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Livres historiques 2 (Théologie 1)

LIVRES HISTORIQUES 2
- LIVRE DES JUGES
- LIVRE DE RUTH
CHAPITRE II
LIVRE DES JUGES
"Lorsque Yahvé leur suscitait des juges, Yahvé était avec le juge et il les sauvait de la main de leurs ennemis tant que vivait le juge,car Yahvé se laissait émouvoir par leurs gémissementsdevantleurspersécuteursetleursoppresseurs"(Livre des Juges,2,18).
L'époque des Juges va de l'installation en Canaan à l'établissement de la monarchie soit à peu près entre 1200 et 1080. Au cours de cette période, l'autorité appartint d'une façon discontinue à des personnages qu'on appela les "Juges". Le terme biblique de "Juge" se trouve employé une seule fois dans une mise en apposition avec Yahvé : "Que Yahvé , le Juge, juge aujourd'hui entre les Israélites et les Ammonites (Jug.,11, 27). Le verbe correspondant est encore utilisépourYahvénotammenten Sam.,24[i];par ailleurs, il désigne certains personnages dépeints d'une façon assezlaconique comme Tolaet Yaïr(Jug.,10)[ii],mais également d'autres plus importants qui apparaîtront avec plus de précisions. En bref, le juge est un chef charismatique, libérateur ou sauveur, qui rend la justice et gouverne dans la paix.
Livre historique, le "Livre des Juges" développe le récit d'une époque de l'histoire humaine à la manière empirique du temps. Il appartient à l'exégèse moderne, avec toutes les ressources dont elle dispose, d'en faire la vérification. La tâche n'est jamais achevée, tant on aspire à une connaissance détaillée et dûment recoupée. Intégré à la Bible, il relate une histoire sainte où, à la narration objective, se mêle l'interprétation religieuse. Dans les aventures humaines est décrypté le dessein de Dieu, Lui que l'on voit partout intervenir.
Le "Livre des Juges"comprend trois parties inégales: une introduction (1,1 à 3,6) en deux parties, le corps du livre (3,7 à 16,31) et deux additions(appendices) qui rapportent la migration des Danites avec la fondation du sanctuaire de Dan ainsi que la guerre contre Benjamin en punition du crime de Gibéa.
Paragraphes d'appui:
I. Introduction.
1. Récit sommaire de l'installation en Canaan.
InstallationdeJuda,deSiméon,deCaleb etdesQénites:(Jug.,1,1-21).
Prise de Béthel:(Jug.,1,22-26).
Les tribus septentrionales:(Jug.,1,27-36).
L'Ange de Yahvé annonce des malheurs à Israël:(Jug.,2,1-5).
2. Considérations générales sur la période des Juges.
Fin de la vie de Josué:(Jug.,2,6-10).
Interprétation religieuse de la période des Juges:(Jug.,2,11-19).
Raison de la permanence des nations étrangères:(Jug.,2,20 à 3,6).
II. Histoire des Juges.
L'histoire des Juges est racontée dans cette partie centrale.
"Les modernes distinguent six "grands" juges[iii], Otniel, Ehud, Déborah (et Baraq), Gédéon, Jephté, Samson, dont les actions sont narrées d'une manière plus ou moins détaillée, et six "petits" juges, Shamgar, Tola, Yaïr, Ibçan, Elôn et Abdôn qui font seulement l'objet de brèves mentions. Mais cette distinction n'est pas faite dans le texte. Les "grands"juges sont des héros libérateurs; leur origine, leur caractère, leurs actions varient beaucoup, mais ils ont un trait commun: ils ont reçu une grâce spéciale, un charisme; ils ont été spécialement choisis par Dieu pour une mission de salut. Leurs histoires ont d'abord été racontées oralement sous différentes formes, et elles se sont accrues d'éléments divers. Elles ont finalement été réunies dans un "livre des libérateurs", composé dansle royaume du Nord dansla première partie de l'épo- que monarchique.Les principaux évènements de cette périodedont le souvenir nous est conservé ne peuvent être datés qu'approximativement. La victoire de Tanak sous Débora et Baraq, peut avoir été remportée vers le milieu du XIIème siècle, elle est antérieure à l'invasion madianite sous Gédéon, et à l'expansion des Philistins hors de leur territoire propre à l'époque de Samson. Il ressort surtout que pendant cette période troublée, les Israélites n'eurent pas seulement à lutter contre les Cananéens premiers possesseurs du pays, ainsi ceux de la plaine de Yzréel battus par Débora et Baraq, mais contre les peuples voisins, Moabites, pendant la période d'Ehud, Ammonites sous Jephté, Madianites sous Gédéon, et contre les Philistins nouvellement arrivés sous Samson. Dans ces dangers, chaque groupe défend son territoire. Il arrive qu'on s'adresse aux groupes voisins (7,23) ou à l'inverse, qu'une tribu puissante proteste parce qu'elle n'a pas été invitée à partager le butin (8,13 et 12,1-6).
L'unité entre les différentes fractions était assurée par la même foi religieuse: tous les Juges furent des Yahvistes convaincus et le sanctuaire de l'arche à Silo devint un centre où tous les groupes se retrouvaient. De plus, toutes ces luttes ont forgé l'âme nationale et préparé le moment où, devant un danger général, tous s'uniront contre un ennemi commun, sous Samuel"[iv].
1. OTNIEL:(Jug.,3,7-11).
2. EHUD:(Jug.,3,12-30).
3. Shamgar:(Jug.,3,31).
4. DEBORAH (et Baraq)
Israël opprimé par les Cananéens:(Jug.,4,1-3).
Déborah:(Jug.,4,4-10).
Héber le Qénite:(Jug.,4,11).
Défaite de Sisera:(Jug.,4,12-16).
La victoire de Tanak, en donnant aux Israélites la plaine d'Yizréel, permet l'union de la maison de Joseph et les tribus du Nord.
Mort de Sisera:(Jug.,4,16-22).
La délivrance d'Israël:(Jug.,4,23-24).
Le Cantique de Débora et de Baraq:(Jug.,5,1-31).
Le cantique de Débora stigmatise les tribus qui n'ont pas répondu à l'appel de Baraq; il est à remarquer que seulement dix tribus sur les douze sont nommées; en effet celles de Juda et de Siméon qui vivaient au sud étaient séparées de celles du nord par les villes non israélites de Gézer et de Jérusalem. Cet isolement prépare leur rupture avec celles du nord qui interviendra plus tard, après la mort de Salomon.
5. GEDEON et Abimélek.
a) Vocation de Gédéon.
Israël opprimé par les Madianites;(Jug.,6,1-6).
Intervention d'un prophète:(Jug.,6,7-10).
Apparition de l'Ange de Yahvé à Gédéon:(Jug.,6,11-24).
Gédéon contre Baal:(Jug.,6,25-32).
L'appel aux armes:(Jug.,6,32-35).
L'épreuve de la toison:(Jug.,6,36-40).
b) La campagne de Gédéon à l'ouest du Jourdain.
Yahvé réduit l'armée de Gédéon:(Jug;,7,1-8).
Présage de victoire:(Jug.,7,9-15).
La surprise:(Jug.,7,16-22).
La poursuite:(Jug.,7,23-25).
Reproche des Ephraïmites:(Jug.,8,1-3).
c) La campagne de Gédéon en Transjordanie et la fin de Gédéon.
Gédéon poursuit l'ennemi au-delà du Jourdain:(Jug.,8,4-9).
Défaite de Zébah et de Calmunna:(Jug.,8,10-12).
La vengeance de Gédéon:(Jug.,8,13-21).
Gédéon. La fin de sa vie:(Jug.,8,22-32).
Rechute d'Israël:(Jug.,8,33-35).
d) La royauté d'Abimélek.
Abimélek proclamé roi par les maîtres notables de Sichem et tout Bet-Millo:
(Jug.,9,1-6).
Apologue de Yotam:(Jug.,9,7-21).
L'apologue de Yotam (9,7-15) est dirigé contre la royauté d'Abimélek.
Révolte des Sichémites contre Abimélek:(Jug.,9,22-41).
Destruction de Sichem et prise de Migdal-Sichem:(Jug.,9,42-49).
Siège de Tébèç et mort d'Abimélek:(Jug.,9,50-57).
6. Tola:(Jug.,10,1-2).
7. Yaïr:(Jug.,10,3-5).
8. JEPHTE.
Oppression des Ammonites:(Jug.,10,6-18).
Jephté pose ses conditions:(Jug.,11,1-11).
Pourparlers de Jephté avec les Ammonites:(Jug.,11,12-28).
Le voeu de Jephté et sa victoire:(Jug.,11,29-40).
Guerre entre Ephraïm et Galaad. Mort de Jephté:(Jug.,12,1-7).
9. Ibçan:(Jug.,12,8-10).
10. Elôn:(Jug.,12,11-12).
11. Abdôn:(Jug.,12,13-15).
12. SAMSON.
L'annonce de la naissance de Samson:(Jug.,13,1-7).
Seconde apparition de l'Ange:(Jug.,13,8-25).
Le mariage de Samson:(Jug.,14,1-11).
L'énigme de Samson:(Jug.,14,12-20).
Samson brûle les moissons des Philistins:(Jug.,15,1-8).
La mâchoire d'âne:(Jug.,15,9-20).
L'épisode des portes de Gaza:(Jug.,16,1-3).
Samson trahi par Dalila:(Jug.,16,4-21).
Vengeance et mort de Samson:(Jug.,16,22-31).
III. Appendices.
1. Le sanctuaire de Mika et le sanctuaire de Dan.
Le sanctuaire privé de Mika:(Jug.,17,1-13).
Les Danites à la recherche d'un territoire:(Jug.,18,1-10).
La migration des Danites:(Jug.,18,11-26).
Prise deLaïsh.Fondationde Dan etdesonsanctuaire:(Jug.18,27-31).
2. Le crime de Gibéa et la guerre civile contre Benjamin.
Le lévite d'Ephraïm et sa concubine:(Jug.,19,1-10).
Le crime des gens de Gibéa:(Jug.,19,11-30).
Les Israélites s'engagent à venger le crime de Gibéa:(Jug.,20,1-11).
Obstination des Benjaminites:(Jug.,20,12-13).
Premiers combats:(Jug.,20,14-28).
Défaite de Benjamin:(Jug.,20,29-48).
Remords des Israélites:(Jug.,21,1-7).
Les vierges de Yabesh données aux Benjaminites:(Jug.,21,8-14).
Le rapt des filles de Silo:(Jug.,21,15-25).
Les premiers rédacteurs deutéronomistes possédaient des renseignements authentiques sur ces juges, mais ils ont étendu leurs pouvoirs à tout Israël et les ont mis en succession chronologique. Ils sont ainsi devenus des "juges d'Israël". Il y avait originellement un noyau de quatre "grands juges" qui avaient chacun leur histoire (Ehud, Débora, Gédéon, Jephté) et un autre de "cinq petits juges" qui provenaient d'une tradition différente (Tola, Yaïr, Ibçan, Elôn, Abdon).On y ajouta Otnielquiappartenait àl'époque dela conquête (Jos.,14, 16-19; Jug.,1,12-15), puis Shamgar, bien qu'il ne fût pas Israélite (Jug.,5,6). On assimila aussi une figure qui n'entrait pas dans cette catégorie de personnages: le singulier héros danite Samson qui n'avait pas été un libérateur mais dont on racontait en Juda les prouesses contre les Philistins. On obtint ainsi le chiffre de 12, symbolique de tout Israël.
EXEGESE PATRISTIQUE.
ORIGENE.
Homélies sur les Juges.
On possède neuf homélies sur les Juges, traduites en latin par Rufin. Elles ne traitent que les chapitres 1 à 7 (inclus) soit un tiers du document biblique.Même s'il existe des extraits d'autres homélies imputées à Origène, leur authenticité n'a pu être établie. C'est d'ailleurs ce même nombre de neufhomélies que Jérôme a enregistré de ce livre, ainsi que Cassiodore le fera au début du VIème siècle.
