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    Philosophie et science - Penser le monde en partant du quantique

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    3/ PENSER LE MONDE EN PARTANT DU QUANTIQUE

    LE PENSER EN PARTANT DE L’ATOME ET NON PLUS DE L’OBJET

    Principe de nature logique permettant de penser le monde et non plus seulement de le calculer[1]

    Toute description d’un système physique doit reposer sur des propositions appartenant à une logique quantique cohérente unique[2]. Tout raisonnement affirmé à son sujet doit reposer sur des applications logiques démontrables.

    Il, est clair qu’un tel principe plonge ses racines au plus profond de la physique et qu’il n’a rien à voir avec la présence d’un quelconque observateur lequel est totalement contingent et même inutile, au contraire de ce qu’on avait longtemps pu croire.

    Ce principe nouveau permet à l’ange de penser comme nous, et même mieux que nous, puisqu’il sait clairement ce qu’il est en fin de compte permis de penser. Quant à nous, cette règle nous permet de penser en toute objectivité, sans rêver que la logique n’est qu’un produit de notre seul cerveau. S’il n’y avait, en effet, que deux idées à retenir de tout cela,

    • ce serait d’abord que la logique prend directement sa source dans les lois de la nature ;
    • ce serait aussi que cette logique des choses est indissociable de probabilités et donc, en fin de compte, de la présence nécessaire du hasard.

    C’est sur ce socle entièrement fait des premiers principes que nous allons maintenant pouvoir ériger de nouveau le sens commun et la représentation intuitive du monde.

    LES RETROUVAILLES DU SENS COMMUN[3]

    La tâche qui nous attend à présent ne consiste en rien de moins qu’à retrouver la vision du monde la plus ordinaire, telle qu’elle nous est offerte par le sens commun et l’intuition visuelle, mais en nous fondant cette fois sur les lois fondamentales de la nature, qui sont, en dernier ressort, quantiques, et donc formelles. Cette démarche ne peut avoir pour guide que la cohérence logique, et elle est donc entièrement déductive. Elle a pour seuls principes ceux de la mécanique quantique, et, en particulier, le principe logique indiqué en tête de cet article y joue un rôle déterminant. Les résultats qu’on obtient ainsi ne sont évidemment pas une pure et simple retrouvaille simpliste avec le sens commun, mais quelque chose de plus fin et de plus instructif où nous apprendrons dans quel domaine exact le sens commun s’applique et quelles sont les erreurs qu’il entraîne inévitablement, si petites qu’elles soient.

    Le monde à grande échelle

    Dans la mesure où l’on ne veut tenir pour assurés que les seuls principes de la théorie quantique, il sera commode d'avoir de nouveau recours à l’aide de notre ange familier, qui attend encore de comprendre comment les hommes se représentent le monde.

    Ce monde des hommes est à très grande échelle par rapport à celui des particules, et les atomes y apparaissent comme extrêmement petits – en fait, on ne les voit pas. Il va donc falloir considérer des objets visibles, accessibles à nos sens, macroscopiques, c’est-à-dire des systèmes physiques constitués d’un très grand nombre de particules. Tout ce que l’homme peut voir ou toucher pour forger son intuition appartient en effet à cette catégorie : poussières, arbres, pierres ou machines, jusqu’au Soleil et au-delà, en un mot tout le domaine habituel de la physique classique.

    On peut d’abord noter que la notion d’objet, qui semble pourtant une donnée première du sens commun, n’est pas du tout évidente du point de vue de la physique quantique, et qu’elle est donc inattendue pour l'ange. Un système physique n’est en effet pour lui qu'un certain ensemble de particules dont les interactions mutuelles sont connues : le plus souvent des noyaux et des électrons. Si l’on considère sous cet angle un objet parfaitement banal, par exemple une bouteille vide, les principes quantiques, qui ne prennent en compte que les particules constituant la bouteille, mettent sur le même pied une multitude d’objets différents. En effet, les atomes de la bouteille pourraient, sans rien changer à leurs interactions, s’assembler de mille manières pour former mille objets divers : deux bouteilles plus petites, six verres à liqueur ou un bloc de verre fondu. On peut également séparer les atomes selon leur nature pour obtenir un peu de sable et de sel. En redistribuant les protons et les neutrons pour transmuter les noyaux des atomes sans rien changer à la nature de leurs interactions, on pourrait aussi obtenir une rose dans une coupe d’or. Tout cela appartient au monde des possibles, de la multitude des formes que peuvent prendre les multiples fonctions d'onde possibles d’un même système de particules.

