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Sociologie - Le symbole et les images
LE SYMBOLE ET LES IMAGES Extraits de larticle de G. Durand[1] sur lAnthropologie dans lEncyclopaedia Universalis.
Entre la philosophie anthropologique bourrée déléments concrets, « diachronique[2] », dont luvre de Leroi-Gourhan est le modèle, et une philosophie anthropologique du « vide[3] », structuraliste (Lévi-Strauss), se place le courant intermédiaire de lanthropologie « symbologique », principalement inspirée par cette discipline anthropologique improprement appelée histoire des religions. Ernst Cassirer, anthropologue et philosophe, peut à juste titre passer pour le père de ce recentrement de la philosophie anthropologique sur le mythe et le phénomène humain qui le fonde : le symbole. Philosophiquement issue de la critique kantienne, la philosophie de Cassirer a dabord eu le mérite de désaliéner celle-ci dun certain positivisme scientiste qui ne voulait prendre en considération que la Critique de la raison pure. Non seulement Cassirer va placer au premier plan les deux autres critiques, et spécialement la Critique du jugement, mais encore il va parachever le modèle kantien de la conscience constitutive dunivers de connaissance et daction. Il consacre une partie de ses travaux à la magie, à la religion, au langage, au mythe, domaines quavait négligés le kantisme, mais domaines de prédilection de la réflexion romantique. Pour Cassirer, il ne sagit nullement dinterpréter, cest-à-dire de réduire explicativement un mythe, un symbole, mais de comprendre la physionomie individuée du mythe, du symbole, du langage examiné. Toute la pensée humaine bien loin dêtre passive devant lobjet, a pour fonction de produire de lobjet (dobjectifier), cest à dire de donner aux choses un sens. Cest ce que Cassirer (1874-1945) appelle la « prégnance symbolique » et cest ce quil découvre être le propre de lhomme véritable animal symbolicum. Cette résurgence de limagination symbolique au centre de la philosophie anthropologique allait être renforcée encore dans les pays de langue anglaise et allemande (luvre intégrale de lauteur nexistant que dans ces deux langues) par lanthropologie du psychanalyste zurichois C. G. Jung (1875-1961). Non seulement lillustre psychanalyste apporta par son art de thérapeute une confirmation éclatante de cette théorie dun « imaginaire transcendantal » constitué par les archétypes, mais encore ses connaissances très étendues en histoire des religions et ses réflexions sur le terrain ethnographique (Afrique du Nord, Indiens Pueblos, Afrique noire orientale, Inde) autorisent à parler danthropologie à propos du réformateur de la psychanalyse. Chez Jung, la libido nest plus la pulsion infra-humaine quelle était chez Freud, elle devient « inconscient collectif », énorme réservoir archétypique où sabreuve tout limaginaire humain, délires, rêves, rêveries[4], littératures, mythes, religions. Cest sur la lancée de Jung quune véritable école ou plus exactement une réunion permanente danthropologues éminents dans tous les domaines, se réunit chaque année au cercle Eranos sur les bords suisses du lac Majeur. Le cercle Eranos, avec trente-cinq volumes de son Jahrbuch, constitue depuis trente ans une véritable plaque tournante de lanthropologie mondiale et spécialement de lanthropologie religieuse. Dans ce cercle nous pouvons plus spécialement relever le nom de Mircea Eliade, professeur des religions à lUniversité de Chicago, dont le Traité dhistoire des religions (1949) est luvre principale ; ses autre ouvrages constituent un très vaste répertoire comparatif des principaux mythes recensés par tous les ethnographes. De ce travail très érudit danthropologie culturelle sélève une philosophie du mythe et du symbole qui confirme en bien ces points le projet de Cassirer et qui consolide en grande partie ce que pouvaient avoir encore d« arbitraires » (J. Stoetzel) les conclusions anthropologiques de Jung. Mythes et symboles se situent au centre de la réflexion anthropologique : ils révèlent une logique générale qui dépasse de beaucoup les logiques ethnocentriques induites des langues indo-européennes. Mais surtout la pensée symbolique « rend possible à lhomme la libre circulation à tous les niveaux du réel ». ¨Par là, lhomme et cest ce qui fait sa sapience « ne se sent plus un fragment imperméable, mais un cosmos vivant relié à tous les autres cosmos vivants qui lentourent ». « Les expériences macrocosmiques ne sont plus pour lui extérieures et en fin de compte extérieures ou objectives elles ne laliènent pas de lui-même, lui révèlent sa propre existence et son propre destin ». Le mythe, lusage du symbole sont des herméneutiques anthropologiques, elles révèlent lhomme à lui-même, lui font connaître sa condition et son destin[5]. Ce que découvre Eliade[6] (1907- ) dans le mythe, cest ce que le philosophe Berdiaeff découvrait dans la religion : le mythe est expression existentielle de lhomme, sapience par-delà le savoir, objectivant du quotidien et de la technique ; « grâce au symbole, lexistence authentique de lhomme archaïque nest pas réduite à lexistence fragmentée et aliénée de lhomme de notre temps ». Le symbole et le processus mythique qui en découle, grâce à son impérialisme qui le porte à déborder le « sens propre » pour émarger à un sens figuré de plus en plus courant est un processus typiquement anthropologique [ ]transforme les objets en autre chose [ ] annulant leurs limites concrètes ». Tandis que Cassirer classait encore le mythe aux côtés de la science comme une activité « objectifiante », lanthropologie mythologique contemporaine, à la suite dEliade et conformément au programme fixé par le philosophe Dilthey, a tendance à séparer savoir objectifiant et connaissance subjective. Avec la réflexion dEliade et du cercle Eranos en général plus spécialement celle de lislamiste Henry Corbin lanthropologie, en ouvrant à la réflexion des sphères que la philosophie occidentale sétaient refusées, constitue les assises dune philosophie nouvelle. Avec tout le courant de la revalorisation de la pensée symbolique qui part de Cassirer pour déboucher sur Eliade et Corbin ou G.Durand, le philosophe qui émerge de lanthropologie mythologique se situe comme un prolongement métaphysique et quelquefois théophysique de la critique existentialiste contemporaine. Les anthropologues de cette école mythographique, faisant porter laccent bien plus sur la pérennité humaine que sur lévolution, saperçoivent quune fois levée lhypothèque de lanimal rationale, cher à la philosophie classique, on ne se trouve pas en présence dune liberté désespérée, impuissante et anarchique, jetée dans un monde absurde et hostile (Dasein) : ce que révèle lanalyse de tout le contenu de limagination humaine, cest au contraire un ordre cohérent de liaisons et de valeurs, réellement métaphysique, constitutif de ce quil y a de plus profond et déternel dans lespèce humaine. LHomo sapiens se définit donc comme Homo symbolicus. La sagesse caractéristique de lespèce nest ni une raison qui sapplique aux objets de lunivers, ni une liberté totalement errante, mais un « ordre archétypique » qui leste toujours de son sens, objets, actions ou devenir humain. Extraits de de larticle de B-D. Dupuy sur lHerméneutique dans lEncyclopaedia Universalis. Pensée moderne et langage des mythes Mythe et vérité La pensée moderne ne cherche pas dabord dans un texte une idée essentielle, ni une affirmation de caractère universel et de portée métaphysique. Elle se veut fidèle au concret, elle cherche à comprendre les situations originaires et elle fait un retour aux mythes. Il y a des expressions de lhomme dans son monde ; il y a des mythes prégnants de vérité. Le problème philosophique majeur est dès lors celui de la vérité des mythes. Cependant le mythe apparaît demblée comme ambigu : est-il fable ou vérité ? Il faudrait, pour en décider, pouvoir remonter à lexpérience vive du mythe, qui est aujourdhui perdue. Le mythe étant recueilli dans son état dernier, dans sa forme écrite et déjà organisée, comme dégradé. 