Leur datation peut être effectuée par rapport à d'autres oeuvres. C'est ainsi que dans latroisième homélie sur les Juges,Origène évoque le personnage de Caleb, ajoutant: "Il fut le compagnon de Jésus Navé (Josué), dont nous avons autant que possible expliqué en son lieu ce qui nous a paru bon". Et ce lieu en question se trouve à la fin des Homélies sur Josué en 20,3-6. Les homélies sur les Juges ont donc succédé à celles sur Josué, et sans doute de peu, grâce à d'autres recoupements; elles peuvent ainsi être datées des années 249 ou 250.
Interprétation de l'Ecriture: trois sens, deux séquences.
Il n'est sans doute pas inutile de rappeler, à propos de ces homé- lies, la théorie du triple sens issue du Traité des Principes d' Origène; elle se trouve fondée par analogie avec l'anthropologie trichotomiste distinguant chez l'homme, le corps, l'âme et l'esprit. Ce schéma donne lieu pour la Sainte Ecriture à deux séquences. Une séquence de base, claire en elle-même: histoire (corps: celui de la lettre qu'on voit) - morale (âme: sens que l'on découvre à l' intérieur de la lettre) - mystique (esprit: sens lié aux vérités célestes contenues dans la lettre).
Une séquence variante danslaquelle les deux derniers sens s'inversent et dont l'expression devient: histoire - mystique (évocation du mystère du Christ et de l'Eglise) - morale (application faite à l'âme chrétienne qui puise sa vie dans ce mystère).
"Cette théorie du triple sens reconnueau fildes pages deshomélies[v] reste cependant d'une application très souple. A peine rappelée la division tripartite selon la première séquence, Origène la rapporte au déroulement de l'histoire du salut:[vi]. A cadre formel identique, contenu variable.
De ces points de vue divers, on retiendra au moins celui qui devint classique:l'autre qu'on nomme généralement spirituel, ou allégorique, ou mystique>[vii].
Dans toute son oeuvre, Origène interprète la Bible avant tout par elle-même, à force de rapprochements de citations tirées de tous les livres, de la Genèse à l'Apocalypse, comme en fait foi la lecture de quelque page que ce soit. Mais pour défendre et promouvoir cette interprétation spirituelle, d'une part il a gardé ou repris contact avec la culture grecque et répondu au libelle injurieux du païen Celse; d'autre part, d'une façon plus rapide et ponctuelle, moins au niveau de la méthode que du sens de tel passage ou des termes du vocabulaire, il a fait des emprunts à la culture juive, singulièrement à son auteur le plus illustre, Philon, qu'il copie ou imite dans l'explication des étymologies"[viii].
Etymologies et symbolisme des nombres.
"Origène interrogeait les Juifs, de nombreux Juifs renommés pour leur science, et parmi eux des rabbins, à propos du Logos Fils de Dieu, ou de Moïse et de Jésus, et même de certaines prescriptions de la Loi, comme de fixer la circoncision au huitième jour ou d'interdire de tisser la laine avec le lin. Il mentionne plusieurs fois "l'Hébreu",dont nous avons déjà parlé, fils de rabbin converti au christianisme qui l'influença profondément.
Origène fonde des développements entiers sur la signification qu' on attribuait aux noms hébraïques dans les milieux rabbiniques et alexandrins[ix], pour mettre en valeur une certaine caractéristique, spécifier une fonction, voire orienter une destinée.Il procède de manière analogue dans ses Homélies pour l'explication des noms propres, relevés ici par ordre alphabétique:
Abiézer,"secours de mon père"(VIII,3) - Abinéen,"réponse du père" (VI,6) - Amalec,"le peuple qui broute"(VIII,1) - Aoth,"louange"(IV,1) - Barac,"éclat"(V,4) - Béthel,"maison de Dieu"(V,3) - Chusarsaton, "humiliation"(III,1) - Débora,"abeille" ou "langage"(V,2) - Eglon, "tourbillons"ou"enroulements"(IV,1) - Gothoniel,"le temps de Dieu" (III,3) - Iézraël,"semence de Dieu"(VIII,2) - Jabin,"pensée" ou "pru- dence"(IV,3) - Madianites,"hors du jugement"(VIII,1) - Madianites, "relâchement" ou "débordement"(IV,1) - Rama,"hauteurs"(V,3) - Samegat,"l'étranger là"(IV,2) - Sisara,"vision de cheval"(IV,4).
Ilenva du symbolismedesnombres chez Origèneà peuprès comme des étymologies. Il met en relief quelques indications chiffrées des récits du texte biblique. Il les relève et les compare, principalement quand il s'agit du début et de la fin d'un évènement historique. Le temps qui s'écoule de l'un à l'autre manifeste une dimension ou une durée d'un autre ordre, spirituel et divin. Qu'il s'agisse de la miséricorde divine: "Tu vois de quelle largeur est la clémence divine. pour les fautes d'un grand nombre, ils demeurent en paix>". Ou qu'il s'agisse du châtiment; si l'on rapproche la servitude d'Israêl sous la domination de Chusarsaton de celle qu'il connaît sous Eglon, est révélée la mesure de la peine: "Note que la divine Ecriture indique même la mesure de la peine; elle dit,là,,ici,. Or il est certain que c'est d'après la mesure du péché et le délai de notre conversion que sont aussi déterminés les temps du châtiment". Le nombre, au milieu de ses multiples, symbolise d'autres réalités. Soit d'ordre cosmique: . Soit d'ordre divin (trois cents guerriers sont à la disposition de Gédéon pour combattre l'armée ennemie, nombreuse comme les sauterelles): Christ>"[x].
Le combat spirituel.
Dieu envoieles puissances d'enhautau secours de ceuxquisauront crier vers lui de tout leur cœur, et qui auront, par la conversion et le repentir, fléchi à leur égard la clémence divine (HomJug.,III,6).
L'homonymie Josué-Jésus,que nous pensions dorénavantépuisée, se trouve à nouveau valorisée dans la Seconde Introduction du "Livre des Juges". Elle l'est sur deux points importants afin que le cours de la prophétie ne se trouve pas interrompu. En premier lieu, le peuple qui servit le Seigneur aux jours de Jésus peut continuer à le faire en entretenant en lui tout un ensemble de vertus(1,3). En second lieu, la mort terrestre de Jésus ne concerne que certains, puisque le Christ, par toutes les vertus qui le constituent(2,1), reste vivant. Mais au Christ-vertus s'oppose Satan-péchés qui par- vient à retrancher ses émules du Corps du Christ qu'est l'Eglise, livrant leur âme au pouvoir de Zabulus (2,5). La peine alors encourue est proportionnée à la durée de l'offense, toujours pétrie d'orgueil, de sorte que l'humiliation en est le premier remède (3,2). Mais le salut ne viendra,pour chaque manquement grave,que pour ceux qui savent "crier vers le Seigneur" de tout leur cœur et qui, par la conversion et le repentir, parviennent à fléchir à leur égard la clémence divine. Pour le salut du peuple, le Seigneur suscitera successivement Gothoniel (3,3), et après une nouvelle rechute, le guerrier "ambidextre" Aoth (3,5-6) puis Samegat (4,2). Autant de libérateurs qui porteront l'image de certains chefs de la milice céleste et des puissances d'en haut. "Crier vers le Seigneur", il le faudra encore puisque(le chef ennemi Sisara), reviendra persécuter celui qui est "selon l'esprit". Elle criera vers le Seigneur,cette âme,jusqu'àce que selèvela prophétie dontDébora est la figure, et que, par l'exercice d'une sorte de pouvoir charismatique, "cette prophétie fasse que le peuple de l'Eglise soit gouverné, ou que soit régie la disposition de l'esprit et de l'âme de chacun par le Christ notre Seigneur" (4,4). Seule la pureté de l'esprit a mérité cette grâce à Débora, juge en Israël et désignée comme l'unique prophète parmi tous les autres juges (5,2). Débora appelle Barac (figure du peuple juif), avec dix mille guerriers à ses côtés, mais il est averti par avance que l'honneur de la victoire sur Sisara ne lui reviendra pas (5,4). C'est en effet entre les mains d'une autre femme, Jahel (ou Yaël), figure de l'Eglise, que Sisara sera livré par le Seigneur. Le combat mené contre les paroles charnelles de Sisara s'achève par le transpercement de sa tête par la main de Jahel (5,5); il ne reste plus à cette dernière, la victoire achevée, qu'à inviter Barac à la partager avec elle.
Débora,Barac,Jahel,sontpournousautantdefiguresmystérieusesquis'accompliront aux derniers temps par l'Eglise dont le cantique de Débora représente l'hymne triomphal.C'est le chant de sa victoire, à savoir de ce temps ou sera détruit le dernier ennemi, la mort(6,1). La prophétie, quand se lève-t-elle? Pour sûr, àl'avènement du Christ,et non seulement elle-même se lève,mais encore elle met en marche les peuples vers la foi(6,6). C'est tout le sens du cantique de Débora:
5(12)Eveille-toi, éveille-toi Débora!
Eveille-toi! Eveille-toi, clame un chant!
Courage! Debout Barac!
et ramène les prisonniers, fils d'Abinoam!
"Crier vers le Seigneur", il le faudra sans cesse, du moins tant qu'Israël fera ce qui est mal aux Yeux de Yahvé. Que de rechutes en perspective, et celle-ci notamment qui va être sanctionnée par une période de sept ans d'esclavage entre les mains de Madiân. Israël, très affaibli par ses oppresseurs, n'en sortira que par les actions déterminantes du "vaillant guerrier Gédéon" que l'Ange de Yahvé viendra quérir sur l'aire des moissonneurs. Ayant réuni l'armée et les peuples autour de lui, Gédéon se devait de solliciter l'appui divin: "Si tu veux sauver Israël par ma main,comme tu as dit,me voici, je vais placer une toison de laine sur l'aire; et si la rosée tombe sur la toison, et que sur tout le sol ce soit sec, je saurai que tu sauveras Israël par ma main, comme tu as dit. Et il en fut ainsi"(8,4).
S'ensuitla mise à l'épreuve des soldats par Gédéon,mise à l'épreuve figurative faite par celui qui représente le Christ. Lorsqu'ayant enjoint aux lâches de s'en aller(9,1), il fait descendre les autres au bord del'eau,forcelui est de constater qu'un grand nombreplient les genoux montrant par là qu'ils périront devant les difficultés. En définitive,trois cents hommes d'élite"descendent vers l'eau, c'est- à-dire viennent à la grâce du baptême, ne plient pas les genoux", mais "lapent l'eau avec la main et la langue", prouvant qu'ils vont travailler en parole et en action, "enseigner et mettre en pratique" (9,2). Et à ce baptême d'eau qui ouvre la vie chrétienne est comparé ce qui lui est supérieur: le baptême de sang qui parfois le couronne(7,2).
Nombreux sont les jours de Josué-Jésus(1,3).
Texte appelé:
Livre des Juges2,7:Le peuple servit Yahvé tous les jours de Jésus et tous les jours des anciens qui survécurent à Jésus et qui avaient connu toutela grande oeuvre que Yahvé avaitaccomplie en faveur d'Israël.
