination au service dintérêts égoïstes. Tout cela peut se réaliser concrètement de bien des manières. Que faut-il appeler ÉTAT ? La seconde strate dune SOCIÉTÉ LIBRE, cest celle de lÉTAT. Lensemble des personnes qui assistent le POUVOIR et qui forment la classe bureaucratique[3], sont l'ÉTAT, au sens réel et concret du mot. Elles assistent moins le POUVOIRen raison dune fidélité à sa personne que dune loyauté à sa fonction. Si le POUVOIR nexistait plus au centre de lÉTAT, comme la reine dans la ruche, lÉTAT ne serait plus quune machine, aussi pesante quimpuissante. Ou bien la classe bureaucratique deviendrait la république, voire loligarchie. Lesprit et lessentiel comptent plus que les formes, qui sans eux sont des mythes et des rites[4]. Fausser les définitions précédentes conduit à ignorer la constitution libre le « régime mixte »[5] Dans la RÉPUBLIQUE selon Rousseau, le Peuple lui-même dans son ensemble pourra et devra être le POUVOIR suprême ou Souverain (le POUVOIR, lÉTAT), et tous, étant égaux, feront partie de lélite (le Peuple sera donc la RÉPUBLIQUE[6]) et cette élite, sans représentants[7], dirigera le Peuple qui légifèrera ainsi lui-même absolument (ce qui fait de la République une sorte de DÉMOCRATIE absolue). Les quatre organes sont donc identifiés en un seul. Ce nest pas là une politique mais un idéal spirituel qui doit donc être évalué en tant que tel. Si cette mystique finit en politique, cette politique-là consistera dans le pouvoir dune élite composée didéologues réputés vertueux[8], ou de bureaucrates réputés rationnels, ou de politiciens réputés républicains. Il y a des chances pour que cela finisse mal. Aucun pays na intérêt à être gouverné par une classe didéologues. Il nest cependant pas exclu quun peuple puisse prendre plaisir à se faire mystifier. Les idéologies et mythologies politiques ont pour effet de faciliter linstauration de la « république sans démocratie » cest-à-dire le gouvernement du pays où lintérêt des citoyens est négligé au profit de lidéologie, ou bien des intérêts particuliers de la classe dirigeante que lidéologie pousse au pouvoir. Que faut-il appeler DÉMOCRATIE ? (De Démos : peuple, kratein : gouverner). Quand un ÉTATou une RÉPUBLIQUE, progressivement la masse du peuple, à commencer par les classes moyennes, ou quand cette masse impose sa présence ; quand elle influence la RÉPUBLIQUE, participe à laction de lÉTAT et à la vie politique de la Cité alors naît une DÉMOCRATIE. Cela ne signifie pas que la RÉPUBLIQUE (réelle) doive disparaître, mais que se forme dans le corps de la société libre un nouvel organe de pouvoir appelé pouvoir démocratique. Si ce nouvel organe peut combiner son action avec celle des précédents, en un mot, sil devient fonctionnel, il peut intervenir dune manière assez efficiente et harmonieuse, à lintérieur du RÉGIME MIXTE. Un organe de pouvoir nest pas démocratique du fait sil soit simplement élu et exprime lopinion publique instantanée. Il ny a démocratie effective dans le régime : que sil y a un régime capable de faire une politique conforme aux intérêts des classes moyennes et populaires. que sil existe aussi un POUVOIR. Car loligarchie ne peut être réduite à tolérer un régime mixte que par une alliance entre le Démos et un vrai POUVOIR. Cest là la vérité des pensées capétiennes et gaullistes. Cette alliance, en dehors de telle ou telle forme de régime mixte faisant sa juste place à la RÉPUBLIQUE présente laspect dune entreprise tyrannique[9]. Les failles dune RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE Dans une « RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE », les fictions juridiques, la propagande médiatique, les représentations mythologiques, et les concepts idéologiques ont pour effet de brouiller les idées de la RÉPUBLIQUE et de la DÉMOCRATIE, et de troubler la perception du RÉGIME MIXTE. Elles empêchent son fonctionnement au bénéfice des oligarques, bureaucrates et idéologues. Alliées entre elles, ces diverses classes écrasent la classe moyenne (notamment les petits patrons), assise sociale de la DÉMOCRATIE, divisent le peuple et manipulent le prolétariat. Ainsi sefface la DÉMOCRATIE effective, cest-à-dire que lorgane réputé démocratique à lintérieur du RÉGIME MIXTE, perd ainsi tout pouvoir et toute fonction. Ainsi sinstaure, sous