    La mécanique quantique est capable, bien évidemment, de définir elle aussi les objets, et, en fait, chaque objet correspond à une certaine classe de fonctions d’onde, qu'un calculateur infatigable pourrait spécifier complètement. Notre ange [cette créature qui pense naturellement quantique] qui peut donc à son tour acquérir cette notion d'objet, et peut-être distingue-t-il mieux que nous la marge de flou qu’elle comporte (une bouteille qui contient deux atomes est-elle encore une bouteille vide ?). Il est encore cependant bien loin de la description purement classique, car, pour lui, la position du centre d'un pendule ou celle d'une aiguille d'horloge est toujours à ce stade un opérateur mathématique. La nature quantique des quantités physiques n’a en rien changé, et il se trouve simplement que certaines d’entre elles, à vocation pourrait-on dire classique, ont été identifiées parmi la multitude de celles qui décrivent les atomes, les entrailles de la matière à l’intérieur des objets. Dans le jargon des physiciens, les premières observables qui pourront devenir classiques après analyse sont appelées des quantités physiques collectives, et les autres sont dites microscopiques. Ainsi, les positions du pendule ou de l’aiguille sont des variables collectives, comme toutes celles dont la physique classique fait usage. Il est possible, de la même manière, de définir des observables collectives de vitesse, mais elles ne commutent pas avec les coordonnées de position. On est donc encore très loin de la représentation tangible des choses de Newton ou d’un ingénieur. Pour franchir le pas qui mène à leur vision « candide » du monde, l’ange doit encore apprendre quelque chose de plus.

    La logique du sens commun

    L’archange qui instruit le jeune ange pour le préparer au monde terrestre commence donc

    •  par définir un objet comme une classe de fonctions d’onde,
    • et il montre comment obtenir les observables collectives qui le décrivent, à partir des premiers principes de la théorie (c’est d’ailleurs un peu plus que nous ne savons faire nous-mêmes, mais les recherches progressent là-dessus).

     Ainsi, un pendule devient pour l’ange une boule de métal (il connaît la théorie quantique des métaux) attachée à un fil également fait de métal. C’est la fonction d’onde qui indique que les atomes forment une boule d’un certain rayon, et on a quelque chose d’analogue pour décrire la forme du fil.

    L’archange explique alors que les hommes préfèrent s'attacher aux aspects les plus grossiers des objets plutôt que de prendre en compte toutes leurs finesses intérieures, à cause de l’imprécision de leurs sens. « Cela est sage de leur part, rétorque l’ange, et je suis également prêt pour ma part à ne retenir, dans la fonction d’onde du pendule, que sa dépendance en fonction des coordonnées du centre de la boule, en négligeant tout le reste. »

    C’est alors que l’archange l’amène à faire le pas décisif du quantique au classique. Tout semble séparer ces deux visions du monde : on a

    • d'un côté des fonctions d'onde, des quantités physiques qui sont des opérateurs, une dynamique donnée par l'équation de SCHRÖDINGER ;
    •  on a de l’autre côté des variables de position et de vitesse qui sont de simples nombres, et la dynamique y est newtonienne.

    Comment passer de l’une à l’autre ? Cela peut se faire, mais, reconnaissons-le, cela exige des moyens mathématiques puissants. C’est ainsi que les mathématiciens ont développé, depuis la fin des années soixante, toute une branche de l’analyse (dite analyse microlocale ou calcul pseudo-différentiel) grâce à laquelle un opérateur agissant sur les fonctions d’onde du pendule peut être associé à une fonction des variables classiques de position et de vitesse, fonction qu’on appelle le symbole de l’opérateur. Ainsi peut-on écrire un dictionnaire qui permet de traduire un grand nombre de mots quantiques dans un langage classique, langage qui devient vite familier à l’ange, après quelques thèmes et versions.

    L’archange peut alors lui expliquer ce qu’est une proposition de cinématique classique, comme nous l'avons fait nous-mêmes précédemment (cela revient essentiellement à considérer une cellule dans l’espace des coordonnées de position et de vitesse classiques). « Je veux bien que nous parlions de cela pour nous amuser, remarque l’ange, mais cela ne veut rien dire, au fond, car vous m’avez bien dit que les propriétés autorisées par les premiers principes sont celles qu'on peut associer à un projecteur quantique, et ce que vous me dites à présent est très différent. »

    C’est alors que l’archange peut lui révéler un théorème qui montre comment associer un projecteur quantique à une région classique comme celle qu’on indiquait, à condition que celle-là soit assez grande (par comparaison à la constante de PLANCK) et que sa frontière soit suffisamment régulière.

    « C’est extraordinaire, s’exclame alors notre ange, après avoir joué avec ce résultat et ses conséquences, cela montre bien que ce que vous me disiez à propos des propositions classiques est parfaitement assimilable à une proposition quantique. Il suffit de ne pas faire d’affirmations trop subtiles qui seraient hors de portée des concepts classiques, et on peut parler deux langues, la quantique et la classique, en traduisant exactement la seconde dans le langage de la première. C’est donc comme cela que pensent les hommes ?

