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Synthèses - L'espace en partage
LE TEMPS ET LESPRIT ONT LESPACE EN PARTAGE « Pour la pensée claire, le temps et lesprit sont irréductibles. Mais par laction, la conscience transforme le monde selon les valeurs, permet à léternel de descendre dans le devenir, à lesprit de le modeler, de diriger le cours des choses. Voici le domaine de lhomme (Ferdinand Alquié) ». Dans ce qui va suivre est prise en compte cette recommandation importante de Bachelard : « tous les travaux, scientifiques ou artistiques, doivent être étudiés dans le champ même où ils se développent (« Le matérialisme rationnel » p. 195), sans sinterdire de saisir des occasions de confrontation dun champ à un autre. » Mais il faut sans cesse prendre des garanties pour quune telle confrontation ne vire pas à la confusion. La première dentre elles consiste à affirmer quil convient dinstaurer entre Art et Science des zones de discussions portant notamment sur des objets nouveaux appartenant aux deux disciplines (ici lespace). Cest bien cela qui sest imposé à nous grâce aux nouveaux termes usités, relativement à toute autre manière de fixer ce rapport. On ne trouvera donc ici quun parcours sélectif de luvre à partir de cet axe : le rapport Art et Science. Peut-être le qualifierait-on d« interface entre Art et Science », entre deux mondes différents ? « Dun point de vue très distancié, tout se recoupe puisque tout procède de lhomo faber et de la plasticité humaine. Il y a un point de contact possible dans la reconnaissance dune multiplicité defforts prométhéens. » Mais cest évidemment à nous de produire la théorie des interférences, dont la possibilité est soulignée ici, qui nous est nécessaire. Bachelard, avec sa philosophie double (diurne et nocturne), nous a simplement averti quil ne convenait pas de se donner des objets imaginaires pour résoudre un problème, si daventure ces objets conduisent à des réconciliations factices ou à des mélanges sans génie. Il pencherait plutôt pour un travail commun sans hiérarchie. Un « concordat », comme il lénonce joliment à un autre sujet. Le mot « synchronie », aujourdhui usité, répond bien à la question. LESPACE-TEMPS La théorie de la relativité dEinstein Elle rassure, cette science qui, au début du XXe siècle, dans une subtile association, vint mêler le temps à lespace euclidien1. À qui devons-nous cette initiative ? Selon David Bohm, cest à ladolescent Albert Einstein qui sest posé la question de savoir « ce quil arriverait si on pouvait bouger à la vitesse de la lumière et regarder dans un miroir ?2 » Evidemment, on ne pourrait rien voir puisque la lumière venant du propre visage de quelquun natteindrait jamais le miroir. Ce qui amena Einstein à sentir que la lumière est, de quelque façon élémentaire, différente des autres formes de mouvement. « De notre confortable point de vue moderne, ajoute David Bohm, il faut insister encore plus sur cette différence en considérant la nature atomique de la matière dont nous sommes faits. Si nous allions plus vite que la lumière, comme nous le montre un simple calcul, les champs magnétiques qui maintiennent ensemble nos atomes, seraient laissés derrière nous (comme les vagues produites par un avion sont laissées derrière lui quand il va plus vite que le son). Il en résulterait que nos atomes se disperseraient et nous nous évanouirions en fumée. Ainsi, cela naurait aucun sens de supposer que nous pouvons ou que nous pourrions aller plus vite que la lumière
Quant à cette perception que la lumière doit être considérée comme différente des autres formes de mouvement, elle est similaire à la vision de Galilée, où lespace vide et le milieu visqueux sont différents par rapport à lexpression de la loi physique. Dans le cas dEinstein, on voit que la vitesse de la lumière nest pas une vitesse possible pour un objet. Elle est plutôt comme un horizon quon ne peut atteindre. Même si nous paraissons nous mouvoir vers lhorizon, nous ne nous en approchons jamais plus près. Alors que nous nous rapprochons dun rayon de lumière, nous ne nous rapprocherons jamais de sa vitesse. Sa vitesse reste toujours la même, c comme célérité relativement à nous. » La Relativité venait de nous être donnée et avec elle de nouvelles notions concernant lordre et la mesure du temps. Celles-ci perdent leur