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Poésie - Réné Char et de Staël



NICOLAS DE STAËL 1914-1955


Nicolas de Staël


La rencontre de Nicolas de Staël avec René Char date du début de l'année 1951; dès cet instant, de leur amitié naissante, avait surgi un élan créateur. Aussitôt après s'être imprégné de douze extraits du "Poème pulvérisé", le peintre s'était mis rapidement à l'ouvrage: "Les bois ont pris le départ sans incidents, écrivit-il à Char, je tape dedans le plus vite possible avec cent vingt gouges".
S'ensuivirent plusieurs mois de travail acharné que raconte Pierre Granville:- tout l'été, à Paris dans la chaleur moite, en Savoie, à l'Isle-sur-Sorgue même, chez le poète, emportant sac au dos des blocs et outils affûtés. Lorsqu'il aborda le septième poème, "Le Bulletin des Baux", s'efforça-t-il d'accorder son trait à la configuration manuscrite ? Le buis dans lequel il tapait et creusait semblait obéir à cet ordre: "J'approche de ton napperon d'encre noire, René. Nous sommes sur la voie précieuse. Songe à ma frénésie en même temps qu'à mes égards." -Et lorsqu'il vit approcher la date promise pour la livraison (novembre 1951): " Voilà René, j'arrive au bout, un peu sur le tranchant des nerfs parce que tu devrais avoir tout le livre fait depuis hier...Mon temps à moi limite. C'était hier." Ainsi s'achevèrent les quatorze gravures de l'ouvrage qui nous vaudra le texte de René Char, "Bois de Staël", ainsi que les remerciements du peintre: "...Ceci dit, je ne le dirai jamais assez ce que cela m'a donné de travailler pour toi. Tu m'as fait retrouver d'emblée la passion que j'avais enfant pour les grands ciels, les feuilles en automne et toute la nostalgie d'un langage direct, sans précédent, que cela entraîne. "
Au printemps suivant, le 26 mars 1952 très précisément, les deux amis se retrouvèrent au Parc des Princes pour assister au match France /Suède. Le 10 avril, de Staël adresse à Char la réponse suivante:" Très cher René, merci de ton mot. Tu es un ange comme les gens qui jouent au Parc des Princes la nuit...Quand tu reviendras, on ira voir des matchs ensemble...Entre ciel et terre sur l'herbe rouge ou bleue une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. Quelle joie! René quelle joie! Alors j'ai mis en chantier toute l'équipe de France, de Suède et cela commence à se mouvoir un tant soit peu..." Vingt quatre tableaux allaient naître. En juillet 1953, le peintre acquit "Le Castelet" à Ménerbes. Il peignait avec frénésie dans le Midi. En novembre, il écrivit à son ami:"..Le travail va par à coups, de la terreur lente aux éclairs. Je mettrai des années à faire claquer au vent ta Provence, ce n'est pas simple et, physiquement, je me sens dans un carcan d'acier…" Le 16 mars 1955, Nicolas de Staël se donnait la mort à Antibes. Plus de quinze de ses œuvres figuraient à l'Exposition René Char de 1971, dont six toiles des "Footballeurs".


ECRITS DE RENE CHAR
Bois de Staël33 (Alliés substantiels, 195l).
Nicolas de Staël (Alliés substantiels, 1952).
Vermillon "Réponse à un peintre" (Poèmes des deux années, 1954).
Il nous a dotés...(Alliés substantiels, mars 1965).
Excursion au village (Aromates chasseurs, 1972-1975).
Libera II34 (Effilage du sac de jute, 1978-1979).







