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Parcours psychophysique - Intelligence de l'amour





L’INTELLIGENCE DE L’AMOUR

Sont relevées 9 pensées directrices dont 8 en provenance du physicien

(DB) L’accumulation des nourritures terrestres peut apporter une certaine forme de sécurité. Et, puisqu’à l’origine, l’extérieur et l’intérieur étaient indifférenciés, on pouvait avoir l’impression de pouvoir accumuler sur le plan intérieur soit des expériences, soit certaines connaissances quant à la conduite à suivre.
(234-235-236)
– Est-ce à dire que l'accumulation de choses extérieures, physiques, matérielles, est indispen-sable à notre sécurité, et qu'un mouvement identique, une notion identique, un besoin identique existent dans la sphère psychologique, de sorte que nous accumulons à ce niveau-là, dans l'espoir de nous sentir en sécurité ?
– Oui, sur le plan intérieur, on espère pouvoir accumuler des souvenirs, des relations agréables, des choses ou des principes sur lesquels pouvoir s'appuyer.
– L'accumulation, sur le plan psychologique, est donc une illusion de sécurité, de protection, de certitude ?
– Oui. Il semble effectivement que la première erreur de la part de l'homme fut de n'avoir jamais fait la différence entre ce qu'il devait faire dans le domaine extérieur et ce qu'il devait faire dans le domaine intérieur.
– Or il n'y a qu'un seul et même mouvement, intérieur et extérieur.
– L'homme a élargi à sa sphère intime le mouvement qui se justifiait sur le plan extérieur, sans se rendre compte des problèmes que cela susciterait.
– Et où en sommes-nous aujourd'hui? Au point où l'être humain se rend compte de la situation et se dit : «Puis-je réellement me délester de tout ce capital de pensée et de sécurité ainsi accumulé, et m'affranchir du temps psychologique?» La chose est-elle possible ?
– Si nous disons que le temps psychologique vient de là, alors il devrait être possible de démanteler tout ce système, mais, s'il fait intrinsèquement partie de nous-mêmes, alors il n'y a plus rien à faire.
– Mais ce n'est pas le cas, bien sûr. Tout cela n'est pas imprimé en nous de manière indélébile.
– C'est ce que semblent croire la plupart des gens, à en juger par leur comportement.
– Bien sûr. Mais c'est absurde.

(D. B). Si ce système de fonctionnement n'est pas imprimé en nous de manière indélébile, alors il nous est possible de changer. Car, d'une certaine façon, c'est grâce au temps, à travers lui que le système s'est élaboré à l'origine. (236-237)
– Si l'on dit que tout est définitivement figé, la situation est sans issue.
– Oui, et je crois que c'est l'un des problèmes auxquels se heurtent ceux qui tablent sur l'évolution. Ils comptent sur l'évolution pour sortir de ce cadre figé. Ils ne se rendent pas compte que l'évolution, c'est la même chose - ou pis encore, car l'évolution est à l'origine même de la mise en place de ce piège.
– Oui. Donc, voilà le stade où j'en suis en tant qu'être humain. Je réalise tout cela, je suis pleinement conscient de la nature du problème. Une question me vient : cet esprit - mon esprit - peut-il s'arracher pour de bon à cette sphère, pour accéder, peut-être, à une tout autre dimension? Et, nous l'avons dit, cela ne peut advenir que grâce à la vision pénétrante.
– Elle surgit, semble-t-il, lorsqu'on remet tout en question et qu'on perçoit l'absurdité de la situation.
– Oui. Donc, la vision pénétrante a fait la lumière sur cette situation, en a montré les limites et nous a permis de voir au-delà - mais qu'y a-t-il, au-delà ?
– Il est très difficile de mettre cela en mots, mais nous avons dit qu'il fallait tout de même essayer.
– Oui. Je crois qu'il faut mettre cela en mots.
– Mais pourquoi, dites-moi ? Car il se pourrait en effet que nombre de gens préfèrent que tçut cela reste au niveau non verbal.
– Pouvons-nous dire que le mot n'est pas la chose? Une description, quelle qu'elle soit, n'est pas la réalité, n'est pas la vérité - quoi qu'on fasse pour l'embellir ou la minimiser. Nous reconnaissons que le mot ne correspond pas à cela, alors qu'y a-t-il au-delà de tous ces faux-semblants? Mon esprit peut-il être suffisamment dépourvu de désir pour ne plus se faire d'illusions, ne plus s'inventer d'objets transcendants?
– C'est donc une question de désir ; le désir entre forcément dans ce processus du temps.
– Le désir, c'est le temps. L'Être, le devenir sont fondés sur le temps.
– En réalité, ils se confondent.
– Oui, ils ne sont qu'une seule et même chose.
– Mais, quand la vision pénétrante nous fait prendre conscience de tout ce processus du désir, et de sa capacité à créer l'illusion, alors c'est terminé.