absoluité alors quelles la possédaient dans la théorie newtonienne. Elles sont maintenant relatives à la lumière dun système de coordonnées. Cette relativité du temps est une des caractéristiques radicalement nouvelles de la théorie dEinstein. Poursuivons avec David Bohm : « Un changement très significatif de langage est impliqué dans lexpression du nouvel ordre et de la nouvelle mesure du temps utilisés par la théorie relativiste. La vitesse de la lumière est prise, non comme une vitesse possible dun objet mais plutôt comme la vitesse maximum de propagation dun signal. Jusque-là cette notion navait joué aucun rôle dans lordre physique général descriptif sous-jacent, mais maintenant elle va jouer un rôle clé dans ce nouveau contexte. Le mot signal contient le mot « signe » qui signifie « montrer quelque chose » aussi bien qu « avoir un sens ». Un signal est donc une sorte de communication. Alors dune certaine façon, le sens, la signification, la communication deviennent relevants dans lexpression de lordre général descriptif de la physique. Le nouvel ordre et la nouvelle mesure introduits dans la théorie de la relativité impliquent de nouvelles notions de structure dans lesquelles lidée dun corps rigide ne peut plus jouer un rôle important
En réalité, la relativité implique que ni les particules-points ni les corps quasi rigides ne peuvent être pris comme des concepts premiers. Mais plutôt, ceux-ci ont-ils à être examinés en termes dévènements et de processus. » Encore fallait-il mesurer la vitesse de la lumière ! Une première tentative avait été réalisée dès 1849, par le français Hippolyte Fizeau. En opérant entre le Mont Valérien et la Butte Montmartre avec un dispositif à roue dentée, il avait établi une première estimation à 315 000 km/sec. En 1958, Keith Davy Froome, avec un radio interféromètre à ondes millimétriques, trouve 299 792,5 ± 0,1 km/s. Cétait la meilleure mesure avant lutilisation du laser. En 1972, Kenneth Evenson, avec un laser hélium-néon stabilisé a trouvé 299 792,4574 ± 0,0011 km/s. On en déduisit la valeur du mètre comme « la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 seconde » soit à très peu près un trois cent millionième de seconde. Ainsi le mètre-étalon na plus été considéré comme étant la distance entre deux points sur une barre d'un alliage de platine et d'iridium conservée au Pavillon de Breteuil à Sèvres. Bien que les physiciens se soient appropriés des valeurs de plus en plus approchées depuis le début du XXe siècle, sa valeur exacte ne fut admise universellement quaprès 1983, à lissue de la 17e Conférence générale des poids et mesures. Il y avait là de quoi rassurer tous les peuples parce quà lheure de la barre de métal, il y avait eu quelques tricheries ! Lespace est devenu une vitesse donc un temps de parcours , et dune façon simultanée le devient. Représentation de lespace-temps Pour donner valeur dabsolu au temps, il suffit de considérer linstant dans son état synthétique, comme un point de lespace-temps. Autrement dit, il faut prendre lêtre comme une synthèse appuyée à la fois sur lespace et le temps. Il est au point de concours du lieu et du présent : hic et nunc (ici et maintenant). Non pas ici et demain, pas plus que là-bas et aujourdhui. Dans ces deux derniers cas, le point se dilaterait sur laxe de la durée pour le premier et sur laxe de lespace pour le second. Ces deux cas échappant à une synthèse précise donneraient lieu à une étude toute relative de la durée et de lespace. Mais dès quon accepte de souder et de fondre les deux adverbes, voici que le verbe être reçoit enfin sa puissance dabsolu. À partir de cet absolu, les mathématiciens grâce à leur langage ésotérique sont parvenus à la représentation dun espace « pseudo euclidien » quils ont appelé « espace-temps4 », ou encore « espace de Minkowski ». ![]() Et lêtre, orienté vers le futur est à même de se diriger selon cet hypercône. Le point « ici et maintenant » sommet du cône et origine des axes, de coordonnées (0,0,0) réalise clairement la synthèse espace-temps-lumière annoncée par Bachelard. Cest, à lévidence,le seul « absolu » de cet espace habitable par l'homme car, si peu qu'on s'écarte de lui (même d'une quantité infinitésimale dx, dy, dz ou dt), on tombe dans un domaine (spatial ou temporel) relatif. Par ailleurs, seuls les photons (grains