la dénomination de DÉMOCRATIE, ce qui, pour une analyse classique se nomme oligarchie. Sans doute les formes de la DÉMOCRATIE ne sont-elles pas abolies, mais elles subsistent de plus en plus comme des formes vides, tout comme, sous lempereur Auguste les formes de la RÉPUBLIQUE romaine perduraient[10]. Souvent, loligarchie est une république resserrée, (étriquée), où les entreprises multinationales ont pris le pas sur les nationales, et les financières sur les industrielles. La pérennité du POUVOIR et de la RÉPUBLIQUE grâce aux institutions démocratiques POUVOIR et RÉPUBLIQUEcontinuent dexister de deux façons : Selon lesprit dun RÉGIME MIXTE, les pouvoirs publics démocratiques laissent exister des pouvoirs privés et des coalitions de pouvoirs privés, qui ont presque un statut public. Ils les consultent et tiennent compte de leurs avis. On institue parfois des conseils où les divers intérêts dialoguent et cherchent un compromis. Selon la culture dune SOCIÉTÉ LIBRE, ceux qui exercent le pouvoir dans des institutions démocratiques, ne doivent pas oublier que les organes démocratiques, même sils sont juridiquement les seuls organes politiques, doivent continuer dêtre organes de la RÉPUBLIQUE et même du POUVOIR. Le véritable chef démocratique Le chef dune DÉMOCRATIE durable, sil est un véritable homme dÉTAT, se conçoit comme la tête dun RÉGIME MIXTE. Il est à la fois : le souverain dont un peuple a toujours besoin pour sa sécurité, son pacte social et son unité ; le président dune république sans laquelle un peuple naurait aucune dynamique ; le défenseur dun peuple qui doit pouvoir sidentifier à lui et garder part au bien commun ; enfin, certes, le chef dun parti, mais étranger au sectarisme et qui, dans le fond de son esprit ne se sent lié quau bien du tout. Pour lui, les autres partis, sont des partenaires et des forces complémentaires utiles au bien commun[11]. Il comprend lutilité dune pluralité de partis, mais ne rêve[12] pas que ces machines puissent jamais avoir beaucoup dâme et beaucoup desprit. Il lui suffit de savoir les manier. Telle est la mentalité des hommes dÉTAT, développée par la culture classique[13], qui libère des idéologies et préserve le RÉGIME MIXTE. Toutes affirmations qui doivent être tempérées par un coefficient (variable) dinévitable imperfection, inhérent à toutes choses humaines. B/ PRÉCISIONS SUR LA SOCIÉTÉ LIBRE Définition « Nous entendons par SOCIÉTÉ LIBRE développée un régime mixte, cest-à-dire un mélange raisonnable dOLIGARCHIE et de DÉMOCRATIE[14] : laissant aux élites initiative et liberté, assurant aux classes populaires protection et sécurité, solidarité, participation et promotion des meilleurs. Un tel mélange constitue un régime équitable, qui est solide, sil est en outre dirigé par un organe exécutif juste et efficace, un ÉTAT, culminant dans une tête dotée des prérogatives nécessaires. Cet ÉTAT fait régner le DROIT, le DROIT étant une force qui se maîtrise elle-même, tout en garantissant le respect de la loi naturelle[15]. Ce RÉGIME MIXTE qui peut prendre un grand nombre de formes concrètes, est le seul durable, pour des raisons que la tradition philosophique a bien identifiées[16], les autres régimes font trop violence, respectivement, ou à légalité (OLIGARCHIE pure), ou à la liberté des élites (DÉMOCRATIE pure), ou à lautorité (excès de collégialité, défaut dunité exécutive, ou au contraire tendance au despotisme). Observations constructives 1.Une SOCIÉTÉ LIBRE nest pas une création arbitraire, ou fortuite. Elle est le résultat dune croissance et dune évolution naturelles, si, en outre, certaines conditions culturelles sont données. La société prospère et croît. Plus riche, mieux instruite, plus liée, plus confiante si laculture et la politique ny font pas obstacle , elle tend alors vers des formes de gouvernement plus tempérées et plus participatives. 2. Les conditions culturelles qui accélèrent ce mouvement ne sont pas elles non plus arbitraires, mais limitées par des exigences de fonctionnalité. Et cest parce que le peuple se dote durablement dune culture fonctionnelle de liberté quil peut devenir un peuple libre et le rester. 