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Synthèses - Du site eucharistique de la théologie
DU SITE EUCHARISTIQUE DE LA THÉOLOGIE LES TRACES ET LES MONUMENTS DE LÉVÈNEMENT CHRISTIQUE Extraits de « Dieu sans lêtre » de Jean-Luc Marion (197) La théologie ne peut accéder à son statut authentiquement théologique que si elle ne cesse de se défaire de cette théologie. Ou encore, si elle prétend parler de Dieu ou plutôt de ce DIEU qui biffe et rature toute idole divine, sensible ou conceptuelle, si donc elle prétend parler de DIEU, en sorte que ce de sentende autant comme lorigine du discours que comme son objectif (je ne dis pas objet puisque jamais DIEU ne peut servir dobjet, surtout pas à la théologie, sauf distingué blasphème), conformément à laxiome de Pascal que seul « Dieu parle bien de Dieu » (a) ; et si enfin ce DIEU strictement inconcevable, simultanément parlant et parlé, se donne comme le Verbe donné, comme le Verbe donné jusque dans la silencieuse immédiateté de la chair abandonnée, alors rien de plus décent que cette théologie expose sa logique au contre-coup, en elle, du théos. (a) Avec en contre-épreuve ATHÉNAGORE dAthènes : « chacun jugeant ce qui concerne Dieu, non de Dieu même, mais de soi seul » (SuppliqueVII). Le Christ ne dit pas le Verbe, il se dit - Verbe Que dit en effet, la théologie la théologie chrétienne ? Car enfin ce qui distingue la théologie chrétienne de toute autre ne tient pas à une singularité de sens (aussi décisive quon voudra), mais à ce qui, précisément, autorise cette éminente singularité, à savoir la situation même faite au sens, à son énonciation, et à son référent. La théologie chrétienne parle du Christ. Or le Christ se dit le Verbe. Il ne dit pas des paroles inspirées par DIEU sur DIEU, mais il abolit en lui lécart entre le locuteur qui énonce (prophète ou scribe) et le signe (parole ou texte) ; il nabolit ce premier écart quen abolissant un second écart, plus fondamental chez nous, hommes : lécart entre le signe et le référent. Bref le Christ ne dit pas le verbe, il se dit le Verbe. Il se dit le Verbe ! Verbe parce quil se dit et se profère de fond en comble. Comme en lui coïncident mieux communient le signe, le locuteur et le référent que dissocie ailleurs irrémédiablement lexpérience humaine de langage, il mérite au contraire, de nos verbes éclatés, inspirants ou dévalués, de se dire, en majuscule, le Verbe. Dire quil se dit le Verbe, voici qui, trahit déjà que lon bégaie : car cet « il se dit » veut déjà dire le Verbe. Il se dit et rien dautre, car rien dautre ne reste à dire hors ce dire du dit, dire dudit dit par excellence, puisquétant proféré par le dit-disant. Bref le dit du Dit. Il se dit et tout est dit : tout saccomplit en ce verbe qui performe, en parlant, lénoncé que le « Verbe a planté sa tente parmi nous » (Jean I, 14), parce quil na rien dautre à faire, ici, que de [se] dire. Quil [se] dise seulement et tout saccomplit. Quil [se] dise, et tout se trouve dit. Il na quà [se] dire pour faire. Mieux, il na même rien à dire pour tout dire, puisquil incarne le dire en le disant : aussitôt dit, aussitôt fait. Et donc le Verbe, le Dit ne dit-il, finalement, rien ; il laisse parler, il laisse dire, « Jésus ne lui donna aucune réponse » (Jean 19,9 = Luc 23,9). Ainsi fait-il, en laissant dire, et dit-il en laissant faire. Ainsi soit-il : « Il dit : tout est achevé » (Jean, 19,30).LeVerbene [se] dit comme Verbe, ou mieux : ne [se] dit Verbe ! quen laissant dire : ce quon entendra en un double sens. Le Verbe, comme Dit de Dieu, nul homme ne peut lentendre adéquatement, en sorte que plus les hommes lentendent parler leurs propres mots, moins leur entendement saisit ce que disent pourtant clair comme le jour, les paroles dites. En retour, les hommes ne peuvent rendre au Verbe lhommage dune dénomination adéquate ; sils peuvent par grâce exceptionnelle le confesser parfois comme « Fils de Dieu », ils ne parviennent pas (ni ne parviendront jamais) à le dire comme il se dit. Le Verbe ne se dit en aucune langue, puisquil transgresse le langage même, dès lors que Verbe en chair et en os, il se donne comme indissolublement locuteur, signe et référent. Le référent, qui devient ici locuteur, même sil parle nos mots, ne sy dit pas selon notre manière de dire ; il sy profère parce quil sy expose ; et sy expose, moins comme on expose une opinion, que comme on sexpose à un danger ; il sexpose en sincarnant. Parlant ainsi nos verba, le Verbe redouble son incarnation, ou plutôt laccomplit absolument, puisque le langage nous constitue plus charnellement que notre chair. Pareille incarnation en nos verba, seul le Verbe peut lentreprendre, qui vient jusquà nous devant nos mots. Nous, qui nadvenons au contraire que dans les verba, nous ne pouvons opérer librement cette incarnation. Incarné dans nos verba, le Verbe y acquiert une nouvelle