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Sciences politiques - Politique étrangère américaine
POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE Extraits de « Où va lAmérique dObama ?[1] » (134) LAmérique, un État fédéral La notion de peuple aux USA Dabord parce quils ne sont pas, comme leur nom lindique, un État mais des États-Unis. Le lieu principal du pouvoir, lUnion, nest pas léchelon de lÉtat qui se trouve fédéré. Et ce dernier est à son tour fort distinct du peuple, qui se définit sans référence à lui : on est citoyen des États-Unis, pas de lOklahoma ou du Minesota. Le peuple sy appréhende comme une entité qui commence avec lindividu et sétend jusquà lhumanité, avec deux grains plus gros dans ce chapelet, à savoir le corollaire de la propriété privée, largent, et la citoyenneté américaine symbolisée par lhymne et le drapeau. Pour le Clint Eastwood de Gran Torino, le peuple, cest son jardin, deux ou trois copains, sa voiture et son fusil ; mais aussi lAmérique victorieuse en Corée. Il en va ainsi, sous des formes infiniment variées, de chaque Américain. Ma patrie, cest mon cheval et mon colt, plus Abraham Lincoln ou George Washington. Lidée de démocratie qui en découle est différente de celle qui prévaut en Europe. Elle place au centre le peuple, cest-à-dire chaque individu compris comme ayant vocation à se régir lui-même. Le pouvoir nest pas lémanation dune abstraction appelée le Peuple, avec une majuscule. Le pouvoir appartient à une population, faite dindividus régis par la même loi. La notion de « peuple » est une notion descendante en Amérique, et montante en Europe, où elle prétend agréger les citoyens en un tout qui les dépasse, le Démos. Aux États-Unis au contraire, il sagit dun vague concept-couvercle sous légide duquel il est permis à chacun dêtre aussi libre quil est possible sur terre. « We, the People
» est un pluriel, pas un collectif au singulier. Lexpression est à prendre au pied de la lettre : le peuple nest pas autre chose que la collection des individus, « We » (« nous »), cest-à-dire la forme de plénitude maximale des « Je ». Ce concept est tout le contraire dun Volk que caractériserait son Volksgeist (son esprit de peuple). La Constitution de 1776 dit « We », qui renvoie à chacun des individus formant ce « nous », et non « Us », qui serait le même ensemble, mais pris comme un tout, dans leffacement des singularités. Il nest pas jusquau drapeau, emblème suprême et révéré de lUnion, qui ne soit scrupuleusement représentatif dun ensemble composite dégaux, avec ses 50 étoiles représentant chacune un État de lUnion, à linverse du pavillon nippon, par exemple, qui exprime par excellence lunité absolue dun tout indivisible autour du Soleil Levant. Cette distinction fondamentale dans lacception même de la démocratie, à travers deux conceptions opposées du concept de peuple, a une incidence majeure sur lAlliance Atlantique, comme on la bien vu à lépoque où lallié américain des Anglais ou des Français était en opposition complète avec leur politique coloniale. Ce nétait pas uniquement à cause des colonies, cétait pour des raisons fondamentales qui perdurent, alors même que les questions dautrefois ont disparu. Il faut en tenir compte au moment de réfléchir à une refondation des liens entre lEurope et les États-Unis, à lheure où les modalités de leur magistère mondial demandent à être repensées de fond en comble. Dès la Constitution américaine, il est clair que le citoyen américain aurait toujours quelque chose à dire dans les affaires de son pays Cette conviction, et le comportement qui en découle, constituent la matrice même de la société américaine, dès lorigine et seront recopiés à chaque génération dimmigrants. Ceux-ci quittent une forme doppression (politique ou de misère) pour devenir responsables de leur destin dans les meilleures conditions permises par la nature. Autrement dit, lidée dune politique extérieure dun État incarnant une entité spécifique, à leuropéenne, na pas son équivalent aux États-Unis Les États formés pour administrer létendue dont est faite lUnion, sont faits pour sunir, non pas pour mener des politiques étrangères, et cette union entre eux garantit un tel degré doptimisation de la condition humaine quon na pas à se soucier de ce qui se passe ailleurs. Le pouvoir dagir vers