3. La valeur dune SOCIÉTÉ LIBRE ne tient pas à une décision arbitraire. Cette valeur simpose dabord pragmatiquement. Les gens ayant acquis progressivement plus de moyens daction, aspirent naturellement à lexercice de leur pouvoir et souvent cela na rien de plus que raisonnable. À moins de violence, il est impossible de les condamner à y renoncer. .Cette valeur simpose aussi moralement. Elle reçoit en effet une justification rigoureuse puisque la loi morale est une loi de paix authentique. Or, la paix requiert daccompagner cette évolution aussi naturellement que la croissance dun adolescent. Et ainsi la marche dune société civilisée vers la SOCIÉTÉ LIBRE est conforme à la loi morale qui est en outre la première loi politique. Toutefois, ceci nest vrai que si lon parle dune SOCIÉTÉ LIBRE qui se définit par rapport à la liberté juste que la tradition philosophique nomme pratique. La liberté quelle nomme pathologique, cest-à-dire la faculté de suivre un désir sans loi et dêtre injuste (parasite, prédateur, tyran, etc.) ne peut servir de principe ni à une SOCIÉTÉ LIBRE, ni même à une société civilisée. La loi naturelle est ce qui fait la différence entre le pratique et le pathologique. 4. Le concept classique de corruption duneSOCIÉTÉ LIBRE se définit ainsi : quand uneSOCIÉTÉ LIBRE définit sa culture et ses institutions à partir de lidée de la liberté pathologique, alors senclenche le processus de régression. La liberté est dite pathologique lorsque lindividu a peur de la liberté pratique, laquelle suppose la raison et la loi, et quil définit sa liberté par une indépendance par rapport à cette dernière. Lindividu justifie alors sa conduite de deux façons différentes : a) par linexistence prétendue de règles objectives dont on pourrait être certain ; b) par le rejet de la contrainte sociale qui pourrait résulter de lexistence des règles vraies, si celle-ci devait être reconnue. Une culture incorporant la définition pathologique de la liberté est non fonctionnelle, car constitue une régression vers létat de nature. Pour lessentiel, elle contredit lidée même dune « loi de paix ». Une idéologie a pour fonction de permettre à une société en corruption de croire quelle est en progrès, et quelle pourrait éviter de régresser vers la loi de nature ; elle masque des ambitions dindividus ou de groupes. 5. La SOCIÉTÉ LIBRE ne saurait être stationnaire, mais en croissance durable. Tant que la culture reste fonctionnelle (tant que la liberté reste définie comme pratique, par le devoir et la loi naturelle, sous un POUVOIR légitime), la SOCIÉTÉ LIBRE reste progressive et en croissance. Réciproquement elle reste libre aussi longtemps quelle reste en croissance, mais pas au-delà. La liberté pathologique met fin à la liberté pratique en annulant par la corruption les avantages que comportent les institutions libres. 6. Une strate supérieure de la SOCIÉTÉ LIBRE (par exemple la DÉMOCRATIE) ne peut se constituer dans lHistoire que sur le fondement de strates déjà existantes. Et elle ne peut subsister durablement que si les strates précédentes continuent à subsister en-dessous delle. Inversement, si lon bloque la constitution des strates nouvelles, les strates précédentes elles-mêmes se décomposent et lon tend à faire retour à la société non libre, voire non civilisée (« état de nature »). 7. Lapparition de strates supplémentaires dans la SOCIÉTÉ LIBRE seffectue naturellement selon le processus de croissance, sous condition dune culture fonctionnelle. En effet, la croissance économique conduit à linstitutionnalisation de lÉTAT, à la participation des élites économiques (= RÉPUBLIQUE) et à linstallation dune représentation démocratique, à travers le développement des classes moyennes. 8. En règle générale, il ne peut donc exister de DÉMOCRATIE sans RÉPUBLIQUE, ni de RÉPUBLIQUE sans ÉTAT, ni dÉTAT sans POUVOIR, pas plus quil ne peut exister de POUVOIR sans confiance, donc sans pacte social, autour de la loi naturelle (loi de paix) et de la force destinée à la garantir. Il en est ainsi pace que RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE, ÉTAT, POUVOIRne sont pas des idées a priori mais des exigences de la Raison[17]. Ces termes désignent modestement des organes vitaux, permettant lexistence politique duneSOCIÉTÉ LIBRE. La logique vivante à laquelle ils appartiennent peut être cependant formulée en principes rationnels. À mesure que le peuple se développe, ses organes de pouvoir ont besoin, pour demeurer efficients, de formaliser leur action. 9. Les crises politiques de la SOCIÉTÉ LIBRE sinterprètent comme des disproportions entre ces organes, au cours du processus de croissance. Il en existe plusieurs espèces dont les plus simples sont représentées dans le tableau suivant. . | République | Démocratie | Etat | Pouvoir | 1. République | X | sans↑ OLIGARCHIE | sans↑ ANARCHIE | sans↑ ANARCHIE | 2. Démocratie | sans↑ COMMUNISME | X | sans↑ ANARCHIE | sans↑ ANARCHIE | 3. Etat | sans↑ AUTORITARISME | sans↑ AUTORITARISME | X | sans↑ ANARCHIE | 4. Pouvoir | sans ↑ DICTATURE | sans ↑ DICTATURE | sans ↑ DICTATURE | X |