(D. B.) Puisqu'il s'agit d'un point tout à fait crucial, nous devrions essayer d'être plus explicites à propos du désir, de faire voir à quel point il est indissociablement lié au processus d'accumulation, de montrer la diversité de ses formes d'expression. (238-239)
On pourrait déjà dire que, à mesure que l'on accumule, un sentiment de manque se fait jour. On croit mériter mieux, on est en attente de ce qui comblera le manque. Quoi qu'on ait pu accumuler, la complétude nous échappe.
– En effet. Pourrions-nous d'abord creuser cette question du devenir? Pourquoi tous les êtres humains ont-ils une telle soif de devenir? Cela peut se comprendre dans le domaine extérieur, c'est relativement simple. Physiquement, on fait travailler un muscle pour le rendre plus fort. De même, on peut trouver un meilleur emploi, jouir d'un plus grand confort, et ainsi de suite. Mais pourquoi l'esprit humain a-t-il cette soif de devenir un être « éclairé » - gardons ce terme pour l'instant -en cherchant à devenir toujours meilleur?
– Cela doit provenir d'un sentiment d'insatisfaction par rapport à la situation existante. Tout individu ressent un besoin de plénitude. Supposons, par exemple, qu'il ait accumulé des souvenirs évocateurs de plaisir, mais que ces souvenirs ne lui suffisent plus : il a soif d'autre chose.
– Ce serait donc l'insatisfaction? C'est bien cela ?
– Il en veut toujours plus. Et il finit par avoir le sentiment que, ce qu'il lui faut, c'est le grand tout, l'absolu.
– Je me demande si ce n'est pas le mot « plus » qui fait que le bât blesse. Plus - je veux être plus, avoir plus, je veux devenir. C'est tout ce mouvement, cet élan qui nous pousse à gagner, à comparer, à progresser, à réussir - psychologiquement.

(D.B.) Le terme « accumuler » sous-tend implicitement l’idée d’un « plus ». Donc si l’on accumule, on accumule forcément toujours plus. C’est inéluctable. (239-240)
– Mais pourquoi cette soif dans l'esprit de l'homme ?
– Nous n'avons pas vu la nocivité de ce «plus» sur le plan intérieur. Pour une raison inex-pliquée, nous n'avons pas réalisé à quel point, ayant commencé par appliquer la notion d'un «plus» à l'univers extérieur, il était destructeur d'en élargir ensuite l'usage à notre univers intérieur.
– Mais pourquoi ? Comment se fait-il que des philosophes et des hommes religieux raisonnablement intelligents et ayant consacré une bonne partie de leur vie à s'accomplir n'aient pas compris cette chose si simple? Comment se fait-il que les intellectuels n'aient pas su voir ce simple fait - à savoir qu'en tout temps et en tout lieu accumulation et «plus» sont toujours allés de pair?
– Cela, ils l'ont compris, mais ils ne voient pas où est le mal.
– Je ne suis pas sûr qu'ils voient vraiment les faits.
– Ils cherchent à avoir toujours plus, et ils isent donc: «Nous sommes en quête d'une vie meilleure. » Par exemple, le xixe siècle fut le « siècle du progrès». Les hommes faisaient des progrès incessants.
– Des progrès extérieurs.
– Ils étaient persuadés que l'homme progresserait aussi sur le plan intérieur.
– Mais pourquoi n'ont-ils jamais remis cette idée en cause ?
– Qu'est-ce qui aurait bien pu les y inciter?
– Cette lutte perpétuelle pour le «toujours plus ».
– Ils la croyaient nécessaire au progrès.
– Mais est-ce cela, le progrès ? Faut-il nécessairement que l'univers psychologique soit envahi par des pulsions identiques à celles qui agitent le monde extérieur?
– Pouvons-nous indiquer clairement pourquoi c'est une démarche nocive sur le plan psycho-logique ?
– Réfléchissons. Psychologiquement parlant, en quoi l'accumulation est-elle nocive? Évidem-ment, elle crée une division.
– Quel genre de division?
– L'accumulation, de par sa nature même, suscite une division entre vous et moi, avec tout ce que cela suppose.