lextérieur est dès lors délégué à une instance, à part, lointaine, côtière dirait-on, qui sappelle le Président avec son Administration (on ne parle pas de Gouvernement). Il agit sous le sévère contrôle de la Chambre des Représentants et du Sénat. On ne lui demande rien sinon de maintenir fermement la loi de composition de lUnion, à savoir que chacun y trouve les conditions les plus poussées de la liberté, qui résultent du fait dappartenir à ce peuple sauvé des Pharaons modernes par une heureuse traversée des mers. Il peut arriver que la méchanceté, lenvie, le chaos du monde extérieur menacent ce paradis. On attend alors du Président quil y remédie. On ne lui marchande pas la force dont il aura besoin pour ce faire. La population tout entière dans ces cas-là sassemble moralement pour procurer au gardien de la libre Amérique une puissance militaire dont il a besoin, et dont bénéficièrent Roosevelt, Truman, Kennedy et G. W. Bush. Le rôle des élites Le paradoxe sécuritaire Notons que depuis des générations, la politique extérieure, donc militaire des États-Unis, est définie par un cercle assez étroit de décideurs, par une oligarchie sous le contrôle du Congrès, qui nen module lampleur que dun point de vue principalement budgétaire. Or, très longtemps, cette dimension na pas posé problème aux États-Unis. Il en est donc résulté le paradoxe dune politique très active, sous couvert de sécurité nationale, de la part dune nation qui avait pour but à lorigine de nen mener aucune. Simplement, cette dernière navait pas de raison den marchander lenvergure. Il ne lui coûtait pas grand-chose et que tel semblait être le prix dune sécurité garantie aux Américains dêtre pleinement américains. La grande politique étrangère américaine a été conduite par une élite, qui a pu y loger des objectifs à leuropéenne, mais au nom dun consensus global dignorance bienveillante envers le monde extérieur. Un aveu de faiblesse sauf militaire et diplomatique Le nerf de la guerre vient à manquer Cet heureux temps nest plus, pour deux raisons : Dune part le monde extérieur est venu frapper lAmérique le 11 Septembre 2001 malgré cette grande politique ; Dautre part, lAmérique na plus les moyens dune grande politique extérieure, en quelque sorte en prime. Son industrie, sa finance, son état social et moral ne bénéficient plus du différentiel favorable qui leur était jadis acquis dans le monde. À cet égard, la survenue de louragan Katrina, la crise financière de 2008 et la fuite de pétrole qui souille le golfe du Mexique ont des petits airs de Tchernobyl : la défaillance qui soudain révèle la faiblesse technique, politique et éthique de la haute administration privée et publique des États-Unis à lexception de larmée et de la diplomatie. Cependant, la conjugaison de la menace du dehors et du dedans continue à les motiver Laxe identitaire des États-Unis tend cependant à être immuable. Ils sont et restent le pays exceptionnel de la liberté capable de surmonter les contraintes de toute nature. Dès lors ils ne peuvent entendre raison que si on leur fait valoir que cette exception est menacée du dehors et du dedans. Le dehors, il y a 70 ans, consista à entrer en guerre contre limpérialisme japonais et allemand. De nos jours, lAmérique ne tolère aucune résurgence de menace extérieure. Elle multiplie les interventions militaires, notamment au Moyen-Orient et en Asie. Au dedans, le New-Deal constitua la réponse à la crise économique des années 1930. Les tabous idéologiques furent alors balayés sans hésitation. La même démarche inspira le Président des États-Unis en 2008. Banques et industries furent nationalisées et la Federal Reserve Bank inonda le marché intérieur de ses liquidités pour pallier les carences de la finance américaine et, par ricochet, de léconomie dans son ensemble. Bush et Obama sont simplement deux versions de ce changement fondamental de politique dicté par les transformations de lenvironnement. Un ponctuel qui finit par simposer comme remède durable à toute menace doù quelle vienne Lextension en régime continu dune solution conçue initialement par Roosevelt comme une riposte temporaire, finit par ancrer lAmérique dans le sentiment quelle avait trouvé le remède durable à toutes les menaces extérieures et à toutes les menaces systémiques intérieures. Dès lors, un certain