indicibilité, puisquil ne sy laisse dire que par le mouvement dincarnation pour ainsi dire antérieur aux verba, quil dit et quil laisse le dire. Toute parole qui ne parle que ce côté-ci du langage ne peut donc atteindre le référent qui, seul et seigneurialement, vient pourtant dans le langage, à notre rencontre. Devant nos paroles, le Verbe laisse dire, manifestant ainsi quil ne peut sy trouver dit, mais que, par la seigneuriale liberté de cette incarnation redoublée, il sy donne à dire. Linouï du Verbe tient à ce quil ne [se] dit quindicible (écart Verbe/verba), mais quen cet indicible même il se dit pourtant parfaitement (écart parcouru par incarnation redoublée). Le Verbe [se] dit absolument quoiquindiciblement, à moins quil ne sabsolve de lindicibilité quen la parcourant dune parfaite incarnation. Indicible, non seulement comme une notre trop haute, quaune gorge ne pourrait chanter, par défaut de parole : il ne sagit pas seulement de parole, mais surtout du signe et du sens. Indicible aussi, et non pas seulement, comme lintenable pensée de labîme, où sombre Zarathoustra, parce quelle souvre à un déferlement de divinité : car il ne sagit pas dabord dune pensée, mais dun référent en chair et en os, du Verbe dont lincarnation occupe et transgresse à la fois lordre de la parole et du sens. Aucune langue humaine ne peut dire le Dit de DIEU. Car pour le dire, il faut parler comme Lui seul parle, avec exousia (Marc 1,22, etc.) avec cette liberté souveraine, dont lascendant (sur-)naturel en impose à tous comme une toute-puissance si haute quelle na quà parler pour se faire admettre. Le Verbe se dit, il nous devient donc indicible ; habitant labile de nos babils, il y habite pourtant comme référent. Le Verbe, comme Fils du Père Le Verbe, comme Fils, reçoit du Père le mandat et linjonction (entôlê) de dire ; mais lorsquil en devient le locuteur, ce message coïncide déjà par ailleurs (ou justement : pas par ailleurs) avec ce message quéternellement accomplit lillocution paternelle en lui comme Verbe ; en sorte quil peut légitimement transférer, dans lacte même de son énonciation lincarnation non seulement le message dit par lui , mais le locuteur qui, avec et avant lui, le dit, lui, le Dit indicible, comme tel Verbum Dei. Au moment où il dit les verba du Père, il se laisse dire par le Père comme son Verbe. Ainsi le Verbe se dit comme il se donne : à partir du Père et en retour au Père. Ce transfert même désigne lEsprit. Ou plutôt lEsprit prend la parole pour désigner ce transfert du locuteur (Jésus) dans le signe (le texte de la volonté divine) comme ce dont, lui, lEsprit offre trinitairement le référent « Une voix vient du ciel : Je tai glorifié et je te glorifierai « (Jean 12,28), la voix où parle lEsprit (au baptême, Matthieu 3,16) au nom du Père (transfiguration, Marc 9,7) qui dit le Fils comme tel. Autrement dit : je tiens celui-ci pour mon préféré en qui je me profère, le proféré que, de tous les proférés, je préfère parce quil préfère me proférer moi, plutôt que lui-même. Préféré, proféré : le Verbe, Fils bien-aimé. Le Verbe se laisse dire par le Père dans lEsprit qui ne consiste en un sens, quen cela exactement comme il laisse la volonté faire la volonté du Père. Ainsi apparaît le Dit du Père : le Verbe paraît le Dit quand il apparaît comme Fils du Père. Dit du Père : le Verbe proféré par le souffle de la voix paternelle, souffle, Esprit. Sue la Croix, le Père expire autant que le Verbe puisquils expirent le même Esprit. La Trinité respire de pouvoir souffler parmi nous. Dun tel Verbe, dun tel logos (a), un discours ne devient légitime, donc possible, que sil reçoit et conserve le contrecoup de ce quil prétend atteindre. Une théologie, pour justifier sa christianité, doit se concevoir comme un logos du Logos, un verbe du Verbe, un dit du Dit où, certes, toute doctrine du langage, toute théorie du discours, toute épistémologie des savoirs doit se laisser normer par lévènement de son redoublement en une instance, majuscule, intime et antérieure On peut bien tenter (en fait on ne le peut pas) de faire des « théologies » du travail, de la non-violence, du progrès, de la classe moyenne, des jeunes, etc. où change seulement le complément de nom ; mais on ne saurait faire une « théologie du Verbe », parce que si un logos prétend précéder le Logos, ce logos blasphème le Verbe (de) DIEU. Seul le Dit qui se laisse dire par le Père peut assurer la pertinence de notre logos le concernant, en apprenant à, lui aussi, se laisser dire dire par le Verbe fait chair, indicible et silencieux. Théologie : certes logos humain où lhomme ne maîtrise pas le langage, mais doit se laisser régir par lui (Heidegger) ; mais surtout, le seul logos des hommes qui se laisse dire restant logos humain plus que jamais par le Logos. Non parler le langage des dieux ou de « Dieu », mais laisser le Verbe nous (faire) parler à la manière dont il parle de et à DIEU : « Recevez lesprit de filiation, dans lequel nous prions, abba Père ! (Romains 8,15), « Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es aux cieux » (Matthieu 6,9) (b) Théologie : un logos qui assure sa pertinence quant à DIEU dans la stricte mesure où il laisse se lire en lui le Logos, lui-même entendu (strictement : entendu) comme celui qui seul sait se laisser dire parfaitement par le Père ; car, pour dire DIEU, il faut dabord se laisser dire par lui, que, par cet abandon docile, notre parole parle DIEU, comme dans les verba du Verbe sonnait le Verbe indicible de son Père. Il n sagit pas, pour le « théologien », de parvenir à ce que son discours parle (bien ou mal quimporte finalement, car quelle norme en ce monde en déciderait ?) de Dieu, mais dabandonner son discours et toute initiative langagière au Verbe, pour se laisser dire par lui, comme le Verbe se laisse dire par le Père lui, et en lui, nous avec Bref, apprendre à parler notre langage avec tous les accents avec laccent du Verbe parlant. Car le Verbe en parlant nos verba, quil dit mot-à-mot, sans rien en changer (pas un iôta, Matthieu 5,18), nous prend au mot, au pied de la lettre : puisquil parle ce que nous parlons, mais avec un tout autre accent, il nous promet le défi et nous donne les moyens de le relever parler notre mot-à-mot avec son accent, laccent dun DIEU. Le théologien [se laisse] dire [par] le Verbe ou plutôt laisse le Verbe lui laisser dire le langage humain à la manière dont DIEU le dit en son Verbe. (a) Seconde personne de la Sainte Trinité, préexistant à la création du monde ; celle qui dit le Père.. (b) Père constitue le premier mot que nous disions à DIEU au sens même où DIEU le dit (à DIEU, comme Fils au Père, justement) : « Or un jour, quelque part, il priait. Quand il eut fini, un de ses disciples lui demanda :Seigneur, apprends nous à prier, comme Jean la appris à ses disciples. Il leur dit : Quand vous priez, dites : Père » (Luc, 11,1-2). Père, nous ne le crions (Romains 8,15 ; Galates 4,16)) que parce que dabord le Christ le dit lui-même (Marc 14,36 ; Matthieu 11, 25 ; 26, 39 ; Luc Jean etc.) La théologie chrétienne porte sur lévènement forclos constitué par la mort et la résurrection du Christ Quel est loffice du théologien et sur quoi porte la théologie chrétienne ? Sur lévènement de la mort et de la résurrection de Jésus, le Christ. Comment cet évènement, éloigné de nous par le cours du temps et léloignement documentaire, nous advient-il ? Il nous advient par une parole dite par un homme, fides ex auditu (a). Lannonce use dun texte pour dire un évènement, et cela dans tous les cas. La parole ne transmet pas le texte, mais, par le texte, lévènement. Le texte ne coïncide point avec lévènement ; ou mieux, il en consigne les traces, comme le voile de Véronique retient les traits du Christ : par rapide imposition de lévènement qui passe. Les textes évangéliques fixent littérairement les effets de sens et de mémoire sur les témoins dune irruption inimaginable, inouïe, imprévisible et en un sens invisible. Lévènement christique a laissé ses traces sur des textes, comme une explosion nucléaire laisse des brûlures et des ombres sur les murs : rayonnement insoutenable (b). Le texte nous assure un négatif de lévènement qui seul constitue loriginal. Écart que lon peut entendre comme du signe au référent. Cet écart trouve une confirmation a contrario dans deux impasses contraires de lherméneutique : 1) Ou bien dans lexégèse « scientifique », on tente de lire le texte à partir de lui-même, comme sil ne voulait rien dire de plus que ce quil dit évidemment (sens historique) ; la trivialité souvent du résultat découle de la défaillance de tout évènement autre que le texte, qui, ne portant que sur lui-même, doit se supporter lui-même. Auquel cas, le seul évènement encore possible consistera en la simple rencontre du texte par son lecteur. Doù la tentation de maîtriser scientifiquement le texte, pour y interdire toute profération de lévènement du Dit. 2) Ou bien encore, comme le texte reste si radicalement non évènementiel quaucun salut ny peut advenir, on sera tenté de lui assigner un autre évènement, non plus antérieur au texte, comme au-delà, donc inaccessible, mais postérieur, comme en-deçà, encore à venir dans lavenir du lecteur lui-même. Le signe noublie point son référent, il lattend, y tend, lannonce. Dès lors, à creuser ainsi lécart du texte à lévènement, du signe au référent, ne détruit-on pas la possibilité en général de tout discours authentiquement théologique ? La littérature, en fait de référent - soit sen dispense (Emma Bovary, Werther, Swann, « nexistent pas »), - soit le retrouve en chacun de ses lecteurs (Emma Bovary « cest moi », Werther « ce nest pas moi », etc.), ce qui revient au même : en tous les cas, la littérature se