"Le peuple servit Yahvé tous les jours de Jésus". Il n'a pas dit qu'il y eut un seul jour de Jésus, mais qu'il y a de nombreux "jours de Jésus". Quels nombreuxjours présentons-nousdoncsuivantcetordre quenous exposons? Pour ma part, j'estime qu'un de ses jours est la justice, un autre la sanctification, un autre la prudence, un autre la miséricorde; et ainsi, grâce à chaque qualité des vertus, on compte les "jours de Jésus" où l'on sert "le Seigneur", parce que dans ces vertus de l'âme on plaît au Seigneur. De plus, compte pour un de ses jours, la patience, la douceur, la piété, la bonté, et tout ce qui concerne la vertu, dis-le son jour. Et ainsi "tu serviras le Seigneur dans tous les jours de Jésus", c'est-à-dire dans toutes ses vertus[xi]. Car l'instruction de l'Ecriture sainte ne veut pas que tu aies en toi quelques-unes de ces vertus et négliges les autres, mais que "tu serves le Seigneur", orné de toutes ces vertus et appliqué aux actes qu'elles inspirent. Or de la même manière aussi on a en soi "les jours des anciens", et "on sert le Seigneur dans leurs jours", en accomplissant ce que dit l'apôtre Paul: "Soyez mes imitateurs, comme moi, je le suis du Christ"(a).
(a)1Cor.,4,16.
Josué-Jésus est mort, Jésus est vivant(2,1).
Texte appelé:
Livre des Juges2,8:Et Jésus, le fils de Navé, le serviteur de Yahvé mourut à l'âge de cent dix ans.
En vérité, rien d'étonnant que "ce fils de Navé soit mort". Car il acquitta ce qui était dû à la nature . Mais puisqu'on avait convenu d'appliquer ce qu'on lisait du fils de Navé à notre Seigneur Jésus-Christ, il faut voir comment, de lui aussi, il convient de dire: "Jésus est mort". Pour moi j'estime, tout en le disant sous l'autorité de l'Ecriture, qu'en certains Jésus est vivant, mais qu'en certains il est mort[xii]. En Paul Jésus vit, en Pierre, en tous ceux qui peuvent dire à juste titre: "Je vis mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi"(a). Et il dit encore: "Or pour moi, vivre c'est le Christ, et mourir est un gain"(b). Et dans pareils personnages, on dit à juste titre que Jésus est vivant.
Mais en qui "Jésus est-il mort"? Sans nul doute en ceux dont il est dit que souvent par leurs repentirs et leurs rechutes ils insultent pour ainsi dire à la mort de Jésus: ceux dont l'Apôtre déclare dans une lettre aux Hébreux:
"Ils crucifient à nouveau le Fils de Dieu en eux-mêmes et le bafouent publiquement"(c). Tu le vois donc: en ceux qui pèchent, on affirme non seulement que Jésus meurt, mais qu'il "est crucifié" par eux et "tourné en dérision".
(a)Gal.,2,20;(b)Phil.,1,21);(c)Héb.,6,6.
Au Christ-vertus s'oppose Satan-péchés(2,5)et(3,2).
Textes en présence:
Livre des Juges 3:(7)Les fils d'Israël firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur: ils oublièrent le Seigneur, leur Dieu, et ils servirent les Baals et les Ashéras[xiii].(8)Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Israël, il les livra aux mains de Kushân-Risheatayim[xiv], roi Aram-Naharayim, et les Israélites furent asservis à Kushân-Risheatayim pendant huit ans.
L'Ecclésiastique2,11:Car le Seigneur est compatissant et miséricordieux, il remet les péchés et sauve au jour de la détresse.
1ère Epître aux Corinthiens10,11:Cela leur arrivait pour servir d'exemple, et a été écrit pour notre instruction à nous qui touchons à la fin des temps.
Evangile de Matthieu6,6:Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père qui est là dans le secret; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
"Ils irritèrent le Seigneur le poussant à la colère. Ils abandonnèrent le Seigneur et rendirent un culte à Baal et à Astarté. Et le Seigneur fut enflammé de fureur contre Israël, et il les livra aux mains des pillards(a). Tant qu'un homme sert Dieu, il n'est pas "livré aux mains des pillards".Mais quand"il abandonne le Seigneur"et commence à servir ses passions, alors il est dit à son sujet:"Dieu les a livrés à leurs passions d'ignominie"; et encore: "Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas"(b). Pourquoi ? Parce qu'ils ont été remplis de toute sorte d'iniquité, de méchanceté, de fornication, d'avarice"(c) et de tous les autres vices énumérés; de la même manière il dit encore ici et maintenant: parce que "ils servirent et adorèrent les Baals et Astarté, Dieu les livra aux mains des pillards; et (Israël) tomba aux mains de ses ennemis"(d).
De fait ces textes, comme je l'ai déjà souvent dit, les Juifs les lisent comme des histoires d'évènements accomplis et passés. Mais "nous pour qui ces faits ont été mis par écrit"[xv], nous devons savoir que, si nous avons péché contre le Seigneur, et si nous rendons un culte comme à Dieu aux plaisirs de notre âme et aux désirs de la chair, nous sommes livrés nous aussi, et nous sommes remis par l'autorité apostolique entre les mains de Zabulus[xvi]. Ecoute enfin (l'Apôtre) lui-même parlant de celui qui avait péché: "J'ai livré à Satan[xvii] un homme de cette sorte pour la perte de la chair, afin que l'esprit soit sauvé"(e). Tu le vois donc: maintenant aussi, non seulement par ses apôtres Dieu "a livré" ceux qui ont péché "entre les mains des ennemis", mais encore, par ceux qui président à l'Eglise et ont le pouvoir non seulement de délier mais encore de lier(f), les pécheurs "sont livrés pour la perte de la chair" quand à cause de leurs fautes ils sont retranchés du Corps du Christ.
Et, me semble-t-il, c'est aussi une double manière que maintenant les hommes sont livrés hors de l'Eglise au pouvoir de Zabulus. De la manière que nous avons dite plus haut, quand la faute d'un homme devient manifeste à l'Eglise et qu'il en est chassé par les prêtres, afin que noté d'infamie par les hommes il ait honte, et que, converti, il lui arrive ce qui suit:"Que son esprit soit sauvé au jour de notre Seigneur Jésus-Christ"(g). Et d'une autre manière encore un homme "est livré à Zabulus", quand son péché n'est pas manifeste aux hommes, mais que Dieu "qui voit dans le secret"[xviii] discerne que son intelligence et ses dispositions sont asservies aux vices et aux passions, et que dans son cœur ce n'est pas lui qui est honoré, mais l'avarice, la débauche, la vanité, ou d'autres de cet ordre, alors le Seigneur lui-même "livre à Satan" cet individu. Comment le "livre-t-il à Satan" ? Il se retire de son intelligence, il se détourne et s'écarte de ses pensées mauvaises et de ses désirs indignes, et il laisse "vide la maison" de son cœur. Et alors s'accomplira dans cet homme ce qui est écrit:"Quand l'esprit impur est sorti d'un homme, il parcourt les lieux déserts, et s'il ne trouve pas de repos, il retourne dans sa maison, et la trouvant vide et nettoyée, il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, il entre et habite dans cette maison, et alors le dernier état de cet homme deviendra pire que le premier"(h).
Maintenant donc, ceux qui sont livrés à cause de leur péché, mis à l'épreuve, voyons ce qu'ils font. Assurément ce qui est écrit:"Et ils crièrent vers le Seigneur dans leur épreuve, et il les libéra de leurs fardeaux. Et il les fit sortir des ténèbres et de l'ombre de la mort, et il brisa leurs liens"(i). De plus, chacun de nous, même s'il est petit, même tout-petit, même s'il n'a joui d'aucune dignité dans le siècle, peut souffrir du vice de l'orgueil. Et rien n'est si laid, ni odieux, au dire de l'Ecriture, "qu'un pauvre orgueilleux ou un riche menteur"(j)....
Mais vois: le Seigneur bienveillant mêle la miséricorde à la sévérité, et il évalue le degré de la peine elle-même d'une balance juste et clémente. Ce n'est pas pour toujours qu'il a livré ceux qui péchaient, mais, dit-on, aussi longtemps qu'ils servirent les Baals, aussi longtemps ils "servent" encore "Chusarsaton"[xix], c'est-à-dire "huit ans"[xx]. Apprends-le, toi aussi, auditeur,quelque tu sois,qui es conscient de quelque erreur.Et aussilongtemps que tu sais avoir erré,aussi longtemps que tu as péché,aussi longtemps et pas moins, humilie-toi devant Dieu et donne-lui satisfaction dans la confession de ton repentir.N'attends point que Chusarsatont'humilie et que la nécessité contre ton gré t'arrache le repentir, mais devance toi-même les mains de ce bourreau; car, si toi-même tu t'amendes, si toi-même tu te corriges, Dieu est "bon et miséricordieux"[xxi], lui qui modèrera la vengeance à l'égard de celui qui la devance par le repentir.
De plus, considérons-le: tant que ceux qui avaient été livrés pour leurs péchés "servaient Chusarsaton sans crier vers le Seigneur", personne ne fut suscité qui pût les sauver. Mais quand "ils crièrent vers le Seigneur, alors le Seigneur suscita un sauveur à Israël et il les sauva".
(a)Jug.,2,12-14;(b)Rom.,1,26et28;(c)Rom.,1,29;(d)Jug.,2,13.14;(e)1Cor.,5,5; (f)Matt .,16,19;(g)1 Cor.,5,5;(h)Matt.,12,43-45;(i)Ps.,107(106),6et14;(j)Sir.,25,2.
Pour le salut du peuple, le Seigneur suscita aux Israélites un sau- veur qui les libéra, Othoniel(ou Gothoniel, ou Otniel)(3,3).
Textes en présence:
Livre des Juges3:(9)Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé suscita aux Israélites un sauveur qui les libéra, Othoniel (ou Otniel), fils de Qenaz, frère cadet de Caleb;(10)L'esprit de Yahvé était sur lui; il jugea Israël et partit pour la guerre. Yahvé livra entre ses mains Kushân-Risheatayim,roi Aram, et il triompha de Rushân- Risheatayim.(11)Le pays fut alors en repos pendant quarante ans, puis Othoniel, fils de Qénaz mourut.(12)Les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé et Yahvé fortifia Eglôn, roi de Moab, contre Israël, parce qu'ils faisaient ce qui est mal aux yeux de Yahvé.
Epitre aux Ephésiens2:(1)Et vous qui étiez morts par suite des fautes et des péchés (2)dans lesquels vous avez vécu jadis, selon le cours de ce monde, selon le Prince de l'empire de l'air, cet esprit qui poursuit son oeuvre en ceux qui résistent...
Epitre aux Hébreux1,14:Est-ce que tous ne sont pas des esprits chargés d'un ministère, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter du salut?
Or l'Ecriture nomme le sauveur Gothoniel, nom qui veut dire "le temps de Dieu pour moi". C'est donc grâce à ce Gothoniel que ce premier peuple fut soustrait à l'esclavage de l'humiliation, et que fut rendue au peuple la paix qu'avaient naguère mise en fuite l'orgueil et divers méfaits du peuple. Mais puisque nous avons dit que Chusarsaton peut être compris comme un roi spirituel, "un prince" pris parmi nos adversaires et "les puissances de l'empire de l'air"[xxii], ainsi me semble-t-il logique aussi que ce Gothoniel, qui fut suscité pour libérer le peuple, soit un personnage de la "milice céleste"(a) et des troupes archangéliques "envoyées en renfort à ceux qui reçoivent l'héritage du salut"[xxiii]. Ce sont des anges sauveurs[xxiv] qu'on désigne sous les traits soit de Gothoniel, soit d'Aoth. En effet, comme on l'a souvent montré,non seulement nous sommes attaqués par des puissances contraires, mais encore des puissances divines et bonnes sont envoyées à notre secours par le Seigneur. Voyons toutefois qui fut ce Gothoniel, de quelle famille, de quelle noblesse. C'était "le fils de Genez, le frère de Caleb", de ce héros Caleb digne de louange et d'admiration, qui fut le compagnon et l'associé de Jésus Navé, dont nous avons autant que possible, expliqué en son lieu ce qui nous a paru bon.