état de guerre permanent sinstallait sans que le monde ne soit convaincu de sa permanence globale. Or, depuis 20 ans, le monde se transforme de fond en comble et il sagit aujourdhui déveiller lAmérique à une forme de mutation comparable à celle qui sest opérée consécutivement à la Dépression des années 1930[2] En effet, comme celle des années 1930, la crise actuelle a beaucoup à voir avec une crise intérieure bien quelle reste encore difficile à évaluer dans ses prolongements tant domestiques quinternationaux. Cependant, lévidence dune continuité entre les années Roosevelt et lépoque actuelle simpose peu à peu. Comme en ce temps-là, lAmérique dObama doit apprendre à tenir compte du monde non plus comme dune perturbation à faire cesser, mais dun contexte dans lequel il faut évoluer. On peut donc considérer que la politique étrangère américaine est parvenue à une inflexion qui ne doit rien au passage du « faucon » Bush à la « colombe » Obama, car tous deux sont identiquement des personnalisations contradictoires de laigle gravé sur le sceau du Président. Cette inflexion est bien plutôt celle qui sépare deux époques : celle où lAmérique avait la marge de mener sa politique étrangère au nom de ses valeurs sans quil en coutât grand-chose au contribuable américain ; lépoque actuelle où il va falloir participer à la politique internationale en tant quélément dun système et non plus au nom de sa prétention à lexception, parce quelle na plus les moyens comparatifs de cette dernière. Cest une révolution. Comment faire passer ce message ? Le temps nest plus ni à lisolationnisme, ni à une politique de toute-puissance, mais à lapprentissage dune interaction Cette observation paraît raisonnable dun point de vue rationnel, mais la psyché américaine est-elle préparée à ce jour à engager une mutation de cette ampleur[3] ? Les Européens le voient mal, car, dans cette transition, le Président américain ne les traite plus en interlocuteurs privilégiés, statut que lEurope a perdu tant elle tarde à simposer toutes les dimensions dune puissance politique. La vérité majeure est que lAmérique prend le chemin frayé par lEurope depuis plusieurs décennies : apprendre à vivre avec les autres. Les Européens continuent à fantasmer lAmérique en superpuissance parce quils continuent à voir les États-Unis à travers le rôle que ces derniers tiennent encore, une immense puissance de type européen postwestphalienne[4], cest-à-dire une nation guerrière soucieuse de son hégémonie. Alors que cette posture est une anomalie née de la Guerre au temps de Roosevelt, et demeurée en vigueur depuis lors à la faveur de circonstances elles-mêmes anormales, celles de la Guerre Froide. Cette anomalie a donc duré plus dune génération, au point de finir par faire croire quelle était létat de paix naturel, alors quelle était aussi dérogatoire que la Seconde Guerre mondiale au cours naturel de lexpérience américaine. La tâche dObama et des futurs présidents est donc lourde : ils doivent convaincre leurs concitoyens de réorganiser le destin de lAmérique dans un monde qui sarrache lentement mais sûrement à la phase, belliqueuse entre toutes, du XXe siècle. Mais il leur faudra aussi gérer le legs de cinquante années de domination sur le monde, prolongées après 2001, quand il eût fallu préparer le repli relatif ou du moins le repositionnement pour mieux tenir compte de lAsie émergente, de lAmérique latine qui amorçait son développement, et du Moyen-Orient qui, en revanche, ne préparait pas son avenir. Les impondérables de la transition Les États-Unis éprouveront-ils des difficultés à penser et gérer une telle transition ? Ayant accédé à la fonction de clef de voûte de tout lordre mondial, ils ne peuvent sen déprendre sans risque et nostalgie et sont en quelque sorte condamnés à conduire la transition avec prudence. Leur politique étrangère relèvera donc de deux inflexions, inspirées de deux époques différentes : Le souci de lavenir qui invite à rendre à lAmérique la liberté de vivre son destin essentiellement chez elle comme avant 1917. Linterdiction due au poids du passé faite à son hyperpuissance de se désengager brutalement dans un monde proliférant en rivaux pleins dambition. Cest pourquoi il est à craindre que, quels que soient la clairvoyance et le courage des élites américaines, et si libre