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Parcours psychophysique - La vision libératrice





LA VISION LIBÉRATRICE

Sont relevées 12 pensées directrices dont 10 en provenance du physicien

(D.B.) Oui. Je crois que nous nous rendons compte que mesurer et devenir sont une seule et même chose et que ces efforts que fait l’esprit pour se mesurer, se contrôler, se fixer un but sont la source même du désordre.
(209-210)
– En effet.
– En un sens, l'homme a fait fausse route lorsqu'il s'est mis à appliquer au monde de l'esprit et au monde extérieur des normes de mesure identiques ; c'était une erreur.
– Oui.
– Mais à présent le premier réflexe serait de dire que si l'on ne contrôle pas la situation, le chaos est garanti ! Voilà ce qui est à craindre.
– Certes, mais si je perçois en toute lucidité ce qu'est la mesure, alors non seulement cette vision pénétrante bannit définitivement tout geste de mesure, mais un ordre différent apparaît. Ce n'est pas le chaos ; bien au contraire.
– Ce n'est pas le chaos parce que, à l'origine, les choses étaient en ordre. En fait, c'est ce souci de mesure qui a provoqué ce dérapage.
– C'est cela. La mesure échappe à tout contrôle, et c'est la confusion.
– Poursuivons donc. Après avoir établi les faits, l'esprit peut-il, grâce à la méditation – mais une méditation dépouillée de toute notion de mesure, de comparaison –, découvrir un ordre, un état dans lequel il y a quelque chose que l'homme n'a pas créé ? J'ai fait le tour de toutes les créations de l'homme : toutes sont limitées – en elles, point de liberté, rien que le chaos.

(D. B.) Quelles sont-elles donc, ces choses que l'homme a créées et dont vous avez fait le tour ? (210-211)
– La religion, les cultes, les prières, la science, les angoisses, la souffrance, l'attachement, la solitude, la douleur, la confusion, la peine, etc.
– Et aussi tout ce qui prétend passer par la révolution.
– Bien sûr, la révolution physique, la révolution psychique. L'homme est derrière tout cela. Tant de gens se sont posé la question, et disent : « Dieu est derrière tout cela » - mais ce n'est qu'un concept de plus, et ce concept même engendre le désordre.
– À présent, toutes ces considérations sont pour nous devenues caduques. Reste alors une question : y a-t-il, au-delà de tout cela, quelque chose que la pensée humaine, l'esprit humain n'aient jamais touché ?
– Oui, mais c'est là un point délicat : cette chose n'est pas touchée par l'esprit humain, pourtant l'esprit pourrait transcender la pensée.
– Oui, et c'est ce que je Veux.
– Quand vous dites 1'«esprit», ce terme désigne-t-il uniquement la pensée, le sentiment, le désir, ou quelque chose de beaucoup plus vaste ?
– Nous avons toujours dit jusqu'ici que l'esprit humain, c'était tout cela à la fois.
– Mais ce n'est plus le cas : à présent, l'esprit est considéré comme étant limité.
– Non. Il n'est limité que tant qu'il est pris dans tous ces pièges.

(DB) Oui, en fait, l’esprit humain a des potentialités (211)
– Un potentiel énorme.
– Dont il n'a pas conscience actuellement, car il est pris au piège de la pensée, du sentiment, du désir, du vouloir, et autres choses du même genre.
– Exactement.
– Nous dirons donc que cela même qui transcende toutes ces limites n'est pas touché par ce type d'esprit limité.
– Voilà.
– Mais que peut représenter pour nous un esprit qui transcenderait ces limites ?
– Demandons-nous d'abord s'il existe ! Existe-t-il, l'esprit qui peut dire, de manière authentique, et non théorique ou romanesque : «Tout ceci, je l'ai vécu»?
– Par «tout ceci», vous entendez toutes ces choses limitées ?
– Oui. Et avoir vécu toutes ces choses signifie en avoir fini avec elles. Un tel esprit existe-t-il ? Ou croit-il simplement en avoir fini avec tout cela, créant par là même l'illusion qu'il existe autre chose? Cela, je me refuse à l'admettre. Vient un beau jour un homme, un individu «X», qui dit : «J'ai compris tout cela. J'en ai vu les limites – toutes ces choses, je les ai vécues, et je les ai vues s'achever. Et l'esprit qui est allé jusqu'à l'ultime fin de tout n'est plus l'esprit limité. » Existe-t-il un esprit qui soit sans limites ?
– Quel rapport y a-t-il entre cet esprit limité et le cerveau ?