dispense de recourir à un évènement pour y trouver son référent. Lhistoire, en fait de référent, publie un texte aboli, ou mieux publie le texte dun référent aboli que lon vise en tant même quil reste à jamais aboli, défait. Quant à la poésie, seule elle provoque, sinon produit, son référent par un pur et simple texte : lémotion même que cause en nous la lettre ; immanent, ce référent, en un sens nen constitue pas un (c). Reste seule la théologie ; elle prétend dire le seul vivant ; elle doit donc ouvrir laccès au référent (d). Mais ce référent consiste en la mort passée et la résurrection passée de Jésus, le Christ ; la Pâque qui fut dit-on effective comme évènement passé de lhistoire, du fait même de ce fait défait, sy accomplit, sy enfouit et sy forclôt ; dun élément forclos, le texte en porte la trace, mais il ny ouvre plus aucun accès. Évènement fini, référent inaccessible, que défend la consigne de son texte. Serions-nous privés de lévènement par le signe même qui sy réfère ? Le discours théologique culminerait-il dans la répétition de lirréfutable ? Quon ne dissolve pas trop aisément, par quelque habileté, cette clôture, qui clôt le discours théologique, mais aussi le sens sur lui-même. Car tandis que, sans doute, tout autre discours peut saccommoder de la clôture du sens doù sexile le référent, le discours théologique, seul, ne le peut, qui procède dun évènement et nen annonce que linfinie répétition (e). Mais, pareil accès à lévènement échu, pareille vision et visée du référent comment y reconnaître plus que des vux pieux ? Mais un vu qui reste « pieux », justement na rien de pieux seul deviendrait pieux qui accomplirait son devoir à légard du divin , il sombre par stérilité au rang du blasphème Lévènement pascal sest accompli, laccomplissement pascal est advenu (Luc, 24,18 : Jean 19,28). Pour les disciples comme pour nous, il nappartient plus au présent. Ne reste, une fois les choses mortes, que des mots : pour nous, reste le texte du Nouveau Testament, tout comme pour les disciples ne restait que la rumeur, où déjà la chronique de la mise à mort (Luc 24,17). Quand les disciples interprétèrent ce que lon dit de lévènement, leur interprétation correcte ne peut atteindre quun sens le sens dun évènement révolu, dont la contemporanéité visible ne leur devient pas même envisageable : « leurs yeux étaient retenus de la reconnaître » (Luc 24,16). Lherméneutique que nous pouvons mener de ce côté-cidutexte,il advientnouvel évènement, qui monnaye lévènement pascal que le référent en personne la redouble, achève et disqualifie par une autre herméneutique qui, pour ainsi dire, contourne son texte, dau-delà passe en-deçà. Le référent sy interprète lui-même comme ne référant quà lui-même : « et Jésus lui-même (autos) sapprochant fit route avec eux ( ) et lui-même (autos) leur dit : ô inintelligents et curs lents à croire tout ce quont dit les prophètes ! Le Christ ne devait-il pas souffrir toutes ces choses pour entrer dans sa gloire ? Et, en commençant depuis Moïse et tous les prophètes, il leur fit tout au long lherméneutique, dans toutes les Écritures, de ce qui le concernait (Luc 24,15, 25-27) Il peut viser le référent puisquil lassure ; celui quaucun texte ne peut dire, parce quil demeure hors-texte, le référent (Verbe indicible), transgresse le texte pour nous linterpréter, en interprète autorisé par sa pleine autorité (exousia) : expliquant moins le texte que sexpliquant avec lui, il le traverse de part en part, tantôt lecteur, tantôt référent, disant et dit ; bref, il sy dit strictement. Doù un premier principe pour le théologien : certes, il procède à une herméneutique du texte biblique qui ne vise pas le texte, mais, à travers le texte, lévènement, le référent. Le texte noffre pas loriginal de la foi, parce quil nen constitue pas lorigine. Seul le Verbe peut donner une interprétation autorisée des verba (écrits ou dits) le concernant. Donc le théologien humain ne commence à mériter son nom que sil imite « le théologien supérieur à lui, notre Sauveur », en transgressant le texte par le texte, jusquau Verbe. Sinon le texte devient obstacle à la compréhension du Verbe : ainsi pour les disciples, lAncien Testament, ainsi pour nous, le Nouveau. Pareille transgression, quopère en personne le Verbe à Emmaüs, offre pourtant lunique possibilité non dune lecture spirituelle mais dune lecture tout court des écritures, voire lunique accès à une parole originaire : « Il est ôté le voile [sc. des prophéties], dès lors que tu transites jusquau Seigneur ; ainsi est ôtée la non-sagesse (insapientia), quand tu transites jusquau Seigneur, et ce qui était de leau devient du vin. Lis-tu les livres des prophètes sans entendre le Christ, quoi de plus insipide et de plus extravagant ? Mais si tu y entends le Christ, non seulement tu savoures ce que tu lis, mais tu ty enivres, enlevant ton esprit