que soit le débat dans le pays sur lavenir de lAmérique, la politique étrangère américaine névolue que progressivement. En dépit dune conscience montante de ce que le modèle darmée, calibré sur un objectif décrasement du plus fort adversaire possible, soir devenu un fardeau économique excessif ; en dépit dune alerte sévère sur la validité du modèle économique associé à cette stratégie globale, qui consiste à se faire financer par le reste du monde ; en dépit dune exigence insistante de transformation du pays, qui change les règles du jeu, notamment sur le plan financier ; en dépit de lurgence de traiter avec de nouveaux partenaires conscients de leur potentiel, il est probable que ni Obama, ni ses prochains successeurs ne pourront réduire vite la voilure du rôle impérial de leur pays. Ce qui ne leur interdit pas de préparer parallèlement une autre donne ; mais cela rend plus complexe le déchiffrage de cette dernière. Au-delà des nombreuses interventions et présence militaire sur tous les continents, lAmérique travaille à ses relations avec la Chine, lInde, lAmérique latine, la Russie, lAfrique, le Moyen-Orient, lAsie centrale et même lEurope ! En fait, la seule et unique règle qui a dicté, dicte et dictera la politique extérieure américaine comme celle de tout État reste lappréciation de la défense de la sécurité et des intérêts du pays à court, moyen et long terme. Cest justement dans la pondération entre ces échéances que souvre un espace pour son évolution. Deux facteurs assez indépendants lun de lautre, quoique forcément corrélés en profondeur, gouvernent cette inflexion en cours : Dune part, le contenu quantitatif de la transformation planétaire est en train de saccomplir dans les ordres de grandeur démographique, qui modifient les proportions relatives des diverses parties du monde. Dautre part, un contenu qualitatif, comme dans le cas de la Chine, de lInde, du Brésil, voire du Mexique, accompagne ces transformations quantitatives. Il est évident dès lors que le rapport à ces ensembles ne peut plus rester ce quil était. Mais cest vrai aussi de lAfrique, du monde arabe et islamique, de lIndonésie, du reste de lAsie du Sud-Est, ainsi que dEurope à 27. Il y a là des masses humaines, des potentiels économiques et militaires, des agrégats culturels et des mutations sociales considérables, avec lesquels il faut compter. La supériorité encore manifeste de lAmérique envers tous les autres perd ainsi de son intensité en présence de tels ensembles. Cette évaluation du magistère américain est dautant plus fondée, que le pays connaît en même temps une mue intérieure. Lappel de la mission sacrée entreprise en 1941 et poursuivie jusquà léclatement de lURSS cinquante ans plus tard, prolongée à la faveur de lattentat de 2001 sexténue. Dautres objectifs semblent plus importants que les interventions lointaines. La renonciation au retour sur la lune, le succès dune extension de la couverture santé à tous, sont des signaux majeurs de ce recentrage vers les intérêts domestiques. LAmérique revient chez elle pour permettre aux Américains de renouer en paix un nouveau pacte avec leur terre promise. Elle sattend à ce que le reste du monde se contente de ne pas faire obstacle aux intérêts légitimes des affaires américaines. Assez symboliquement, les espoirs dautonomie énergétique placés dans lexploitation (peut-être assez dévastatrice écologiquement parlant) des schistes bitumineux, ramènent le balancier de la puissance sur le territoire même des États-Unis ou du Canada voisin, comme au bon vieux temps de la Standard Oil de Pennsylvanie. Moyennant une révolution dans la production et la consommation énergétique te la mise en valeur de ces nouvelles ressources internes, lAmérique pourrait presque fermer la parenthèse de sa dépendance devenue trop importante envers des approvisionnements en hydrocarbures en provenance du Moyen-Orient. On ne saurait trouver meilleurs icône du nouvel idéal américain celui des origines, davant lère guerrière de 1941-2011. Les quatre axes de la nouvelle politique étrangère américaine Le réalisme Les États-Unis continueront à capitaliser sur la force dentraînement de leur idéal et de leur pratique de la liberté. Cependant les axes de la politique américaine seront définis à lavenir par les intérêts directs de lAmérique bien plus