(K.) Cet esprit, de par l'ensemble de sa nature, de sa structure, inclut à la fois les émotions, le cerveau, les réactions émotionnelles et physiologiques – il englobe tout cela. (212-213-214)
Cet esprit a vécu dans l'agitation, dans le chaos, dans la solitude, et il a compris tout cela; la vision pénétrante l'a profondément éclairé. Grâce à elle le terrain a été déblayé. Cet esprit n'a plus rien à voir avec l'esprit d'avant.
– Oui, ce n'est plus l'esprit tel qu'il était à l'origine.
– C'est cela. En outre, il n'est plus ni limité ni altéré. Qui dit esprit altéré dit émotions altérées, cerveau altéré.
– Les cellules elles-mêmes ne sont pas en bon ordre.
– Exactement. Mais, quand la vision pénétrante est là, et donc que l'ordre est là, les dégâts s'effacent.
– Un simple raisonnement suffit à nous prouver que c'est tout à fait possible, car on peut dire que les dégâts étaient causés par des pensées et des sentiments désordonnés, qui agitent les cellules et les détériorent, alors qu'à présent, avec la vision pénétrante, ce processus de dégradation cesse, et un processus nouveau se met en place.
– Comme un individu qui aurait suivi la même voie pendant cinquante ans : s'il réalise soudain qu'il n'est pas dans la bonne direction, tout son cerveau se métamorphose.
– Il change du tout au tout, la structure inadéquate est démantelée et le cerveau est guéri.
– C'est exact.
– Mais la vision pénétrante.
– C'est elle, le facteur de changement.
– Et cette vision est instantanée.
– C'est cela.
– Et le déclenchement de cette vision a modifié l'état originel.

(K.) L'esprit limité, avec toute sa conscience et son contenu, déclare que c'en est fini de tout cela. Mais cet esprit nouveau - auparavant limité, mais qui dans un flash de vision est devenu conscient de ses limites et s'en est dégagé. (214-215)
Est-il authentiquement réel ? Est-il devenu quelque chose de formidablement révolutionnaire ? Cet esprit-là n'est donc plus l'esprit humain ?
Lorsque l'esprit humain, qui est limité – avec sa conscience, limitée comme lui –, n'existe plus, alors qu'est-ce que l'esprit ?
– Et que devient la personne, que devient l'être humain?
– Oui, qu'est-ce alors que l'être humain? Et quelle relation y a-t-il entre cet esprit, sans nulle trace humaine, et l'autre - qui porte l'empreinte de l'homme? Est-il possible d'examiner, vraiment, sans aucun préjugé, la question de savoir si cet esprit existe? L'esprit, conditionné par l'homme, peut-il se déconditionner de manière si totale qu'il ne soit plus cet esprit qu'avait façonné l'homme ? Un esprit forgé par l'homme peut-il s'affranchir complètement de lui-même ?
– Évidemment, ce discours a quelque chose de paradoxal.
– Bien sûr que tout cela est paradoxal ; pourtant c'est un fait, il en va bien ainsi. Mais reprenons. La conscience de l'humanité n'est autre que son contenu - c'est un fait observable. Et ce contenu, c'est tout ce qui émane de l'homme l'angoisse, la peur, etc., non seulement à l'échelon individuel, mais également à l'échelon universel. La vision pénétrante permet à l'esprit de percevoir les faits et de s'en délivrer.
– Cela sous-entend que, depuis toujours, il était potentiellement doté de qualités supérieures - et la vision pénétrante lui a permis de se libérer des contingences. C'est bien là votre pensée ?
– Que la vision pénétrante soit «potentielle», je refuse de dire cela.