Que dit donc l'Ecriture de ce Gothoniel ? Après avoir dit:"Les fils d'Israël crièrent vers le Seigneur"[xxv], elle ajoute:"L'Esprit du Seigneur fut sur Gothoniel, et il fut juge en Israêl"[xxvi]. A ton avis, se trouve-t-il parmi nous un homme capable de "pousser vers le Seigneur un cri" assez puissant et assez juste pour qu'il soit digne d'être exaucé, et que le peuple mérite de recevoir un juge, et un juge tel que "l'Esprit de Dieu" le remplisse, afin qu'il puisse conserver un jugement droit ? De là vient le nom de livre des Juges, où l'on présente les juges qui ont jugé le peuple.
C'est (donc) une grande louange qui est rapportée de ce premier juge Gothoniel:"L'Esprit de Dieu fut sur lui", et par l'Esprit de Dieu "il jugeait Israël", louange que, pour ma part, je ne me rappelle guère avoir entendue d'aucun autre. Il y a donc aujourd'hui une foule de juges dans toutes les églises qui sont sous le ciel, auxquels fut confié le jugement non seule- ment sur les actions, mais encore sur les âmes. Mais je ne sais si aucun juge dans l'Eglise est tel que "Dieu" le rende digne "d'être rempli de son Esprit", de sorte que, comme ce Gothoniel fut honoré de ce témoignage de l'Ecriture, de même eux aussi pour qui nous le souhaitons méritent le témoignage de Dieu. Elle déclare donc:"Et l'Esprit du Seigneur fut sur lui, et il fut juge en Israël. Et il sortit pour engager le combat et le Seigneur livra entre ses mains le roi Chusarsaton"[xxvii]. Et après cela, elle dit:"La terre fut en repos sous ce juge quarante ans"[xxviii]. Tu vois de quelle largeur est la clémence divine."Huit ans les fils d'Isrël avaient été des esclaves"[xxix] pour les fautes d'un grand nombre, "quarante ans" pour la justice d'un seul ils demeurent en paix.
Mais que dit-on après cela ? "Et Gothoniel, fils de Genez, est mort". Je vois une situation pleine de péril."Gothoniel est mort"[xxx]. Pourquoi ? Parce que déjà le peuple était indigne d'avoir un pareil juge. Et puis dans la suite, lui une fois mort, on dit:"Les fils d'Israël continuèrent à faire ce qui est mal au regard du Seigneur; et le Seigneur fortifia Eglôn, roi de Moab, contre Israël"[xxxi]. Note que du fait qu'ils n'étaient plus dignes d'avoir un pareil chef, pour cela leur est enlevé un bon juge. Et parce qu'ils "ont fait mal au regard du Seigneur", est suscité contre eux le pire ennemi, "Eglôn, roi de Moab".
(a)Lc.,2,13.
Puis, après une rechute du peuple dans le mal et un nouvel escla- vage de dix huit ans, le Seigneur suscita le sauveur Aoth(3,5).
Textes en présence:
Livre des Juges3:(14)Les Israélites furent asservis à Eglôn, roi de Moab pendant dix huit ans.(15)Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé leur suscita un sauveur Aoth(ouEhud),filsdeGéra,Benjaminite,qui était "ambidextre".Par son intermédiaire les Israélites envoyèrent un tribut à Eglôn, roi de Moab.
Evangile de Matthieu6:(3)Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite(4)afin que ton aumône soit secrète; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Evangile de Luc2,13:Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu...
"Et les fils d'Israël furent asservis à Eglôn, roi de Moab, dix-huit ans"[xxxii]. Note que la divine Ecriture indique même la mesure de la peine; elle dit, là, "huit ans", ici, "dix-huit". Or il est certain que c'est d'après la mesure du péché et le délai de notre conversion que sont aussi déterminés les temps du châtiment. Car ces "dix-huit ans" d'esclavage aussi passèrent, et on ne rapporte pas qu'ils "crièrent vers le Seigneur" ou qu'ils se convertirent de leur méchanceté, mais c'est dix-huit ans après que l'on redit:"Les fils d'Israël crièrent vers le Seigneur, et le Seigneur leur suscita comme sauveur Aoth, fils de Géra, fils de Geminus, guerrier ambidextre"[xxxiii]. Voilà quel est celui qui est suscité pour sauver Israël ! Il n'a en lui rien de gauche, mais il a deux mains droites: voilà ce qu'on appelle un "ambidextre". C'est vraiment un digne chef du peuple et juge dans l'Eglise, qui ne fait rien de gauche, de sorte que ce que fait sa main droite, sa gauche l'ignore[xxxiv]; il est droit de part et d'autre, est droit dans la foi, est droit dans les actions; il n'a rien de ceux qui sont placés "à gauche"(a), auxquels il est dit: "Allez loin de moi, ouvriers d'iniquité, je ne vous connais pas; allez au feu éternel que Dieu a préparé pour Zabulus et ses anges"(b). S'il est permis en de tels propos de pousser la comparaison, je pense que, selon l'intelligence spirituelle, d'une part on peut dire tous les saints "ambidextres", d'autre part à l'inverse, Zabulus et ses princes, si l'on peut dire, sont déclarés "ambigauchers". Car tout ce qu'ils font est gauche, tout pervers, tout destiné au feu éternel avec ceux qui sont "à gauche".
Mais voyons ce que fait ce juge "ambidextre": "Les fils d'Israël envoyèrent des présents à Eglôn, roi des Moabites, par la main d'Aoth"[xxxv] et "Aoth se fit un glaive à double tranchant de la longueur d'une paume étendue, et se l'attacha à la cuisse droite"(c). Tu le vois: est à droite tout ce que fait cet "Aoth,"l'ambidextre"; il est droitier de ses mains, il est droitier de ses jambes. Il porte en effet le glaive sur la cuisse droite pour venir "au roi de Moab" et pour le mettre à mort. Nous l'avions dit plus haut: ceux que Dieu suscite pour le salut du peuple et pour libérer les fils d'Israël, sauveurs ou juges, portent l'image de certains chefs de la "milice céleste"[xxxvi], et des puissances d'en haut que Dieu envoie au secours de ceux qui auront crié vers lui de tout leur cœur et qui auront, par la conversion et le repentir, fléchi à leur égard la clémence divine.
(a)Matth.,25,33;(b)Matth.,25,41;(c)Jug.,3,16.
Au juge Aoth, succède le juge Samegat (ou Shamgar)(4,2).
Texte appelé:
Epitre aux Philipiens3,8:Bien plus, désormais je considère tout comme désavantageux à cause dela supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. A cause de lui j'ai accepté de tout perdre, je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ.
Son nom veut dire "l'étranger là". Il est vrai, en effet, que tous ceux qui sont des hommes de Dieu sont des étrangers dans ce monde, et des hôtes de passage sur la terre , comme celui qui disait:"Je suis un étranger auprès de toi sur la terre, et un voyageur comme tous mes pères"(a). C'est donc ce Samegat que le Saint-Esprit déclare "étranger là", c'est-à-dire ici-bas. Car ce qui pour le Saint-Esprit qui est aux cieux est là, pour nous est ici. Qu'est-il donc dit de Samegat ? "Il frappa les Allophyles[xxxvii] au nombre de six cents guerriers avec un manche - ou un soc - de charrue(b). Je vois chez Samegat un autre motif de louange : notre homme combat avec une "charrue". Aoth combattait avec un glaive, lui, avec une charrue. Il obtient pourtant la victoire lui aussi, il surpasse et renverse les Allophyles. Il peut donc se faire qu'un juge dans l'Eglise ne brandisse pas toujours le glaive, c'est-à-dire n'utilise pas toujours la sévérité de la parole et le tranchant de la réprimande. Mais parfois aussi il imite le laboureur et creusant la terre de l'âme comme avec une charrue et l'ouvrant à maintes reprises par un avis clément, il la prépare à accueillir les semences. Dès lors seront mis à mort aussi de cette manière les Allophyles: non pas en utilisant contre nos adversaires des arguments et une pointe d'épée, mais en rejetant les vices et les péchés des âmes des auditeurs par un avis simple et rustique;
De plus, toi-même auditeur, sois le laboureur de ton âme, emploie cette charrue qu'employa Samegat[xxxviii]. Mais quand tu "auras mis la main à la charrue ne regarde pas en arrière"(c), c'est-à-dire quand "tu auras pris ta croix, et auras suivi le Christ"(d), après avoir renoncé au siècle et à ce qui est dans le siècle, ne regarde pas en arrière, ne recherche pas "ce que tu avais à cause du Christ, regardé comme des ordures"[xxxix]. Car, si tu as toujours "la main à la charrue" au point de pouvoir dire avec confiance: "Loin de moi la pensée de me glorifier, si ce n'est dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde a été crucifié pour moi, et moi pour le monde"(e), si tu dis cela, "dix mille tomberont à ta droite, et mille à ta gauche, mais ils n'approcheront pas de toi"(f).
(a)Ps.,39(38),13;(b)Jug.,3,31);(c)Lc.,9,62;(d)Matth.,16,24:(e)Gal.6,14;(f)Ps.91(90),7.
Crier vers le Seigneur, il le faudra encore, pour que se lève la pro- phétie dont Débora est la figure(4,4).
Textes en présence:
Livre des Juges4:(1)Après la mort d'Aoth les Israélites recom- mencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé(2)et Yahvé les livra à Jabin (ou Yabîn), roi de Canaan qui régnait à Assor (ou Haçor). Le chef de son armée était Sisara (ou Sisera), qui habitait à Haroshèt-ha-Goyim.
(3)Alors les Israélites crièrent vers Yahvé. Car Jabin avait neuf cents chars de fer et il avait opprimé durement les Israélites pendant vingt ans.
(4)En ce temps-là Débora, une prophétesse, femme de Lappidot jugeait Israël.(5)Elle siégeait sous le palmier de Débora entre Rama et Béthel, dans la montagne d'Ephraïm, et les Israélites montaient vers elle pour obtenir justice.
(6)Elle envoya chercher Barac (ou Baraq), fils d'Abinoam de Qédèsh en Nephtali et lui dit:"Yahvé,Dieu d'Israël,n'a-t-il pas ordonné:< Va, rassemble le mont Tabor et prends avec toi dix mille hommes de Nephtali et des fils de Zabulon.(7)J'attirerai vers toi au torrent de Qishôn, Sisera, le chef de l'armée de Yabîn, avec ses chars et ses troupes et je le livrerai entre tes mains>?(8)Barac lui répondit:"Si tu viens avec moi, j'irai, mais si tu ne viens pas avec moi, je n'irai pas".(9)Débora lui dit:"J'irai donc avec toi; seulement dans la voie où tu marches, l'honneur ne sera pas pour toi, car c'est entre les mains d'une femme que Yahvé livrera Sisera".Alors Déboraseleva et, avec Baraq, elle se rendit à Qédèsh.
Psaume92(91),3:Le juste poussera comme un palmier, il grandira comme un cèdre du Liban.
Epître aux Philipiens3,14:Et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ-Jésus.
Epître aux Ephésiens3,10:Pour que les Principautés et les Puissances célestes aient maintenant connaissance, par le moyen de l'Eglise, de la sagesse infinie en ressources déployées par Dieu.
Ière Epître aux Corinthiens15:(48)Tel a été le terrestre, tels seront les terrestres; tel a été le céleste, tels seront les célestes.(49)Et de même que nous avons porté l'imageterrestre,nous porterons aussi celle du céleste.
Evangile de Matthieu7:(13)Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent,(14)mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent.