CONVERGENCES


Procurer au lecteur une vision de l'œuvre de Nicolas de Staël à travers la relation d'amitié qui s'était établie entre lui et René Char, tel est le principal enjeu de cette plaquette. Le fait de constater que plusieurs critiques d'art qui se sont penchés sur l'œuvre du peintre aient fait très souvent allusion à cette relation, ou à des textes qui l'évoquent, donne quelques gages de succès à cette entreprise. De Staël - et ce jugement n'est en rien défavorable - fut un homme de « déclics » ; il avait lui-même acquis la conviction de leur fécondité : « Que voulez-vous, je crois aux circonstances dont naît l'œuvre d'art ». Et pour le présent document, l'intérêt réside dans le fait que Char se soit trouvé lui-même plusieurs fois au cœur d'occurrences bien précises. C'est ainsi que leur toute première rencontre, en février 1951, nous vaut le « Bois de Staël, où gravures et poèmes formèrent un livret destiné à une exposition. Le printemps suivant, grâce à l'invite de Char, ce fut la découverte du Parc des Princes, qui fut à l'origine de l'impressionnante série des « Footballeurs ».
Un autre intérêt réside dans le fait que Char et de Staël aient réalisé, bien qu'à des périodes différentes, le même parcours à la découverte des couleurs du Midi de la France. D'abord leur éblouissement à l'approche du littoral, puis leur enchantement sous la lumière plus stabilisante de la cuvette du Vaucluse. Ainsi au printemps 1952, depuis Bonnes et le Lavandou, le peintre écrivit à son ami en ces termes (orthographe respecté) : «Très cher René...Le 'cassé-bleu', c'est absolument merveilleux, au bout d'un moment la mer est rouge, le ciel jaune et les sables violets ; et puis cela revient à la carte postale de bazar ; mais ce bazar-là et cette carte , je veux bien m'en imprégner jusqu’au jour de ma mort. Sans blague, c'est unique René. Il y a tout là. Après on est indifférent. Dis, je rentre bientôt, je t'embrasse. Nicolas. »
En novembre 1953, il s'ancrera encore plus en Provence en faisant l'acquisition du 'Castellet' aux Ménerbes, sur le flanc nord du Lubéron, face à Gordes. La Sorgue est là tout près, mais Char est à Paris ; comme de Staël le regrette ! : « Je me sens toujours en faute avec toi quand je ne partage pas un peu ce qui m'arrive... Ne crois jamais vieux frère, que tu me dois quelque chose, il y a cela de vraiment merveilleux entre nous... »
Ces échanges sont bien loin d'être feintes ; ils émergent de leur profond pour mieux s'exprimer dans leur Art. Quand René Char affirme : «La poésie ne peut être que la vie, ne peut servir qu'elle 'la vie future à l'intérieur de l'homme requalifié' », Anne, la fille de Nicolas, n'est pas moins péremptoire : « L'arc de cette peinture est la tension entre l'homme et le monde. Le chemin, le cheminement d'un homme n 'est jamais trajet mais projet, il est le pas que l'accompli fait sur lui-même..., La mémoire n'est pas souvenir, mais devenir, elle ne se retourne pas, pas plus que le soleil peint n'a souvenir du soleil, mais devenir de soleil. Tout se passe dans le transport. »







BOIS DE STAËL


Je lisais récemment dans un journal du matin que des explorateurs anglais avaient photographié sur l'un des versants extrêmes de l'Himalaya, puis suivi, pendant plusieurs kilomètres, les empreintes de pieds, de pas plutôt, dans la croûte neigeuse, d'un couple d'êtres dont la présence, en ce lieu déshérité, était invraisemblable et incompréhensible. Empreintes dont le dessin figurait un pied nu d'homme, énorme, muni d'orteils et d'un talon. Ces deux passants des cimes, qui avaient ce jour-là, marqué pour d'autres leur passage, n'avaient pu toutefois être aperçus des explorateurs. Un guide himalayen assura qu'il s'agissait de l'Homme des Neiges, du Yéti. Sa conviction et son expérience en admettaient l'existence fabuleuse. Même si j'écoute l'opinion raisonnable d'un savant du Muséum qui, consulté, répond que les empreintes pourraient être celles d'un plantigrade ou quadrumane d'une rare espèce, grand parcoureur de solitudes, les bois que Nicolas de Staël a gravés pour mes poèmes (pourtant rompus aux escalades et aux sarcasmes) apparaissent pour la première fois sur un champ de neige vierge que le rayon de soleil de votre regard tentera de faire fondre.
Staël et moi, nous ne sommes pas, hélas, des Yétis ! Mais nous approchons quelquefois plus près qu'il n'est permis de l'inconnu et de l'empire des étoiles.





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Bois pour Poèmes







NICOLAS DE STAËL


Le champ de tous est celui de chacun, trop pauvre, momentanément abandonné.
Nicolas de Staël nous met en chemise et au vent la pierre fracassée.
Dans l'aven des couleurs, il la trempe, il la baigne, il l'agite, il la fronce. Les toiliers de l'espace lui offrent un orchestre. 0 toile de rocher, qui frémis, montrée nue sur la corde d'amour !
En secret un grand peintre va te vêtir, pour tous les yeux,
du désir le plus entier et le moins exigeant.





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L'Orchestre






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Nu couché







VERMILLON


Qu'elle vienne, maîtresse,
à ta marche inclinée,
Ou qu'elle appelle de la brume du bois;
 Qu'en sa chambre elle soit prévenue et suivie,
 Epouse à son carreau, fusée inaperçue;
Sa main, fendant la mer
et caressant tes doigts,
Déplace de l'été la borne invariable.