(D.B.) Nous nous heurtons là à un petit problème de langage, si vous dites que le cerveau ou l'esprit appréhende, dans un flash de vision, son propre conditionnement, et que vous affirmez presque sans transition que cet esprit a changé de nature. (215-216)
– Oui, c'est ce que je dis, exactement. La vision pénétrante transforme l'esprit tel que l'homme, l'avait façonné.
– Oui, mais, dans ce cas, cet esprit n'a plus tournure humaine.
– Effectivement. Cette vision pénétrante signifie la disparition de tout le contenu de la conscience. Et non bribe par bribe, mais en totalité. Et cette vision n'est pas l'aboutissement d'un effort de la part de l'homme.
– Certes, mais cela soulève alors la question de son origine.
– D'accord: cette origine, où est-elle? Elle est, bien sûr, dans le cerveau lui-même, dans l'esprit lui-même.
– Le cerveau ou l'esprit? Lequel des deux?
– L'esprit – je veux dire tout ce qui appartient à la sphère mentale.
– Donc, nous disons que l'esprit existe – d'accord?
– Un instant. N'allons pas trop vite. La question est assez intéressante. La conscience – individuelle et universelle – est façonnée par l'homme. Et la logique et la raison nous permettent d'en voir les limites. Alors l'esprit va beaucoup plus loin. Jusqu'au moment où il se demande: «Tout cela peut-il s'effacer d'un seul trait, d'un seul geste?» Or ce geste, c'est la vision pénétrante, le mouvement de perception lucide. Cette vision pénétrante se situe toujours au niveau de l'esprit, mais elle n'est pourtant pas le fruit de la conscience ordinaire.
– En effet. Ce que vous dites, donc, c'est que l'esprit a en lui le potentiel lui permettant de transcender cette conscience.
– Oui.
– Le cerveau, l'esprit est capable de cela, mais il l'a rarement fait.
– Effectivement. Donc, une fois tout cela accompli, y a-t-il un esprit qui non seulement ne soit pas façonné par l'homme, mais que l'homme ne puisse ni concevoir ni créer - et qui pourtant ne soit pas illusoire ? Un tel esprit existe-t-il ?

(D. B.) Vous êtes, à ce qu'il me semble, en train de nous dire que cet esprit, s'étant affranchi des structures individuelles et collectives de la conscience humaine, s'étant affranchi de ses limites, est devenu maintenant beaucoup plus vaste. Et vous dites que cet esprit pose problème. (216-217)
– Il soulève une question, en effet.
– Laquelle?
– La première question est de savoir si cet esprit-là est libéré de l'autre – celui façonné par l'homme.
– Ce n'est peut-être qu'une illusion.
– L'illusion – voilà où je veux en venir. Nous devons être très clairs. Non, ce n'est pas une illusion, parce que cet esprit-là – cet homme-là – voit bien que toute mesure est une illusion, il sait ce qu'est l'illusion. Et il sait que les illusions suscitent forcément des limitations, etc. Tout cela, non seulement il l'a compris, mais il l'a dépassé.
– Il est affranchi de tout désir.
– Libre de tout désir, oui. Telle est sa nature - non, je ne veux pas dire les choses si brutalement. Disons libre de tout désir.
– Son esprit est plein d'énergie.
– Oui. Ainsi, cet esprit, qui n'est plus ni général ni particulier, n'est donc plus limité; la vision pénétrante a pulvérisé ses limites, il n'a donc plus rien à voir avec l'esprit conditionné. Mais alors, cet esprit nouveau, en quoi consiste-t-il ? Dans le fait de prendre conscience d'avoir brisé le piège de l'illusion?