10. Comment sexpliquer les crises politiques ? Elles se produisent de trois façons différentes A/ Les crises autoritaires : on veut faire preuve dautorité en voulant arrêter le développement de nouveaux organes, soit par désir de conserver un pouvoir plus absolu, soit par peur de la désorganisation via la corruption, risque permanent lié à la liberté. B/ Les crises libertaires : on sillusionne à vouloir rendre la société plus libre en prétendant se passer de lun des organes de pouvoir déjà existants, au lieu denvisager den changer le statut qui préserverait sa fonction ; on agit ainsi, ou par amour pervers de la corruption, ou par utopie, ou par idéologie. C/ Les crises mixtes (ploutocratiques par exemple) : Ainsi, en Occident, au XXIe siècle, et notamment dans lUnion européenne (UE), où deux choses sont combinées : 1° le blocage autoritaire de la représentation démocratique effective, en enlevant aux pouvoirs nationaux la plupart de leurs instruments de pouvoir ; 2° la régression anarchique et lillusion idéologique davoir supprimé le POUVOIR en installant de fait, sous la dénomination de DÉMOCRATIE une «RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE et sans POUVOIR», et une administration impuissante, le tout nayant pour logiciel que lidéologie libérale postmoderne. Avant lUE en France, la crise de lAncien Régime qui aboutit à la Révolution de 1789, était une crise mixte, combinant le refus dun ÉTAT de faire place à une RÉPUBLIQUE et lillusion de cette future RÉPUBLIQUE de supprimer au moins le POUVOIR. . 11. Comment la démocratisation peut devenir une technique de domination. Dans lévaluation dune situation concrète, la prudence politique devra tenir compte de cette historicité évolutive des organes de POUVOIR, de leur apparition successive accompagnant la croissance de la SOCIÉTÉ LIBRE. On nuirait à la liberté en voulant la faire pousser trop vite, et encore plus en confondant la corruption et le progrès. En matière de DÉMOCRATIE comme de religion, il faut se méfier des messianismes armés, ou qui ont des intérêts trop évidents. 12. Le terme de DÉMOCRATIE permet déviter lexpression appropriée de «RÉPUBLIQUE sans DÉMOCRATIE». La raison pour laquelle les peuples croient si volontiers aujourdhui à des théories du complot, cest quils sont le jouet constant des manipulations du vocabulaire. Des républiques autoritaires et régressives dont les politiques financières et commerciales font divorcer le travail et le capital, continuent à sappeler démocraties pour duper le peuple. Les oligarques eux-mêmes se croient démocrates. Ce quon appelle encore lÉTAT nest proprement quune machine sans POUVOIR, entre les mains dune OLIGARCHIE qui sert ses intérêts en abandonnant ceux du Peuple, son droit au travail, notamment. Lidéologie permet dappeler liberté ce déploiement arbitraire de légoïsme, individuel et de classe. Pragmatiquement, la seule définition honnête de la DÉMOCRATIE, cest « un régime où les affaires dun pays sont gérées dans lintérêt des classes moyennes et populaires » LOLIGARCHIE, par définition et à la différence de la DÉMOCRATIE (intérêt national), a un intérêt dabord international. Linternationalisme oligarchique est ainsi, souvent, une tentative pour contrer et pour contourner un socialisme national. Un socialisme internationaliste admettant léconomie de marchés de type oligarchique est une contradiction dans les termes. 