1) Première conception du mythe Les ethnologues du passé, collecteurs de légendes, lont dabord considéré comme un récit étiologique, comme une fiction qui réduit le cur et lesprit et qui sest transmise après la fin de lépoque mythopoiétique : « produit de la pensée que la pensée a dépassé, récit en opposition avec la vérité, qui réunit tout ce qui ne se laisse pas intégrer dans la réalité ! » La fonction mythique apparaît imaginaire, créatrice de symboles, elle plonge dans linconscient ; la fonction logique (deuxième pôle de la vie de lesprit) apparaît intentionnelle, conceptuelle, elle distingue et unit dans le champ du conscient. Mais la fonction mythique est la seule par laquelle lhomme tente de se forger son monde, de rendre intelligible pour soi-même lunivers extérieur et intérieur. La fonction logique nen fait que rendre compte en soi, dans labsolu. 2) Seconde conception du mythe Cette seconde conception est plus élaborée et plus ancienne que celle des ethnologues, et cest elle qui le reçoit comme une allégorie ; elle a été popularisée par le romantisme. Comptine en sa surface, dépourvue de sens, en profondeur cest une histoire sérieuse et grave qui apporte des révélations tout à fait imprévues sur la vie des hommes et quil faut savoir écouter et déchiffrer. « Le mythe est un mode de pensée selon lequel ce qui nest pas du monde apparaît comme étant du monde, comme un au-delà dun ici-bas » (R. Bultmann). La conception allégorique reconnaît ainsi la structure ambivalente du mythe. Elle perçoit que le mythe par son équivocité même, traduit mieux la richesse du réel que le discours et donne par conséquent une idée plus exacte de la fécondité inépuisable de lexistence. Elle lui accorde donc une part de vérité. Mais elle ne lapprécie que pour mieux aussitôt sécarter de lui et le dépasser, parce quelle le juge obscur. Elle lutilise plutôt quelle ne linterprète. Aussi lallégorie débouche-t-elle le plus souvent dans la gnose . Dans ce climat de pensée ce nest pas tant le mythe qui est estimé vrai que la signification quon lui attribue. Lallégorie se livre sans cesse à une fuite du symbole donné vers un prétendu sens à découvrir. Du mythe au symbole Pour éviter cette rupture de limage et du sens, il faut parvenir à une approche encore plus concrète et plus originaire du mythe. La définition symbolique du mythe y tend : « Le mythe est lexpérience complète et variée que lhomme peut faire de lui-même et des réalités mystérieuses avec lesquelles il est en relation » (Eliade). Ou mieux encore : « Le mythe est un récit traditionnel qui rapporte des évènements arrivés à lorigine des temps et qui est destiné à fonder laction rituelle des hommes daujourdhui et, de manière générale, à instituer toutes les formes daction et de pensée par lesquelles lhomme se situe dans son monde. Fixant les actions rituelles significatives, il fait connaître quand disparaît sa signification étiologique[7], sa portée exploratoire et apparaît dans sa fonction symbolique , cest-à-dire dans le pouvoir quil a de dévoiler le lien de lhomme à son sacré » (Ricoeur). Cette définition rapproche le mythe du rite, et elle lie le mythe à lhistoire au lieu de len dissuader comme le fait lallégorie. La mythologie nest pas liée au monde du primitif ; mythe et histoire se pénètrent et se confondent jusquà léclosion de la raison, jusquà lavènement de lunivers de la science, ce dernier inclus. A lâge de la science et de la technique, le mythe, au premier abord, ne paraît être quune tentative inadéquate dexpliquer lorigine des choses, une donnée qui doit être éliminée, « démythologisée ». Mais le mythe en réalité est indéracinable, car il est constitutif de la pensée même qui le nie. La science ne peut exclure que son intention étiologique, sa prétention dexpliquer lorigine et la fin de lhumanité. Mais dans ce processus de remontée de la fonction causale, qui a forgé la fiction, et de la fonction suggestive qui donne prise à lallégorie, au symbolisme primitif, le mythe révèle sa fonction exploratoire. Il restitue lhomme dans la « forêt des symboles » quil a jadis créés. Il dévoile le lien de lhomme à son sacré, au divin et, dans le cas de la Bible, à Celui quil a un jour appris à nommer de son vrai Nom, au reste imprononçable (Exode, III, 15). Le symbole se distingue de lallégorie en ce quil ne cherche pas un sens du mythe autre que le mythe et qui serait exprimable dans un autre langage ; il renvoie à ce sens latent du mythe qui nest connaissable que grâce à lui et qui permet de retrouver et dappréhender sa portée symbolique profonde. Le symbole donne à penser Le retour au symbole a pour but de rejoindre la signification propre du langage primitif. Il fait ressaisir lexpérience qui a donné naissance au mythe. En nouant origine et fin, archéologie et eschatologie, le mythe appréhendait lexistence humaine comme une totalité à partir de laquelle la vie de lhomme trouvait son orientation et prenait son sens. Une expérience primitive est ainsi inscrite dans la trame des mythes ; elle peut être retrouvée au moyen de la réminiscence quils provoquent ; et lavenir est offert en eux dans une expectative quils suscitent et qui assure leur actualité. Pour retrouver le sens des mythes, il faut donc remonter au-delà de létape de fixation et de conceptualisation du récit mythique, effet dune réflexion rationalisante ; puis, au-delà de la fiction allégorique, première tentative dexplication et de domestication du mythe ; et enfin retrouver lexpérience vive, collective et magique, qui sest donnée son premier langage, celui des symboles, dont le mythe est comme la transcription chiffrée et laveu. En se débarrassant de sa gangue mythologique, le symbole délivre son langage originel et livre son message. La charge du langage était assurée par une « répétition en sympathie », la pensée inhérente aux monde des mythes nest pas évacuée mais au contraire émane de ce plein : le symbole donne à penser. On nest pas ramené une fois de plus au logos classique, car tout reste dit en énigme ; cest lénigme même qui enseigne. Il faut admettre que la pensée est au niveau même des symboles et jaillit à partir deux. Il faut laisser mourir lexigence impérative de la rationalité, accepter la dissolution de lexplication étiologique, pour sauver le mythe. Le mythe pourra alors être retrouvé de nouveau et interprété par lhomme moderne critique,qui nest plus lhomme naïf primitif, premier créateur des mythes. Lherméneutique contemporaine se veut ainsi fidèle au propos primitif du mythe : elle veut entendre, comprendre, retrouver le moment démerveillement, lintelligibilité première. Tel est le but même de la démarche quelle inaugure : lhomme moderne entendra de nouveau le langage du mythe et, de nouveau, se posera des questions. Le cycle de la pensée sera alors en quelque sorte accompli. Une première naïveté humaine a été perdue, mais lhomme critique aspire à une naïveté seconde. Toute compréhension doit aboutir à la question. Lherméneutique assure ladéquation et la parenté de la pensée avec ce dont il est question. Les attitudes qui peuvent être adoptées dans une recherche dinterprétation Dans une recherche dinterprétation, trois attitudes paraissent pouvoir être adoptées : elles constituent autant de dimensions de lherméneutique. Dans la première quon peut appeler archaïque, lattention est portée surtout au symbole naturel primaire. On sattache à ce quil y a de plus originaire dans le dire