(D. B) Oui; mais nous disions à l'instant que cela-soulève la question de savoir s'il existe quelque chose de beaucoup plus grand. (217-218-219)
– Oui, voilà pourquoi je la pose, cette question. Existe-t-il un esprit qui ne soit pas façonné par l'homme? Et si tel est le cas, quel rapport y a-t-il entre cet esprit-là et celui qu'a créé l'homme?
– Car, en effet, toutes les formes d'affirmations, toutes les formes de discours n'ont rien à voir avec cet esprit-là. C'est pourquoi nous voudrions savoir s'il existe un esprit qui échappe à toute empreinte humaine. Je crois que cette question ne peut être posée qu'une fois toutes les limites abolies, sinon, c'est une question stupide.
– Il faut donc être totalement affranchi de toutes ces contingences. Alors – et alors seulement - vous pouvez poser cette question. Alors, vous soulevez la question – pas « vous », bien sûr –, disons plutôt que la question est posée : existe-t-il un esprit dont l'homme ne soit pas l'artisan, et si un tel esprit existe, en quoi est-il relié à l'esprit façonné par l'homme? Existe-t-il vraiment, cet esprit? Mais oui, bien sûr. Évidemment. Sans vouloir être dogmatique ni personnel, ou que sais-je encore, disons-le : oui, cet esprit existe. Mais il ne s'agit pas de Dieu – nous avons déjà parlé de tout cela.
– Cet esprit existe. Ce qui amène immédiatement à se demander quelle relation il peut avoir avec l'esprit humain, celui que l'homme a forgé. En a-t-il seulement une ? Est-il en relation avec cet esprit humain? Évidemment non. L'esprit façonné par l'homme ne peut avoir de relation avec cet esprit-là. Mais ce dernier peut entrer en contact avec notre esprit humain.
– Oui, mais pas avec les illusions qui l’habitent.
– Soyons clairs. Mon esprit est l'esprit humain. 1 II a des illusions, des désirs, etc. Et puis il1 y a cet autre esprit qui, lui, n'en a pas, et qui transcende toute limite. L'esprit illusoire, celui que l'humanité s'est forgé, est toujours en quête de cette autre dimension de l'esprit.
– Oui, c'est là son principal problème.
– Effectivement. Notre esprit mesure, il «progresse», il dit : «J'approche du but, j'avance. » Et cet esprit, l'esprit humain, l'esprit tel que le façonnent tous les êtres humains, tel qu'il est forgé par l'homme, est perpétuellement à la recherche de cette autre dimension, semant par là même toujours plus de confusion et de malheur. Or cet esprit humain qui est le nôtre ne peut entrer en relation avec cette autre dimension.
– Mais l'inverse est-il possible ?

(D. B) J'ai suggéré précédemment qu'un tel contact serait indispensable, mais quant aux illusions qui hantent notre esprit, telles que le désir, la peur, etc., toute relation à ce niveau-là est exclue, car, en tout état de cause, ce ne sont que des chimères. (219-220)
– Bien entendu.
– Cet autre esprit peut cependant entrer en relation avec l'esprit humain, pourvu que ce dernier comprenne de quoi il est lui-même véritablement fait.
– Voulez-vous dire que cet autre esprit entre en relation avec l'esprit humain dès l'instant où ce dernier s'arrache à ses limites ?
– Oui, mais c'est en comprenant la nature de ces limites qu'il s'en dégage.
– Oui. Alors s'ouvre une relation avec cet autre esprit.
– Nous devons bien peser nos mots. L'esprit qui n'est pas limité, qui ne porte pas l'empreinte de l'homme, ne saurait être lié aux illusions que nourrit 1 ' esprit humain.
– C'est entendu.
– Mais il faut pourtant bien que notre esprit ait un lien avec la source originelle, qu'il soit en quelque sorte en contact avec sa vraie nature, masquée par l'illusion.
– Quel est le fondement de l'esprit façonné par l'homme?
– Ce sont tous les éléments que nous avons mentionnés.
– Oui, c'est tout cela qui constitue sa nature. Dans ce cas, comment cet «autre esprit» pourrait-il entrer en contact, si minime soit-il, avec l'esprit humain ?
– La seule relation possible consiste à comprendre de quoi est fait l'esprit humain, de ce fait, une certaine communication serait possible et pourrait s'étendre à d'autres personnes.
– Non, je conteste cela.