13. Perspectives dévolution de la RÉPUBLIQUE postmoderne sans DÉMOCRATIE. Sur quel régime peut déboucher la crise de la société occidentale dominée par lindividualisme postmoderne ? La réponse se trouve dans le livre de Marx sur le coup dÉtat du 2 décembre 1851[18], qui mit fin à la Deuxième République française. Par les modes de vie et les technologies qui vont avec, les peuples occidentaux du XXIe siècle aliénés par lidéologie libertaire postmoderne et son Léviathan médiatique , ne sont pas sans quelque analogie avec la paysannerie du XIXe ? Apeuré par le chaos dun nouvel état de nature, un peuple postmoderne, lui non plus, ne pourra peut-être imaginer dautre retour à létat civil, que par un pouvoir personnel protecteur résultant dun pacte social hobbésien[19] passé à loccasion dun coup de force mettant à bas lOLIGARCHIE. La question se pose alors de savoir quel sera le nouveau pouvoir et que fera-t-il ? Se limitera-t-il à un contrôle social morne et totalitaire ? Se lancera-t-il dans une sorte de fascisme anarchisant ? Restaurera-t-il de fond en comble la SOCIÉTÉ LIBRE ? Cela dépendra aussi beaucoup de la société elle-même et de son aptitude à rompre avec la liberté pathologique, pour retrouver et réinventer, hors idéologie, sa culture fonctionnelle de liberté. 14. En conclusion, les trois grandes pathologies de laSOCIÉTÉ LIBRE développée, désignées par leurs noms les plus appropriés : a) La« DÉMOCRATIE sans RÉPUBLIQUE ». Elle se produit quand la DÉMOCRATIE dévore la RÉPUBLIQUE, pendant que lÉTAT démagogue, étouffant le marché, finit par affamer le peuple. b) La « RÉPUBLIQUEsans DÉMOCRATIE ». Là, inversement, la RÉPUBLIQUE dévore la DÉMOCRATIE, et ce sont lOLIGARCHIE et lEMPIRE : car un régime trop oligarchique ne peut résister au-dedans à la pression démocratique, sans trouver au dehors une soupape dans une forme ou une autre de pillage dennemis désignés , ou de taxation de tributaires, et donc se lancer dans de perpétuelles aventures militaires et conquérantes[20]. Le commerce équitable est pacifique, il est vrai, mais lesprit du commerce oligarchique (pétrole, armes, céréales, matières premières, finance, etc. ne se distingues en rien dune guerre de pillage. c)La « DICTATURE sans RÉPUBLIQUE ni DÉMOCRATIE ». Les guerres dun EMPIRE qui fuit toujours en avant, et lANARCHIE résultant de la confusion des peuples et de laffaiblissement des États, poussent ou exposent la RÉPUBLIQUE oligarchique à subir elle-même la dictature de lexécutif. Celui-ci développera un monstrueux appareil sécuritaire. Il sera aussi tenté de sappuyer.sur une plèbe désespérée. Mais pour se maintenir, il renforcera la corruption du peuple, qui en mine la force, en dissout le jugement et la culture. C/ NOTION DE CULTURE FONCTIONNELLE Jusquici, la SOCIÉTÉ LIBRE a été considérée de lextérieur avec ses organes de pouvoir, sa constitution politique. Nous allons maintenant jeter un bref regard sur ce qui la configure, cest-à-dire sur sa culture. Les divers sens du mot culture Une culture peut être définie du pont de vue fonctionnel : du côté du corps social : elleen est comme un organe immatériel permettant la décision commune, le choix social, remplissant ainsi une fonction indispensable à son unité daction et à sa vie. du côté des membres qui, eux aussi ont à décider si elle est ou bien un ensemble de principes de décision, ou bien laction de perfectionner cet ensemble, ou bien le résultat de ce perfectionnement (la qualité personnelle en laquelle consiste ce résultat). La culture et la personne Vue du côté des membres de la société, la « culture » est une sagesse reçue qui devient une sagesse accomplie, par lacquisition rationnelle et critique (réfléchie) de ce qui a été reçu. La culture accomplie des décideurs est une sagesse pratique. En très bref, elle résulte dune action continue visant à perfectionner leur conscience de la philia (amitié, cohésion). Celle-ci, fondamentalement permet la synthèse de leurs idées en une pensée, ainsi que la synthèse entre leur pensée et leur action. Cest sans doute là le sens le plus personnel du mot culture. La pensée de la loi naturelle dans la philia nest donc pas une simple pensée particulière, ni seulement une morale, mais une façon pour nous dappréhender lordre et le sens de la totalité, tout en nous y insérant de manière responsable. Cette conscience naît en lindividu au sein dune tradition (dune culture reçue) et dun dialogue avec des égaux. Ceci commence par la famille. Schématiquement la mère apporte lamour et lunité, le père apporte la loi et la distinction, lunion entre les deux confère force à lamour et