de lumière) constituent la surface du cône (appelé, du reste, cône de lumière). Lignes dunivers Les lignes d'univers sont une manière de représenter le cours des événements. Son utilisation n'est pas liée à une théorie spécifique. Dans un usage général, une ligne d'univers est un chemin séquentiel d'événements (avec le temps et l'endroit comme dimensions) qui marquent l'histoire d'un objet (ou dune personne). Le carnet de bord d'un navire est une description de sa ligne d'univers, pour autant qu'il comprenne une « étiquette de temps » attachée à chaque position. Il en va de même pour la vitesse d'un navire selon une mesure de distance (appelée métrique) appropriée à la courbe de la surface de la Terre. Cas dun évènement lumineux ![]() Comme illustré sur la figure ci-dessus, un événement lumineux au point O de l'espace-temps produit un faisceau de photons, tous dans le cône nul du futur O, N+ (O) (ces photons ont été émis par des atomes dans des états de mouvement variés, dont les lignes d'univers l et l' passent par O, mais sont entièrement contenues à l'intérieur de N+ (O)). La ligne d'univers n peut seulement être décrite par une particule se mouvant à la vitesse de la lumière car elle définit la frontière du cône (nous disons alors que la ligne d'Univers est "du genre lumière"). La ligne d'univers n peut seulement être décrite par une particule se mouvant à la vitesse de la lumière car elle définit la frontière du cône (nous disons alors que la ligne d'Univers est "du genre lumière"). Soit lp la ligne d'univers d'un personnage P immobile (d'où la verticalité de sa ligne d'Univers sur la figure ci-dessus) et n celle d'un rayon lumineux ayant pour origine O. Tous deux résident dans l'espace à quatre dimensions et ils se coupent selon un point unique P. Les points O et P se situent sur un rayon nul (d'un futur cône), n, de N+ (O) . Si P se trouve à l'intérieur de N(O), le cône nul de O, nous dirons que sa ligne d'Univers est de "genre temps". Dans ce cas, O et P sont situés sur la ligne d'Univers d'un observateur ou d'une particule massive. Il existe bien évidemment deux types de déplacements de genre temps : 1. Si P est dans le futur de O (selon un observateur dont la ligne d'univers passe par O et P), nous dirons que P "pointe vers le futur" . 2. Dans le cas contraire, nous dirons bien entendu qu'il "pointe vers le passé". Si P se situe sur N(O), nous dirons alors qu'il est "nul" et P n'est ni nul ni de genre temps, alors P se situe à l'extérieur de N(O). Nous disons alors que qu'il est de "genre espace" : ![]() LESPACE-ESPRIT Ce mot composé est dû à René Char qui, après ses années de résistance, dès le 24 février 1945, fit paraître chez Gallimard "Seuls demeurent", recueil de poèmes datés de la période 1938-1944. La veine de l'auteurdu« Marteausansmaître » ne s'était donc pas épuisée ! Les milieux littéraires et le public se réjouirent de la nouvelle. Georges Braque, toujours sensible à l'actualité, fut saisi par cette poésie de "renaissance" : « La terre s'éjecte de ses parenthèses illettrées. Soleil et nuit dans un or identique parcourent et négocient l'espace-esprit, la chair-muraille. Le cur s'évanouit...Ta réponse, connaissance, ce n'est plus la mort, unité suspensive. » Georges Braque en découvreur Il lest, en quelque sorte car, contrairement à Picasso, il a su parler de la démarche cubiste qu'ils ont un moment partagée : "Quand les objets fragmentés sont apparus dans ma peinture vers 1910, déclare-t-il à Dora Vallier, c'était ma manière de m'approcher plus de l'objet, dans la mesure que ma peinture me l'a permis". Il ajoutera plus tard: "Ce qui m'a beaucoup attiré et qui fut la direction maîtresse du cubisme c'était la matérialisation de cet espace nouveau que je sentais...Parce que dans la nature il y a un espace tactile, presque manuel...Cela répondait pour moi au désir que j'ai toujours eu de toucher la chose et non seulement de la voir". Quels étaient donc ces objets transportés sur ses toiles ? Tous appartenaient à l'univers familier de l'artiste, et perçus comme autant d'attributs poétiques de sa vie, pipe, paquets de tabac, verres, bouteilles, vases, brocs, instruments de musique, jeux de cartes. .. "Folklore de peintre pauvre et d'atelier parisien", souligne André Fermigier. Et lorsqu'on demandait à Braque pourquoi les instruments de