que par le passé, et ces intérêts sont prioritairement économiques (ceci comprenant naturellement les services et tout le domaine culturel jusquaux médias) ainsi que, pour une part, certains sujets de sécurité. De ce point de vue, nétaient les enjeux de politique intérieure, lAsie et lexpansive Amérique latine intéresseront désormais beaucoup plus lAmérique que lEurope, lAfrique voire même le Moyen-Orient. En Asie, les États-Unis semploieront à créer un vaste partenariat qui couvrira tous les domaines du savoir, de léconomie, de la culture et des relations extérieures. Il est intéressant de noter que plus de soixante commissions paritaires Chine / États-Unis ont été créées entre les deux pays. En Amérique latine, il sagira dintensifier les flux commerciaux et à terme humains entre le Nord et le Sud, tout en favorisant tout ce qui peut contribuer à renforcer une véritable démocratie économique dans la région. Au Moyen-Orient, notons la récente collaboration qui sest établie entre lOTAN et plusieurs pays arabes. Limpératif de sécurité LAmérique veut se déprendre des passions du monde extérieur, et dresser contre elles, donc contre le terrorisme islamique, un mur de sécurité impénétrable, à labri duquel elle retrouvera le chemin de sa prospérité et du bonheur. Elle attache une importance prééminente à la non prolifération nucléaire et conserve donc une vigilance extrême peu exprimée à légard du Pakistan et officielle face à lIran. Elle na plus de combat à mener contre personne, elle entend juste faire régner la sécurité partout où se trouvent ses ressortissants et ses intérêts, à commencer par chez elle. Le Moyen-Orient et même lIran ne sont plus à ses yeux des raisons suffisantes de rester une nation conquérante. Lordre mondial finira par en dissoudre la nocivité. Il suffit de freiner linfection et de laisser temps et commerce essorer peu à peu la dangerosité plus sûrement que ne feraient les bombardements requis pour faire cesser la menace actuelle. LAmérique aimerait quIsraël en soit convaincu, même si les facteurs de politique intérieure propre aux États-Unis et la sourde effervescence dun certain Islam radical rendent la gestion de cette problématique délicate voire dangereuse. La puissance économique Elle ne crée pas la puissance tout court (sinon Singapour serait une grande puissance) mais elle en est la condition désormais nécessaire. Nulle nation nest plus admise à se prévaloir dune puissance que son taux de croissance et la qualité de son système éducatif et de recherche ne soutiennent plus. Or, en matière économique sont mitigés. Lun des principaux moteurs de léconomie américaine tourne au ralenti. Les ventes dimmobilier poursuivent leur tendance baissière. Il sensuit que 25% des propriétaires possèdent des biens dont la valeur de marché est inférieure à lencours de leur crédit et que les saisies immobilières individuelles se poursuivent à un rythme alarmant (environ 200 000 par mois). Depuis 2006, le prix de limmobilier aux États-Unis a baissé de 32%. Loption de la paix Elle répond à deux idées directrices : La première est que tous les acteurs majeurs ont intérêt à ce que tout se passe bien, et quil est donc plus important davoir largent pour acheter le pétrole ou le blé que de contrôler les routes stratégiques, ce à quoi tout le monde veillera pour sa part, dans une coalition des intérêts contre les éventuels petits et grands pirates. La seconde est une conséquence directe de la révolution digitale qui met les États-Unis comme les autres puissances, en prise directe avec tous les évènements significatifs de par le monde. Cest ainsi que les troubles intérieurs graves qui se produisent dans les régions à forte densité de population et où la pauvreté sévit ont des conséquences économiques et de sécurité qui affectent directement les objectifs prioritaire des États-Unis. La mise au point de réponses appropriées conformes à leur intérêt national et aux objectifs généraux de paix exigera sans doute de repenser les règles de gouvernance mondiale. La politique étrangère des États-Unis a ainsi cessé progressivement dêtre postwestphalienne, napoléonienne, comme le voudraient les néoconservateurs, ou Metternichienne, comme na jamais cessé de le prôner Henry Kissinger. Elle reprend le cours de lexceptionnalisme américain, non pour convier