(D. B.) Pourrions-nous être plus précis? Car c'est un point crucial. Je constate que, vous et moi, nous avons chacun une façon d'accumuler qui nous est propre. Nous cherchons ensuite à imposer un mode d'accumulation commun, et c'est le conflit. Tout le monde devrait être «mieux», être «plus» - paraît-il. (240-241)
– C'est impossible. Cela ne se passe jamais ainsi. J'ai accumulé certaines notions psycholo-giques en tant qu'hindou, un autre a fait de même en tant que musulman... Les formes de division se comptent par milliers. L'accumulation, de par sa nature même, divise les hommes, elle est par conséquent source de conflit.
– Pouvons-nous donc dire que, par l'accumulation, l'homme cherche à s'assurer une sécurité psychologique, et que la sécurité, et l'accumulation qui va avec, est responsable de la division entre les hommes sur le plan psychologique ? Cela expliquerait pourquoi les êtres humains accumulent sans cesse, sans se rendre compte des conséquences. Mais, si l'on s'en rend compte, est-il possible de ne plus rien accumuler ?
– Supposons que mon esprit soit saturé par cette foule d'occupations diverses qu'est le savoir psychologique. Tout ce processus peut-il prendre fin? Bien sûr.
– À condition que l'esprit soit capable de remonter à la source du problème.
– Bien sûr qu'il en est capable. Il se rend compte qu'il est illusoire de voir dans l'accumulation un gage de sécurité.
– Or, selon nous, c'est le désir qui pousse les hommes à continuer sur cette voie.
– Non seulement le désir, mais cet instinct viscéral qui nous pousse à accumuler en prévision de l'avenir, par souci de sécurité. Cet instinct va de pair avec le désir. Donc, désir plus accumulation sont un facteur de division et de conflit. Alors, je vous le demande, tout cela peut-il prendre fin? Si ^cette fin requiert de notre part une action délibérée, nous en sommes toujours au même point.
– On est toujours dans le cadre du désir.
– Oui. S'il y a une récompense ou un châtiment à la clé, la situation demeure inchangée. L'es-prit, notre esprit, comprend donc la situation et -prend ses distances par rapport à tout cela. Mais l'esprit peut-il s'affranchir de toute accumulation? Oui, je suis convaincu que c'est possible - qu'il peut ne plus garder en lui la moindre trace d'accumulation d'un savoir psychologique.
– Oui, je crois qu'il nous faut réaliser que le savoir va bien plus loin qu'il n'est généralement admis. Par exemple, si vous êtes en train d'acquérir des connaissances concernant un microphone, vous vous en faites une certaine image, et tout contribue à alimenter cette image, vous vous attendez à la voir se perpétuer. Ainsi, si l'on se connaît soi-même, cette connaissance suscite une certaine image de soi.
– Mais peut-on se connaître soi-même ?
– Non, mais si l'on croit se connaître, si l'on croit possible de savoir quel genre d'individu l'on est, cela finit par former une image à la mesure de nos espoirs.