hors de ton corps, pour oubliant ce qui est derrière toi, ne plus tendre que vers ce qui est devant (Philippiens 3,13). » Secondement pour le théologien, même et surtout dans lherméneutique du texte biblique, il faut sappuyer « moins sur la littéralité de la lettre, que sur la puissance du Seigneur et sa justice, à lui seul ». Quon nous comprenne bien : il ne sagit justement pas ici déloge du fondamentalisme (qui tient à la lettre), ni dune fantaisie faussement « spirituelle » mais de ce principe : le texte résulte, en nos verba qui ly consignent, de lévènement primordial du Verbe parmi nous ; la simple compréhension du texte office du théologien exige infiniment plus que sa lecture aussi informée quon voudra ; elle exige laccès du Verbe à travers le texte. Lire le texte du point de vue où il a été écrit : du point de vue du Verbe. Cette exigence,aussiintenablequelleparaisseet quelle le reste), ne peut séviter. À preuve : tant que le Verbe ne vient pas en personne interpréter aux disciples les textes des prophètes et même la chronique des choses vues à Jérusalem (logoï, Luc 24,17), ce double texte reste inintelligible strictement, ils ny comprennent rien (anoetoi, Luc 24,25), ils ne voient pas lévidence (Luc 24,17). Il faut, au théologien, transir (f) son texte jusquau Verbe, linterprétant du point de vue du Verbe. (a) (Romains, 10,14). Il faut écouter ici R. Bultmann : « La révélation nest pas une illumination, un moyen de connaître, mais un évènement ( ) La révélation doit donc être un évènement qui nous atteint directement et qui saccomplit en nous-mêmes, et le verbe, le fait de devenir lannonce, lui apparaît aussi. La prédication même est la révélation. » (b) Il faudrait ainsi parler dune manière de Saint Suaire textuel ou, en un autre sens, de voile de Véronique littéraire : limpression faite par la gloire paradoxalement visible de DIEU sur un linceul de mots inertes, de lettres mortes. (c) Il sagit donc pour une fois en un sens strict, dun évènement littéraire ; un évènement provoque des effets (une émotion), laisse des traces, impose des monuments sous la figure de textes (les archétypes). Non que les textes eux-mêmes fassent lévènement (au sens de lhabituel évènement de la rentrée), mais inversement où, précisément, ils ne font pas lévènement puisque lévènement seul les fait. (d) Cet écart même entre texte et évènement, loin de nous éloigner à jamais de lévènement pascal (Bultman et alii), nous marque au contraire quil sagit bien avec Pâques, dun évènement et non dun effet de sens ou dun jeu dinterprétation et que seule la répétition plénière de cet évènement par un autre/le même nous ouvre les textes : droit à leucharistie. (e) Sur les différentes acceptions de la clôture du sens et leurs implications théologiques, voir lensemble des travaux publiés de M. Costantini, et principalement à « Celui que nous nommons le Verbe », Résurrection, 36, Paris 1971 ; « La Bible nest pas un texte », Revue catholique internationale Communio, 1/7, Paris, 1976. (f) du latin transire : aller au-delà. Une brusque transition de lherméneutique (explication des Ecritures) à lEucharistie, là où sopère la reconnaissance (210) Même après lherméneutique auto-référentielle des textes par le Verbe, resterions-nous aussi, comme les disciples,aveugles,inintelligents ? Que cette herméneutique absolue se réalise ou non, que nous soyons en chemin vers Emmaüs ou en route vers la fin du second millénaire, cela finalement importe peu : aucune herméneutique ne saurait ouvrir des yeux à lexégèse du Père (Jean 1, 18). Cette objection met sur la voie dune remarque : curieusement le texte de Luc 24, qui pourtant avertit que le Christ « fit lherméneutique du texte », ne nous en rapporte pas largument, ni a fortiori les développements. Oubli ? Cette hypothèse ne saurait tenir, puisque tout le récit vise à présent une herméneutique qui rende le Verbe visible dans le texte biblique. Comment comprendre ? Une herméneutique absolue sannonce, et non seulement elle ne révèle rien, mais elle brille par son absence ; à peine nommée, elle disparaît au profit du moment eucharistique (Luc 24, 28-33). Pareille transition brusque de lherméneutique à leucharistie navoue-t-elle pas limpossibilité de la première ? Sans doute, mais la leçon dherméneutique napparaît tronquée, voire absente que si on la tient pour différente de la célébration eucharistique où sopère la reconnaissance ; car aussitôt après la fraction du pain, non seulement les disciples le « reconnurent » et enfin « leurs yeux souvrirent » (Luc 24,31), mais surtout lherméneutique traversa le texte jusquau référent : « et ils se dirent le cur ne nous brûlait-il pas en nous, lorsquil nous parlait en chemin , lorsquil nous ouvrait [nous faisait communiquer avec le texte des Écritures » (Luc 24,32). LEucharistie accomplit, comme son moment central lherméneutique, (elle