musique avaient été intégrés dans ce répertoire, il répondait : « D'abord parce que j'en étais environné, et puis parce que leur plastique, leur volume, rentraient dans l e domaine de la nature morte comme je l'entendais. Plus encore, m'étant déjà acheminé vers l'espace tactile, manuel, l'instrument de musique avait cette particularité qu'on pouvait l'animer en l e touchant. » Un prospect formel et immatériel restait encore à la portée du peintre: les lettres; touches de "surréel", elles furent introduites dans ses tableaux dès 1911. René Char, dès qu'il s'intéressa aux uvres des peintres, fut très attentif aux productions de cette période. Il fit à leur sujet plusieurs remarques, assez peu dans ses uvres, beaucoup plus dans ses confidences. Sa première observation a trait aux couleurs des "cubistes", couleurs qu'il retrouva dans les tableaux de Wilfredo Lam que Pierre Loeb lui fit découvrir dans son arrière-boutique de la rue de Seine, en 47-48. « Les couleurs surveillées rappelaient les compositions cubistes de Picasso et de Braque, surtout de Picasso, paradoxalement, lui, le maître du tordage, imperméable à l'humidité fertilisante dont rêvent les formes végétales ou mentales libres5. Les couleurs des cubistes étaient les seules qui convenaient à leurs ouvrages... » Char, en outre, avait su discerner très tôt que les racines du "cubisme" plongeaient dans nombre de périodes antérieures : « En peinture comme en poésie, tout ce qui s'exhibe sous forme d'écoles a existé depuis longtemps, depuis toujours. Il n'y a jamais rien d'absolument nouveau. Le cubisme est déjà chez Cézanne, mais on peut le pressentir chez La Tour, peut-être même au fond des grottes de Lascaux. Le drame c'est quand on se met à systématiser telle ou telle tendance. Alors le monstre apparaît, se contracte et meurt sans postérité visible ». Le cubisme courut ce risque dans les années qui précédèrent la Première guerre mondiale. « Enfermé sur lui-même, il avait vite touché ses limites ; il se serait condamné à la répétition s'il n'avait préparé d'autres choses6 ». La révélation majeure que l'on doit à Braque et Picasso tient au fait que, mieux qu'avant, « on disait d'un objet ce qu'on en savait, et non pas seulement ce qu'on en voyait ». Entre les deux guerres, Braque avait déjà évolué vers les grandes natures mortes. Si les objets usuels, pipes, flacons, instruments de musique, et les instruments du métier, palette et chevalet, semblaient avoir poursuivi leur chemin, ils avaient cessé d'être enfermés dans un cadre géométrique, pour conquérir l'espace offert par un meuble ou les parures d'une demeure. S'étaient joints à eux les fruits et quelquefois les fleurs. L'apparition des premiers complétaient l'espace tactile et les secondes ouvraient les voies multiples de la beauté. Ainsi, par Braque, le cubisme avait déjà fait place à "une vibration de l'atmosphère, à une certaine satisfaction physique7". « Lautonomie interne de la peinture saccorde à la réalité du monde extérieur. Les objets, entraînés dans le flux des échanges et des correspondances, gardent leur plénitude et leur identité, subissent des transformations, mais jamais des déformations, de violence expressionniste8 ». « Je nai pas à déformer, disait Braque, je pars de linforme et le forme ». Il a exprimé sous forme daphorismes à la façon des moralistes, sa profonde sagesse « ne jamais adhérer » et sa vraie esthétique, au sens premier du terme, cest-à-dire sensible et non intellectuelle. « Lémotion ni ne sinvente, ni ne simite. Elle est le germe, luvre est léclosion ». Lessentiel est pour lui dabolir le concept obnubilant « un tableau est fini quand il a effacé lidée » , de découvrir le vide originel préalable à toute création : « le vase donne une forme au vide et la musique au silence9 ». Après la Seconde guerre mondiale, Braque avait développé son art sur de grandes toiles ; l'occasion se présenta d'en accrocher quelques unes sur les murs du Palais des Papes en Avignon, lors de l'Exposition organisée par le couple Zervos en 1947. Ce fut pour le peintre l'occasion d'une visite prolongée dans le Midi et de nombreux échanges avec Char. Ils se souvinrent longtemps de ces résonances profondes émanées de leurs fermes attachements. Même approche des êtres et des objets qui ressourcent leur art, même goût pour le réel discret, pour les