(D. B.) Mais vous venez de dire que l'esprit qui n'est pas de facture humaine peut entrer en contact avec l'esprit limité, mais que l’inverse n'est pas possible. (220-221)
– Même cela, je le remets en question.
– Bon, d'accord - mais, dans ce cas, vous changez d'argument.
– Non, je le pousse un peu plus loin, c'est tout.
– Quand vous parlez de remise en question, voulez-vous dire que la relation peut exister – ou non ?
– Je me pose la question. Quel lien l'amour a-t-il avec la jalousie ? Aucun.
– Non, en effet, pas avec la jalousie elle-même ; car elle n'est qu'illusion, niais...
– Je prends deux mots : « amour » et « haine ». L'amour et la haine n'ont en réalité aucun lien entre eux.
– C'est vrai. Mais je crois qu'on peut peut-être comprendre l'origine de la haine, voyez-vous. Ah oui, oui. Je vois. D'après vous, l'amour peut comprendre l'origine de la haine, et comment elle naît. L'amour comprend-il vraiment cela?
– Je crois qu'en un certain sens l'amour en comprend l'origine, qui est au sein de cet esprit façonné par l'homme, et qu'ayant saisi ce qu'était l'esprit humain, et toutes ses structures, et ayant pris ses distances par rapport à tout cela.
– Voulez-vous dire que l'amour – gardons ce terme pour l'instant – serait en relation avec le non-amour?
– Uniquement dans la mesure où il le fait disparaître.
– Je ne suis pas sûr, je ne suis pas sûr – là, nous devons être extrêmement prudents... L'alternative serait que l'esprit limité lui-même cesse d'exister, n'est-ce pas ?
– Quelle est la bonne réponse ?
– Lorsque finit la haine, cette « autre chose » advient; mais cette autre dimension de l'esprit n'a rien à voir avec la compréhension de la haine.

(D. B.) Mais dans ce cas nous devons nous demander comment cela se déclenche, voyez-vous. (221-222)
– Supposons que j'éprouve de la haine. Je peux en voir l'origine je vous hais parce que vous m'avez insulté.
– C'est une vision superficielle de cette origine. La raison profonde, c'est ce qui nous pousse à agir de manière si irrationnelle. Si vous m'insultez, sans plus, il n'y a là rien de réel, alors pourquoi devrais-je répondre à vos insultes ?
– Parce que tout mon conditionnement est ainsi fait.
– C'est bien ce que signifie pour moi la « compréhension de l'origine».
– Mais l'amour m'aide-t-il à comprendre l’origine de la haine ?
– Non, mais je crois qu'un individu en proie à la haine, s'il prend du recul, en comprend l'origine et se défait de cette haine.
– Il suffit de prendre du recul pour que l'amour advienne. Mais il ne peut pas favoriser le mouvement de recul.
– Non, mais supposons qu'un individu ait en lui cet amour, alors qu'un autre en est dépourvu. Le premier peut-il transmettre au second quelque chose qui déclenchera en lui ce processus?
– Autrement dit : « A peut-il influencer B ? »

(D.B.) Non, il ne s'agit pas d'influencer, mais, par exemple, quelle raison peut justifier que quiconque évoque ces problèmes ? (222-223)
– Ça, c'est une autre histoire. Non, là question est celle-ci : la haine peut-elle être dissipée par l'amour?
– Non.
– Se pourrait-il alors qu'une fois la haine comprise et abolie l'amour advienne?
– Oui, c'est cela. Mais disons donc qu'à ce moment-là A a accès à cet amour, il l'a en lui. L'amour est en A, et A voit B, et nous voulons savoir ce qu'il va faire. La question, €n fait, est : que va faire A ?
– Quelle relation y a-t-il entre A et B ? Ma femme déborde d'amour, et moi de haine. Elle peut, certes, me parler, me montrer ma déraison, etc., mais son amour ne transformera pas la source de ma haine.
– Sans aucun doute – pourtant l'amour est là, derrière les mots.
– Oui, en filigrane, là, sous les mots.
– Mais l'amour proprement dit n'intervient pas directement.
– Bien sûr que non – quelle idée romanesque !
– Donc, celui qui hait – mais qui, dans un éclair de vision pénétrante, voit la source, la cause, le processus de cette haine, et y met fin –, celui-là accède à l'amour
– Oui. Nous disons que A est celui qui a vu tout cela, et qui dispose maintenant de l'énergie suffisante pour le transmettre à B – à lui de décider de la suite des événements.
– Bien sûr. Je crois que cette discussion mérite d'être poursuivie.

L’AMOUR EST DERRIÈRE LES MOTS, SANS INTERVENIR DIRECTEMENT (DB)



Date de création : 23/02/2013 @ 16:47
Dernière modification : 23/02/2013 @ 17:11
Catégorie : Parcours psychophysique
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