bonté à la loi. Le couple dans son être est la vraie matrice éducatrice de la culture morale dune société libre. Il sagit donc de « cultiver la culture » dans la personne de dépasser lidée de la contingence, ou de larbitraire des formes culturelles, et en même temps de découvrir le propre « je » comme pouvoir dinterrogation radicale. La personne qui se cultive va interroger ces « apports », en y réagissant diversement. Dans le meilleur des cas, elle va découvrit en cette culture plus que des « opinions » une interprétation particulière et plus ou moins originale et vraie de lordre universel, de son dynamisme et de la loi naturelle. Cette loi est pour lHomme la structure même de lunité sociale, la définition de lespèce, la condition de la paix et de la survie, lorientation du dynamisme de lêtre individuel, le principe de sa liberté pratique. Cest aussi le vrai fondement des sciences de lHomme. La culture et le corps social Comprise du côté du corps social, la culture est dabord la pensée commune permettant la décision commune et laction commune. Une société est « un corps fait de membres pensants » ; elle existe et subsiste par leffet de décisions individuelles et collectives. Celles-ci ne peuvent résulter que de lapplication ordinaire et cohérente de principes daction formant culture commune. Cet organe vital immatériel est nécessaire à la vie sociale ; il ne peut pas prendre nimporte quelle forme arbitraire, puisquil doit rester fonctionnel et en particulier respecter la loi naturelle. À cette condition, la culture, activée dans des jugements personnels, joue chez lhomme un rôle aussi vital que les instincts sociaux chez les animaux. La philia et le respect comme noyau de la culture fonctionnelle La philia est réellement, pour un corps social libre et civilisé, lanalogue de la force gravitationnelle dans le cosmos. Une société libre a besoin dune culture commune, mais adaptée à son caractère propre. Cest pour cette raison quelle a besoin dune culture de liberté. Définie de lintérieur, la SOCIÉTÉ LIBRE est celle où existe une culture commune de liberté. Comme seule est fonctionnelle une liberté pratique (commune à tout être humain), laculture fonctionnelle dune société libre est nécessairement une interprétation tolérable de la loi naturelle Cest elle en effet qui limite larbitraire sans arbitraire et qui conditionne la paix authentique (sans violence, ni ruse). Une culture est dite fonctionnelle.si elle remplit sa fonction sociale et donc naturelle, qui est de permettre laction commune et la paix authentique dans la société. Or, la guerre cesse si tous respectent ensemble des principes actifs objectifs limitant larbitraire, motivant la conscience et permettant la paix. Ces principes pratiques, qui ne peuvent pas être réduits à de simples procédures, composent la loi naturelle, ainsi justement nommée pour indiquer à la fois luniversalité de ces principes, leur indépendance à légard de larbitraire individuel ou collectif, et leur relation à la vie même de lanimal raisonnable social (lHomme). Lhomme sent quil est fait pour faire corps en paix avec les autres, en société, avec honneur, en liberté, dans la justice et la philia. Tel est son devoir et son bien, devoir qui nest pas facultatif ou hypothétique. Il ouvre sur un absolu. Telle est sa loi naturelle, inséparable de la conscience quil a de son être, de son désir profond et de son pouvoir de sagesse. Les conditions dune culture fonctionnelle Une culture fonctionnelle est une approximation tolérable et une interprétation fonctionnelle de la loi fondamentale. Sa fonction, sa valeur, et son intention sont donc la paix authentique ; sa règle et son contenu sont la loi naturelle, résumé de sagesse et limite de tout arbitraire. En cela réside son universalité. Les paradoxes dune culture commune de liberté Le problème le plus ardu dune SOCIÉTÉ LIBRE, cest quelle doit avoir une culture commune ET fonctionnelle ET de liberté. Comment concilier ces trois caractères ? Il nest pas aisé dexpliquer : en quel sens un citoyen pensant devrait forcément adopter la culture commune de sa société, fût-elle une culture de liberté ; quel sens cela a-t-il de faire corps social en tant quêtre pensant, ou en tant quesprit libre ? à quelle extrémité lesprit de corps pourrait-il faire abandonner à une