(K.) En fait, dès lors que vous vous connaissez, vous vous êtes déjà forgé une image. Mais, lorsqu'on réalise que toute accumulation de nature psychologique sous forme de savoir n'est qu'une illusion destructrice et une source de souffrances et de malheurs infinis, alors, c'est terminé. (242-243-244)
– Je connais certains aspects du savoir, et je sais qu'il est stupide d'appliquer à la connaissance de soi des critères identiques, mais il peut y avoir d'autres types de connaissances que je n'identifie pas comme étant un savoir.
– Quel genre de savoir, quelles autres formes de connaissances avons-nous? Nous avons des préférences, des attirances et des répulsions, des préjugés, des habitudes. Tout cela est une image qui a été créée par nous de toutes pièces.
– Oui. Or l'homme a évolué de telle manière que cette image paraît extraordinairement réelle. Que les qualités de cette image n'ont pas l'air d'être, en fait, une forme de savoir.
– Tout à fait. Donc, ainsi que nous l'avons dit, l'accumulation, c'est le temps, c'est aussi la sécurité, et, là où il y a accumulation d'ordre psychologique, il y a forcément division. Par ailleurs, la pensée est le mouvement entre le particulier et l'universel; la pensée naît aussi de l'image de ce qui a été accumulé. Tel est l'état intérieur de chacun d'entre nous. Tout cela est profondément ancré en moi. J'en admets la nécessité jusqu'à un certain point, sur le plan physique. Mais comment m'y prendre pour réaliser que sur le plan psychologique rien de tout cela n'est nécessaire? Comment vais-je faire, moi qui suis depuis des millénaires habitué à accumuler, tant sur le plan général qu'individuel, comment vais-je prendre acte de cette habitude, et, une fois cette habitude reconnue, comment ce processus va-t-il prendre fin ? Voilà la vraie question.
– Et quel rôle joue l'intelligence dans tout cela?
– Il faut que l'intelligence soit à l'œuvre pour voir tout cela.
– Mais est-ce l'intelligence qui est en jeu? S'agit-il de notre prétendue intelligence, ou d'une autre intelligence, de quelque chose de totalement autre ?

(D. B.) J'ignore ce que signifie l'intelligence pour le commun des mortels, mais si à leurs yeux c'est simplement l'aptitude à... (244-245)
– .... À discerner, à distinguer, à résoudre des problèmes techniques, économiques et autres, dans ce cas j'appellerais cela l'intelligence pratique, car elle n'est pas vraiment...
– Oui, on pourrait appeler cela un « savoir-faire abstrait».
– Un «savoir-faire abstrait»? - si vous voulez. Mais n'allons pas si vite, je tiens à découvrir ce qu'il en est. Je comprends la cause de l'accumulation et de la division, du désir de sécurité, tant individuel qu'universel - et de la pensée même. Je vois la logique du système. Mais ni la logique, ni la raison, ni les explications né mettent fin au processus. Une autre qualité est requise. Cette qualité, est-ce l'intelligence? J'essaie de faire abstraction un instant de la «vision pénétrante». L'intelligence est-elle associée à la pensée ? Est-elle liée à la pensée, en fait-elle partie, découle-t-elle des conclusions très claires, précises, exactes et logiques de la pensée?
– Cela reste toujours de l'ordre d'un savoir-faire sans cesse accru.
– Oui, effectivement.
– Mais, lorsque nous parlons d'intelligence, cela sous-entend que cette intelligence ait pour le moins une autre qualité.
– Oui. Cette intelligence, est-elle liée à l'amour?
– A mon avis, les deux vont de pair.
– Oui, j'y viens, mais ne brûlons pas les étapes. Donc, j'ai compris tout ce que nous avons évoqué, et je me trouve face à un mur infranchissable, dans l'incapacité d'aller plus loin. Et voici qu'à force d'observer, d'explorer de-ci, de-là, je tombe sur ce terme: 1'«intelligence». Et je me rends compte que cette prétendue intelligence de la pensée - ce savoir-faire - n'est pas l'intelligence véritable. Je fais un pas de plus, et je me demande si cette intelligence est associée, liée à l'amour, si elle fait partie de l'amour, qui, lui, ne peut faire l'objet d'aucune accumulation.