intervient au v. 30, à mi-chemin des deux mentions des Écritures, v.27 et v.32). Elle seule fait traverser le texte jusquà sin référent, reconnu comme Verbe non textuel des verba. Pourquoi ? Nous le savons : parce que le Verbe interprète en personne. Oui, mais où ? Non dabord où le Verbe parle des Écritures, sur le texte (v.27-28), mais au moment où il profère la parole indicible, absolument filiale au Père « prenant le pain, il rendit grâce » (v.30). Le Verbe intervient en personne dans lEucharistie (en personne, parce qualors seulement il manifeste et performe sa filiation), mais pour accomplir ainsi lherméneutique. LEucharistie seule achève lherméneutique ; lherméneutique culmine dans lEucharistie ; lune assure à lautre sa condition de possibilité : lintervention en personne du référent du texte comme centre de son sens, du Verbe, hors des verba, pour se les réapproprier comme « ce qui le concerne(v.27). Si le Verbe nintervient en personne quau moment eucharistique, lherméneutique (donc la théologie fondamentale) naura lieu, naura son lieu que dans leucharistie. Le premier principe (il faut au théologien transir le texte jusquau Verbe, en linterprétant du point de vue du Verbe), trouve ici son assise et la norme qui lui évite le délire ; le théologien trouve dans leucharistie son lieu, parce que leucharistie elle-même soffre comme lieu pour une herméneutique. Soffre comme lieu au moment même de sa reconnaissance par les disciples, le Verbe en chair disparaît : « car il est utile pour vous que je parte » (Jean, 16,7)/ Pour quoi ? Pour que le Verbe reconnu en esprit, reconnu par et selon lEsprit, devienne le site où puissent habiter ceux qui vivent selon cet Esprit, le sien reçu du Père Le Verbe ne disparaît pas tant à leur vue, queux-mêmes ne disparaissent comme individus aveuglés, empiriquement vagabonds sur des chemins qui ne mènent nulle part. Ils entrent dans le lieu du Verbe, et maintenant, comme lui, ils montent à Jérusalem (Luc 24,33 Matthieu 16,4). Ce lieu en Christ dans le Verbe souvre pour une herméneutique absolue, une théologie. Car les deux disciples ne remontent à Jérusalem que pour dire lherméneutique eucharistique quils viennent déprouver, et la faire approuver : « eux-mêmes racontèrent [firent lexégèse], les choses passées sur le chemin et comment il se fit reconnaître deux par la fraction du pain » (Luc 24,34). « Alors quils disaient ces choses, lui-même se tint au milieu deux » (Luc 24,37) pour donner lEsprit et se redire comme Verbe absolu : « Cest moi », mais aussi « Je suis moi,ego eimi autos » (Luc 24, 38-39). Le cercle se clôt : lherméneutique suppose que les disciples occupent le site eucharistique du Verbe, mais leur herméneutique, en retour, transite tout texte et toute parole, à nouveau, le référent absolu (« Je suis » v. 39 Jean 8, 24 et 58 = Exode 3,14). Ce site herméneutique de la théologie, lassemblée chrétienne qui célèbre leucharistie le reproduit sans trêve. Dabord le texte : les prophètes, la loi, les écrits, tout lAncien Testament (comme en Luc 24,27), puis les logia du Christ (comme en Luc 24,17 : déployés en v. 18-24, par une manière de kérygme hypothétique hypothéqué par la mort). On le lit devant lassemblée qui, théologienne en négatif, demande quon lui fasse comprendre non les verba, mais le Verbe. Puis lherméneutique : le prêtre qui préside à leucharistie commence par « faire lherméneutique » (comme en Luc 24,27) des textes, sans que la communauté ne distingue encore en lui le Verbe en personne (comme les disciples) ; lherméneutique quopère verbalement lhomélie dès lors mode littéraire par excellence du discours théologique doit saccomplir dans le rite eucharistique où le Verbe visiblement absent, se fait reconnaître à la fraction du pain, qualifie le prêtre comme sa personne et sassimile ceux qui lassimilent Herméneutique du texte par la communauté certes, grâce au service du théologien, mais à condition que la communauté se laisse elle-même interpréter par le Verbe et assimiler au lieu où linterprétation théologique se peut exercer, grâce au service liturgique du théologien par excellence, lévêque. (214) Ce dispositif ternaire, que lon pourrait développer et confirmer en maintes suites, impose directement au moins quatre conséquences ? Deux concernent le théologien, et deux autres, la théologie. Conséquences, pour le théologien, imposées par le dispositif ternaire 1/ Première conséquence : si leucharistie, du point de vue du Verbe offre le seul site correct où le Verbe se dit en personne dans la bénédiction, si enfin seul le célébrant reçoit autorité pour transir les verba jusquau Verbe, parce que lui seul se trouve investi de la persona Christi, alors il faut en conclure que seul lévêque mérite, au sens plein, le titre de théologien. Cette proposition peut paraître paradoxale, mais au risque de simplifier, il faut y