poétique ou mythique. On fait retour essentiellement à la source du langage. Ce propos est marqué par un souci de la structure des expressions. On constitue une archéologie de la mémoire et du savoir. Ainsi le thème biblique de la chute et de lexil sera saisi grâce à la puissance évocatrice des mots qui le traduisent à chaque époque de lhistoire : souillure corporelle, humiliation, guerre et conflit, culpabilité, péché originel. Les symboles envisagés, reçus dans leur sens littéral, sont acceptés dans leur opacité, révélant et cachant aussi bien le sens latent du texte. Dans la seconde, il y a comme une compréhension et une intelligence seconde du récit qui suit la flèche des symboles en se fondant sur la récurrence et la constitution des types. Le langage est la « lumière de lémotion ». Il est la clef qui permet de redécouvrir le monde des symboles lui-même. Toutes les littératures témoignent dune évolution linguistique qui permet de jalonner les éruptions de la geste symbolique quelles reflètent. Ainsi peut-on retrouver dans la Bible, toujours à propos du thème de lexil, les différentes formes dexpression de lexpérience primitive. On peut suivre la conscience collective de la faute éprouvée par tout le peuple. Celle-ci a trouvé en définitive son « type » dans la chute dAdam. Toutefois, le symbole adamique tient peu de place dans la Bible. Les personnages de lhistoire, Noé, Abraham, Moïse, qui en ont beaucoup plus, constituent les moments historiques de répétition du thème de la faute. Le type dAdam est néanmoins revêtu dun sens universel. La troisième attitude qui est de caractère existentiel, sattache à saisir lexpérience initiale elle-même. Elle cherche pour cela à retrouver comment le mythe nous atteint dans notre situation présente et rejoint notre propre expérience malgré lécart de notre propre précompréhension (cf. R. Bultmann, « Nouveau Testament et mythologie » dans LInterprétation du Nouveau Testament). Ici le thème biblique de lexil soffre directement comme symbole de laliénation humaine ; cest bien un thème universel. Mais cest dans lexil dEgypte quun peuple en a fait pour la première fois laveu, par le truchement de ses rites et de son sacré. Cest dans lévénement libérateur quil a reconnu la main de Celui qui se rendait présent à lui, se révélait. Lévénement particulier intéresse dès lors toute lhistoire et prend valeur universelle. Il concerne lexistence de tous les hommes. Georges Dumézil, préfacier d« Images et symboles » dEliade. Lanalyse structurale P. SMITH, CNRS Les mythes étudiés en eux-mêmes (Encyclopaedia universalis, Mythe, 528a) Bien quil se situe en dehors du domaine strict de lethnologie, G. Dumézil doit être considéré comme le précurseur de lanalyse structurale des mythes. Dans ses travaux sur les mythes et lidéologie des peuples indo-européens de lAntiquité, il découvre comment la confrontation de plusieurs mythes permet de dégager des structures qui leur sont communes. Elles consistent en certains agencements de catégories sociologiques dans la cas du corpus quétudie Dumézil catégories qui suggèrent un système de castes , mais contre son hypothèse de départ, il doit reconnaître que ces catégories ne reflètent pas nécessairement celles de la société qui produit les mythes en question : elles ne reflètent rien dautre que lactivité de lesprit, ne sont rien dautre que des outils de lintelligence. La « structure » dans le discours philosophique français (Encyclopaedia universalis, Philosophie, vol. 18, pp 429-431) E. MERMILLIOD, professeur certifié de philosophie Notion de code dans le structuralisme Une structure, ou un code, consiste tout dabord dans un ensemble de relations formelles qui définissent tous les énoncés possibles ayant un sens équivalent, cest-à-dire ayant la même dénotation. Une structure comporte aussi un code secondaire , qui fait que certains énoncés sont privilégiés par rapport aux autres possibilités, et cela en fonction de la connotation. Enfin, une structure se manifeste dans le fait que tel ou tel contenu peut servir de modèle : la structure consiste dans ce qui se conserve lorsquon passe dun système d énoncés à un autre. Les noms attachés au structuralisme français Le structuralisme français doit surtout son succès à Roland Barthes, Georges Dumézil, Michel Serres, Claude Lévi-Strauss, Jacques Lacan. Pour Barthes, létude des systèmes de connotation permet de donner un contenu précis à la notion d« idéologie dominante ». Lapport de Georges Dumézil Avec lui souvre une période de recherches sémiologiques prenant pour objet « le discours de la mode », « le discours de linformation à la T.V. », etc. Dumézil fait porter son travail sur la structure de la tradition indo-européenne[8]. Au lieu de dégager le sens contenu dans les mythes de cette tradition, il compare la totalité des relations constituant un panthéon avec la totalité des relations constituant un autre panthéon. Il montre ainsi la présence, à travers ces traductions globales, dun modèle invariant : la structure des trois fonctions (le sage, le guerrier, le cultivateur). Lapport de Michel Serres Serres introduit une évolution analogue à celle de Dumézil dans le domaine des sciences. Au lieu de séparer les sciences les unes des autres, il montre que tous les savoirs scientifiques dune époque sont isomorphes entre eux. Il en tire la conséquence que la séparation entre les sciences na pas de fondement et que nen a pas plus la séparation entre science et fiction (il détruisait ainsi la notion bachelardienne de « coupure épistémologique » au moment même où elle avait un regain dactualité dans les travaux dAlthusser). Il y a des genres de discours, mais traduisibles les uns dans les autres. Par là disparaît tout méta-discours qui ferait la synthèse encyclopédique des vérités présentes dans chaque genre particulier de discours. Et disparaît de même la coupure entre le logique et le mythologique : ce que le logique perçoit comme ordre rationnel, le mythologique le perçoit comme apparition miraculeuse dun ordre à partir dun désordre originaire. A quels noms le structuralisme français est-il surtout associé ? Le structuralisme français est surtout associé aux noms de Lévi-Strauss et de Lacan. Lintervention essentielle de Lévi-Strauss dans son « Introduction à luvre de Marcel Mauss » Sociologie et anthropologie, consiste dans le passage de la notion de « sacré » telle quelle avait été abordée par toute la sociologie française depuis Emile Durkheim, à la notion de « structure symbolique ». Toue la vie sociale se trouve ainsi assimilée à léchange de messages. Toutes les structures sociales sont symboliques et donc traduisibles dans celles du langage. La société est structurée comme un langage et le langage est conçu selon la théorie de la communication, cest-à-dire comme un code. Lacan poursuivra le même chemin en posant que l« inconscient est structuré comme un langage ». Mais, alors que pour Lévi-Strauss il y a encore une pluralité de structures symboliques, avec Lacan ce jeu possible entre structures symboliques se trouve réduit à néant par la notion d« ordre symbolique ». Et cest cette obligation de se soumettre à la loi de lAutre qui est constitutive du désir comme manque. Le prétendant à lhumanité, en effet, ne peut devenir sujet quen sassujettissant au code, et cela au prix dune séparation davec lobjet de son désir, qui ne peut être énoncé dans le code. Il y a donc clivage du sujet par le code qui sépare le dicible de lindicible. Cest contre l« anthropologie structurale » que toute la génération suivante va se définir Le structuralisme en réduisant ainsi le sacré à lordre symbolique, éliminait complètement le rôle du désordre, de la fête sacrée comme instauration de lordre, ainsi qua voulu le montrer René Girard en