    À vrai dire, répond l’archange, leur langage est d'ordinaire plus grossier, mais c’est bien essentiellement ainsi qu’ils perçoivent le monde et qu’ils en parlent. »

    Reste à l’ange à comprendre comment s'accordent la dynamique quantique de SCHRÖDINGER et la dynamique classique de NEWTON. Là encore, il faut qu’il s’aide des mathématiques pour faire les traductions indispensables, et il constate en particulier que cette relation n’est qu’approximative : elle est due au fait qu’on ne s’intéresse qu'à de gros objets, sans y regarder de trop près. Sans entrer dans les détails, on peul noter que les régions de l’espace des coordonnées classiques de position et de vitesse se déforment lors du mouvement classique à la NEWTON, alors que les projecteurs quantiques qui expriment la propriété correspondante évoluent parallèlement de manière conforme à l’équation de SCHRÖDINGER. La correspondance entre la région et la propriété quantique associée est cependant à peu près préservée (les erreurs qui interviennent sont parfaitement connues).

     « Mais alors, s’exclame l’ange, on peut raconter l’histoire d'un objet macroscopique en parlant la langue classique, sans cesser de respecter les principes quantiques fondamentaux ! Il faut que je m’y entraîne pour que ma langue ne fourche pas quand je parlerai à des hommes. »

    L’ange est alors convaincu de l’existence d’une « correspondance » entre les propriétés classiques et quantiques, laquelle est effectivement préservée au cours du temps dans la plupart des cas intéressants en pratique, grâce à l’accord harmonieux des évolutions qui suivent respectivement les dynamiques classique ou quantique. Cette correspondance est une relation d’analogie profonde, mais non une identité ; elle est soumise à des conditions et reste inséparable d’une inévitable erreur. Le premier résultat de ce genre fut obtenu par le physicien néerlandais PAUL EHRENFEST en 1927, et BOHR avait introduit auparavant ce qu’il appelait le « principe de correspondance », exprimant de manière encore un peu vague cet accord espéré entre les deux dynamiques. Comme il arrive souvent dans l'histoire de la mécanique quantique, le principe avait précédé un théorème, et celui d’EHRENFEST est aujourd’hui étendu au cadre logique qui est le nôtre grâce à des méthodes plus modernes.

    Pour bien comprendre en quoi il s'agit d’une correspondance, et non d'un accord parfait, il est bon d’en marquer les limites. Ainsi, il ne suffit pas qu’un objet soit de grande taille pour qu’il ait ipso facto un comportement classique, et il existe en particulier des objets dont le mouvement est chaotique (c’est le cas pour les mouvements turbulents de l’atmosphère), pour lesquels la correspondance est sérieusement restreinte. Le mouvement classique d’un tel système déforme profondément les cellules classiques, et cela a pour conséquence que la correspondance entre la physique classique et la physique quantique ne dure pour eux qu’un temps limité. Néanmoins, l’énorme majorité des objets présents sur la Terre et dans le ciel offrent une bonne correspondance entre les lois fondamentales du monde quantique et les lois classiques apparentes du monde à grande échelle qui est le nôtre.

    Redonnons une dernière fois la parole à l’ange : « Je sens, dit-il, ma félicité grandir, car non seulement je comprends comment les hommes décrivent le monde, mais aussi comment ils le voient évoluer. Quel plaisir ils auraient s’ils ne se contentaient pas de voir, mais aussi de comprendre ce qu’ils voient. »

    • Mais ils comprennent !
    • Que me dites-vous là ? Vous m’avez pourtant affirmé que la seule manière sage de décrire le monde passe par les histoires d’une logique quantique cohérente. Vous en avez fait un principe et vous m’avez convaincu que la seule manière convenable de raisonner passe alors par des implications logiques démontrables. Or, pour l’instant, vous m’avez seulement montré comment les hommes décrivent le monde, mais je ne vois pas en quoi cela se place dans une logique quantique d’histoires cohérentes, et donc comment cela pourrait permettre de raisonner de manière sensée conformément aux premiers principes.
    • Mais les hommes ont pour cela ce qu’ils appellent le sens commun. C’est une forme de logique qui est bien adaptée au monde qui les entoure. Bien que la manière dont ils décrivent ce monde par leur langage et dont ils se le représentent dans leur cerveau soit moins subtile et moins rigoureuse que celle de la théorie, elle n’en est pas moins la même, ou plutôt elle en est une conséquence directe, démontrable, valable là où les hommes l’appliquent. La représentation offerte par la théorie est purement formelle, alors que celle des hommes est engendrée directement par l’expérience empirique, par l’habitude en somme.