insister : lenseignement de la Parole caractérise les apôtres (donc aussi ceux qui se succèdent en leur site) au même titre que la présidence de leucharistie, lherméneutique natteint pas le site théologique : le Verbe en personne. Sans doute la fonction de lherméneutique théologique peut-elle se déléguer, mais au même sens où lévêque délègue au simple prêtre la fonction de présider à leucharistie. Et de même quun prêtre qui rompt la communion avec lévêque ne peut plus introduire dans la communion ecclésiale, de même un enseignant qui parle, sans, voire contre, le Symbole des apôtres, sans, voire contre son évêque, ne peut-il absolument plus porter son discours sur un site authentiquement théologique. Dans cette optique, on ne peut éviter de considérer comme au moins très problématique tout essai de constituer la théologie comme science ; outre que le statut de science en fait une théologie, outre que la rigueur démonstrative na sans doute guère plus de pertinence ici quen philosophie, cette mutation épistémologique provoque, ou exige, le relâchement du lien de délégation entre lévêque, théologien par excellence, et son adjoint enseignant, lequel, toujours et naturellement porté à postuler son indépendance, trouve dès lors une possible justification pour cette illusion ; car, se détacher de lévêque noffre pas un « objet » enfin neutre à la science théologique », mais supprime le site eucharistique de lherméneutique Le redressement du discours théologique ne pourra résulter que dune restauration du lien de délégation de lévêque à lenseignant qui savant herméneute ne constitue quun cas particulier de charismes qui ne valent rien, sauf rapportés à la charité et à lédification de la communauté (1 Corinthiens 14, passim). Lenseignement théologien ne se justifie que sil sert à la charité. Sinon, il fait mourir. Mais, plus lenseignant sinscrit dans le rite eucharistique quouvre lévêque, plus il peut devenir théologien. 2/ Inversement, et cest la seconde conséquence : si le théologien ne peut ni ne doit vouloir accéder à un statut « scientifique », il ne peut, lui-même, que devenir un saint. La sainteté redouble existentiellement lexigence institutionnelle dun lien à lévêque : il sagit, dans les deux cas, du même accès au site eucharistique de lherméneutique théologique. Quon ne sy trompe pas : lexigence de sainteté ne relève pas plus de lédification pieuse que lexigence dune délégation épiscopale nimpose une limite à la liberté de penser Comme lenseignant devient théologien en étant dans le texte le référent, il doit avoir du référent une compréhension anticipée faute de quoi il ne pourra en répéter les effets de sens dans le texte. Les exégètes ou les théologiens ne manquent pas, qui commettent des contresens massifs sur les textes (bibliques ou patristiques), non par défaut de savoir, mais par ignorance de ce dont il sagit, de la chose même. Celui qui na jamais connu la passion pour analyser exactement une scène de Racine ou de Stendhal, il ne peut la comprendre du point de vue de son auteur a fortiori le Cantique des Cantiques, ou bien Osée (dont bien des commentateurs paraissent manquer même de sens historique Celui qui prétend transir le texte jusquau Verbe doit savoir de quoi il parle : savoir par expérience la charité, bref, « avoir appris de ce quil a pâti » (Hébreux 5,8) comme le Christ ; ainsi, selon Denys le Mystique, le divin Hiérophée : « soit quil les ait reçues daprès des saint théologiens, soit quil les ait considérées au terme dune enquête scientifique des logia [textes des Ecritures] au prix dun long entraînement et exercice, soit enfin quil ait été initié par une inspiration plus divine, il na appris des choses de Dieu que ce quil en pâti, et par cette compassion mystique envers elles, il fut conduit à la perfection de lunion et de la loi mystiques, qui, si lon peut dire, ne senseignent pas » Le référent ne denseigne pas, puisquil se rencontre par lunion mystique. Et pourtant, il faut parler de lui. Avec cette expérience mystique il ny va pas dabord de la moralité ou des vertus privées des théologiens, mais surtout de sa compétence acquise en matière de charité, bref de connaître le Verbe, non verbalement, mais en chair et eucharistie. Seul le saint, en théologie, sait de quoi il parle, seul celui quun évêque délègue sait doù il parle. Pour le reste, il ne sagit que de vision, dintelligence, de travail et de talent, comme ailleurs, banalement. Conséquences, pour la théologie, imposées par le dispositif ternaire (218) Pour la théologie, comme il a été dit, deux conséquences à nouveau simposent : 1/ La théologie eucharistique, la seule possible, sexerce à parcourir lécart du texte (signes) au référent, des verba au Verbe. Dans cet écart, le Verbe indicible sature dabsolu chacun des signes de son texte : labsolu du référent rejaillit pour ainsi dire sur le plus trivial