se référant à la tradition de la sociologie française. La rupture avec la phénoménologie, cest-à-dire lidée selon laquelle la conscience du sujet est lorigine du sens, va se faire au prix dune théorie de lassujettissement à un ordre constituant unique. A la place de la description par le sujet humain du sens de son expérience vécue, on passe à la science des structures dénoncés. Le vécu devient mythique, imaginaire, idéologique. Il y a primat du code sur le sujet : cest le code qui décide de ce qui peut être dit et qui permet de savoir si jai vraiment dit quelque chose. On reconnaît ici le fameux thème de la « mort de lhomme ». Ce nest pas le sujet qui parle, cest le code. On ne saurait exprimer le sens de son expérience dans le code, car une expérience est toujours singulière, alors que le code est toujours universel. Le langage nest pas le geste dexpression dun sens. Lhistoire nest pas le progrès de laccumulation de ces sens. Mais la conséquence la plus importante, la seule que va retenir cette nouvelle génération, cest que, si tout énoncé doit se plier à la loi du code pour avoir un sens, inversement, « la seule façon de faire sens est, pour le locuteur, de produire un message privé de sens, imprévu dans le code (message quon peut convenir de nommer « poétique »). Le non-sens est alors la réserve où lon puise afin de produire le sens. Le sens est leffet du non-sens » (v. Descombes, Le Même et lAutre). On voit ici lorigine structuraliste de tout effort de décodage, de déstructuration, de déconstruction qui caractérise cette nouvelle génération de philosophes qui nous intéresse. Alors que le structuralisme aboutissait à une pensée dun ordre unique, confondant ainsi les lois universelles de lénonciation avec les systèmes « symboliques » dénoncés, toujours particuliers, la déconstruction peut être comme une réaction en sens inverse. Lordre nest plus quun cas particulier du désordre ; mais pour sen rendre compte, il faut commencer par transgresser la loi, déconstruire le code (cette réaction antistructuraliste oublie alors lautre règle, qui est mise en évidence par René Girard : la fête, le désordre, la transgression de la loi ne constituent pas du tout une libération, mais au contraire une obligation collective, un impératif social). Alors que pour Lacan, la liberté nexiste que par lentrée dans la Loi, toute la génération suivante verra dans la transgression du code dominateur la condition de la liberté. LE SYMBOLISME EN LITTÉRATURE Avant de se manifester au grand jour en 1885, le symbolisme commence par se dissimuler pendant une vingtaine dannées et nest remarqué que par quelques esprits capables dy déceler une tendance nouvelle. Cette tendance se précise en sopposant au positivisme et à la littérature qui a lié son sort à lévolution scientifique. Le symbolisme prend le contrepied du sens commun et de lesprit scientifique et se laisse envahir par lexpérience à la fois active et passive dun ensemble indivisiblelespèce. En prenant pareille attitude, il se montre plus réaliste, malgré son idéalisme de principe, que ceux qui se prétendaient réalistes. (le « moi » et le monde), dont la dimension principale devient En effet, il se refuse à détruire la réalité complexe de la vie. Pour lui le monde est un ensemble de symboles, mais « symbole » ne signifie plus « image substituée à une idée abstraite ». Le symbole est cela même qui est vu par un homme qui se sent regardé par les choses et non pas par un homme qui se prend pour un centre. Cette extrapolation de la valeur du mot « symbole » apparaît pour la première fois en 1857 dans le poème « Correspondances » de Charles Baudelaire : < Lhomme [dans la nature] passe à travers des forêts de symboles Qui lobservent avec des regards familiers.> Songeant à cette nouvelle valeur du mot, Jean Morias en tire, 29 ans plus tard, les dérivés, symbolisme, symboliste IMAGES ET SYMBOLES Extraits de luvre de Mircea Eliade (tel Gallimard) Le symbole comme mode autonome de connaissance < (14) La conversion aux divers symbolismes nest pas une « découverte » proprement inédite, le mérite du monde moderne : celui-ci, en restaurant le symbole dans les titres dinstrument de connaissance na fait que reprendre une orientation générale en Europe jusquau XVIIIème siècle, et qui est, en outre connaturelle aux autres cultures extra-européennes, quelles soient historiques (par exemple celles de lAsie et dAmérique centrale) ou archaïques et primitives. Linvasion de lEurope occidentale par le symbolisme coïncide avec lavènement de lAsie à lhorizon de lhistoire ; avènement qui, amorcé par la révolution de Sun Yat Sen, sest surtout affirmé au cours de ces dernières années ; synchroniquement, des groupes ethniques qui navaient, jusquà présent, participé à lHistoire majeure quen éclairs et par allusions (ainsi les Océaniens, les Africains, etc.) se préparent à leur tour, à sengager dans les grands courants de lhistoire contemporaine, et sont déjà impatients de le faire, Les messages symboliques de la spiritualité européenne moderne (15) Il est frappant que de toute la spiritualité européenne moderne deux messages, seulement, intéressent réellement les mondes extra-européens : le christianisme et le communisme. Tous deux, dune manière différente, certes, et sur des plans nettement opposés, sont des doctrines du salut (des sotériologies) et, partant brassent les « symboles » et les « mythes » à une échelle qui na sa pareille que dans lhumanité extra-européenne. Il est évident que, toutes réserves faites sur lélite marxiste dirigeante et son idéologie, les masses sympathisantes sont stimulées et fouettées par des slogans tels que : délivrance, liberté, paix, dépassement de conflits sociaux, abolition de lEtat exploiteur et des classes privilégiées, etc., slogans dont la structure et la fonction mythique ne sont plus à démontrer. La prise de conscience de lethnologie à la fin du XXème siècle (16) Lethnologie de nos jours, à lissue de trente années de progrès a saisi, en même temps que lorigine du symbolisme par la pensée archaïque, sa cohérence intrinsèque, sa validité, son audace spéculative, sa noblesse. Mieux encore, on est en train de comprendre aujourdhui une chose que le XIXème ne pouvait même pas pressentir, que le symbole, le mythe, limage appartiennent à la substance de la vie spirituelle, quon peut les camoufler, les mutiler, les dégrader, mais quon ne les extirpera jamais. Il vaudrait la peine détudier la survivance des grands mythes tout au long du XIXème siècle. On verrait comment, humbles, amoindris, condamnés à changer sans cesse denseigne, ils ont résisté à cette hibernation grâce surtout à la littérature[9]. La Nature est un immense vivant, aussi rebelle aux formes fixes de la pensée aristotélicienne quaux lois rigoureuses et quantitatives (qui ne seront comprises sans magie quau XVIIème siècle). Pour Campanella, la Terre parle, éternue et pense. Pour Képler, une planète est intelligente, puisquelle trouve sa route dans les cieux. Selon Bruno, le monde infini est animé partout par un dieu artiste interne. Cardan affirme que les astres jouent le rôle des anges et des démons. Le romantisme, avec Novalis, ne fait que reprendre à son tour ces rêves devant « cette grande écriture chiffrée quon rencontre partout : sur les ailes, sur la coque des ufs, dans la neige, les cristaux, dans la forme des rocs, sur les disques de verre et de poix, dans les limailles qui entourent laimant[10] ». Cest ainsi que le mythe du Paradis Terrestre a survécu jusquà nos jours, sous la forme adaptée du « paradis océanien » ; depuis cent cinquante ans, toutes les grandes littératures européennes ont célébré à lenvi les îles paradisiaques du Grand Océan, refuge de toutes les félicités, alors que la réalité était très