personne sa conscience et sa raison[21] ? Et comment faire comprendre que : pour être fonctionnelle, surtout dans un monde globalisé, une culture doit comporter suffisamment de vrai et de juste ? lon peut adhérer librement à une tradition, non par routine, mais parce quelle est vraie ? Remarques concernant le relativisme culturel Une fausse solution à de vrais problèmes Des idées simplistes telles que : celle dune culture individuelle (« ma culture »), celle dune culture commune qui procéderait par libre agrégation de cultures individuelles, relatives et subjectives, ne sauraient résoudre la question mais ont pour effet de camoufler les principaux problèmes : 1° la recherche de la cohérence du cur avec la vérité objective du Bien est la forme la plus haute dun projet de liberté et de vie spirituelle. Ce qui compte est la vérité absolue. 2 si la simple idée de la vérité absolue terrifie comme une promesse de totalitarisme, alors la recherche pragmatique de la paix civile et un moralisme citoyen pourraient éventuellement tenir lieu de morale et de vie spirituelle sauf quune structure aussi molle ne peut produire ni un sens élevé du devoir, ni capacité à se développer, individuelle ou collective. 3° il faut bien affronter lidée dune « culture commune et librement personnelle ». Reçue, en effet, une culture ne peut pas devenir personnelle tant quelle ne mérite pas, aux yeux de la personne, de devenir commune et partagée, à cause de sa vérité et de son universalité. Linverse est aussi vrai : une culture ne peut pas devenir commune, si elle ne peut pas devenir personnelle, en se faisant recevoir dans la liberté dun être. La culture, organe immatériel de la paix peut devenir un facteur de guerre, aussi bien entre sociétés et cultures quà lintérieur de sociétés à plusieurs cultures. Ces problèmes de compatibilité sont solubles sils sont pris à partir de lidée de la Vérité Dans une même tension vers luniversel, à travers des inter-interprétations bienveillantes, chacune des cultures peut être une interprétation en partie plausible de la Vérité. En outre, une amitié peut se nouer dans des collaborations pragmatiques appropriées, menées dans un esprit commun de respect de la loi non faite de main dhomme. De tels problèmes de compatibilité entre les cultures deviennent par contre insolubles, sils sont interprétés à partir dun préjugé relativiste. En les encourageant à se comprendre comme des particularismes et des subjectivismes collectifs, elle les pousse au contraire à affirmer avec plus de violence que jamais leur valeur et leurs prétentions éventuelles à luniversalité. Bien que lidéologie relativiste puisse apparaître comme un bon moyen de faire se rapprocher des cultures intolérantes et belliqueuses, elle est malheureusement non fonctionnelle parce quelle prétend imposer universellement son arbitraire culturel au nom dune idée aussi rusée quindéfendable de la justice. Elle nest donc pas une culture fonctionnelle de liberté (pas même comme simple culture politique) et elle ne peut servir à lier sagement un corps. Lidéologie relativiste fait violence au juste désir humain de vérité universelle, inséparable de la raison. En toute culture, ce désir obtient une certaine réalisation : « Qui manquerait une porte[22] ? » Une culture va toujours droit à une reconnaissance raisonnable, en tant que vérité universelle plus ou moins accomplie, et non en tant quaffirmation arbitraire, individuelle ou grégaire. Cette reconnaissance nexclut pas la critique, et toutes les cultures peuvent essayer de converger dans les hauteurs, si un suffisant souci de vérité universelle garantit leur authenticité rationnelle, donc humaine.