"Et le chef de l'armée de Jabin était Sisara, et lui-même habitait Arisoth des nations, il avait neuf cents chars de fer. Et les fils d'Israël crièrent vers le Seigneur"[xl]. Même ici on retrouve la même observation notée plus haut: "les fils d'Israël" ne savent "crier vers le Seigneur" que lorsqu'ils "ont été livrés aux mains de Jabin", ou qu'ils ont été châtiés par son "chef d'armée Sisara" qui "avait neuf cents chars de fer", par lesquels évidemment serait châtié "un peuple à la nuque raide"(a).Or, Sisara veut dire "vision de cheval". Il est en effet "animal" et non "spirituel"(b), celui qui ne voit que ce qui est de "l'animal". Telle est sa vision, telle est toujours sa visée. Voilà pourquoi toujours "l'homme animal" et "celui qui est selon la chair persécute celui qui est selon l'esprit"(c), jusqu'à ce que le "spirituel" comprenne et "pèse tout"(d), qu'il comprenne d'où il lui faut réclamer du secours, et "crie vers le Seigneur"; jusqu'à ce que, pour cette âme qui "a crié vers le Seigneur", se lève la prophétie dont Débora est la figure[xli], et que, selon la grâce et l'intelligence de la prophétie[xlii], ou bien le peuple de l'Eglise soit gouverné, ou encore soit régie la disposition de l'esprit et de l'âme de chacun[xliii], par le Christ Jésus notre Seigneur,"à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles"(e).
Débora, la femme, la prophétesse.
Alors que l'on rapporte qu'un très grand nombre de juges en Israël furent des hommes, d'aucun d'eux on ne dit qu'il fut "prophète", sinon de "Débora, une femme". C'est là un point où même le premier aspect de la lettre procure au sexe des femmes un réconfort qui n'est pas le moindre; il les invite à ne jamais désespérer, à cause de la faiblesse de leur sexe, de pouvoir devenir capables aussi de la grâce de la prophétie, mais à croire et comprendre que la pureté de l'esprit mérite cette grâce, non la différence de sexe. Mais voyons quel aspect encore du sens intérieur exhale un sens mystérieux. Débora veut dire "abeille" ou "langage". Mais on l'a dit égale- ment plus haut: Débora est à interpréter comme une figure de la prophétie, qui est une "abeille"[xliv]. Car il est certain que toute prophétie produit les doux rayons de la doctrine céleste et le miel délicieux de la parole divine. D'où le chant de David:"Que tes paroles sont douces à mon palais, plus que miel et rayon de miel à ma bouche"(f). Et il dit encore ailleurs:"Les jugements de Dieu sont plus précieux que l'or et la pierre de grand prix, plus doux que le miel et le rayon de miel"(g).
Lieu de la prophétie.
De plus, considérons ce point: où "réside", dit-on, la prophétie, et où désigne-t-on sa place ? "Sous le palmier, à mi-chemin entre Rama et Béthel". La prophétie a son siège "sous le palmier", car, dit David, "le juste fleurira comme le palmier"[xlv], du fait que la prophétie fait parvenir celui qui est formé par ses instructions, jusqu'à la palme attachée à l'appel d'en haut que Dieu nous adresse en Jésus-Christ notre Seigneur"[xlvi]. Or, "elle siège à mi-chemin entre Rama et Béthel[xlvii], "maison de Dieu". Voyez en quels lieux on dit que "réside la prophétie": entre les hauteurs et la maison de Dieu. Car on ne peut découvrir rien de bas, rien d'abject, rien de vil concernant le siège de la prophétie. Comme aussi Salomon, décrivant de même le siège de la sagesse, dit d'elle: ou "elle se tient aux portes des cités", ou elle habite "sur les fortifications des murailles", ou "elle se comporte sans crainte sur les hautes tours"(h). Voilà donc la manière dont la prophétie, maintenant figurée par Débora, habite, dit-on, à mi-chemin entre la maison de Dieu et les hauteurs. Car elle ne nous enseigne point à "chercher ce qui est sur la terre, mais ce qui est au ciel et sur les hauteurs, là où est le Christ assis à la droite de Dieu"(i). C'est là que la prophétie nous exhorte à monter, là qu'elle entreprend d'établir ses disciples.
Barac figure le peuple juif.
Cette femme donc, avant tout, dit-on, "envoya chercher et appela près d' elle Barac"[xlviii]. Or Barac veut dire "éclat". De fait, l'éclat est une chose qui a bien une lumière, mais non permanente; car, pour peu de temps elle resplendit puis s'éteint. Ce Barac, donc, me semble être la figure du premier peuple: le premier de tous il est appelé et invité par la prophétie à écouter les paroles de Dieu et à recevoir les présents de la loi divine. Il a brillé, certes, il a resplendit de l'éclat de la loi un court laps de temps, mais n'a point persisté longtemps et n'a pu garder la lueur continuelle de la lumière. Donc, lorsque Débora eut dit à Barac, c'est-à-dire la prophétie au premier peuple:"Le Seigneur Dieu d'Israël, ne t'a-t-il pas donné l'ordre: Monte, toi aussi, sur le mont Thabor, prends dix mille guerriers", et le reste qui est écrit, que répondit à la prophétie Barac personnifiant le peuple, voyons:"Je ne monterai pas,si toi aussitu ne montes avec moi,carj'ignore le jour où le Seigneur enverra son ange avec moi"[xlix]. Dès lors tu vois comment la prophétie a transmis les paroles de Dieu à ces premiers et leur a dit que des ordres étaient donnés de "monter sur la montagne", mais ils s'excusent et disent:"Je ne monterai pas, si toi aussi tu ne montes avec moi".
A propos de l'excuse, certes, cela est vrai, mais à propos de la promesse, cela est faux. En effet, qu'ils ne soient pas montés à la montagne de Dieu, cela est certain; mais qu'ils promettent de monter avec la prophétie, cela est faux. Car ils n'ont pas suivi la prophétie au point de croire en celui au sujet de qui est écrite d'avance toute prophétie, le Christ. Aussi bien Débora lui dit-elle: "J'irai avec toi. Sache pourtant que l'honneur ne sera pas pour toi dans la voie où tu marches; mais c'est "aux mains d'une femme" du nom de Jahel, que sera livré Sisara"[l]. Elle montre à l'évidence que "l'honneur ne sera point" chez ce peuple et que la palme de la victoire ne demeurera point chez lui; mais c'est "aux mains d'une femme", du nom de Jahel[li], que "sera livré Sisara". Or on raconte que lorsqu'à l'incitation de Débora, c'est-à-dire de la prophétie, Barac poursuivait le chef des Allophyles, Sisara lui-même ne put s'en emparer; mais dans sa fuite, Sisara rencontra Jahel, une femme étrangère laquelle avait auparavant conclu avec lui un pacte d'amitié. Comme il s'était détourné vers elle en vue de se cacher, il lui demanda de l'eau à boire, mais par elle il fut abreuvé de lait. Et, après qu'elle l'eût placé dans une cachette et recouvert de peaux, ensuite, avec un maillet elle fixa un piquet enfoncé au travers de ses joues - ou mâchoires -; et alors se précipitant au devant de Barac qui le poursuivait, elle lui montra Sisara à terre, et déjà mort(j).
Jahel figure l'Eglise.
Que nous révèle donc en fait de mystère tout ce texte de l'histoire ? Jahel, cette femme étrangère dont la prophétie a dit: La victoire aura lieu "par la main d'une femme", est la figure de l'Eglise qui est rassemblée d'entre les nations étrangères. Or Jahel veut dire "ascension": car en réalité pour monter au ciel il n'est d'autre ascension que "par l'Eglise de la sagesse multiforme de Dieu"[lii].
C'est donc elle qui, pendant qu'elle monte des réalités corporelles aux spirituelles, et des terrestres aux célestes, met à mort Sisara, dont on a déjà dit plus haut qu'il est la figure des vices charnels et de l'homme "animal ou terrestre"[liii]; car Sisara veut dire "vision de cheval", et l'Ecriture en dit: "Ne devenez pas comme le cheval et le mulet dépourvus d'intelligence"(k). Elle le tue donc avec un piquet, c'est-à-dire qu'elle l'abat avec la pointe et la puissance du bois de la croix(l). Et ce n'est pas sans motif que l'on raconte qu'avec son pieu elle lui traversa les mâchoires. Cette bouche, en effet, qui parlait de choses charnelles, et cette doctrine qui mettait en avant la gloire de la chair, qui persuadait aux sages du siècle de vivre dans les délices et le plaisir[liv], et avait trompé le genre humain par l'adulation de la luxure; cette bouche, dis-je, est transpercée, taraudée par le bois de la croix. Car, ce "chemin" du plaisir que la philosophie avait proclamé "large et spacieux", le Christ nous le montre étroit et resserré chemin" du salut[lv]. Ainsi donc Jahel, l'Eglise, après avoir recouvert de peaux Sisara, le prince des vices, c'est-à-dire l'avoir endormi par la mortification des membres, l'a livré au sommeil éternel.
L'Eglise devança le peuple juif.
Pourtant, après cela, Jahel, l'Eglise, "courut au-devant" du premier peuple qui poursuivait Sisara. Israël en effet "poursuivait une loi de justice, mais n'est point parvenu jusqu'à la Loi"(m). Donc l'Eglise "court au-devant" de lui aussi et lui "montre" son oeuvre, elle lui montre sa victoire achevée, et l'invite à partager la gloire d'avoir terrassé l'ennemi. Est vrai en effet ce qui, au dire de l'Apôtre, va arriver "à la fin des temps":"Quand la totalité des nations aura été introduite, alors tout Israël sera sauvé"(n).Donc"l'honneur"vient certesaux mains d'une femme"étrangère,pourtant mêmeBarac n'est pas exclu du partage de sa gloire, lui qui avait bien commencé le premier, mais est parvenu au terme le dernier. Bien plus, quand il y parvient, Jahel, l'étrangère, lui ravit une victoire qui pour ainsi dire lui échappe.
(a)Ex.,32,9;(b)1Cor.,2,14.15;(c)Gal.,4,29;(d)1Cor.,2,15;(e)1Pierre4,11;(f) Ps.,119(118),103;(g)Ps.,18,10.11;(h)Prov.,1,20.21;(i)Col.,3,1.2;(j)Jug.4,17-22);(k) Ps.,32(31),9;(l)Jug.,4,21;(m)Rm.,9,31;(n)Rm.,11,25.26.
Débora, Barac, Jahel sont pour nous autant de figures mystérieuses qui s'accompliront aux derniers temps par l'Eglise, dont le cantique de Débora représente l'hymne triomphal(6,1).
Textes en présence:
Livre des Juges 5,3: Ecoutez, rois ! Prêtez l'oreille, princes !
Moi, pour Yahvé, moi je chanterai.
Je célébrerai Yahvé, Dieu d'Israël.
5,9: Mon cœur va vers ce qui a été disposé pour
cet Israël,
avec les libres engagés du peuple !
Bénissez Yahvé !
5,12: Eveille-toi ! Eveille-toi Débora !
Eveille-toi, éveille-toi ! clame un chant !
Courage ! Debout Barac !
et ramène tes prisonniers, fils d'Abinoam.
Ière Epît. aux Corinthiens15:(26)Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort;(27)car il a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dira:"Tout est soumis désormais", c'est évidemment à l'exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses.
Epître aux Romains11:(25)Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer le mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse: une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des nations,(26)et ainsi tout Israël sera sauvé comme il est écrit: De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob.
Nombres21: (17)Alors Israël chanta ce cantique:
(Cantique du puits) Sur le Puits.
Chantez-le.
(18)Le puits qu'ont creusé des princes,
qu'ont foré les chefs du peuple,
avec le sceptre, avec leurs bâtons.
Deutéronome32: (1)Cieux, prêtez l'oreille, et je parlerai,
(Cantique de Moïse) terre, écoute ce que je vais dire!
Que ma doctrine ruisselle comme la pluie,
que ma parole tombe comme la rosée.
Livre de l'Exode15: (1)Alors Moïse et les Israélites chantèrent
(Chant de victoire) pour Yahvé le chant que voici:
"Je chante pour Yahvé, car il s'est
couvert de gloire, il a jeté à la mer
cheval et cavalier".