    « Quand les hommes voient les objets qui les entourent, ils estiment par les sens leur position et leur vitesse. Comme leurs sens ne leur permettent pas de raffiner cette perception jusqu’à atteindre une précision où les effets quantiques apparaîtraient, ce qu’ils perçoivent est presque parfaitement exprimé par les propositions classiques. On peut donc dire, en somme, que la dérivation mathématique des propositions de la physique classique à partir des principes quantiques apporte une image fidèle de la manière dont les hommes perçoivent le monde ordinaire et se le représentent. »

    L’archange poursuit :

    « Quand le sens commun de l’entendement humain raisonne en disant "si..., alors...”, les choses se passent en fait ainsi : les hommes considèrent mentalement une cellule dans l’espace de coordonnées position et vitesse telle que leur cerveau la devine, fût-ce grossièrement. Ils se représentent aussi d'instinct (par la force de l’habitude) une autre cellule qui se déduit de la première par un mouvement à la NEWTON. Ils disent alors que, si la situation initiale qui correspond à la première cellule a lieu, alors la situation qui correspond à la seconde cellule aura lieu au bout d’un certain temps : ils disent que si une pomme se détache d'une branche, alors elle va tomber juste en dessous. Ils raisonnent évidemment aussi à propos de bien d’autres questions, mais celles dont nous parlons sont à l’origine de leur vision du monde physique.

    • Je vois bien à ce que vous dites, dit alors l'ange, comment les hommes raisonnent avec leur sens commun et comment ils le précisent avec la physique newtonienne. Cela ne me convainc pas cependant de la justesse de leurs raisonnements. Les véritables lois du monde sont quantiques, et vous m’avez dit qu’on ne peut décrire un tel monde et bien raisonner à son propos qu’en employant une logique quantique cohérente. Or la logique humaine du sens commun n'est pas du tout de ce type, et il me paraît donc que les hommes ne peuvent que mal raisonner.
    • Pas du tout ! ils raisonnent avec justesse. Je t'ai dit comment leur appréciation d’une situation peut être traduite par un projecteur quantique et comment l’évolution temporelle de ces projecteurs suit de près l'évolution classique de la situation. On peut utiliser ces résultats, cette correspondance, pour démontrer que la logique du sens commun est en fait aussi une logique d'histoires quantiques cohérentes et que les raisonnements du sens commun ne sont en dernier ressort que l’expression verbale d’implications démontrables par la logique quantique. Cette identification de la logique du sens commun à une logique quantique particulière n’est certes pas parfaite ; elle a ses exceptions, et ses implications demeurent approximatives. L'approximation est cependant excellente dans la plupart des cas. Autrement dit, la probabilité pour que le sens commun se trompe est pratiquement toujours négligeable, tant qu’il continue de parler d’objets macroscopiques et ne s’aventure pas inconsidérément vers l’infiniment petit.
    • Je vous remercie, maître. J’ai compris grâce à vous comment les hommes voient et comment ils pensent leur monde à leur façon, bien adaptée à ce qu’ils perçoivent directement. Vous m’avez convaincu que leur représentation de ce monde et que leur sens commun sont parfaitement légitimes, ou du moins le sont presque toujours à suffisamment grande échelle, en dépit du fait que les lois ultimes de la réalité sont quantiques et formelles. Me voici prêt à présent à descendre sur la Terre et à faire la connaissance de ces hommes que vous m’avez appris à respecter. Ne m’avez- vous pas dit qu’ils ont découvert les principes que vous m’avez appris ? Eux aussi comprennent donc à présent que leur façon de penser ancestrale est le fruit de ces lois. »

    Le déterminisme

    Un bon exemple de la démarche que nous venons de décrire est la façon dont elle éclaire la relation entre le déterminisme classique et le probabilisme quantique. On a déjà signalé plus haut que le déterminisme consiste en une équivalence logique entre des propositions classiques relatives à deux instants différents. En l’absence de forces de frottement, cette équivalence a lieu dans les deux sens du temps : elle va du présent vers l’avenir, ce qui est le déterminisme au sens ordinaire du terme, et aussi du présent vers le passé, ce qui implique la possibilité de reconstituer le passé et fonde en définitive la possibilité et l'existence de la mémoire. Les choses sont un peu plus complexes en présence de frottement, mais on laissera cela de côté.

    Le point essentiel, qui n’a été compris que depuis peu, est que le déterminisme classique est la conséquence directe des lois quantiques, et ce en dépit du caractère probabiliste de ces lois. La conciliation de points de vue apparemment aussi irréductibles n’est possible que parce que le déterminisme classique n'est plus conçu comme un absolu et qu’il cesse aussi d'être universel. Chacun de ces deux aspects est important, et il convient de les préciser.

    Le déterminisme classique est seulement approximatif, comme on le voit aisément par des exemples.

    Prenons d’abord un cas extrême mettant en jeu le mouvement de la Terre. Qu’y a-t-il de plus

    déterministe que le fait que le Soleil se lève chaque jour ? On sait que la Terre tourne autour du Soleil selon les lois de KEPLER, ce qui résulte avec certitude des principes de la dynamique de Newton et avec une très bonne approximation des principes de la mécanique quantique. C’est cette notion de bonne approximation que l’on veut préciser.