La tempête et la nuit font chanter,
 je l'entends,
Dans le fer de tes murs le galet
d'Agrigente.

Fontainier, quel dépit de ne pouvoir tirer
de son caveau mesquin
La source, notre endroit !





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Agrigente







IL NOUS A DOTES


Le "printemps" de Nicolas de Staël n'est pas de ceux qu'on aborde et qu'on quitte, après quelques éloges, parce qu'on en connaît le rapide passage, l'averse tôt chassée. Les années 1950-1954 apparaîtront plus tard, grâce à cette œuvre, comme des années de "ressaisissement" et d'accomplissement par un seul à qui il échut d'exécuter sans respirer, en quatre mouvements, une recherche longtemps voulue . Staël a peint. Et s'il a gagné de son plein gré le dur repos, il nous a dotés, nous, de l'inespéré, qui ne doit rien à l'espoir.






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La ville blanche



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Ménerbes



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Les Toits



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Les Footballeurs



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Footballeurs



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Parc des Princes



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Ciel à Honfleur



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Nu debout



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Indes galantes







EXCURSION AU VILLAGE

Orion s'éprend de la Polaire



Les amants sont inventifs dans l'inégalité ailée qui les recueille sur le matin.

Il faut cesser de parler aux décombres.

Une écriture d'échouage. Celle à laquelle on m'oppose aujourd'hui.

Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.

La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.

Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l'amour.

Toi qui nais appartiens à l'éclair. Tu seras pierre d'éclair aussi longtemps que l'orage empruntera ton lit pour s'enfuir.

Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu'entre l'étoile intraitable et le regard vivant qui l'a tenue un instant sans s'y blesser ?

...Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s'était approché, enfant de l'étoile polaire.





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Paysage marine







LIBERA II


Approche de cette percée: la rose, dont la mort sans hébétude Te propose une mort apparentée. Flâne autour de l'élue; tu la trouves ordinaire bien que fille de noble rosier. La fleur de lin, aphyllante, le cyste rustique demeurent les préférés,
Ceux sur lesquels tes yeux s'abaissent dans le caduc et dans l'aride.
Mais la rose ! Justement cette nuit on a tiré sur elle.
Le trou adulateur à peine se distingue à la base de la nouée.
Meure la rose ! Sa vraie ruine ne s'achèvera qu'au soleil disparu.
Elle aspirait à l'air humide de minuit, à l'écoute d'un rare passant.
Il vint. Elle et toi à présent avez blessure égale, Ta forme a cessé d'être intacte sur le voile d'aujourd'hui.
Nulle rémission pour toi, nulle retenue pour elle. Le coup silencieux vous a atteint au même endroit, de l'aile et du bec à la fois.
O ellipsoïdal épervier !






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Fleurs







TABLEAUX


Bois pour Poèmes 1951. Gravure sur bois 36,5 x 28,5 2/3  
L'Orchestre 1953. Huile sur toile 200 x 350
Nu couché 1955. Huile sur toile 114 x 162
Agrigente 1954. Huile sur toile 49,5 x 65
La ville blanche 1951. Huile sur toile 65 x 92
Ménerbes 1953. Huile sur toile 16 x22
Les Toits 1952. Huile sur toile 200 x 150
Les Footballeurs. Huile sur toile 22 x 27
Footballeurs 1952. Huile sur toile 80 x 65
Parc des Princes - Les grands footballeurs 1952. H. s. t. 200 x350
Ciel à Honfleur 1952. Huile sur toile 92 x 73
Nu debout 1953. Huile sur toile 145 x 89
Indes galantes 1953. Huile sur toile 162 x 114
Paysage marine 1955. Huile sur toile 73 x 100
Fleurs 1952. Huile sur toile 81 x 64




Date de création : 03/06/2010 @ 17:08
Dernière modification : 10/06/2010 @ 10:07
Catégorie : Poésie
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Réactions à cet article

Réaction n°1 

par jjdorio le 24/09/2010 @ 22:54

    

         

        Je n’ai pas la force de parachever mes tableaux

                 Nicolas de Staël ( Antibes 16 mars 1955 )

          

   Ce dimanche de septembre

masques et bergamasques

   en tenues chamarrées

volettent sur le quai

 

   Les Martigues

une toile de Staël

   et ce matin aussi

de l’autre côté du chenal

   trois mouettes qui viennent

vont tombent

      et se reprennent

 

   Mais ici

point de rempart d’Antibes

   et de maison de peintre

en aplomb

   des Grands Quais…


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