différente : « paysages plats et monotones, climat insalubre, femmes laides et obèses, etc ». Symbolisme et psychanalyse a) Consubstantialité de la pensée symbolique à lêtre humain (18) Elle nest donc pas le domaine exclusif de lenfant, du poète et du déséquilibré. Elle précède le langage et la raison discursive. Le symbole révèle certains aspects de la réalité les plus profonds qui défient tout autre moyen de connaissance. Les images, les symboles, les mythes, ne sont pas des créations irresponsables de la psyché ; ils répondent à une nécessité et remplissent une fonction : mettre à ni les plus secrètes modalités de lêtre. Par suite, leur étude nous permet de mieux connaître lhomme, l« homme tout court », celui qui na pas encore composé avec les conditions de lhistoire. b) Notre imagination baigne en plein symbolisme On commence à voir aujourdhui que la partie non historique de tout être humain, [le développement de la pratique des sports symboliquement médiés le montre à lenvi] ne va pas se perdre, comme on le pensait au XIXème siècle fans le règne animal et, en fin de compte dans la « Vie » mais, au contraire, bifurque et sélève bien au-dessus delle ; cette partie anhistorique de lêtre humain porte, telle une médaille, lempreinte du souvenir dune existence plus riche, plus complète, plus béatifique. (19) Lorsquun être historiquement conditionné [ce que ne sont pas ses frères animaux], par exemple un occidental de nos jours, se laisse envahir par la partie non historique de lui-même (ce qui advient beaucoup plus souvent et plus radicalement quil ne limagine), ce nest pas nécessairement pour redescendre aux sources les plus profondes de la vie organique. En échappant à son historicité, lhomme nabdique pas sa qualité dêtre humain pour se perdre dans l« animalité » ; il retrouve le langage et, parfois lexpérience dun « paradis perdu ». Les rêves, les rêves éveillés, les images de ses nostalgies, de ses désirs, de ses enthousiasmes, etc., autant de forces qui projettent lêtre humain historiquement conditionné dans un monde spirituel infiniment plus riche que le monde de son « moment historique ». Au dire des surréalistes, tout homme peut devenir poète : il nest que de savoir sabandonner à lécriture automatique. Cette technique poétiquese justifie parfaitement en saine psychologie. L« inconscient », comme on lappelle est de beaucoup plus poétique et, ajouterions-nous, plus philosophique, plus mythique, que la vie consciente. (20) Les psychologues le savent bien, qui découvrent les plus belle mythologies dans les rêves éveillés ou les rêves de leurs patients. Car linconscient nest pas hanté uniquement par des monstres : les dieux, les déesses, les héros, les fées aussi y ont leur demeure ; et, dailleurs, les monstres de linconscient sont, eux aussi, mythologiques, puisquils continuent de remplir les mêmes fonctions quils ont dans toutes les mythologies : en dernière analyse, aider lhomme à se délivrer, parfaire son initiation. (24) Limportant dans ces images de la « nostalgie du paradis », est quelles en disent toujours plus quen pourrait exprimer en paroles le sujet qui les a éprouvées. La plupart des humains seraient dailleurs incapables de les raconter. De telles images rapprochent pourtant les hommes plus efficacement et réellement quun langage analytique. (25) En fait, sil existe une solidarité totale du genre humain, elle ne peut être ressentie quau niveau des Images (nous ne disons pas du subconscient, car rien ne prouve quil nexiste pas un transconscient). On na pas assez pris garde à de telles « nostalgies » ; on na voulu y voir que des fragments psychiques sans signification : on accordait tout au plus quelles pouvaient intéresser certaines enquêtes sur les formes dévasion psychique. Or, les nostalgies sont parfois chargées de significations qui engagent la situation même de lhomme ; à ce titre, elles simposent aussi bien au philosophe quau théologien ? La désacralisation ininterrompue de lhomme moderne a altéré le contenu de sa vie spirituelle, elle na pas brisé les matrices de son imagination : tout un déchet mythologique survit dans des zones mal contrôlées.( ) (26) Quon ne nous dise pas que ce déchet nintéresse plus lhomme moderne, quil appartient à un « passé superstitieux » heureusement liquidé par le XIXème siècle, quil est bon pour les poètes et les gens du métro de se rassasier dimages et de nostalgies, mais que, de grâce ! on laisse les gens continuer à penser et à « faire lhistoire » : (27) une telle séparation entre « le sérieux de la vie » et les « songes » ne correspond pas à la réalité. Lhomme moderne est libre de mépriser les mythologies et les théologies, cela ne lempêchera pas de continuer à se nourrir de mythes déchus et dimages dégradées. Les plus terribles crises du monde moderne ont suffisamment montré que lextirpation des mythes et des symboles est illusoire. Toute cette partie essentielle et imprescriptible de lhomme qui sappelle limagination baigne en plein symbolisme, et continue de vivre du mythe et des théologies archaïques. Il nest quà se reporter aux riches et pénétrantes analyses de Gaston Bachelard dans ses ouvrages sur l« imagination de la matière » dans les « Quatre éléments » pour sen convaincre. Il se fonde surtout sur la poésie et les rêves, et subsidiairement sur le folklore ; mais on montrerait facilement comment rêves et images poétiques prolongent les symbolismes sacrés et les mythologies archaïques. (28) Les psychologues, au premier rang desquels C.G. Jung[11] ont montré à quel point les drames du monde moderne dérivent dun déséquilibre profond de la psyché, aussi bien individuelle que collective, provoqué en grande partie par une stérilisation croissante de limagination. « Avoir de limagination », cest jouir dune richesse intérieure, dun flux spontané et ininterrompu dimages. Mais spontanéité ne veut pas dire invention arbitraire. Etymologiquement, « imagination » est solidaire dimage, représentation, imitation et dimiter, reproduire. Pour une fois, létymologie fait écho aussi bien aux réalités psychologiques quà la vérité spirituelle. Limagination imite le modèle exemplaire les Images les reproduit, les réactualise, les répète sans fin. Avoir de limagination, cest voir le monde dans sa totalité ; car cest le pouvoir et la mission de montrer tout ce qui demeure réfractaire au concept. On sexplique dès lors la disgrâce et la ruine de lhomme qui « manque dimagination » : il est coupé de la réalité profonde de la vie et de sa propre âme. c) Les situations rencontrées par lhomme intégral (43) Le plus noble message religieux, la plus universelle des expériences mystiques, le comportement le plus généralement humain comme par exemple la crainte religieuse, le rite, la prière se singularisent et se délimitent dès quils se manifestent. (44) Lhomme, en tant être historique, concret, authentique est en « situation ». Son existence authentique se réalise dans lhistoire, dans le temps, dans son temps qui nest pas celui de son père. Ce nest pas non plus celui de ses contemporains dun autre continent ou même dun autre pays. (45) Lhomme intégral connaît dautres situations en plus de sa condition historique ; il connaît par exemple, létat de rêve ou de rêve éveillé, ou de mélancolie, ou de détachement, ou de béatitude esthétique, ou dévasion, etc. et tous ces états ne sont pas « historiques » bien quils soient aussi authentiques et aussi importants pour lexistence humaine que sa situation historique[12]. Lhomme connaît dailleurs plusieurs rythmes temporels, et non pas uniquement le temps historique, cest-à-dire son temps à lui, la contemporanéité historique. On a trop vite conclu que lauthenticité dune existence dépend uniquement de sa propre historicité. (46) Cette conscience historique joue un rôle assez modeste dans la conscience humaine, pour ne rien dire des zones de linconscient qui, elles aussi, appartiennent à lêtre humain intégral. Plus une conscience est éveillée, plus elle dépasse sa propre historicité. Nous navons quà nous rappeler les mystiques et les sages de tous les temps, et en premier lieu ceux de lOrient.(