    On sait que la mécanique quantique permet l’existence d’« effets tunnel* » où il est possible à un objet de passer soudainement d’un état à un autre par un saut quantique, alors que cela aurait été impossible par une transition classique continue. On connaît de multiples exemples d’un tel effet en physique des atomes et des noyaux : c’est par un effet tunnel*que les noyaux d’uranium se désintègrent spontanément et que les protons parviennent à entrer en réaction au centre du Soleil.

    Même un objet aussi gros que la Terre n’est pas à l’abri d’un effet tunnel, du moins en principe. Bien que l’attraction gravitationnelle du Soleil empêche la Terre de s’en éloigner par un mouvement continu, il n’en reste pas moins qu’elle pourrait éventuellement le faire de manière soudaine, pour se retrouver gravitant, par exemple, à côté de Sirius. Ce serait effectivement un coup très dur pour le déterminisme. Nous nous étions couchés ce soir-là en laissant nos soucis au lendemain, car le Soleil se lèvera bien encore un autre jour, et nous voyons se lever à l’horizon une étoile plus éblouissante que notre Soleil, qui laisse place, la nuit venue, à des constellations inconnues.

    Une théorie qui laisse prévoir de telles éventualités peut légitimement mettre mal à l’aise, et il est heureux de constater que, si le déterminisme n'est pas absolu, la probabilité pour qu’il soit violé est extrêmement faible. Ainsi, dans le cas limite que nous discutons ici, la probabilité pour que la Terre quitte le Soleil est si petite que, lorsque tout est pris en compte, il faudrait pour l’écrire un nombre décimal ayant une quantité fabuleuse de zéros derrière la virgule : 10 à la puissance 10 à la puissance 200. Ce nombre est si petit qu’il défie l’imagination et qu’aucun ordinateur n'a même la capacité de l'écrire sous forme décimale. Autant dire que cette éventualité folle ne se produira jamais.

    À mesure que l’on va vers des objets plus petits, les probabilités d’un effet tunnel* augmentent. La probabilité pour qu’une voiture passe d’un box de garage au voisin par effet tunnel est tout aussi ridiculement petite que celle d’une fugue de la Terre vers Sirius, mais elle comporte déjà moins de zéros. Quand ma voiture a une panne, je sais assez de mécanique quantique pour ne pas songer à la rendre responsable de mes ennuis ; la probabilité est encore bien trop faible, et je cherche une cause déterministe, qu’un garagiste sait vite diagnostiquer. Cependant, à mesure qu’on se rapproche de l’échelle des atomes, le risque va croissant, et, peu à peu, l’indétermination quantique finit par prendre le dessus sur le déterminisme classique. En somme, tout est affaire de dimension, et il y a un passage continu et quantitatif de probabilités extraordinairement petites à d’autres qui deviennent d’abord dignes de considération sérieuse, avant de finir par s’imposer.

    On peut mentionner un autre aspect de ces effets théoriquement possibles mais très peu probables, de ces « fluctuations quantiques » où le déterminisme serait violé : elles ne sont pas reproductibles. Il ne s'est probablement jamais produit une fluctuation quantique visible à notre échelle depuis la naissance de la Terre, mais imaginons cependant que l’une d’elles se produise et qu’un ou plusieurs hommes la constatent : ils voient un rocher changer soudain de place. Ils l’ont effectivement vu, mais ces témoins auront beau faire pour tenter d’en convaincre d’autres hommes, jamais ils ne pourront les mettre devant le fait accompli en montrant que le phénomène peut se reproduire. Ils ne pourront que dire : « Je vous le jure, le rocher était là, à ma gauche, et tout à coup il s’est retrouvé à ma droite. » Abus de genièvre ou de cognac, diront les uns, folie douce diront d’autres, et le témoin à lui-même incrédule finira par admettre qu’il a été le jouet d’une hallucination.

    Ainsi, le déterminisme n’est pas absolu. On a dit également qu’il cesse d’être universel, ce qu’il nous reste à préciser. On a déjà vu que tous les systèmes physiques à grande échelle ne se conforment pas nécessairement au déterminisme. C’est ce que l’on constate en particulier avec les systèmes chaotiques, et les relations de coquetterie entre le déterminisme et le hasard pour les systèmes chaotiques classiques sont à présent bien connues. Elles constituent en elles-mêmes un vaste sujet qui déborderait du cadre de ce livre. On se contentera donc de mentionner que la mécanique quantique est parfaitement d’accord avec la mécanique classique pour reconnaître l’importance de l’apparition du chaos classique, qui marque la limite indépassable d’une correspondance correcte entre la description classique et la description quantique.