[1]ECONOMICA ,février 2013 [2] Montesquieu, Esprit des lois, Livre III. Suggestive notation dAristote de quatre régimes politiques, Rhétorique, Livre I, chap. 8. [3]Hegel, Principes de la philosophie du droit, §287-297. [4] Ce qui, au reste, nest pas insignifiant ; cf. Mircea Eliade, Aspects du mythe, Gallimard, 1963, synthèse, p. 156-157. [5] Le régime doit sentendre, très concrètement (et vu de lextérieur), comme lorgane de pouvoir au sein dun corps social. Mais la théorie classique reconnaît lexistence de régimes mixtes, combinant plusieurs sous-ensembles de pouvoirs en une seule organisation de pouvoirs, formant un unique régime mixte. Les régimes mixtes sont les plus stables, parce que généralement les plus justes. Cest cette organisation fonctionnelle dorganes de pouvoir quon doit appeler constitution. Dans une société libre pleinement développée, il existe donc à la fois et dune manière bien coordonnée, un POUVOIR, un ÉTAT, une RÉPUBLIQUE et une DÉMOCRATIE. Ces quatre entités forment quatre organes à lintérieur du corps politique et de son régime. Lattention exclusive à la technique juridique du droit public ne doit jamais effacer, ni occulter, ce sens des réalités politiques. [6] Dans la mesure exacte où lexcellence et la propriété peuvent se diffuser, laristocratie peut être ouverte et élargie. [7] Rousseau est hostile à la démocratie représentative, autant queux armées professionnelles : « Sitôt que le service public cesse dêtre la principale affaire des citoyens, et quils aiment mieux servir de leur bourse et de leur personne, lEtat est déjà près de sa ruine (
). A force de paresse et dargent, ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie, et des représentants pour la vendre. » Du contrat social, L. III, ch. 15. [8] Hegel, « Robespierre a pris la vertu au sérieux » (Leçons de philosophie de lhistoire, p. 342), cité par Janine Chanteur, La paix, un défi contemporain (1989) ; LHarmattan, p. 112. [9] « LOLIGARCHIE (
) est menacée dans son existence par deux graves périls : la révolte des masses et la dictature dun chef audacieux mettant le mécontentement général au service de sa dictature personnelle. » Robert Michels, Les partis politiques, Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, traduit de lallemand par S. Jankélévitch, Flammarion, 1971, p. 128. [10] « Auguste, rusé tyran, les conduisait (les Romains) à la servitude ». Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, ch. 13. [11] En particulier, lhomme dÉtat sait rapporter les trois grandes forces publiques (conservateurs, libéraux, travaillistes ou socialistes) à la structure de la justice qui compose le Pouvoir et son Etat avec le Marché et la Solidarité. [12] Ce genre de rêve serait fatal à sa carrière, cf. James Grant, John Adams, The Party of the One, NY 2005. [13]A contrario, lélimination de la structure classique démolit le régime mixte et prive la DÉMOCRATIE de cette aristocratie républicaine dont elle a besoin. [14] Aristote, Politique, Livre IV, ch.9, 1294a30 1294b40. [15] Dans une étude savante, Linvention de la loi naturelle. Des itinéraires grecs, latins, juifs, chrétiens et musulmans, Bayard 2012, Elisabeth Dufourcq soumet a priori la pensée naturelle à la norme de lidéologie libérale. [16] Aristote, op.cit., Livre V, ch. 1-8, 1301a20 1309a30. [17] Ilaétéchoisiicidelesreleverdans lordre logique dans lequel ils se trouvent énoncés. Exemple : RDC, République démocratique du Congo. etc. [18] Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1851-1852), traduit en français par Grégoire Chamayou, Flammarion, 2007. Marx explique la possibilité de la dictature personnelle de Napoléon III en la rattachant au mode de production de la paysannerie parcellaire. Ses membres, écrit Marx, enfermés dans lindividualisme par leur mode de production, ne pouvaient imaginer pour eux, en période de danger, une représentation politiqueautre quun pouvoir personnel auquel chaque individu se rattacherait directement pour sa protection. [19]Dans son livre le « Léviathan », Hobbes discute la thèse d'un contrat social (au profit de celui de « pacte social ») et de règles venant d'un souverain. Influencé par la première révolution anglaise, Hobbes développa l'idée selon laquelle, les hommes à l'«état de nature » cherchent uniquement à survivre, à assurer leur propre préservation, par tous les moyens nécessaires, n'obéissant qu'à ce qu'Hobbes appelle leur droit naturel : le fait que chacun ait la liberté totale d'utiliser sa puissance par n'importe quel moyen afin de se préserver lui-même et de préserver sa propre vie. [20] Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, dans uvres complètes, Seuil, 1964, ch.VIII, p.451, ch. XI, p. 456, c.2. [21] « La cohésion animique du peuple, base de la guerre totale », dans Erich Ludendorf, La guerre totale, Berlin (1935), Perrin 2010, p.67-102. [22] Aristote, Métaphysique, Livre II, 993b.
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