IerLiv. de Samuel2: (1)Anne pria et dit:
(Cantique d'Anne) "Mon cœur exulte en Yahvé,
ma corne s'élève en Yahvé,
ma bouche est large ouverte contre mes
ennemis, car je me réjouis en ton secours.
Ier I Ch16: (7)Cejour-làDavid,louantlepremierYahvé,
(L'Arche chez David) confia cette louange à Asaph et à ses frères:
(8)Rendez grâce à Yahvé, criez son nom,
annoncez parmiles peuples sesbienfaits.
(9)Chantez-le, jouez pour lui
répétez toutes ses merveilles!
............................................
Ière Epît.aux Corinthiens2,9: Mais selon qu'il est écrit, nous annonçons ce que l'œil n'a pas vu,ce quel'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qu'il aime.
Evangile de Jean10,35:Alors que la Loi a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu fut adressée.
Sisara avec son armée et les "chars de fer" avec lesquels il attaquait le peuple de Dieu, fut vaincu et la prophétie a prédit par Débora qu'il en serait ainsi. Et on rapporte qu'une fois la victoire obtenue "par la main d'une femme",Débora chanta ce cantique commelouange pourlavictoire decette femme. Mais si nous nous rappelons ce qui fut dit plus haut d'après l'inter- prétation mystique: ce que figure Débora, et aussi Barac, de quoi porte l'image Jahel, une femme qui toute seule abattit l'adversaire du peuple de Dieu, de quoi encore est l'image Sisara lui-même qui, de la main d'une femme étrangère, fut abattu par la force du bois, nous comprenons que ce sont là autant de figures mystérieuses qui s'accomplissent aux derniers temps et à la fin du siècle par l'Eglise, et que dans ce cantique est consigné , pour ainsi dire, son hymne triomphal, c'est-à-dire le chant de sa victoire, à savoir de ce temps "où sera détruit le dernier ennemi, la mort"[lvi]. Car alors exultera Débora, c'est-à-dire brillera la gloire de la prophétie, parce que ce qu'elle a prédit est accompli. Alors Jahel, l'Eglise, surpassera l'ennemi commun de tous, et "quand sera entrée la totalité des nations", alors Barac lui aussi, c'est-à-dire "le reste d'Israël, sera sauvé"[lvii], et admis au partage de la victoire. Alors donc, si nous sommes dignes, nous aussi nous chanterons ce cantique plein de secrets mystiques et prophétiques.
Chanter pour le Seigneur.
"C'est moi qui chanterai pour le Seigneur, je jouerai pour le Dieu d'Israël"[lviii]. Heureux ceux qui peuvent "chanter un cantique pour le Seigneur".Quand nous revenons aux Ecritures, nous trouvons beaucoup de cantiques consignés dans les livres sacrés. Nous avons un livre entier écrit sur le Cantique des cantiques. Voici que dans ce livre des Juges aussi nousavons un cantique,etun cantique estécritencore danslesNombres[lix], et dans le Deutéronome[lx], et dans l'Exode[lxi], et dans le premier livre des Règnes[lxii], et aussi dans le premier livre des Paralipomènes[lxiii], et dans bien d'autres endroits[lxiv], tu trouveras que sont écrits des cantiques divins. La voix du juste déclare donc dans ce passage:"C'est moi qui chanterai pour le Seigneur, et je jouerai pour le Dieu d'Israël". Lequel, à ton avis , est d'une voix si mélodieuse, d'un esprit si pur et d'une âme si sincère que son chant puisse charmer l'oreille divine ? C'est assurément celui qui n'a en lui aucun son rauque du péché,quine présenterien d'offensantdanslelangage, rien de grossier dans l'esprit: "C'est moi qui chanterai pour le Seigneur, je jouerai pour le Dieu d'Israël".
Vers l'avenir.
Mais parce que nous ne tentons pas d'expliquer verset par verset la suite du cantique, modifiant du moins l'ordre de la lecture, voyons ce que signifie:"Mon cœur va vers ce qui a été disposé pour cet Israël"[lxv]. Voici, me semble-t-il, ce qu'il veut dire: mon cœur, mon âme, ma pensée et toute mon intelligence sont tendus et regardent vers "ce qui a été disposé", et qui a été préparé pour "Israël"; de toute mon intelligence je regarde en avant vers ce qui est futur. Car si vers cela je tends mon âme, tout ce qui est dans le monde, "je le regarderai comme des ordures pour gagner le Christ"(a), qui "a préparé pour ceux qui l'aiment" tout ce "que l'œil n'a pas vu et l'oreille pas entendu, et qui n'est pas monté au cœur de l'homme"[lxvi]. Donc, dit-il, "mon cœur est tendu vers cela". En effet, je ne porte plus en moi un cœur d'homme, et ce que je pense, je ne le pense plus selon l'homme; mais puisque, selon l'Ecriture, "ceux à qui s'adresse la parole de Dieu sont des dieux"[lxvii], moi non plus je ne regarde pas cela avec une intelligence humaine, mais divine.
"Lève-toi, Débora, lève-toi, et mets en marche les dizaines de milliers du peuple"[lxviii]. La prophétie, quand "se lève-t-elle"? Pour sûr, à l'avènement du Christ[lxix], et non seulement elle-même "se lève", mais encore "elle met en marche" les peuples vers la foi. "Conduis captive la troupe des captifs, fils d'Abinéen (ou Abinoam)"[lxx]. Abinéen veut dire "réponse du père". Barac est son fils. "Captivera la troupe des captifs" faits sur les ennemis celui qui observera les réponses du Père céleste.
(a)Phi.,3,8.
Afin de poursuivre le combat, il nous faut l'appui de Dieu, fut-il d'un tout autre ordre que celui donné à Gédéon(8,5).
Textes en présence:
Livre des Juges6:(14)Alors Yahvé se tourna vers lui et lui dit:"va avec la force qui t'animeettusauverasIsraëldupouvoirdeMadiân.N'est-cepasmoi qui t'envoie?" (15)"Je t'en prie mon Seigneur! lui répondit Gédéon, comment sauverais-je Israël? Mon clan est le plus faible en Manassé, et moi, je suis le dernier de la maison de mon père".(16)Yahvé répondit:"Je serai avec toi et tu battras Madiân[lxxi] comme si c'était un seul homme".
Livre des Juges6:(36)"Et alors Gédéon dit à Dieu: Si tu veux sau- ver Israël par ma main, comme tu as dit, me voici,(37)je vais placer une toison de laine sur l'aire; et si la rosée tombe sur la toison et que sur tout le sol ce soit sec, je saurai que tu sauveras Israël par ma main, comme tu as dit".(38)Et il en fut ainsi. Gédéon se leva le lendemain, il pressa la toison, de la toison il exprima la rosée, une pleine coupe d'eau.
Evangile de Matthieu3,12:Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire; il recueillera son blé dans le grenier; quant aux bales, il en consumera un feu qui ne s'éteint pas.
Epître aux Hébreux11:(32)Et que dirai-je encore ? Car le temps me manquerait si je racontais ce qui concerne Gédéon,Barac,Samson, Jephté,David,ainsi que Samuel et les prophètes,(33)eux qui, grâce à la foi, soumirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent l'accomplissement des promesses, fermèrent la gueule des lions.
Que te semble-t-il de ce que dit Gédéon: "Je vais placer une toison", pas n'importe où, pas dans le champ, ni dans le bois, mais "sur l'aire". "Sur l'aire" où est "la moisson": "Car la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux"(a). Il dit: "Je vais placer la toison" là où est "la moisson". Qu'est-ce qui avait poussé le saint homme Gédéon, ou pourquoi lui avait-il paru bon de faire cela? C'est qu'il prévoyait par l'Esprit que le Christ "rassemble sur l'aire" son peuple et l'y purifie "tenant à la main le van",et là, sépare"les bales du froment"[lxxii].Ce n'est donc pas sans raison qu'un homme d'unetelle grandeur etqualité,et dont le saint Apôtreécrivant aux Hébreux fait mention dans la liste des prophètes[lxxiii], choisit pour y placer la toison. Ni non plus sans raison qu'il "exprima la rosée, une pleine coupe d'eau"[lxxiv].
Recherchons encore à ce propos dans les saintes Ecritures si quelque occasion de comprendre aussi cela ne nous est pas offerte. Venons-en à l'Evangile. Nous y trouvons notre Seigneur et notre Sauveur "qui se dépouille de ses vêtements, se ceint d'un linge, verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de ses disciples"(b). Tu le vois: les prophètes entrevoyaient ce qui devait être accompli aux derniers temps par le Seigneur. Ainsi donc, cette "eau" que Jésus "versait dans un bassin" était la rosée de la grâce céleste dont "il lavait les pieds de ses disciples". Aussi avait-il raison de leur dire: "Mais vous, vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai dite"(c). De plus nous, pour peu que nous lui présentions nos pieds, le Seigneur Jésus est prêt à "laver les pieds" de notre âme et à les purifier par la rosée céleste, la grâce de l'Esprit saint, la parole de la doctrine. Il a voulu, en effet, que soient "purs" non les seuls apôtres, mais encore tous ceux qui croient grâce à sa parole. Et à tous ceux qui croient, il dit ce qu'il a dit à Pierre: "Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi"(d). C'est en effet une certitude: personne ne peut avoir de part avec le Christ, s'il n'a pas été lavé et s'il n'est pur.
Prière et exhortation.
Viens, je te prie, Seigneur Jésus, Fils de Dieu, "dépouille-toi des vêtements que tu as revêtus pour moi, "verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de tes serviteurs. Fais disparaître les souillures de tes fils et de tes filles. "Lave les pieds" de notre âme, pour qu'à ton imitation et à ta suite,"nous nous dépouillions" de nos vieux "vêtements" et disions: "La nuit, je me suis dépouillée de mon vêtement, comment le remettrais-je (e)"? Et disons encore: "J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ?" Et de fait, dès que "tu m'auras lavé les pieds", puisses-tu aussi me faire asseoir avec toi, pour que j'entende de toi: "Vous m'appelez Seigneur et Maître, et vous avez raison, car je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, lavez-vous les pieds les uns aux autres"(f).
Je veux donc, moi aussi maintenant,"laver les pieds" de mes frères,"laver les pieds" de mes condisciples. Et voilà pourquoi je prends de l'eau que je puise aux sources d'Israël(g), mieux, que "je presse de la toison" d'Israël. Car maintenant "je presse" l'eau de "la toison" du livre des Juges, et à un autre moment, l'eau de "la toison" (du livre) des Règnes, et l'eau de "la toison" d'Isaïe ou de Jérémie; et je la "verse dans le bassin" de mon âme, concevant le sens dans mon cœur, et je prends les pieds de ceux qui se présentent et se préparent à être lavés.Oui,dans la mesure de mes forces, je désire "laver les pieds" de mes frères, et accomplir le commandement du Seigneur: afin que, dans la parole de sa doctrine, les auditeurs soient purifiés des souillures de leurs péchés(h), qu'ils rejettent loin d'eux toute l'impureté des vices, et qu'ils aient "les pieds" purs, avec lesquels ils puisent marcher droit "pour préparer l'Evangile de la paix"(i).
(a)Matth.,9,37;(b)Jn.,13,4;(c)Jn.15,3;(d)Jn.,13,8;(e)Cant.,5,3;(f)Jn.,13,13.14; (g) Ps.,68(67),27;(h)Ez.,23,15;(i)Ephés.,6,15.
Le combat est le propre de ceux qui sont sans peur et qui ne tremblent pas dans leur cœur (9,1).
Textes en présence:
Livre des Juges7:(2)Alors Yahvé dit à Gédéon: "Le peuple qui est avec toi est trop nombreux pour que je livre Madiân entre ses mains; Israël pourrait en tirer gloire à mes dépens, et dire:<C'est ma propre main qui m'a délivré>".(3)Et maintenant, proclame donc ceci aux oreilles du peuple: "Que celui qui a peur et qui tremble, s'en retourne et qu'il s'échappe par le mont Galaad". Vingt deux mille hommes parmi le peuple s'en retournèrent et il en resta dix mille.