    Il existe enfin une autre condition pour qu’on puisse se fier au déterminisme et au sens commun, qui tient cette fois à l’état initial du système. I1 est important en effet que cet état puisse être bien décrit comme une propriété purement classique sur laquelle pourra s’ancrer la dynamique classique. Or il existe des cas, loin d’être rares, où cela ne s’applique pas. On peut le montrer par un exemple : voici un compteur Geiger, qu'on suppose isolé dans le vide. C’est un système à grande échelle, et il est parfaitement décrit par la physique classique. Le déterminisme est particulièrement simple dans ce cas, puisqu’il prédit qu'il ne se passe rien. Supposons à présent qu’on place un noyau radioactif à l'intérieur du compteur. Cette fois, la donnée purement classique de la situation initiale du compteur ne suffit plus à décrire l’état initial de tout le système compteur + noyau radioactif, et il faut prendre en compte explicitement la fonction d’onde du noyau. Comme les lois fondamentales de la physique sont quantiques, on peut reprendre tous les calculs qui permettaient de conclure au déterminisme dans le premier cas, et on constate que cette conclusion ne s’applique plus à présent. Toute la fonction d’onde du système compteur + noyau évolue conformément à l’équation de SCHRODINGER, et le fait que le compteur soit lui-même un objet par nature métastable, sensible à de menus effets électriques, fait qu’il est impossible d'établir dans ce cas que le comportement va être déterministe.

    En d'autres termes, les méthodes qui permettent de démontrer le déterminisme montrent également qu’il existe des cas remarquables où ce dernier ne s'applique pas. Le plus fréquent, parmi ceux-là, est celui qu’on vient d’indiquer. Il correspond à une situation où des mesures sont faites sur un objet microscopique. Ce cas est au centre de l’interprétation de la physique quantique, et on le verra pour cette raison ultérieurement.

    Ainsi, on peut dire que la physique classique et le sens commun permettent de bien comprendre le monde à grande échelle, à la condition cependant que ce à quoi on s’intéresse ne contienne pas un appareil en train de faire des mesures sur un objet quantique ou d’autres dispositifs encore plus subtils, c’est-à-dire pour les seules situations dont l’humanité avait conscience avant la découverte de la radioactivité, au seuil du XXe siècle.

    Un premier bilan philosophique

    S’il est un résultat essentiel dans tout cela, il a déjà été amplement souligné : le sens commun est conforme à la nature quantique des lois du monde matériel, tout au moins dans les conditions normales qui nous entourent et pour les objets à notre échelle (souvent même fort au-dessous de cette échelle), tout cela étant vrai à de rarissimes exceptions près. Il est évidemment impossible au sens commun de déterminer par lui- même quelles sont les exceptions qui le limitent, et c’est pourquoi la découverte de la mécanique quantique a pu le perturber profondément. On peut espérer que cela n’aura été que transitoire.

    Il est cependant difficile d’apprécier pleinement toutes les conséquences philosophiques d'un tel résultat. Imaginer, en effet, que le sens commun n’est que l’aboutissement des lois de la nature et que ces dernières ont leurs propres formes de logique est un véritable retournement des normes habituelles de la pensée. Il est difficile de s’accoutumer à un tel changement de point de vue, et ses conséquences ne sont pas toutes aisées à appréhender. On peut cependant relever quelques leçons assez simples qui ont un intérêt direct pour la théorie de la connaissance.

    Il est clair que cette manière d’aborder la connaissance de la réalité en la fondant sur les lois premières atteintes par les efforts de la science renverse la démarche ordinaire de l’épistémologie. On ne songe plus, comme le faisait BOHR, à ériger la physique classique en référence unique, comme le seul domaine où la logique s'exerce et le seul dont on puisse parler légitimement. C’est tout au contraire le monde quantique qui a ses propres règles de description et de raisonnement, d’où émanent celles du monde classique.

    La méthode suivie par exemple par JOHN BELL et BERNARD D’ESPAGNAT, qui tentaient de comprendre la physique quantique en l’abordant avec le sens commun, quitte à élever certains de ses aspects au rang de principes philosophiques sous divers noms (« localité », « séparabilité », «causalité», etc.), est profondément remise en question, et c’est une voie parfaitement opposée qui s’avère féconde. Elle se fonde sur le roc des principes de la physique, atteint à grand-peine par des générations de chercheurs, pour en déduire, à l'inverse, la forme correcte, le degré d’approximation légitime et le domaine d’application du sens commun. Ce dernier resurgit alors purifié et renforcé de n’être plus une évidence inquestionnée, et par là même toujours mystérieuse. Il apparaît, dans son domaine propre, comme une forme légitime des lois de la réalité, quoique contraint de ne pas sortir de ce domaine.

    On peut même dire que ce résultat remet en question les règles de la démarche philosophique, car il suggère que l’on peut enfin cesser de la fonder sur les généralisations immédiates et incontrôlées que critiquait Bacon, puisque l'effort patient de la recherche nous apporte à présent des principes plus profonds, que la nature reconnaît pour siens, proches du cœur et de la moelle des choses. Le sens commun, ainsi réévalué et circonscrit, cesse de s'étendre à l’universalité du monde. Il cesse en particulier d'être valable dans l'infiniment petit, à l'échelle des atomes, et il serait vain de sa part de prétendre y imposer des « principes » philosophiques qui ne sont que l'adoration abusive et l'hypostase illégitime de nos habitudes de pensée et de nos tics de langage.