fruits premiers de la terre, pour tout ce qui l'enchante, pour tout ce qui la sert. Il restait à René Char à reconnaître dans sa réalité le petit monde de Georges Braque, tel que déjà anobli par ses toiles. Au cours de l'hiver 47-48, il se rendit à Varengeville-sur-Mer, où dans sa "maison basse", le peintre l'accueillit. D'autres que René Char auraient ramené des lieux et des choses rencontrés un souvenir banal. "Sous la Verrière",par dialogue simulé, en témoigne autrement. Par une attention bien particulière, prenant appui sur une indéniable complicité, le poète y choisit ses objets, pour dire sur chacun d'eux, le supplément d'âme issu de la palette. Au cours de l'année 49, Braque débuta une série de toiles sous le titre "Atelier". Il les numérotera au fur et à mesure, non sans procéder à quelques inversions ou reconsidérations. "Atelier I" représente le "pichet", mais l'évènement marquant, à partir "d'Atelier II" sera l'apparition de l'oiseau, au cur même de ses toiles. René Char n'a pas manqué de s'en réjouir et de célébrer le nouveau venu dans la conclusion de "Sous la Verrière" qui préfaça « Derrière le miroir »,1950. Par son propos tout de gratitude, le poète, n'en doutons pas, n'a pas seulement voulu parler en son nom, mais pour tous ceux qui, à sa suite, porteront admiration et attachement à "l'être ailé". Il est là, à cette heure, pour nous signifier la proximité du peintre avec nous et son abord confiant du grand passage qui vient. En 1958, dans son entretien avec Jean Charbonnier, Braque, en une sorte de conclusion sur lespace-esprit, a réaffirmé lexigence de la représentation, de lidentification objective, en soulignant la valeur non moins essentielle des intervalles se trouvant entre les objets et assurant lunité picturale de la composition. « Il est bien difficile, indique-t-il, de dissocier les choses dun tableau. Il y a des gens qui disent : Que représente votre tableau ? Quoi
? Il y a une pomme, cest entendu, il y a
je ne sais pas
Ah ! une assiette à côté
Ces gens-là ont lair dignorer totalement que ce qui est entre la pomme et lassiette se peint aussi. Et ma foi, il me paraît tout aussi difficile de peindre lentre-deux que les choses. Cet entre-deux me paraît aussi capital que ce quils appellent lobjet. Cest justement le rapport de ces objets entre eux et de lobjet avec lentre-deuxqui constitue le sujet10. » 1 Cet espace tridimensionnel (coordonnées x,y,z). 2 Sa fréquentation dEinstein, assidue pendant une certaine période, laisse supposer quil la entendue de sa bouche. Ce questionnement est évoqué dans le livre du physicien David Bohm intitulé « La plénitude de lunivers », éditions du Rocher, septembre 1987, p. 126-127. 3 En premier lieu, le mathématicien Lorentz a trouvé une formule qui laissait invariante une forme (forme quadratique de Lorentz). À sa suite, un autre mathématicien, Minkowski, qui avait prodigué son enseignement à Einstein à Zurich, a montré que lexpression obtenue était celle dun produit scalaire dans un espace à quatre dimensions (x, y, z, ct) et qui est, mathématiquement parlant, un espace dit « pseudo euclidien » (distance euclidienne élevée au carré). Selon son signe, lexpression qualifie lespace de façon particulière, comme celle dun hypercône à quatre dimensions (définissant une région du genre lumière du fait que les particules de lumière (photons) se trouvent concentrées sur la surface du cône, 4 Lespace-temps est en fait une collection de points appelés évènements, avec un système coordonné et continu, identifiant les évènements. Chaque évènement peut être libellé par 4 nombres : un temps coordonné et 3 espaces coordonnés ; donc lespace-temps est un espace quadridimensionnel. La terminologie mathématique pour lespace-temps est une variété quadridimensionnelle. 5 Cet extrait fait partie du texte paru en 1946 au Point Cardinal intitulé « De la Sainte Famille au droit à la paresse » pour lequel Lam avait réalisé une eau-forte pour les exemplaires de tête. 6 Extrait des Entretiens de René Char avec Jean Pénard (années 75-80). 7 Citation empruntée à Raymond Cogniat, Georges Braque, Editions françaises, Paris, 1976. 8 Jean Leymarie, Braque, les ateliers, EDISUD, p.174. 9 Ibid, p. 179. 10 Ibid., p. 146. Date de création : 27/12/2012 @ 18:37 Réactions à cet article
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