) Symbolisme et histoire a) Les cultures en tant que formations historiques (242) Les Images, les archétypes, les symboles sont diversement vécus et valorisés : le produit de ces actualisations multiples constitue en grande partie les « styles culturels ». Mais si, en tant que formations historiques, ces cultures ne sont plus interchangeables, étant déjà constituées dans leurs propres styles, elles sont comparables sur le niveau des Images et des symboles. Cest précisément cette pérennité et cette universalité des archétypes qui « sauvent » en dernière instance les cultures, tout en rendant possible une philosophie de la culture qui soit plus quune morphologie ou une histoire des styles. (243) Toute culture est une « chute dans lhistoire » ; elle est du même coup, limitée ( ) En se manifestant dans des cultures et des styles conditionnés par lhistoire, les cultures sont donc limitées. Mais les Images qui les précèdent et les informent restent éternellement vivantes et universellement accessibles. Un Européen admettra difficilement que la valeur généralement humaine et le message profond dun chef duvre grec, la Vénus de Milo par exemple, ne réside pas, pour les trois quarts de lhumanité, dans la perfection formelle de la statue, mais dans lImage de la Femme quelle révèle. Et cependant, si lon narrive pas à se rendre compte de cette simplicité de fait, nul espoir damorcer un dialogue utile avec un non Européen. b) La conservation des cultures par la présence du symbolisme A partir de nimporte quelle culture, australienne aussi bien quathénienne, les situations limites de lhomme sont parfaitement révélées grâce aux symboles que (244) soutiennent ces cultures.(...) Si les Images nétaient pas en même temps une « ouverture » vers le transcendant, on finirait par étouffer dans nimporte quelle structure, aussi grande et admirable quon la suppose. A partir de toute création spirituelle stylistiquement et historiquement conditionnée, on peut rejoindre larchétype : Kore Persephone aussi bien que Hainuwele, nous révèle la même pathétique mais féconde destinée de la Jeune Fille. c) Louverture dun monde trans-historique par les cultures Ce nest pas leur moindre mérite : grâce à elles, les diverses « histoires » peuvent communiquer. On a beaucoup parlé de lunification de lEurope médiévale par le christianisme. Ceci est surtout vrai si lon pense à lhomologation des traditions religieuses populaires. c1- Rôle de lhagiographie chrétienne Cest par elle que les cultures locales depuis la Thrace jusquà la Scandinavie et du Tage jusquau Dniéper ont été réduites à un « dénominateur commun ». Du fond de leur christianisation, les dieux et les lieux du culte de lEurope entière ont reçu non seulement des noms communs, mais ont retrouvé en quelque sorte leurs propres archétypes et, par conséquent leurs valeurs universelles : une fontaine de Gaule considérée comme sacrée depuis la préhistoire, par la présence dune figure (245) divine locale ou régionale, devenait sainte pour la chrétienté tout entière, après sa consécration à la Vierge Marie. Tous les tueurs de dragons étaient assimilés à saint Georges ou à un autre héros chrétien, tous les dieux de lorage à saint Elie. De régionale et provinciale, la mythologie populaire devient oeucuménique. c2- Création dun langage mythologique pour les populations restées attachées à leurs terres Cest surtout par cette création et par conséquent risquant le plus de sisoler dans leurs traditions ancestrales que le rôle civilisateur du christianisme est considérable ; car, en christianisant lancien héritage religieux européen, il ne la pas seulement purifié, mais il a fait passer dans la nouvelle étape spirituelle de lhumanité tout ce qui méritait dêtre « sauvé » parmi ces vieilles pratiques, croyances et espoirs de lhomme préchrétien. Il survit aujourdhui, dans le christianisme populaire des rites et des croyances du néolithique : la bouillie de grains en lhonneur des morts, par exemple (la coliva de lEurope orientale et égéenne). C3- Rôle des Images dans la christianisation des couches populaires en Europe On retrouve ces Images partout, le christianisme navait quà les revaloriser, les intégrer, et leur donner des noms nouveaux. Le symbolisme, création de notre psyché a) Le monde ouvert et riche en signification, et soi-même (247) Le comportement magico-religieux de lhumanité archaïque révèle une prise de conscience existentielle à légard du Cosmos et de soi-même. Lorsquun Frazer ne voyait quune « superstition », une métaphysique était déjà implicite, même si elle sexprimait par le truchement des symboles plutôt que par lenchevêtrement des concepts : une métaphysique, cest-à-dire une conception globale et cohérente de la Réalité et non pas une série de gestes instructifs régis par la même et fondamentale « réaction de lanimal humain devant la Nature ». Ainsi, lorsque faisant abstraction de lhistoire qui les sépare, nous comparons un symbole océanien à un symbole de lAsie septentrionale, nous nous estimons fondés de le faire, non parce que l un comme lautre serait le produit dune même « mentalité infantile », mais parce que le symbole, en lui-même, exprime la prise de conscience dune situation limite. On a essayé dexpliquer l« origine » des symboles par lexpression sensible exercée directement sur lécorce cérébrale par les grands rythmes cosmiques (la course du Soleil par exemple). Il ne nous appartient pas de discuter cette hypothèse. Mais le problème de lorigine en lui-même , nous semble être mal posé (voir ce qui a été dit plus haut sur les croyances suivant lesquelles le genre humain serait né des Eaux). Le symbole ne peut pas être le reflet des rythmes cosmiques (248) en tant que phénomènes naturels, parce quun symbole révèle toujours quelque chose de plus que laspect de la vie cosmique quil est censé représenter. Les symbolismes et les mythes solaires, par exemple, nous révèlent aussi un côté « nocturne », « méchant » et « funéraire » du Soleil ce qui nest pas évident de prime abord dans le phénomène solaire comme tel. Ce côté en quelque sorte négatif, inaperçu dans le Soleil en tant que phénomène cosmique, est constitutif du symbolisme solaire ; ce qui prouve que, dès le commencement, le symbole apparaît comme une création de la psyché. Ceci devient encore plus évident lorsque lon se rappelle que la fonction dun symbole est justement de révéler une vérité totale, inaccessible aux autres moyens de connaissance : la coïncidence des opposés, par exemple, si abondamment et si simplement exprimée par les symboles, nest donnée nulle part dans le Cosmos, et nest pas accessible à lexpérience immédiate de lhomme ni à la pensée discursive. ( ) (249) Par ailleurs, il serait faux de croire que limplication symbolique annule la valeur concrète et spécifique dun objet ou dune opération : lorsque la bêche est nommée phallus (comme il arrive dans certaines langues austro-asiatiques) et que lensemencement est assimilé à lacte sexuel ( comme on la fait presque partout dans le monde), il ne sensuit pas que lagriculteur « primitif » ignore la fonction spécifique de son travail et la valeur concrète, immédiate de son outil. Le symbolisme ajoute une nouvelle valeur à un objet ou à une action, sans pour autant porter atteinte à leurs valeurs propres et immédiates. En sappliquant à un objet ou à une action, le symbolisme les rend « ouverts ». La pensée symbolique fait « éclater » la réalité immédiate, mais sans lamoindrir ni la dévaloriser : dans sa perspective, lUnivers nest pas fermé, aucun objet nest isolé dans sa propre existentialité : tout se tient ensemble, par un système serré de correspondances et dassimilations[13]. Lhomme des sociétés archaïques a pris conscience de soi-même dans un « monde ouvert » et riche en signification : il reste à savoir si ces (250) « ouvertures » sont autant de moyens dévasion, ou si, au contraire, elles constituent lunique possibilité daccéder à la véritable réalité du monde. b) Symbolisme aquatique (Nous nous contenterons de noter ici les principales manifestations de ce symbolisme) Le symbolisme aquatique est parmi les plus vastes et les plus complexes. Cela tient au fait que les eaux symbolisent la somme universelle des virtualités ; elles sont le réservoir de toutes les possibilités dexistence ; elles précèdent toute forme et supportent toute création. Limage exemplaire de toute création est lîle qui soudainement se « manifeste » au milieu des flots . En revanche limmersion dans leau symbolise la régression dans le préformel, la réintégration dans le monde indifférencié de la pré-existence. Le contact avec leau comporte toujours une régénération : dune part parce que la dissolution des formes est suivie dune nouvelle naissance, dautre part, parce que limmersion fertilise et multiplie le potentiel de vie. A la cosmogonie aquatique correspondent au niveau anthropologique les hylogénies, les croyances suivant lesquelles le genre humain est né des Eaux. Mais tant sur le plan cosmologique que sur le plan anthropologique, limmersion dans les Eaux équivaut, non à une extinction définitive, mais à une réintégration passagère dans lindistinct, suivie dune nouvelle création, dune nouvelle vie ou dun homme nouveau, selon quil sagit dun moment cosmique, biologique ou sotériologique. c) Symbolisme de lascension, de lescalade (66) On a pu montrer que le symbolisme dun axe cosmique est déjà connu dans les cultures archaïques (les Urkulturen de Graebner-Schmidt) et en premier lieu par la population arctique et nord-américaine ; le poteau central de lhabitation de ces peuples est assimilé à lAxe cosmique. Et cest à la base de ce poteau quon dépose les offrandes à lintention des divinités célestes, car cest seulement le long de cet axe que les offrandes peuvent monter au ciel. Quand la forme de lhabitation change et que la cabane est remplacée par la yourte (comme par exemple chez les pasteurs-éleveurs de lAsie centrale), la fonction rituelle du pilier central est assurée par louverture supérieure destinée à léchappement de la fumée. A loccasion du sacrifice on introduit dans la yourte un arbre dont la cime débouche par cette ouverture. Cet arbre sacrificiel, par ses branches symbolise les sept sphères célestes. Ainsi, dune part, la maison est homologuée à lUnivers, dautre part, elle est regardée comme mise au Centre du Monde, louverture pour la fumée se trouvant en face de létoile polaire. (67) Un nombre considérable de mythes parlent dun arbre, dune liane, dune corde, dun fil daraignée ou dune échelle qui relient la Terre au Ciel, et par le truchement desquels certains êtres privilégiés montent effectivement au ciel ( ) Lascension céleste par la « montée » cérémonielle dune échelle faisait probablement partie dune initiation orphique. En tout cas, nous le retrouvons dans plinitiation mithriaque[14] où léchelle avait sept échelons, chaque échelon étant fait dun métal différent[15]. En gravissant cette échelle cérémonielle, linitié parcourait ainsi les sept cieux, sélevant ainsi jusquà lEmpyrée[16]. (68) Tout comme on montait jusquau dernier ciel en gravissant les sept étages de la Ziqqurat babylonienne, ou quon traversait les différentes régions cosmiques en escaladant les terrasses du temple Barabudur, qui constituait en lui-même une Montagne Cosmique et une « image du monde ». On comprend facilement que léchelle mithriaque était un Axe du Monde et se trouvait au Centre de lUnivers ; autrement la rupture des niveaux naurait pas été possible. « Initiation » veut dire, on le sait, mort et résurrection du néophyte, ou, dans dautres contextes descente aux Enfers suivie dascension au ciel. La mort initiatique ou non est la rupture de niveau par excellence. Lexpression habituelle, (69) en assyrien, pour le verbe « mourir » est « saccrocher à la montagne » . De même, en égyptien , miny , « saccrocher », est un euphémisme pour mourir. Dans la tradition mythique indienne, Yama, le premier mort, a grimpé sur la montagne et a parcouru « les hauts défilés » pour « montrer le chemin » à beaucoup dhommes ; ainsi sexprime le Rig Veda (X, 14, 1). (70) Ainsi lescalier (léchelle) est porteur dun symbolisme extrêmement riche sans cesser dêtre parfaitement cohérent : il figure plastiquement la rupture de niveau qui rend possible le passage dun monde à un autre ; ou, en nous plaçant sur le plan cosmologique, qui rend possible la communication entre Ciel, terre et Enfer. Cest pour cela que léchelle et lescalade joue un rôle considérable, aussi bien dans les rites et les mythes dinitiation que dans les rites funéraires, pour ne rien dire des rites dintronisation royale ou sacerdotale, ou des rites de mariage. Or, lon sait que le symbolisme de lescalade et des marches se rencontre assez souvent dans la littérature psychanalytique, ce qui précise que nous avons affaire à un comportement archaïque de la psyché humaine, et non pas à une création « historique », à une innovation due à un certain moment « historique » (disons : lEgypte archaïque, ou lInde védique, etc.). (71) Lescalade ou lascension symbolise le chemin vers la réalité absolue ; et, dans la conscience profane, lapproche de cette réalité provoque un sentiment ambivalent de peur et de joie, dattraction et de répulsion, etc. Les idées de sanctification, de mort, damour et de délivrance sont impliqués dans le symbolisme de léchelle (de lescalier). En effet, chacun de ces modes dêtre représente labolition de la condition humaine profane, cest-à-dire une rupture de niveau ontologique : à travers lamour, la mort, la sainteté, la connaissance métaphysique, lhomme passe, comme le dit la Brihadâranyaka Upanisad, de l « irréel à la réalité ». Le concours des rites du Centre pour les intégrer dans un symbolisme plus vaste Mais, il ne faut pas loublier, léchelle (lescalier) symbolise toutes ces choses parce quil est censé se dresser dans un « centre » parce quil rend possible la communication entre les différents niveaux de lêtre, parce que, enfin, il nest quune formule concrète de léchelle mythique, de la liane ou du fil daraignée, de lArbre Cosmique ou du Pilier universel qui relient les trois zones cosmiques ( ) (77) Il est un mythe européen qui tout en ne concernant que dune façon indirecte le symbolisme et les rites du Centre concourent à les intégrer dans un symbolisme plus vaste dune rupture de niveau ontologique. Il sagit dun détail de la légende de Parsifal et du Roi Pêcheur[17]. Alors quune mystérieuse maladie paralysait le vieux Roi, le détenteur du Graal, aucun de ses visiteurs nétait parvenu à lui prodiguer des soins salvateurs, préoccupés quils étaient de sa seule santé physiologique. Seul Parsifal, quand il vint à son chevet sinquiéta du devenir du Graal si le vieux Roi venait à mourir : « Où est le Graal, demanda-t-il ? Dans linstant même, tout se transforme ; le Roi se lève de son lit de souffrance, les rivières et les fontaines recommencent à couler Les quelques mots de Parsifal avaient suffi pour régénérer la Nature entière ». Ainsi, non seulement il existe une solidarité intime entre la vie universelle et le salut de lhomme mais il suffit de poser le problème du salut, problème central, pour que la vie cosmique se