    Remarque

    Dans le déroulement de l’action qui vient d’être décrite apparaissent deux types de créatures spirituelles que l’on n’attendait pas là mais que ROLAND OMNES cite sans plus d’explication. L’évocation de l’ange (ou du démon) a aujourd’hui quelque chose d’inhabituel tant notre monde s’est laïcisé et où le spirituel se trouve de plus en plus écarté. L’action est réelle, mais l’acteur l’est-il bien ? On aurait tort d’en douter car pour ROLAND OMNES il est vraisemblable qu’il s’agit de faire appel, selon notre langage moderne, à un savant hors norme, en bref un savant habité.  

    Pour dire  la réalité de l’ange et de l’archange il n’est d’autre moyen que d’interroger des hommes de foi tels que Maïmonide (XIIe siècle) et Thomas d’Aquin[4] (XIIIe siècle).

    Les vues de Maïmonide

    « Du prophète au savant. L’horizon du savoir chez Maïmonide » par  GÉRALDINE ROUX[5].

    Le Guide des perplexes ou Guide des Égarés, ouvrage majeur de Maïmonide (médecin et philosophe, phare incontesté du judaïsme), revendique la restauration des savants comme guides de la communauté et où l’auteur prône la raison et la science, alors qu’affleurent la pensée de al-Fārābī et celle de al-Ghāzālī, des émanations d’un système pourtant néo-platonicien.

    L’objectif de Maïmonide est en apparence de guider pragmatiquement vers le savoir et l’harmonie originels oubliés, mais, par delà, sa démarche s’inscrit dans une quête qui les dépasse, celle d’un Âge d’or perdu.

    Après avoir évoqué les obstacles épistémologiques, Géraldine Roux développe les procédés par lesquels il est possible de parvenir à la connaissance. Dans l’absolu, l’homme n’a accès qu’au monde sublunaire, « aux manifestations », aux « images » ; au-delà, tout devient conjecture et, par conséquent, seule une doctrine cohérente permet de comprendre la relation au monde et à Dieu.

    C’est par la métaphore de l’échelle de Jacob que Maïmonide présente l’organisation hiérarchisée des cieux, son fonctionnement à travers les actions des intelligences séparées, dont les anges, dans une démarche analogue à celle de al-Fārābī. Les visions des prophètes, celle d’Ézéchiel au premier chef, seraient une vision globale du gouvernement divin situé dans la neuvième sphère, un système d’ailleurs répandu et commun à toutes les mystiques orientales médiévales, le « Piédestal » comme l’appellent les philosophes musulmans.

    Le savoir est révélé par la vision de l’ange, par le rêve, et enfin par la parole. Mais une seconde forme de connaissance est l’imagination, car la faculté imaginative imite les choses reçues et produit des images : l’intellect livre son matériau à l’imagination qui le reconstruit en images lorsque les sens sont au repos et que se déclenche le mécanisme de l’inspiration. Cette conception de la prophétie et du savoir révélé est, comme on le note, plus néo-platonicienne qu’aristotélicienne.

    L’homme nouveau n’est donc plus le prophète. Se dresse alors le portrait du savant : tout en étant impeccable par ses mœurs et sa morale, par sa foi et sa raison, lui, ne connaît que par les voies de la déduction ; il s’aventure dans l’étude de la connaissance de Dieu par ses œuvres, et tente par le sensible, de parvenir à l’intellectuel. Il est donc le « perplexe » par excellence, en proie aux contradictions en interprétant la Loi.

    Sa recommandation finale est donc de redonner leur place aux savants, de dévoiler la connaissance aux plus faibles par la méthode de la méditation et de l’ascèse, et d’introduire un comportement sain et des croyances vraies dans les pratiques. Il faut désormais éviter toute tentation prophétique des mystiques, et assurer la promotion du savant comme relais du prophète absent pour accompagner la reconstruction du Temple.

    Entre voie spirituelle et rationalisme, comme le dit Géraldine Roux, Maïmonide offre la voie médiane, celle qui permet, par la redécouverte et la restauration de la Loi, sous la guidance des savants, de donner force et cohérence à une société qui aura retrouvé son essence et son identité.

    Celles de Thomas d'Aquin

    A/ Dans « La Sagesse humaine », RÉMI BRAGUE montre le Docteur Angélique cherchant à défendre la dignité humaine, idée qui n'est guère épicurienne. Il ne le fait pas à l'aide d'une anthropologie, mais, indirectement, de la physique. La tâche de la physique n'est pas l'imitation en style platonicien ou stoïcien, encore moins le projet moderne, cartésien, de la domination. Se conduire avec dignité et contrôler la nature ne sont pas la même chose. Il ne s'agit pas non plus ici de la distanciation épicurienne : la physique ne joue son rôle bienfaisant que si elle nous livre la vérité. Non pas seulement la vérité sur l'objet de la physique mais tout aussi bien, de façon réflexive, sur le sujet même de celle-ci.