D. B. : Non, en effet, même si l'on essaie. Les gens voudraient tellement que l'amour teur soit garanti ! (245-246-247)
– Quelle absurdité ! Ce sont là des fadaises romanesques dignes du cinéma! L'amour, cela ne se stocke pas. On rie peut pas non plus l'associer à la haine. Cet amour-là est d'une tout autre nature. Cet autre amour a-t-il une intelligence ? Qui entre alors en action? Et brise enfin le mur?
Récapitulons, si vous le voulez bien. J'ignore ce qu’est cet amour-là. Je connais l'aspect physique des choses. Je comprends que l'amour, ce n'est pas le plaisir, le désir, l'accumulation, le souvenir ni les images. Je l'ai compris depuis longtemps. Mais j'en suis arrivé au point où je suis face à un mur si haut qu'il est infranchissable pour moi. J'explore donc ça et là pour voir s'il existe une démarche différente, un mouvement qui échappe à tout modèle humain. Et il se peut que ce mouvement, ce soit l'amour. Je suis désolé de recourir à ce mot, si abîmé, si galvaudé, mais nous garderons ce terme pour l'instant.
Est-ce donc cet amour, avec son intelligence propre, qui saura abattre, pulvériser ou anéantir ce mur ? Pas l'amour des «je t'aime » et « tu m'aimes ». Non, l'amour dont je parle n'est ni personnel ni général. Il n'est ni universel ni individuel. Il va bien au-delà. Je crois que lorsqu'on aime de cet amour-là, cela englobe tout, cela transcende l'universel et l'individuel. Voilà ce qu'est cet amour. Ce n'est pas une lumière particulière: il est la lumière. Si cet amour est l'élément capable de briser le mur qui est là devant moi, alors, effectivement, j'ignore tout de cet amour. En tant qu'être humain, j'ai franchi certains stades, mais je ne peux aller plus loin et rencontrer cet amour. Que faire alors? Non, il ne s'agit pas de «faire» ou de «ne pas faire», mais de se demander: dans quel état d'esprit suis-je lorsque je réalise que toute ten-tative de mouvement de ce côté-ci du mur ne fait que le renforcer? Je réalise, que ce soit par la méditation ou que sais-je d'autre, qu'il n'y a pas de mouvement possible, mais que l'esprit ne peut franchir ce mur.
Or voici que vous venez à moi et que vous me dites ; « Écoutez, ce mur peut être brisé, anéanti : il vous suffit d'avoir cette qualité d'amour doublé d'intelligence. » Et je dis : «Très bien, mais j'ignore tout de cet amour. » Que puis-je faire ? Je ne peux rien faire - et j'en prends conscience. Quoi que je fasse, je reste toujours de ce côté-ci du mur.
Suis-je donc au désespoir? Non, bien évidemment, car, si je suis désespéré ou déprimé, je suis toujours dans la même sphère. Donc, il faut que tout cela cesse. Lorsque je réalise que je ne peux absolument rien faire, que se passe-t-il dans mon esprit ? Tout cela cesse. À l'instant même où je réalise cela, tout mouvement cesse. La chose est-elle possible? Suis-je au contraire en pleine illusion? Ai-je réellement vécu tout cela pour en arriver à ce point? Ou me dis-je soudain: «Je dois faire silence » ?
Se pourrait-il qu'il se fasse au sein de mon esprit une révolution, au sens où tout mouvement a complètement cessé? Et, si tel est le cas, l'amour est-il quelque chose qui serait là-bas, au-delà du mur?
– Cela n'aurait aucun sens.
– Bien sûr, ce serait hors de question,

(D. B.) Le mur lui-même est le produit de ce processus qui n'est qu'une illusion. (247-248)
– Exactement. Je réalise que le mur est ce mouvement. Donc, quand ce mouvement cesse, cette qualité d'intelligence, d'amour est présente. Tout est là.
– Oui. Pourrait-on dire que le mouvement cesse.... que le mouvement se rend compte qu'il n'a aucune raison d'être?
– C'est comme le «sixième sens» grâce auquel on sent le danger.
– Peut-être, en effet.
– Oui. Tout danger requiert de notre part une certaine vigilance. Mais je n'ai jamais compris en tant qu'être humain que le processus accumulatif constituait un immense danger.
– Parce que nous croyons trouver en lui ce qui fait l'essence même de la sécurité.
– Bien sûr. Et voici que vous mettez ce fait en évidence : je vous écoute avec la plus grande attention, et je perçois, je vois réellement où est le danger. Or la perception fait partie de l'amour, n'est-ce pas ? La perception que j'ai du mur, cette perception sans motif ni direction - engendrée par ce mouvement d'accumulation - est indéniablement l'intelligence et l'amour.

AVEC L’AMOUR ET L’INTELLIGENCE, LE DANGER DU PROCESSUS ACCUMULATIF EST COMPRIS ET CESSE (DB).


Date de création : 11/03/2013 @ 16:18
Dernière modification : 11/03/2013 @ 16:30
Catégorie : Parcours psychophysique
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