Mais, est-ce qu'aujourd'hui encore "le chef de notre armée, le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ne crie point à ses soldats: "Si quelqu'un a peur et tremble dans son cœur"[lxxv], qu'il ne vienne pas à mes combats ? C'est bien ce qu'en d'autres termes sans doute, mais dans le même sens il déclare dans les Evangiles: "Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite n'est pas digne de moi"(a). N'est-il pas évident que par ces paroles, le Christ sépare et rejette de son camp "ceux qui ont peur et tremblent"? Donc, vous tous qui voulez suivre l'arméeduChrist, qui désirez être dans son camp, bannissez loin de vous la crainte de l'esprit, au loin l'effroi du cœur, afin que le soldat du Christ dise avec assurance: "S'ils dressent leur camp contre moi, alors même, moi, j'aurai de l'espoir" (b). Qu'il dise hardiment: "Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ? Le Seigneur est le protecteur de ma vie, devant qui tremblerai-je ?"(c).
Femmes héroïques.
Et que pareille campagne ne vous terrorise pas: elle ne comprend en elle rien de difficile, rien de rude ou d'impossible. Veux-tu savoir comme il est facile d'accomplir ces tâches en combattant en raison de la foi ? Souvent même des femmes dans ce camp ont l'habitude de vaincre, puisque l'on combat non par la vigueur du corps mais par la force de la foi[lxxvi]. Plus haut nous avons lu dans ce petit livre même des Juges, à propos des triomphes d'une femme, Débora, qu'une crainte par manque de foi n'a point troublé son âme féminine. Mais pourquoi rappellerais-je Judith, cette héroïne magnifique, la plus noble de toutes les femmes ? La partie était déjà presque perdue, qu'elle n'a point redouté de la rétablir à elle seule, de risquer seule sa personne et sa tête pour la mort du très cruel Holopherne[lxxvii]. Elle marche au combat, sans compter sur les armes ni sur les chevaux de guerre ou les autres secours militaires; mais par la force d'âme et l'assurance de sa foi, sa réflexion en même temps que son audace, elle anéantit l'ennemi; et cette liberté que les hommes avaient perdue, une femme la rendit à la patrie...
Ainsi donc, chez ceux qui luttent pour la vérité, de plus, luttent pour Dieu, est requise la vigueur non pas du cœur, mais de l'âme, car la victoire s'obtient, non par des javelots de fer, mais par les traits des prières; et c'est la foi qui au combat donne l'endurance"(d).
(a)Lc.,14,27;(b)Ps.,27(26),3;(c)Ps.,27(26),1;(d)Jac.,1,3.
Mais après que ces "vingt deux mille s'en retournèrent", la parole divine ajoute encore "et elle dit à Gédéon: Le peuple est encore trop nombreux. Fais-le descendre au bord de l'eau et je le mettrai à l'épreuve pour toi"[lxxviii](9,2).
Par ces trois cents hommes qui ne plièrent pas leurs genoux pour boire l'eau, Gédéon vainquit Madiân(9,2).
Textes en présence:
Livre des Juges7:(5)Gédéon fit alors descendre le peuple au bord de l'eau et Yahvé lui dit: "Tous ceux qui laperont l'eau avec la langue comme lape le chien, tu les mettras à part, et de même tous ceux qui se mettront à genoux pour boire.(6)Le nombre de ceux qui lapèrent l'eau avec leurs mains à leur bouche fut de trois cents. Tout le reste du peuple s'était mis à genoux pour boire. (7)Alors Yahvé dit à Gédéon: "C'est avec les trois cents hommes qui ont lapé l'eau que je vous sauverai et que je livrerai Madiân entre tes mains. Que tout le peuple s'en retourne chacun chez soi.
Dans presque tous les exploits des anciens sont indiqués des mystères d'une grande importance, comme on le voit encore dans ce passage: ceux qui descendent "vers l'eau", c'est-à-dire qui viennent à la grâce du baptême, ne doivent pas se prosterner à terre, ni "fléchir les genoux" et céder aux tentations à venir, mais ils doivent se tenir droit avec courage et constance, comme le disait aussi le prophète: "Redressez les mains qui défaillent et les genoux qui chancellent"(a), et: "Rendez droite votre marche sur vos sentiers"(b). Tu es venu vers l'eau du baptême: voilà le commencement du combat et de la lutte spirituelle, de là naît pour toi la source de la lutte contre le diable. Si tu es sans énergie, si on peut facilement te faire fléchir, comment combattras-tu, comment te tiendras-tu debout contre les ruses du diable ? Et voilà pourquoi l'Apôtre s'écrie: "Tenez-vous droit et ne vous laissez pas de nouveau attacher au joug de l'esclavage"(c), et il dit encore:"Tenez-vous droit dans le Seigneur"(d), et une troisième fois il dit: "Car maintenant nous vivons, puisque vous vous tenez droit dans le Seigneur"(e). Voilà donc celui qui est digne d'être éprouvé, celui qui est choisi: celui qui, après être venu aux eaux du baptême, ne sait pas fléchir devant les besoins terrestres et corporels, celui qui ne transige pas avec les vices ni ne se prosterne, incliné par la soif du péché.
Avec la main et la langue.
De plus,quant à l'expression:"ilslapaientl'eau avecla main oulalangue"[lxxix], elle ne fut pas écrite, me semble-t-il, sans une certaine signification du mystère que voici: les soldats du Christ doivent travailler avec la main et la langue, c'est-à-dire en action et en parole, car "celui qui enseigne et met en pratique, voilà qui sera appelé grand dans le royaume des cieux"(f). Pour le fait que l'Ecriture a indiqué aussi la ressemblance avec le chien qui lape, cet animal, me semble-t-il, a été mentionné dans ce passage, parce que, dit-on, plus que tous les autres animaux, il conserve l'amour de son maître particulier, et l'on raconte que ni par le temps ni par les mauvais traitements cette affection en lui ne s'efface.
Les trois cents hommes d'élite.
Etaient donc seuls ces trois cents hommes qui préfiguraient l'image de ce mystère, ces hommes d'élite, ces éprouvés, ces consacrés pour la victoire, qui pourraient aussi, par la valeur symbolique même du nombre, venir à bout de leurs adversaires. En effet, ils sont trois cents, qui trois fois multiplient cent et portent le nombre de la Trinité parfaite, nombre sous lequel est recensée toute l'armée du Christ. Sous lequel souhaitons de mériter nous aussi d'être inscrits.
(a)Is.,35,3;(b)Hébr.,12,13;(c)Gal.,5,1;(d)Phil.,4,1;(e)1Thess.,3,8;(f)Matth.,5,19.
Le baptême de sang est le seul à pouvoir nous rendre plus purs que nous a rendus le baptême d'eau[lxxx](7,2).
Voilà qui n'est pas une supposition de ma part, mais une affirmation de l'Ecriture, le Seigneur disant aux disciples: "J'ai à être baptisé d'un baptême que vous ne connaissez pas. Et comme il me presse qu'il soit accompli!" Tu vois donc qu'on a nommé"baptême"l'effusion de son sang. Et sans vouloir choquer par ce propos, je crains bien que ce baptême-ci ne soit supérieur à l'autre qui se donne par l'eau. Car ce baptême-là reçu, bien peu sont assez heureux pour avoir pu le conserver jusqu'à la fin de leur vie, mais celui qui a été baptisé par ce baptême-ci désormais ne peut plus pécher. Et s'il n'est pas téméraire de risquer un avis sur de tels sujets nous pouvons dire: par ce baptême-là sont purifiés les péchés passés, mais par celui-ci, même les péchés futurs sont anéantis; là, les péchés sont remis, ici, ils sont exclus.
Pour moi, si Dieu m'accordait d'être lavé dans mon propre sang, de recevoir ce deuxième baptême par une mort acceptée pour le Christ, c'est sans crainte que je m'en irais de ce siècle ! Alors, venant à mon âme au sortir de cette vie,"le prince de ce monde" ne trouverait rien; bien plus, il serait même assoupi par l'effusion de mon sang, et n'oserait incriminer chez quelqu'un une âme purifiée dans son sang, rendue glorieuse par sa mort, lavée dans son sang[lxxxi].
CHAPITRE III
LIVRE DE RUTH.
Que Yahvé rende la femme qui va entrer dans ta maison semblable à Rachel et à Léa qui, à elles deux, ont édifié la maison d'Israël. Deviens puissant en Ephrata et fais-toi un nom dans Bethléem(Livre de Ruth4,11).
Dans la Bible hébraïque, ce livre est rangé avec les Hagiographes comme l'un des cinq rouleaux, les "mégillôt", qu'on lisait aux principales fêtes, Ruth servant pour la fête de la Pentecôte. Bien que son sujet se rattache à la période des Juges, il ne faisait pas partie de la rédaction deutéronomiste qui s'est étendue de Josué à la fin de Rois[1]. Ce livre nous conte l'histoire des ascendants de David, placée sousle nom d'un de ses membres féminins, Ruth la Moabite.
Un certain Elimelek, chassé par la famine de Bethléem (qui cependant est la maison du pain), traverse l'énorme tranchée et se rend sur le plateau fertile de Moab avec son épouse Noémi. C'est là que ses deux fils prennent femmes,dontl'une estRuth etl'autre Orpha. Noémidevenue veuve etayant également perduses deux filsdécide de retourner à Bethléem;elle conseille à ses deux belles-filles de rester en Moab. Orpha fait ce choix, tandis que Ruth suit Noémi à Bethléem. S'ensuitl'histoire proprement dite de Ruth qui,instruite par Noémi,amènera Booz,son parent,à acceptersa main.Ilsengendreront Obed,"qui engendra Jessé et Jessé qui engendra David".
Paragraphes d'appui du Livre de Ruth:
Ruth et Noémi:(Rt.,1,1-22).
Ruth dans les champs de Booz:(Rt.,2,1-23).
Booz endormi:(Rt.,3,1-18).
Booz épouse Ruth:(Rt.,4,1-17).
Généalogie de David:(Rt.,4,18-22).
Dysfonction érectile1 Sam.,24:(13)Que Yahvé soit juge entre moi (David) et toi (Saül)...
(16)Que Yahvé soit l'arbitre, qu'il juge entre moi et toi...


[i]1 Sam.,24:(13)Que Yahvé soit juge entre moi (David) et toi (Saül)...
(16)Que Yahvé soit l'arbitre, qu'il juge entre moi et toi...
[ii] Jug.,10:(1)Après Abimélek, se leva pour sauver Israël Tola, fils de Pua, fils de Dodo. Il était d'Issachar et il habitait Shamir dans la montagne d'Ephraïm.(2)Il jugea en Israël pendant vingt trois ans; puis il mourut et fut enterré à Shamir.(3)Après lui se leva Yaïr de Galaad, qui jugea Israël pendant vingt deux ans.
[iii] Répertoriés ci-après en lettres majuscules.
[iv] Informations extraites de l'Introduction du Livre des Juges de la Bible de Jérusalem.
[v] Le lecteur intéressé par l'expression de ce triple sens pourra se reporter aux homélies suivantes: HomLév.V,1 fin; HomLév.V,5 fin; HomNombr.IX,7; HomEz.VII, 10; HomLév.XIII,3.
[vi] HomLév.V,1.
[vii] H. De Lubac in Exégèse médiévaleI,2,p.405.
Origène a souligné lui-même ce double sens de l'Ecriture dans son homélie III,4-5 sur les Juges:"Par nos péchés des forces sont données aux puissances contraires. Cela, soit qu'on le cherche selon la lettre, on découvrira ainsi que les ennemis seraient sans pouvoir si nos fautes ne leur apportaient des forces; soit qu'on l'envisage aux sens spirituels, et on trouvera pareillement que les puissances contraires seraient sans pouvoir contre nous, et que Zabulus lui-même ne l'emporterait en rien sur nous, si nous ne lui fournissions des forces à partir de nos vices".