    L'argument ne manque pas d'avantages. Il explique pourquoi nous ne saurions nous contenter d'une connaissance générale (Platon) ou de n'importe quelle explication (Épicure), mais devons chercher une connaissance précise et exhaustive. De plus, bien que THOMAS D'AQUIN se concentre explicitement sur les réalités supérieures, comme les phénomènes célestes ou les anges, son argument se laisserait aisément adapter à l'étude de la nature terrestre. « 

    B/ Dans « Le prochain comme tierce personne chez Saint THOMAS D’AQUIN », PHILIPPE VALLIN[6] montre les substances supérieures, les anges, affranchies  de toute corporéité, substance subsistant immatériellement et selon un être par lui-même intelligible ; elles atteignent donc leur perfection dans l’ordre intelligible grâce à un influx d’intelligibilité par lequel elles ont reçu de Dieu, en même temps que leur nature intelligible, les espèces des choses qu’ils connaissent […]

    Mais la connaturalité qui, dans le cas de l’ange, met tout en perfection à l’instant inaugural, empêche que cette perfection personnelle provienne d’un passage à l’acte concernant les réalités naturelles. Saint Thomas est ici formel et soumet la noétique à la cohérence de l’ontologie : l’intellect angélique n’est pas tantôt en puissance, tantôt en acte, il est toujours en acte. Alors ce qui révèlera la personne de l’ange comme une perfection entre les ordres angéliques et l’espèce humaine une ressemblance essentielle dans le passage à l’acte ce ne sera pas la réception des vérités naturelles que les anges n’auraient même pas la capacité d’ignorer ou de nier, mais celle des vérités surnaturelles présentées – faut-il dire « historiquement » ? – à leur intelligence et au consentement de leur volonté.

    Ces vues peuvent être judicieusement complétées par celles toutes récentes de  Mgr ALBERT-MARIE DE MONLEON dont le ministère sacerdotal a été profondément marqué par le Centre d’études en théologie Istina : « on appelle anges des êtres  spirituels que Dieu a créés pour mettre le sceau de son image dans les sommets de l’univers. Ces êtres spirituels manifestent en effet la richesse, la puissance, la beauté inépuisables de la création de Dieu. Ils ont été créés pour contempler sa face, l’adorer, louer le Seigneur éternellement. Leur beauté brûle d’amour, de lumière et de sagesse.  ‘’Il fait de ses anges des souffles ardents’’», des ministres de la Liturgie céleste (cf. Ps 104,4 ; Hé 1,7 ; Apo 5, 11-12). Ce sont de vrais adorateurs du Père.

    L’Écriture est remplie de leur présence, de leur service aimant et efficace. Ils sont très nombreux, incomparablement plus nombreux que les créatures corporelles, et, sans doute, d’autant plus nombreux que l’on s’élève davantage dans leur hiérarchie. De plus, il n’y a pas deux anges de la même espèce : chaque ange épuise dans sa personne toute la perfection d’une nature définie.

    Serviteurs des désirs de Dieu, « hérauts puissants, ouvriers de sa Parole » (Ps 103,20), les anges peuvent agir sur le monde matériel qui est confié au soin de leur gouvernement. Ils remuent les atomes et les étoiles avec la puissance de la foudre et la dextérité de l’abeille. »

     


    [1]In « Philosophie de la science contemporaine », ROLAND OMNÈS, Gallimard, sept.1994, p. 280.

    [2] En clair qui soit en cohérence avec l’évolution des phénomènes à l’échelle atomique et subatomique.

    [3] Ibid. p. 281 à 297.

    [4] Thomas d'Aquin a d’ailleurs lu attentivement Maïmonide, il a recouru à lui pour préciser sa pensée sur les rapports entre la créature et Dieu. Notamment sur la Création, les preuves de l'existence de Dieu, la question des attributs divins et des conditions du discours sur Dieu, la liberté humaine, la Providence et la prophétie. Autant de sujets à propos desquels Thomas d'Aquin reconnaît chez le Maître Juif un sens rigoureux de la transcendance de Dieu et une confiance lucide et mesurée dans l'exercice de la raison.

    [5] Institut Universitaire Européen Rachi. Médiévales, 64 | 2013.

    [6] Thèse de doctorat en Sciences des religions sous la direction de P. Gauthier soutenue en 1998 à Strasbourg 2 , Vrin éditeur, octobre 2002.

     

     

     


    Date de création : 02/04/2016 @ 09:33
    Dernière modification : 02/04/2016 @ 09:39
    Catégorie : Philosophie et science
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