des signes dont chacun prend un sens spirituel. Le texte, où se fixe en signes verbaux leffet de sens du Verbe, en consigne lincommensurabilité : les Ecritures aussi dépassent les limites du monde (Jean 19,30 = 21,35). Le texte échappe à la propriété de ses producteurs littéraires pour se laisser pour ainsi dire aspirer par le Verbe : ou plutôt, il en prend lempreinte « objective » au même titre que les disciples reçoivent, du Verbe une figure objective : lapostolicité. Car le texte lui aussi devient apostolique, envoyé par lui-même, pour aller là où il ne voulait aller La théologie peut ainsi progresser à condition que le Verbe et son texte apparaissent bien comme donnés une fois pour toutes : le déploiement historiquement indéfini des herméneutiques eucharistiques suppose, indépassable et unique, la révélation transtextuelle du Verbe. En effet, en quoi consiste la production dune nouvelle théologie ? En une nouvelle manière de reconduire au Verbe certains verba des Ecritures, interprétation rendue possible, plus encore que par le talent dun esprit, par le travail de lEsprit qui dispose une communauté eucharistique dans une position où elle reproduit telle ou telle disposition du Verbe-référent, et sidentifie au Verbe, interprété sous ce rapport. Coïncidant avec une nouvelle persona, la communauté (donc aussi le théologien qui y double lévêque) réalise une nouvelle dimension de lévènement originel, donc accomplit une nouvelle herméneutique de certains verba, bref signe une « nouvelle » théologie. Cette fécondité sans fin dépend de la puissance de lEsprit qui suscite les attitudes eucharistiques (donc : pas de progrès de la théologie sans approfondissement du geste eucharistique, ce que confirment les faits). Une théologie se célèbre avant que de sécrire parce que « avant toutes choses et particulièrement avant la théologie, comme le dit Denys le Mystique, il faut commencer par la prière ». Pour donner une herméneutique « infinie » du teste (infini) en vue du Verbe (infini) , se mobilisent une infinité de situations vis-à-vis du point de vue du Verbe, donc une infinité deucharisties, célébrées par une infinité de communautés différentes, dont chacune reconduit au Verbe une parcelle des verba, à la mesure exacte de ce queucharistiquement elles répètent et accueillent chacune du Verbe en personne Le bavardage théologique souvent, comme le bricolage liturgique, atteste moins la créativité que l(impuissance à performer la répétition originelle la réintégration au centre , la récapitulation de lunique chef le Christ » (Ephésiens, 1,10). Cependant, le temps se dispense avec patience, pour que notre eucharistie interprète sans trêve ni retard les verba en vue, et à partir du Verbe jusquà ce quil revienne. 2/ Seconde et ultime conséquence. La fonction théologique ne fait pas exception, dans lEglise, à la donne initiale de sa fondation : « Ma été donnée toute exousia [luniversalité] au ciel et sur la terre. Allez enseignant toutes les nations ( ), enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai enjoint ; et voici que moi, je suis avec vous tous les jours jusquà la fin du tems (Matthieu 28,18-20). Tout se trouve donné à lEglise (espace : les nations ; temps : les jours) pour quelle le rende (faire garder les commandements) au Verbe, parce quil a déjà tout reçu (exousia) du Père ; en théologie il ne sagit, pas plus quailleurs, de travailler à un achèvement encire à venir : lachèvement pour lEglise, saccomplit définitivement à Pâque, donc à lorigine (Jean 19,28 = 13,1). Parler de progrès, de recherche, de découverte en théologie, ou bien ne veut rien dire de précis, ou bien trahit une méconnaissance radicale du statut eucharistique de la théologie, ou bien enfin doit sentendre en un sens détourné : non que la théologie progresse en produisant un nouveau teste, comme tout autre discours, mais au sens où la théologie progresse eucharistiquement dans une communauté, qui accomplit sa propre reconduction, à travers le texte, au Verbe. Bref, la théologie ne peut viser dautre progrès que sa propre conversion au Verbe, le théologien devenant évêque ou bien lun des pauvres fidèles, dans la commune eucharistie. Une fois tout donné, il reste à le dire, dans lattente que le Dit lui-même revienne le dire. Ainsi entendu, le progrès théologique indiquerait moins un tâtonnement indéterminé, ambigu et stérile, que le déploiement absolument infini des possibilités déjà réalisées dans le Verbe, mais non encore en nous et nos paroles, bref linfinie liberté du Verbe en nos verba, et réciproquement. Nous sommes infiniment libres en théologie : nous trouvons tout déjà donné, acquis, disponible. Il ne reste quà comprendre, dire et célébrer. Tant de liberté nous effraie, à juste titre. Date de création : 03/01/2011 @ 17:44 Réactions à cet article
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