Se référant à Philon, il écrit encore: "Pour nous, la Loi a deux sens: l'un littéral, l'autre spirituel, comme on l'a enseigné avant nous"; en effet, lisait-il chez Philon, ".
[viii] P.Messié, L.Neyrand, M.Borret, in Homélies sur les Juges d'Origène, Sources Chrétiennes au Cerf,389.p.24à26.
[ix] Les étymologies expliquées par Philon et/ou Origène qui nous sont parvenues ont été regroupées par F.Wutz (Onomastica sacra)(TU 41,1914-1915).
[x] P.Messié, L.Neyrand, M.Morret, ibid.p.28-29.
[xi] "Il s'agit de vertus au sens de dispositions morales fermes et permanentes qui poussent à l'action en vue du bien. Ces deux listes de la Ière Homélie ont d'abord ce but pastoral. Mais le familier d'Origène s'arrête devant l'assimilation des "jours de vertus" aux "jours de Jésus". Il croit y reconnaître, au voisinage de ces énumérations d'ordre moral, et comme en filigrane, l'évocation d'un autre ordre, ontologique: le grand thème christologique des épinoiai, dénominations, appellations du Christ. A cette identification christ-vertus se rattache l'identification Eglise-âmes.On verra ultérieurement que l'ordre des sens scripturaires respectera toujours la séquence théologiquement la plus homogène: le Christ-l'Eglise-l'âme"(note des auteurs cités à la note 143.
Les messages prophétiques appellent à la conversion à Dieu, et en même temps à son amour universel par la justice, la bonté, la générosité envers le prochain,etc.
"La vertu est dans l'homme une participation existentielle au Verbe, reçue à travers son humanité"(H.Crouzel,art.Origène). L'identification personnelle de l'âme aux vertus est proportionnelle à la pratique authentique des vertus.
[xii] "Jésus est vivant...Jésus est mort...";"...la justice, la patience, la vérité et tout ce qu'est le Christ". En référence à Rom.,6,11 Origène commente une nouvelle fois la vie dans le Christ:"Vivant pour Dieu dans la sagesse, dans la paix, dans la justice, dans la sanctification, toutes vertus qu'est le Christ. Donc vivre en ces vertus, c'est vivre pour Dieu dans le Christ Jésus. Et si, sans justice, sans paix, sans sanctification, et sans toutes les autres vertus personne ne vit pour Dieu, il est certain que personne ne vit pour Dieu sinon dans le Christ Jésus".
[xiii] Ashéra est connue par les textes d'Ougarit, sous le nom d'Athérat, comme l'épouse du dieu El. Souvent associée dans la Bible à Baal, Ashéra désigne à la fois la divinité cananéenne et le pieux sacré qui se dressait près des sanctuaires comme symbole de la fécondité (Deut.,16,21). Cette divinité sémitique est encore connue sous le nom d'Ashtart et correspond à Astarté chez les Grecs et à la déesse sumérienne Innina.
[xiv] Le nom de ce roi signifie "le Koushite à la double méchanceté".
[xv] cf.1Cor.,10,11.
[xvi] Zabulus, Satanas, diabolus,ailleurs daemon,tous ces termes désignent le même personnage: Lucifer, l'ange déchu et rejeté par Dieu (Apoc.,12,7-9). Et encore Bélial ou Béliar, idole des Ninivites, devenu dans l'Ecriture le type de l'esprit du mal; représenté aussi par le dragon (Ps.,91(90),13) ou le serpent (Gn.,3).
[xvii] Face à un cas d'inceste, Paul demande aux Corinthiens d'exclure le coupable de leur communauté (1Cor.,5); c'est le "livrer à Satan" que de le priver ainsi de l'appui spirituel de l'Eglise et de ses frères. Mais la peine est médicinale: d'une part, elle vise à protéger une communauté encore fragile; d'autre part surtout, elle vise à faire réfléchir le coupable; quand il manifestera son repentir en rompant sa liaison incestueuse, il retrouvera sa place au sein de la communauté.
[xviii] cf.Matt.,6,6.
[xix] Traduction latine de Kushân-Risheatayim.
[xx] cf.Jug.,3,7.8.
[xxi] cf.L'Ecclésiastique(Siracide):Sir.,2,11.
[xxii] cf.Ephés.,2,1.2.
[xxiii] cf.Hébr.,1,14.
[xxiv] L'auteur du livre des Juges aime à évoquer des apparitions célestes, marquant l'intervention divine en faveur du peuple élu. En assimilant les Juges à des anges de Dieu, Origène veut souligner leur rôle providentiel: ils sont, eux aussi, des "envoyés de Dieu" (note du traducteur).
[xxv] cf.Jug.,3,9.
[xxvi] cf.Jug.,3,10.
[xxvii] cf.Jug.,3,10.
[xxviii]cf.Jug.,3,11.
[xxix] cf.Jug.,3,8.
[xxx] cf.Jug.,3,11.
[xxxi] cf.Jug.,3,12.
[xxxii] cf.Jug.,3,14.
[xxxiii] cf.Jug.,3,15.
[xxxiv] cf.Matth.,6,3.
[xxxv] cf.Jug.,3,15.
[xxxvi] cf.Lc.,2,13.
[xxxvii] Les Allophyles ou Philistins ont donné leur nom à la Palestine mais furent en réalité des envahisseurs originaires de Kaphtor, c'est-à-dire de Crête ou d'Asie mineure; sans doute "les peuples de la mer"repoussés par RamsèsIII(1197-1165).
[xxxviii] Origène, après Justin (IApol.,55,3) et Irénée (Haer.,IV,34), fait de la charrue un symbole de la croix rédemptrice.
[xxxix] cf.Phil.,3,8.
[xl] cf.Jug.,4,2.3.
[xli] cf.Jug.,4,4.
[xlii] Allusion au don de prophétie (1Cor.,12,10;14,1). Dans le Nouveau Testament comme dans l'Ancien, la prophétie ne consiste que très occasionnellement à prédire l'avenir. Le prophète est essentiellement un homme (ou une femme), qui parle au nom de Dieu sous l'inspiration de l'Esprit, qui révèle le mystère de son dessein, sa volonté dans les circonstances présentes. Il édifie, exhorte, encourage, il découvre les secrets des cœurs. Bref, c'est dire à la place (de Dieu) plutôt que de dire à l'avance.
[xliii] On notera ici l'ordre de la séquence préalablement évoquée: l'Eglise, l'âme.
[xliv] Débora, "abeille"; on pourrait évoquer à ce propos la légende selon laquelle une abeille vint se poser sur les lèvres de Platon enfant(note du traducteur).
[xlv] cf.Ps.,92(91),13.
[xlvi] cf.Phil.,3,14.
[xlvii] cf.Jug.,4,5.
[xlviii] cf.Jug.,4,6.
[xlix] cf.Jug.,4,8.
[l] cf.Jug.,4,9.
[li] Une femme, Jahel (ou Yaël): une étrangère, et elle triomphe de l'ennemi du peuple de Dieu; tout en elle préfigure l'Eglise des nations, qui supplante en sa victoire le premier peuple de Dieu, avant de l'inviter à partager sa victoire sur ses ennemis.
[lii] cf.Ephés.,3,10.
[liii] cf.1Cor.,15,48.49.
[liv] Origène vise ici clairement l'Epicurisme. Bien qu'Epicure (341-270) ait prôné la quête du plaisir, sa vie personnelle fut plutôt édifiante (limitation des désirs au pro-fit des joies de l'amitié et des plaisirs de l'âme), ses successeurs allaient appauvrir sa doctrine au point de la défigurer. C'est donc à eux qu'Origène ne cesse d'attribuer la recherche systématique du plaisir des sens et la négation de la Providence.
[lv] cf.Matt.,7,13.14.
[lvi] cf.1Cor.,15,26.
[lvii] cf.Rm.,11,25.26.
[lviii] cf.Jug.,5,3.
[lix] cf.Nbr.,21,17.18.
[lx] cf.Dt.,32,1-43.
[lxi] cf.Ex.,15,1-21.
[lxii] cf.1Sam.,2,1-10.
[lxiii] cf.1Chr.,16,8-36.
[lxiv] cf.Jug.,5,3.
[lxv]cf.Jug.,5,9.
[lxvi] cf.1Cor.,2,9.
[lxvii] cf.Jn.,10,35.
[lxviii] cf.Jug.,5,12.
[lxix] L'affirmation d'Origène a une portée très générale et elle est traditionnelle. Jésus lui-même déclare que les Ecritures rendent témoignage de lui (Jn.,6,39), que Moïse a parlé de lui (6,48); voir aussi Is.,12,41. On ne peut oublier l'apparition aux deux disciples d'Emmaüs: "Et commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait"(Lc.,24 ,27). Et surtout Matthieu qui a rédigé son Evangile avec l'intention de montrer aux Juifs que Jésus de Nazareth accomplit les prophéties de l'Ancien Testament. La visite des mages illustre le fait que "la prophétie met tous les peuples en marche". Leur passage à Jérusalem accomplit les visions universalistes des prophètes (cf.Is.,60,3)(note du traducteur).
[lxx] cf.Jug.,5,12.
[lxxi] Madiân, ancêtre éponyme des Madianites, nom qui veut dire "relâchement" ou "débordement"(nation relâchée et dissolue),est un fils d'Abraham et de sa servante Céthura (Ex.,2,21). Ces nomades étaient redoutables par leurs incursions en Palestine. Moïse leur avait infligé une défaite mémorable (Nbre.,31). Mais c'est Gédéon qui en délivra définitivement Israël (Jug.,7).
[lxxii] cf.Matth.,3,12.
[lxxiii] cf.Hébr.,11,32.33.
[lxxiv] cf.Jug.,6,38.
[lxxv] cf.Jug.,7,3.
[lxxvi] Le traducteur d'Origène (Livre des Juges) a complété, en appendice, ce plaidoyer pour la femme: "Non, la fragilité féminine n'est pas un signe de faiblesse morale; la vraie grandeur se mesure à la supériorité de l'âme, et le prétendu rap- port de subordination s'inverse.Voyez la glorieuse galerie de portraits oùl'impor- tance de leur rôle a placé Sara, Rébecca, Céthura, Rahab, ou la suite triomphale de Jahel, Débora, Judith, victorieuses, mais encore, dans un autre ordre et pour une meilleure cause,les héroïnes chrétiennesadmirées etenviéespar nombre detémoins oculaires".
[lxxvii] cf.Judith,13,3-10.
[lxxviii] cf.Jug.,7,4.
[lxxix] cf.Jug.,7,6.
[lxxx] On pourrait citer d'innombrables textes relatifs aux deux baptêmes? Ainsi Tertullien,bapt.,16,1-2: 3Il y a encore pour nous un second baptême...le baptême de sang, dont le Seigneur a dit qu'il avait à être baptisé, bien qu'il l'ait déjà été. Il était venu, en effet, comme l'a écrit Jean, "par l'eau et par le sang", par l'eau pour être baptisé, par le sang pour être glorifié. De la même façon par l'eau, il fait de nous des appelés, par le sang des élus. Ces deux baptêmes jaillissent ensemble de la blessure de son côté percé, car ceux qui croient en son sang ont encore à être lavés dans l'eau et ceux qui sont lavés dans l'eau ont encore à porter sur eux leur sang (subir le martyre). Ce second baptême remplace le baptême d'eau lorsqu'on ne l'a pas reçu, il le rend quand on l'a perdu (note du traducteur).
[lxxxi] On sait qu'Origène, peu de temps après ces homélies, subira de grands sévices physiques pour sa foi, lesquels entraîneront sa mort.