régénère perpétuellement. [Les soucis que nous cause le réchauffement de la planète ne seraient-ils pas de même nature ?] Fonction des mythes Lorsquon raconte un mythe (79) Il existe des rapports intimes entre le Mythe comme tel et le Temps. Comme on saccorde à ladmettre aujourdhui, un mythe raconte des évènements qui ont eu lieu in pricipio, cest-à-dire « aux commencements », dans un temps primordial et atemporel, dans un laps de temps sacré. Ce temps mythique ou sacré est qualitativement différent du temps profane, de la durée continue et irréversible (80) dans laquelle sinsère notre existence quotidienne et désacralisée. En racontant un mythe, on réactualise en quelque sorte le temps sacré dans lequel ont été accomplis les évènements dont on parle. (Cest pourquoi dailleurs, dans les sociétés traditionnelles, on ne peut pas raconter les mythes nimporte quand et nimporte comment : on ne peut les réciter que dans les saisons sacrées, dans la brousse et pendant la nuit, ou autour du feu avant ou après les rituels, etc.). En un mot, le mythe est censé se passer dans un temps si on nous permet lexpression intemporel, dans un instant sans durée, comme certains mystiques et philosophes se représentent léternité. Lorsquon écoute un mythe Par le simple fait quil écoute un mythe lhomme oublie sa condition profane, sa « situation historique ». (81) Contentons-nous de rappeler quun mythe arrache lhomme de son temps à lui, de son temps individuel, chronologique, « historique » et le projette, au moins symboliquement, dans le Grand Temps, dans un instant paradoxal qui ne peut pas être mesuré parce quil nest pas constitué par une durée. Ce qui revient à dire que le mythe implique une rupture du Temps et du monde environnant ; il réalise une ouverture vers le Grand Temps, vers le Temps sacré. Il nest pas absolument nécessaire de participer à une civilisation historique pour pouvoir dire de quelquun quil se trouve dans une « situation historique ». LAustralien qui se nourrit dinsectes et de racines, se trouve, lui aussi dans une « situation historique », cest-à-dire dans une situation bien délimitée, exprimée dans une certaine idéologie et soutenue par un type dorganisation sociale et économique ; en lespèce, lexistence de lAustralien représente très probablement une variante de la « situation historique » de lhomme paléolithique. (82) En récitant ou en écoutant un mythe, on reprend contact avec le sacré et avec la réalité. Ce faisant, on dépasse la condition profane, la « situation historique ». On dépasse, en dautres termes, la condition temporelle et la suffisance obtuse quest le lot de tout être humain par le simple fait que tout être humain est « ignorant », cest-à-dire quil sidentifie, lui, et identifie le Réel, avec sa propre situation particulière. Car lignorance est en premier lieu cette fausse identification du Réel avec ce que chacun de nous paraisse être ou paraissons posséder. Un politicien croit que la seule et vraie réalité est la puissance politique, un millionnaire est convaincu que la richesse seule est réelle, etc. La même tendance (83) se retrouve également chez les moins civilisés, les « primitifs », avec cette différence que, chez eux, les mythes sont encore vivants et, par conséquent, les empêchent-ils de sidentifier complètement et continuellement avec la non-réalité. La récitation périodique des mythes brise les murs élevés par les illusions de lexistence profane. Le mythe réactualise continuellement le Grand Temps et ce faisant projette lauditoire sur un plan surhumain et surhistorique qui, entre autres choses, permet à cet auditoire dapprocher une Réalité impossible à atteindre sur le plan de lexistence individuelle profane. [1] Auteur de « Les structures anthropologiques de limaginaire » 2ème édition Paris 1964. [2] Diachronique : relatif aux aspects dun même ensemble quelle que soit la date de son évolution. Exemple de lévolution des gestes techniques et du machinisme où à chaque pas en avant du machinisme correspond une extériorisation dune partie de son corps par lhomme. [3] Le structuralisme de Lévi-Strauss tout en gardant à la structure le caractère dune forme vide, indifférente à son contenu rapproche au plus près cette dernière comme pour lexorciser des techniques ethnocentriques de lOccident des contenus et des opérations les plus concrètes, parce que les plus courantes, les plus triviales sinon les plus « sauvages » de la psyché : beaux-arts, mythes religieux, bricolage, cuisine Toutefois, bien quelle soit sans cesse tentée par une métaphysique de lhumilité, la philosophie de lanthropologue est toujours orientée par une méta-logique, elle se refuse toujours de déboucher sur une métaphysique. [4] Gaston Bachelard, a laissé deux études de limagination terrestre : la première a été écrite sous le signe de la préposition contre (La terre et les rêveries de la volonté), la seconde sous le signe de la préposition dans (La terre et les rêveries du repos) . [5] Une expression courante traduit cette situation : lhomme fait corps avec les éléments. [6] Mircea Eliade, Images et symboles, Tel Gallimard avril 2008. [7] quand il nest plus dépendant de la situation pathologique qui a présidé à sa naissance. On parle dun conte étiologique lorsquune histoire a pour but de donner une explication imagée à un phénomène ou une situation dont on ne maîtrise pas lorigine scientifiquement. [8] G. Dumézil dans sa préface dImages et symboles de M. Eliade fait allusion à « deux monographies qui concernent des représentations fondamentales de cette tradition, dont aucune idéologie nest dispensée : le centre, avec sa variété dans la troisième dimension, le zénith ; le lien , qui exprime dabord sensiblement le fait que toute vie, physiologique, collective, intellectuelle est un enchevêtrement de relations ; lessai sur le temps limité si lon ose dire à lInde immense, est de la meilleure philologie : le mot kâla désigne aussi bien le moment fugitif que la durée infinie ou cyclique, le destin, la mort ; à la fois cadre et contenu, concept et personne divine elle-même assimilée à divers dieux , le Temps est un des réactifs les plus aptes à révéler les lignes directrices de ces puissantes écoles de pensée. [9] Quelle entreprise exaltante ce serait de révéler le véritable rôle spirituel du roman du XIXème siècle qui, en dépit de toutes les « formules » scientifiques, réalistes, sociales, a été le grand réservoir des mythes dégradés ! [10] Novalis ; Les Disciples à Saïs, Poche. [11] Son plus grand mérite est davoir dépassé la psychanalyse freudienne en partant de la psychologie même et davoir ainsi restauré la signification spirituelle de limage. [12] Lexpression « situation historique » nimplique pas nécessairement l« histoire » dans le sens majeur du terme : elle implique seulement la condition humaine comme ttelle, cest-à-dire une condition régie par un certain système de « comportements ». [13] Pour bien comprendre la transformation du monde par le symbole, il suffit de se rappeler la dialectique de lhiérophanie : un objet devient sacré tout en restant soi-même. [14] Relatif au culte romain de Mithra. [15] Daprès Celse (Origène, Contra Celsum, VI, 22) le premier échelon était de plomb et correspondait (au ciel) à la planète Saturne, le deuxième était détain (Vénus), le troisième de bronze (Jupiter), le quatrième de fer (Mercure), le cinquième dalliage monétaire (Mars), le sicième dargent (la lune) ; le septième dor (le soleil). [16] Sphère supérieure où se trouvait soit lélément igné, soit les dieux. [17] Perceval ou le Conte du Graal, éd. Hucher, p. 466 ; Jessie L. Weston, From Ritual to Romance Cambridge,1920). Date de création : 09/04/2009 @ 13:57 Réactions à cet article
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