le monde à sy rallier, mais au contraire pour en recréer les conditions sans équivalent à lintérieur des seuls États-Unis et peut-être aussi pour faciliter à lextérieur une marche nécessairement saccadée vers plus de liberté. Une certaine incertitude américaine se manifeste toutefois dans les hésitations quils éprouvent à faire aboutir la dernière étape décisive du Doha Round en matière de libération des échanges. Naturellement, cette orientation tendancielle traverse de multiples obstacles. La masse de la population américaine continue à compter sur la rente de situation gagnée sur lAmérique au titre de son impérialisme de fait. Les politiciens issus des suffrages de ces gens-là sont bien obligés de veiller jalousement sur ce privilège. Cest à qui défendra la nécessité dun énorme budget de défense, ou limpératif dun libéralisme sans frein en matière de finance, ou le messianisme de lAmerican Way of life. Mais dans la longue durée, ce sont là des positions dépassées. Le peuple américain aspire à réexaminer ses responsabilités mondiales non à sen défausser, mais à les partager de bonne foi avec dautres, dans le but de se consacrer à lui-même. La question est de savoir dans quels délais et selon quelles modalités cette évolution peut prendre corps. [1] Ouvrage de Hervé de Carmoy, préfacé par Alexandre Adler, paru aux PUF en septembre 2011. Cet auteur a passé trente années à la Chase Manhattan Bank, puis aux postes les plus élevés de la Midland Bank, à Londres, et de la Générale de Belgique à Bruxelles, a fait de la banque dinvestissement comme associé gérant de Rhône-Group. [2] Comme la remarqué Alexander Field, historien de léconomie, les années 1930 étaient « la décennie des plus grandes avancées technologiques du siècle ». Les économistes font souvent une distinction entre tendances cycliques et tendances séculaires cest-à-dire entre les fluctuations à court terme et des changements à long terme dans la structure de base de léconomie. Rien nillustre aussi bien cette différence que les années 1930 : du point de vue cyclique, cest la pire décennie du XXe siècle et pourtant sur la durée, lune des meilleures. Malgré les souffrances causées, léconomie des États-Unis a fait dénormes avancées dans cette période : les bas nylon et la télévision ont été inventés ; les réfrigérateurs et les machines à laver se sont transformés en produits de grande consommation ; les trains ont accéléré la cadence et les routes sont devenues plus larges et moins cahoteuses. [3] Ils sont certes encore riches mais se battent contre un taux de chômage élevé chronique qui suscite la crainte dun déclin national. Et une diminution du pouvoir dachat dans la plus grande économie du monde où 70% du PIB est lié aux dépenses de consommation nest pas de bon augure pour une reprise mondiale. Laugmentation du nombre dactifs reste médiocre et le chômage stagne vers les 9%. Les prévisionnistes indiquent que ce taux ne passera sans doute pas en-dessous de la barre des 7% avant au moins 2015. Près de 6,5 millions de personnes sont officiellement sans emploi depuis au moins six mois et, ces trois dernières années plusieurs millions ont quitté le marché du travail. Beaucoup ne retrouveront pas de travail même longtemps après le redémarrage de la croissance. Léconomie américaine semble également souffrir dune mauvaise répartition des ressources. Trois secteurs géants la finance, la santé et limmobilier comprennent désormais de larges pans improductifs. Dans le monde de la finance, le volume des transactions a explosé ces dernières décennies, mais on ignore si cette activité frénétique a augmenté le niveau de vie. Pour Lawrence Katz, économiste de Harvard, « le problème des soins de santé est très similaire à celui du secteur financier. Des personnes incroyablement talentueuses gaspillent leurs dons pour quelque chose qui est essentiellement un jeu à somme nulle ». [4] Les historiens des relations internationales voient dans les traités de Westphalie qui mirent fin à la guerre de Trente Ans en Europe, la fin des grandes guerres de Religion internationales et lémergence des grandes politiques nationales fondées sur la raison dÉtat. À certains égards, nous y sommes encore. Date de création : 08/11/2011 @ 17:05 Réactions à cet article
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